Le
signal Internet a été remis le 31 janvier 2015 après qu’il ait été interrompu
le 20 janvier 2015 à la suite des manifestations anti-régime projetées par
l’opposition le 19 janvier pour protester contre le projet de loi électoral en
discussion à l’Assemblée nationale. Pour des raisons d’ordre sécuritaire, le
gouvernement avait décidé de couper la connexion Internet sur l’ensemble du
territoire national.
Mais
les conséquences de cette interruption ont été énormes sur tous les plans. Pour
l’éditeur du quotidien « Le Phare », Polydor Muboyayi, qu’il est
évident qu’aujourd’hui la Rdc n’est pas un îlot puisque nous travaillons en
connexion avec l’extérieur et nous devons vérifier un certain nombre d’informations et pas seulement sur le plan international mais aussi sur le
plan interne. Lorsque vous recevez l’information concernant l’intérieur du
pays, vous devez procéder à des recoupements et tout ça nous utilisons
l’Internet. Il n’y pas que cela. La plupart des médias qu’ils soient des médias
audiovisuels ou écrits ont des sites Web.
Donc,
pour envoyer et poster des informations sur des sites Web, ça passe
nécessairement par l’Internet. Donc, nous avons subi un préjudice qui est réel.
Si
au moment où tout le monde regarde en avant et évolue avec des nouvelles
technologies de l’information et de la communication, si nous nous devons
encore nous tourner vers les techniques de l’époque de la « Pierre
taillée » dans le domaine des médias, je pense que c’est un préjudice réel
pour les médias congolais. Nous pensons et espérons que cette situation ne va
pas perdurer et que dans les meilleurs délais cela sera rétabli et que nous
pourrions travailler dans les conditions les meilleurs, avait déclaré Muboyayi.
L’éditeur
du quotidien « La prospérité », Marcel Ngoyi a enchaîné qu’il
n’est pas possible à l’instant à faire un journal à jour, un journal
d’actualité sans la connexion Internet. Nous avons des sites qui sont
régulièrement mis à jour. Les organes de presse modernes aujourd’hui sont en
double version, papier et électronique. Nous ne pouvons pas faire la mise à
jour sans Internet. Ça fait à la fois un double préjudice pour les lecteurs
mais aussi pour les internautes. Nous avons des contrats qui sont préjudiciés
parce que les annonceurs qui viennent chez nous et qui ne trouvent pas notre
site à jour c’est un préjudice pour eux également. Depuis mardi 20 janvier 2015
les courriels, les dépêches que nous recevons transitent par Internet. Je ne voudrais pas
parler des entreprises comme les banques et les sociétés de télécommunication.
Au niveau des médias, ça a un impact négatif considérable.
S’il
y a moyen de faire quelque chose c’est d’endiguer les pratiques négatives en amont.
Ce n’est pas parce qu’il y a eu des manifestations qu’il faut généraliser. Tout
le monde n’est pas Kuluna, badaud ou manifestant. Les médias ont un rôle à
jouer pour désamorcer tout ça. A la limite on aurait donné aux médias un accès
ou une ouverture. Le journal joue le rôle de lampe témoin dans une société. Lorsqu’il
y a un trou noir ce sont des médias qui jouent le rôle de lampe témoin.
Patient
Ligodi, expert et communication et responsable de la Radio Univers Fm indiquait
que le premier changement que les internautes allaient constater que tout le
monde va se défouler sur Internet. Même ceux qui n’étaient pas intéressés par
la question liée à la révision de la loi électorale vont vouloir se défouler
sur la toile. Le contexte s’y prête bien puisque la configuration générale de
Facebook est que tout le monde a la parole, tout le monde se sent important et tout
le monde veut s’exprimer.
Le
premier comportement qui sera observé, ce que même ceux-là qui ne font pas
partie de ce mouvement de contestation qui revendiquent dans la rue, tout le
monde va devoir dire quelque chose. Du moins d’abord c’est de fustiger le fait
que l’Internet a été coupé et que tout le monde aura un mot à dire.
Le
deuxième comportement. Ceux qui travaillent, notamment je ne parle pas des
réseaux sociaux, pour les mails et pour tout ce qui concerne l’utilisation
professionnelle d’Internet, il y a un retard considérable que nous avons
accumulé. Et que beaucoup d’internautes vont tenter de récupérer puisque nous
avons deux semaines de retard dans nos boites que nous allons essayer
d’exploiter. Ça sera laborieux puisque nous ne savons pas combien avons-nous
perdu en tant qu’utilisateurs ou professionnels tout en restant déconnectés
pendant deux semaines.
Il
y a de ceux-là qui attendaient des informations pour certaines activités ont dû
attendre pour faire ce qu’ils devaient faire. Parmi eux, on compte des
étudiants qui attendaient des visas pour aller à l’étranger. Ç’a pris deux
semaines avec plusieurs conséquences. Un autre phénomène à constater du côté
gouvernement, il n’aura plus d’autres possibilités que de couper l’Internet
parce que les internautes ont développé des mécanismes d’autodéfense.
Depuis
un certain temps, on remarque qu’il y a plusieurs applications qui ont été
utilisées en Syrie, en Hong Kong et en Turquie contre les cyberattaques qui
sont visibles sur Facebook pour contourner la censure. Ces applications vont
être téléchargées par des utilisateurs dans leurs téléphones, ordinateurs pour
leur permettre de dévier cette censure si jamais elle aura encore lieu. Ceux
qui ont pris cette décision de couper l’Internet n’ont pas réfléchi
suffisamment sur les conséquences futures de cette action. Pour contourner la
censure sur l’Internet maintenant c’est très facile, il y a de petites
applications que les internautes ont utilisées en Egypte, en Libye pour
contourner les coupures éventuelles de l’Internet.
L’économiste
Al Kitenge pense que l’Etat congolais ne s’est jamais posé la question à
quel point l’Internet impliquait des conséquences positives et négatives dans
la vie de tous les jours et ce y compris l’économie. Je pense que cette opportunité
est bien faite pour que les services de renseignements et les services des
ministères se posent la question réelle sur ce nouveau moteur de l’économie qui
se trouve être l’Internet.
J’en
appelle donc à une discussion de citoyenneté entre les détenteurs du pouvoir,
entre les détenteurs politiques et la communauté nationale. Je voudrais vous informer qu’à partir du
moment où l’on a brutalement arrêté le signal de l’Internet il y a de grandes
sociétés comme les sociétés du secteur banquier et financier qui se sont
retrouvées bloquées. Le seul qui ne s’est pas trouvé bloqué c’est l’Etat
congolais lui-même parce qu’il est très peu utilisateur de l’Internet. Ça
devrait nous interpeller.
La
deuxième série, ce sont de petites et moyennes entreprises qui travaillent en
grande partie avec des partenaires qui sont à l’étranger. C’est très malheureux
il y en a beaucoup qui se sont tout simplement arrêté. Et donc, étant donné que
malheureusement les statistiques ne sont pas très fiables dans ce pays. Mais la
troisième de chose qui est beaucoup plus importante que c’est le signal que
l’on donne au monde entier. Le monde entier est train d’aller vers la
connectivité permanente, ça veut dire la connectivité totale au niveau de
l’utilisation de l’Internet dans la manière de gérer au quotidien. Il est
difficile d’imaginer qu’un pays comme le nôtre qui peut à n’importe quel moment
arrêter le signal, accueillir les investisseurs dans le secteur. Il est
important que nous nous rendions compte c’est un très mauvais message que nous
avons envoyé à la communauté internationale et à la communauté d’opérateurs
économiques. Je voudrais vous donner des illustrations c’est par exemple, le
guichet unique de l’Ofida est complètement bloqué simplement parce que c’est un
des rares points où l’Etat a pu absorber un certain degré de technologie, a
conclue Al Kitenge.
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