Le directeur de Human Rights Watch en visite
dans le pays a interpellé les autorités au sujet des arrestations et des
meurtres
(Kinshasa, le 22 juillet
2015) – Le directeur exécutif de Human Rights Watch, Kenneth Roth, a exhorté les autorités
congolaises à mettre fin à la répression contre les activistes pacifiques et
les opposants politiques au cours de sa visite en République démocratique du Congo du 15 au 22 juillet 2015, a déclaré
Human Rights Watch aujourd'hui.
Kenneth Roth et Ida Sawyer |
Ces derniers mois, les
agents de sécurité et de renseignement congolais ont agi durement contre les
activistes pacifiques, les dirigeants politiques ainsi que d'autres personnes
qui s’opposent aux tentatives visant à permettre au Président Joseph Kabila de
se maintenir au pouvoir au-delà de l’échéance à fin 2016 des deux mandats
consécutifs fixée par la Constitution.
Kenneth Roth s’est rendu dans la capitale, Kinshasa, et dans la
ville de Goma. Il a rencontré de hauts responsables gouvernementaux, notamment
le Président Joseph Kabila, des dirigeants des partis politiques, des
activistes ainsi que des victimes de violations des droits humains. Il a tenu une conférence de presse à Kinshasa le 22 juillet.
« Les forces de
sécurité congolaises ont utilisé des méthodes brutales afin de réduire au
silence des personnes qui critiquaient de manière pacifique le gouvernement »,
a déclaré Kenneth Roth. « Les
autorités devraient mettre fin à la répression, libérer de toute urgence toute
personne détenue à tort et sanctionner de manière appropriée toutes les
personnes responsables de meurtres et d’autres exactions. »
La RD Congo bénéficie
d’une société civile dynamique et de la présence de divers médias qui
s’expriment ouvertement. Toutefois, la question de l’éventuel maintien au
pouvoir du président Kabila au-delà de la limite des deux mandats fixée par la
constitution a été à l’origine de plusieurs actes de répression.
En janvier, les forces de
sécurité ont brutalement réprimé des manifestations à Kinshasa et dans d'autres
villes. La police et les soldats de la Garde républicaine ont abattu au
moins 38 personnes à Kinshasa, et cinq autres personnes à Goma. Des dizaines de
personnes ont été blessées, et au moins cinq personnes à Kinshasa ont été
victimes de disparition forcée. L’Agence nationale de renseignements (ANR) de
la RD Congo a arrêté des dirigeants des partis politiques et les a mis en
détention sans inculpation pendant des semaines ou des mois, sans accès à des
avocats ni aux membres de leur famille.
En mars, l'ANR a arrêté environ
30 jeunes activistes ainsi que d'autres personnes participant à un atelier à
Kinshasa visant à promouvoir le processus démocratique. Les autorités de Goma
ont arrêté au moins 15 jeunes activistes qui protestaient pacifiquement contre
les arrestations de Kinshasa et, dans certains cas, les ont gravement battus et
torturés.
Huit
éminents activistes et leaders de partis politiques restent en détention à
Kinshasa sur des accusations forgées de toutes pièces. Parmi eux figurent les
jeunes activistes Fred Bauma et Yves Makwambala ; le défenseur des droits
humains Christopher Ngoyi ; et les leaders de partis politiques
Jean-Claude Muyambo, Ernest Kyaviro, Cyrille Dowe, Jean-Bertrand Ewanga et Vano
Kiboko.
« Si le
gouvernement congolais est sérieux au sujet de la tenue d'élections crédibles
et respectueuses des droits humains, il doit alors libérer immédiatement et
sans condition tous les prisonniers politiques et abandonner les accusations
portées contre eux », a déclaré Kenneth Roth.
Le gouvernement devrait
également exhumer les corps dans une fosse commune à Maluku, à la périphérie de Kinshasa,
selon Human Rights Watch. Les familles des personnes tuées ou disparues de
force par les forces de sécurité pensent que leurs proches pourraient être parmi
les personnes qui y sont enterrées. Kenneth Roth a rencontré plusieurs des
proches de 34 victimes qui avaient déposé une plainte conjointe
appelant à une enquête crédible avec le soutien international, notamment
l'exhumation des corps.
« Les familles
que j’ai rencontrées veulent désespérément la justice et elles ont le droit de
savoir si les membres de leur famille figurent parmi ceux qui sont enterrés à
Maluku », a déclaré Kenneth Roth.
Dans l'est de la RD
Congo, il y a eu
des progrès notables
vers la traduction en justice d’individus responsables de graves crimes internationaux,
a déclaré
Human Rights Watch. La reddition de
Bosco Ntaganda en mars 2013, suivie de son transfert à la Cour pénale
internationale, la défaite du groupe arméM23 qui a
commis de nombreuses exactions, ainsi que les condamnations de plusieurs
centaines de soldatspour viol ont
constitué d’importantes avancées.
Néanmoins, la grande majorité des personnes responsables de violations graves bénéficient toujours de l’impunité. Le gouvernement et la mission de maintien de la paix des Nations Unies en RD Congo, la MONUSCO, devraient accroître leurs efforts pour arrêter les chefs de groupes armés recherchés pour crimes internationaux graves, a déclaré Human Rights Watch. Ceux-ci comprennent le commandant militaire des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), Sylvestre Mudacumura, recherché par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre présumés dans l'est de la RD Congo en 2009 et 2010, ainsi que Ntabo Ntaberi Sheka, sous le coup d’un mandat d'arrêt congolais pour crimes contre l'humanité, pour les viols systématiques de près de 400 personnes en 2010.
Néanmoins, la grande majorité des personnes responsables de violations graves bénéficient toujours de l’impunité. Le gouvernement et la mission de maintien de la paix des Nations Unies en RD Congo, la MONUSCO, devraient accroître leurs efforts pour arrêter les chefs de groupes armés recherchés pour crimes internationaux graves, a déclaré Human Rights Watch. Ceux-ci comprennent le commandant militaire des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), Sylvestre Mudacumura, recherché par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre présumés dans l'est de la RD Congo en 2009 et 2010, ainsi que Ntabo Ntaberi Sheka, sous le coup d’un mandat d'arrêt congolais pour crimes contre l'humanité, pour les viols systématiques de près de 400 personnes en 2010.
« L'incapacité du gouvernement à arrêter les
chefs rebelles des années après l’émission de mandats d’arrêt à leur encontre a
permis que leurs combattants continuent à commettre d'horribles exactions », a conclu Kenneth Roth. « Qu’il s’agisse des exactions des forces de
sécurité à Kinshasa ou des meurtres et des viols perpétrés par les groupes
armés dans l'est de la RD Congo, traduire les responsables en justice devrait
être une priorité pour le gouvernement congolais. »
Le numéro un de HRW a indiqué que le président
"Joseph Kabila est pour leur libération" et qu'il s'est
"prononcé pour l'exhumation de la fosse commune de Maluku", sans
toutefois préciser de date. "Le président Kabila n’a pas fait
de lien entre l’opération Likofi menée par la police pour endiguer le
banditisme dans la ville de Kinshasa et les personnes trouvées dans la fosse
commune".
Le directeur exécutif de Human Rights Watch a
cependant salué "des progrès notables vers les poursuites contre les
personnes responsables de graves crimes internationaux, cas de Bosco Ntaganda et
les condamnations des plusieurs soldats pour viol".
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