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jeudi 29 août 2013

Nouvelle agression de la R.D Congo par le Rwanda : Les souffrances de la population civile et sans défense du Nord-Kivu ont atteint le seuil du paroxysme



Le Réseau National des ONGs des Droits de l’Homme de la République Démocratique du Congo, RENADHOC, est très vivement préoccupé par l’escalade de la violence tributaire de la reprise des combats dans la province du Nord-Kivu, combats lancés par la Force Négative M23 avec l’appui du Rwanda. Cette escalade de la violence s’est illustrée par le largage des bombes au cours de quatre journées d’affilées, qui sont tombées dans les localités de Munigi et Kanyaruchinya ainsi que sur la ville de Goma, bombes tirées à partir du Territoire Rwandais, plus précisément à partir des localités de Mukamira, de Rugero dans la région de Rubavu ainsi que de la localité de Mahuku. Au total 17 bombes ont été larguées sur des objectifs civils, tout en provoquant des pertes en vie humaine, d’importants dégâts matériels et une psychose généralisée dans les quartiers populaires de la ville de Goma.
La qualification de ces actes en Droit International Humanitaire est claire. Il s’agit des bombardements des villes ouvertes et en suite des attaques contre des objectifs à caractère civils (non militaires). Conformément à l’article 3 commun aux quatre Conventions de Genève sur le Droit International Humanitaire, ces actes violent les lois et coutumes de guerre et sont donc constitutifs des crimes de guerre. Nous saluons ici la lucidité de la MONUSCO qui par le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies, les a qualifié comme tels.
L’opinion nationale et internationale se souviendra que le 23 Juillet 2013, l’association sœur Human Rights Watch avait rendu public un Rapport2 qui avait révélé la commission des actes prémédités d’exécution sommaires perpétrés par le M23 dans la partie du Nord-Kivu sous son occupation. Le rapport de Human Rights Watch dénonçait également des « opérations de recrutement au Rwanda » opérées par le mouvement rebelle, avec l’assistance des autorités militaires Rwandaises.
Par ailleurs, le Rapport de Human Rights Watch revient également sur les récentes exactions qu’auraient commises les rebelles dans le Nord-Kivu. « Le M23 a exécuté sommairement au moins 44 personnes et violé au moins 61 femmes et filles depuis mars 2013 », selon l’ONG soeur, des dizaines des civils, accusés de collaborer avec les FDLR ou avec les milices hutus congolaises, ont été arrêtés, enlevés et « sévèrement battus » au cours de dernières semaines dans le territoire de Rutshuru / Nord-Kivu (R.D.Congo), poursuit ce Rapport.
« Des officiers de l'armée Rwandaise ont formé de nouvelles recrues du M23 et ont communiqué avec et rencontré des dirigeants du M23 à plusieurs reprises », explique le Rapport, soulignant que parmi les hommes recrutés au Rwanda « figurent des militaires Rwandais démobilisés et d'anciens combattants des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda, rébellion hutu), dont la plupart avaient été intégrés dans la Force de réserve de l'armée Rwandaise, ainsi que des civils rwandais ». Human Rights Watch a affirmé également avoir reçu des témoignages « des déserteurs congolais » de la rébellion qui ont déclaré qu’« un certain nombre de combattants du M23 reconnaissaient volontiers qu'ils étaient rwandais et certains indiquaient avoir été membres des contingents Rwandais des missions de maintien de la paix en Somalie ou au Darfour ! ».
Le dernier acte en date, est l’exécution sommaire dans la nuit du 26 août 2013 dans la cité de Kiwanja en Territoire de Rutshuru (Nord-Kivu/R.D.Congo), de Monsieur Célestin NZOVOLI Chef de Quartier de BUTURANDE et l’enlèvement vers une destination inconnue de Monsieur VICTOR Chef de quartier Adjoint de BUTURANDE.
Comme on peut bien le constater, ces actes sont également constitutifs des crimes contre l’humanité en tant que tueries massives et préméditées, dirigées par la partie occupante contre les populations civiles et sans défense. Il en est de même de l’escalade des viols et autres violences sexuelles infligés par la même force négative (M23) et les troupes Rwandaises qui les soutiennent, contre les femmes et les jeunes filles dans la partie occupée.

Au regard de tout ce qui précède, les Organisations des Droits de l’Homme de la République Démocratique du Congo réunies au sein du RENADHOC, formulent les constats et exigences qui suivent :
1. La dernière escalade de la violence est intervenue du fait du Rwanda et de son M23 alors que la situation sur terrain était déjà stabilisé et suffisamment amélioré sur le plan des Droits Humains ;
2. Ceci prouve à suffisance que la détérioration de la situation des droits de l’homme dans la province du Nord-Kivu est imputable directement au Rwanda et à son M23 ;
3. Nous saluons la position des Etats Unis d’Amérique et celle de l’Union Européenne qui ont clairement indiqué le coupable dans cette dernière escalade de la violence, à savoir le Rwanda et son M23 ;
4. Nous soutenons la demande formulée par le Gouvernement Américain, de voir le M23 se dissoudre et/ou s’auto-dissoudre. Le M23 ne pouvant pas le faire de plein gré, nous exigeons de la Communauté Internationale de lui contraindre par la force à travers la brigade spéciale d’intervention de l’ONU ;
5. Nous exigeons que des fortes pressions soient faites sur le Rwanda pour l’obliger à cesser immédiatement avec la violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la République Démocratique du Congo ;
6. Nous exigeons que tous les Responsables et Animateurs du M23 et les Officiers principaux des Forces de Défense Rwandaise impliqués dans la chaîne de commandement ayant largué des bombes et obus dans la ville de Goma, puissent faire l’objet des mandats d’arrêts internationaux découlant des actes ci-dessus dénoncés ;
7. Nous exigeons du Gouvernement Congolais que toutes les dispositions soient prises pour engager très rapidement des réformes qui s’imposent afin de doter le Pays d’une Armée Républicaine, forte, dissuasive et professionnelle capable d’assurer la défense et la sécurité du Territoire National en tout lieu et en tout temps.
8. Nous invitons le Gouvernement Rwandais au strict respect des dispositions du Pacte sur la sécurité, la stabilité et le Développement dans la région africaine des grands lacs du 15 décembre 2006 ainsi que ses protocoles y relatif. Instrument régional contraignant dont le Rwanda a librement ratifié.
9. Nous invitons le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies à examiner en urgence cette question à sa session ordinaire de Septembre 2013 pour que des sanctions sévères soient prises contre le Rwanda et au profit de la population du Nord-Kivu, victime de deux décennies d’occupation sanglante et deshumanisante.
Nous restons saisis de la question.
Fait à Kinshasa, le 29 août 2013

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