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vendredi 26 avril 2013

JED exige des explications sur l’interdiction de diffusion d’un film-documentaire par le ministre des Médias

Dans une correspondance adressée, le 20 avril 2013, au ministre  des Médias, M. Lambert Mende Omalanga,  Journaliste en danger (JED) lui a exprimé son profond dépit, à la suite de l’interdiction, le 09 avril 2013, du film-documentaire intitulé « Sankuru, enfer ou paradis oublié ? » réalisé par Jean-Paul Kayembe, un journaliste-reporter indépendant congolais.
Dans cette  lettre, dont plusieurs copies ont été transmises, notamment au Président de la République, au Premier Ministre et aux Présidents des deux chambres du Parlement, JED dénonce, dans le chef du ministre Mende, un certain état d’esprit hostile à la liberté et à la démocratie, et une propension à vouloir  régenter la république selon ses humeurs.
En effet, dans une correspondance adressée, le 9 avril 2013, au Gérant de l’hôtel Sultani à Kinshasa, le Ministre lui a signifié l’interdiction de la projection de ce film-documentaire prévue pour  le 20 avril 2013, évoquant «  des conséquences néfastes liées à l’exacerbation des tensions ethniques surannées et déstabilisatrices ».
« Sur le plan de la forme,  vous ne mentionnez nulle part, ni une décision de justice, ni les références d’une décision qui aurait été prise par le Gouvernement pour interdire la diffusion de ce film , ni les dispositions d’une quelconque loi de la République qui vous autorise à vous,  en votre qualité de Ministre  des médias, de censurer préalablement  ce film documentaire réalisé par un journaliste, dans un pays où il existe pourtant une « Commission Nationale de Censure » dépendant du Ministère de la Justice, et là où il existe une institution publique de régulation des médias, en l’occurrence, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC) », peut-on lire dans la lettre de protestation de JED. 
Sur le fond,  JED considère que le film documentaire « Sankuru : Enfer ou Paradis oublié ? » dresse un  reportage objectif, impartial et précis de la situation qui prévaut dans le district de Sankuru.  A aucun moment, le documentaire n'attise les tensions entre les différentes ethnies. Bien au contraire, Kayembe diffuse un message de paix, de coopération et de respect mutuel entre les filles et fils de district de Sankuru, message relayé par les différents protagonistes  et personnalités de ce coin du pays, qui ont été approchés et interrogés  par le journaliste, dont le ministre Mende lui-même.
D’où, JED exige des explications sur cette interdiction dont la rentabilité politique est désastreuse pour un pays dont le ministre est censé défendre l’image en sa qualité de Ministre des médias et porte parole du gouvernement.
Dans la même correspondance, JED rappelle  d’autres cas graves de censure et d’attaques contre la presse, dont le Ministre a été souvent  le chef d’orchestre.  Il s’agit, notamment :
 -     De la fermeture depuis le 28 novembre 2011 jusqu’à ce jour, de Canal Futur Télévision, une chaine privée de télévision proche de l’opposition, initialement, « pour des raisons administratives », et ensuite au motif que « l’un de principaux partenaires de cette chaine serait impliqué dans une entreprise de déstabilisation de la République Démocratique du Congo… ».  Mais  jusqu’à présent, monsieur le Ministre  n’a jamais signifié à cette chaine le nom de ce responsable  incriminé.
-       De la coupure du signal, suivi de la fermeture définitive depuis le mois de septembre 2012   de la plus grande chaîne de Télévision proche de l’opposition, la Radio Lisanga Télévision (RLTV) appartenant à M. Roger Lumbala, député de l’opposition, au motif qu’il a rejoint  la rébellion du M23, la même qui négocie depuis des mois, avec votre gouvernement à Kampala, capitale de l’Ouganda.
 -       De l’interdiction de parution du quotidien « Le Journal » depuis le mois de juin 2012 jusqu’à ce jour,  par le  même ministre des Médias, en violation des prérogatives dévolues à l’instance de régulation des médias, le CSAC, sous un motif fallacieux    « d’incitation de la population à la haine tribale et raciale». 
-       De l’expulsion du territoire congolais du cinéaste belge Thierry Michel, auteur du film intitulé « L’affaire Chebeya, un crime d’Etat ? »,  ainsi que  l’interdiction de la diffusion de son film sur l’ensemble du pays. 
« A quelques jours de la célébration, le 03 mai prochain,  de la journée mondiale de la liberté de la presse placée sous le thème, comme par hasard, de « Parler sans crainte : Assurer la liberté d’expression dans tous les médias », comment ne pas considérer votre décision de censurer un reportage d’un journaliste, comme un affront à la liberté d’expression et un outrage à la démocratie ? A l’ère de ces nouvelles technologies de l’information et de la communication, où aucune barrière ne peut empêcher la circulation de l’image et du son,  votre démarche ressemble, à s’y méprendre, à une lutte contre des moulins à vent », conclut JED.

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