M.
Hussein, ministre de la Défense
et soupçonné d’être responsable de crimes contre l’humanité et crimes de guerre
commis au Darfour, se rend aujourd’hui au Tchad, pourtant membre de la CPI
Bénin-La Haye –
Le Tchad a l’obligation
légale d’exécuter le mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale
(CPI) à l’encontre du ministre de la Défense soudanais, Abdel Raheem Muhammad
Hussein, lorsqu’il se trouvera dans le pays afin d’assister à une réunion
intergouvernementale organisée aujourd’hui, a déclaré la Coalition pour la CPI.
Aujourd’hui,
M. Hussein s’entretiendra avec des représentants tchadiens au sujet de la
frontière commune à leur deux pays, dans la capitale N’Djamena. En tant qu’État
partie à la CPI, le Tchad a accepté de se plier à l’obligation internationale
de collaborer à l’arrestation des fugitifs de la Cour.
« Après plusieurs visites d’Omar el-Béchir
au Tchad, lui-même suspect de la CPI, la visite d’Hussein est un véritable
revers pour les victimes au Darfour », a déclaré Francis Dako, coordinateur
régional pour l’Afrique de la Coalition pour la CPI. « Un gouvernement ne peut
pas choisir à quelles obligations internationales il accepte de se conformer.
Les autorités tchadiennes sont dans l’obligation d’arrêter Hussein, ou du moins
de refuser de l’accueillir sur leur territoire.»
Le
1er mars de l’année dernière, les juges de la CPI on émis un mandat
d’arrêt à l’encontre d’Hussein, sur la base qu’il existe des motifs
raisonnables de croire qu’il aurait engagé sa responsabilité pénale pour des
chefs de crimes contre l’humanité et de crime de guerre, notamment des viols et
actes de torture qui auraient été commis au Darfour (Soudan) entre août
2003 et mars 2004.
Hussein
est l’actuel ministre de la défense du Soudan, et occupait le poste de
Représentant spécial pour le Darfour lorsque les crimes présumés ont été
commis ; ces derniers sont identiques aux crimes énoncés dans les mandats
d’arrêt émis par la CPI à l’encontre d’Ahmed Haroun et d’Ali Kushayb en 2007.
Le Président du Soudan, Omar el-Béchir est également recherché par la Cour pour
sa participation présumée aux crimes contre l’humanité, crimes de guerre, et
génocide, commis durant la même période.
La
CPI a ouvert une enquête au Darfour en juin 2005, suite à un renvoi du Conseil
de sécurité des Nations Unies (NU), qui avait identifié le conflit comme une
menace à la paix et la sécurité internationale. Cependant, le Conseil de
sécurité a par la suite manqué à garantir la coopération nécessaire pour que
les poursuites de la CPI aient effectivement lieu.
«
Que font les Nations Unies face à cela ? », a poursuivi M. Dako. « Après
avoir sollicité l’intervention de la CPI au Darfour dans un premier temps, le
Conseil de sécurité, ainsi que les États parties à la CPI, doivent exiger du
Tchad qu’il respecte ses obligations et. L’échec du Conseil et d’autres États à
faire appliquer les obligations relatives à la CPI, sape le droit des
victimes à des réparations, tout autant que les actions répréhensibles du
Tchad. »
Contexte: Aucun des quatre mandats d’arrêts émis par
la CPI à l’encontre des suspects dans le cadre de la situation au Darfour n’a
été exécuté. Le gouvernement soudanais a ouvertement défié et constamment
refusé de coopérer avec la Cour et la communauté internationale. Le 26 mars
2013, la Chambre préliminaire II a émis une décision relative à la non
coopération contre le Tchad suite à une visite du Président Omar el-Béchir dans
le pays. Des décisions judiciaires similaires ont été adoptées par la Cour en
décembre 2011 et août 2010, puis portées à l’attention du Conseil de sécurité
des Nations Unies et de l’Assemblée des États parties, afin que ces derniers
puissent prendre les mesures qu’ils jugent appropriées.
Des
citations à comparaître ont été délivrées à l’attention des chefs rebelles Abu Garda, Abdallah Banda Abakaer Nourain
et Saleh Mohammed Jerbo Jamus, pour les crimes de guerre perpétrés contre les
soldats du maintien de la paix de l’Union Africaine, déployés au Darfour. Les
deux suspects ont volontairement coopéré avec la CPI, et l’ouverture de leur
procès a été fixée au 5 mai 2014. Néanmoins, le 23 avril 2013, les avocats de
Jerbo ont notifié la Cour de la mort de ce dernier, qui aurait eu lieu au Nord
Darfour au cours d’une attaque menée par les forces du Mouvement pour la
justice et l’égalité. La Cour n’a pas encore confirmé son décès.
La CPI est la première cour internationale
permanente chargée de poursuivre les crimes de guerre, crimes contre l'humanité
et génocide. Au cœur du mandat de la Cour se trouve le principe de
complémentarité, signifiant que la Cour n’intervient que lorsque les systèmes
judiciaires nationaux n’ont pas la volonté ou la capacité d’enquêter et de
poursuivre les auteurs de génocides, crimes de guerre et crimes contre
l’humanité. Actuellement la Cour a ouvert huit enquêtes : en République
centrafricaine, en Côte d’Ivoire, en République démocratique du Congo, au
Darfour, au Soudan, en Ouganda, au Kenya, en Libye et au Mali. La CPI a
publiquement émis 22 mandats d’arrêt, et neuf citations à comparaître. La Cour
a rendu son premier verdict le 14 mars 2012. Deux autres procès sont
actuellement en cours.
Le Bureau du Procureur de la CPI a également
annoncé publiquement que des examens préliminaires étaient conduits sur quatre
continents : en Afghanistan, en Colombie, en Géorgie, en Guinée, au Honduras,
en République de Corée et au Nigeria. La Coalition pour la Cour pénale
internationale est un réseau mondial d’organisations de la société civile
présentes dans 150 pays et travaillant en partenariat pour renforcer la
coopération internationale avec la CPI, garantir l’équité, l’efficacité et
l’indépendance de la Cour, rendre la justice à la fois visible et universelle
et promouvoir de solides législations nationales permettant de rendre justice
aux victimes de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide
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