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mercredi 30 août 2023

Finlande : Début du procès en appel de Päivi Räsänen accusée de “discours de haine”

Malgré son acquittement en 2022, trois chefs d’inculpations pèsent toujours contre l’ex-ministre de l’Intérieur qui a partagé ses convictions profondes. La parlementaire finlandaise Päivi Räsänen ainsi que l’évêque Juhana Pohjola comparaîtront devant la cour d’appel de Helsinki le 31 août 2023 pour leur procès au pénal. Ils sont tous deux accusés de “discours de haine” pour avoir partagé en public leurs convictions d’inspiration religieuse.

Räsänen, ancienne ministre de l’Intérieur, est accusée d’”agitation contre un groupe minoritaire” sur base d’un tweet sur le mariage et la sexualité envoyé en 2019, d’une intervention lors d’un débat à la radio la même année, et d’un dépliant rédigé en 2004. L’évêque, quant à lui, est traîné en justice pour avoir publié le dépliant en question. L’officier du ministère public demande l’imposition d’une amende de plusieurs dizaines de milliers d’euros ainsi que la censure des écrits de Päivi sur le mariage et la sexualité. Malgré un acquittement prononcé à l’unanimité par la Cour régionale de Helsinki en 2022, le procureur a fait appel de la décision déclarant non coupable autant Päivi que son évêque en prétendant que la Cour était parvenue à une conclusion erronée ; possibilité prévue par le système légal finlandais.

“Dans une société démocratique, chacun devrait pouvoir partager ses convictions sans devoir craindre une enquête policière. La pratique qui criminalise certains propos à travers des lois sur le soi-disant “discours de haine” représente une lourde menace pour nos démocraties. En s’acharnant contre Päivi Räsänen, le ministère public lui a volé quatre ans de sa vie. Et puis surtout, il a fait comprendre à tout le monde qu’il vaut mieux se taire.

Mais les autorités publiques n’ont pas le droit de silencier les idées qui leur déplaisent. C’est pourquoi ce procès n’est pas seulement le procès de Päivi : c’est le procès de notre droit à tous de parler librement », explique Paul Coleman, Directeur exécutif d’ADF International, membre de l’équipe qui assure la défense de Räsänen et auteur du livre ‘Censored : How European Hate Speech Laws are Threatening Freedom of Speech’ (Censuré: Comment les lois sur le discours haineux menacent la liberté d’expression).

Jugée à cause d’un tweet

L’enquête policière contre Räsänen a débuté en juin 2019. Lorsque l’Église évangélique-luthérienne de Finlande a annoncé devenir partenaire officiel de l’évènement LGBT “Pride 2019”, Päivi leur a envoyé un tweet pour exprimer ses doutes quant à cette décision. Elle y a joint une photo montrant quelques versets bibliques.

Suite à ce tweet, Päivi a dû subir des interrogatoires de police pendant plusieurs mois pour un total de pas moins de 13 heures, au cours desquels on lui a fait développer son interprétation de la Bible à plusieurs reprises. En avril 2021, le procureur général a finalement retenu trois chefs d’accusation contre elle.

Räsänen est membre du parlement finlandais depuis 1995. Elle a présidé le groupe des Chrétiens Démocrates de 2004 à 2015 et a été ministre de l’Intérieur de 2011 à 2015, chargée entre autres des affaires religieuses en Finlande. En avril 2023, elle a été réélue comme parlementaire.

Le procès de la Bible

Le cas de Päivi a été fortement médiatisé autant en Finlande qu’à l’étranger. De toutes parts, des experts en matière des droits de l’homme se disent inquiets pour la liberté d’expression en Finlande. Pendant le premier procès, au printemps de 2022, le procureur avait attaqué des éléments fondamentaux de la doctrine chrétienne et avait interrogé l’évêque sur sa théologie. Il avait notamment cité des versets de l’Ancien Testament, pour ensuite critiquer la doctrine qui encourage à “aimer le pécheur tout en détestant le péché.

Les avocats de Räsänen, soutenus par l’association de défense juridique ADF International, avaient alors fait valoir qu’un jugement de culpabilité porterait gravement atteinte à la liberté d’expression en Finlande. En ordonnant un non-lieu, la Cour régionale avait stipulé “qu’il ne revient pas à une cour d’interpréter des notions bibliques”. 

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