Kinshasa,
Lubumbashi et d’autres villes de la Rd Congo ont connu les 23 et 24 juin 2020 des manifestations
violentes à la suite des trois propositions des lois Aubin Minaku et Garry
Sabata. Des immeubles, véhicules et autres biens des privés ont été pillés ou
vandalisés. La Voix des Sans Voix pour les Droits de l’Homme (VSV), par son
secrétaire exécutif, Rostain Manketa, est profondément préoccupée indignée par
le mépris des citoyens congolais par ces dirigeants et autres élus agissant
souvent par défis quelle que soit la désapprobation par la population de leurs
actes prétendument posés au nom du peuple.
Les
récentes manifestations publiques à Kinshasa, capitale de la République
Démocratique du Congo (RD Congo) , à Lubumbashi, province du Haut-Katanga, à
Mbuji-Mayi, province du Kasaï Oriental, à Tshikapa, province du Kasaï, …pour
protester contre les propositions de lois
initiées par les députés nationaux Aubin Minaku et Garry Sakata du Front Commun pour le Congo (FCC) ayant
pour autorité morale l’ancien Président Joseph Kabila, lesquelles propositions
de lois portent organisation, fonctionnement et compétences des juridictions de
l’ordre judiciaire, statut des Magistrats et organisation et fonctionnement du
Conseil Supérieur de la Magistrature n’ont même pas, comme d’habitude, ébranlé
le moral des députés nationaux dits représentants du peuple et des cadres du parti du Peuple pour la
Reconstruction et la Démocratie (PPRD) pour qui le peuple dans sa majorité ne
compte pas.
Ces
manifestations d’une population frustrée, bien que légitimes ont été à la base
des actes de violence, de vandalisme, de destruction des biens des personnes et
d’atteinte à l’intégrité physique des personnes qui sont inacceptables dans un
Etat de droit quel que soit le motif.
Il
est regrettable qu’après que le peuple et de nombreux Magistrats à travers leur
Syndicat Autonome des Magistrats du Congo (SYNAMAC) se soient opposés farouchement
à ces propositions de lois, perçues comme visant à réduire l’indépendance des
Parquets en République Démocratique du Congo (RD Congo) que des voix s’élèvent
au sein du FCC pour la poursuite coûte que coûte de l’examen des propositions
des lois sus évoquées.
D’aucuns
s’interrogent sur l’opportunité à analyser, examiner et adopter ces
propositions de lois en ce moment précis alors que les députés nationaux et
autres cadres du PPRD n’ont pas pu le faire depuis 2011 sous leur propre règne
jusqu’à la veille de l’alternance au sommet de l’Etat. Une telle initiative,
est-elle venue en ce moment précis parce qu’il y a un autre Président de la
République à la tête du pays ou parce que le FCC a peur des Magistrats de
Parquet trop indépendants et capables de les inquiéter dans le cadre du
principe de la séparation du pouvoir (récente interdiction, vendredi 12 juin
2020, des députés nationaux d’accéder au siège du Parlement sur décision d’un
Procureur Général dans l’affaire opposant Madame la Présidente de l’Assemblée
Nationale à son ancien Vice-Président), de la lutte contre la corruption et le
détournement de deniers publics, ainsi que la lutte contre l’impunité ?
A
travers ces propositions de lois et le moment choisi, l’opinion publique craint
un enchaînement des Magistrats de Parquet par le FCC et une volonté inavouée de
faire de ces derniers des petits fonctionnaires du FCC obéissant au doigt et à
l’œil en tout temps et en toutes circonstances jusqu’aux élections de 2023.
L’opinion publique craint que « la soumission des Magistrats du Parquet à
l’autorité du Ministre de la Justice telle que envisagée dans les propositions
de lois Aubin Minaku et Garry Sakata ne viole la Constitution de la République
Démocratique du Congo en son article 151 qui dispose que « le pouvoir
exécutif ne peut donner d’injonction au juge dans l’exercice de sa juridiction ,
ni statuer sur les différends, ni entraver le cours de la justice, ni s’opposer
à l’exécution d’une décision de justice… »
Pour
la VSV, une loi n’est utile que lorsqu’elle contribue à la paix et à la
cohésion sociale. Les récentes propositions de lois ayant été à la base de
violence le 23 et le 24 juin 2020 sont toujours susceptibles d’occasionner
d’autres manifestations émaillées des violences et des violations des droits
humains de toutes sortes.
Aussi,
quelle que soit la pertinence de leur contenu, ces propositions des lois doivent
être retirées en vue de donner une chance à la difficile construction de l’Etat
de droit tant recherché en RD Congo.
La
VSV saisit cette occasion pour appeler les manifestants à observer un
comportement responsable notamment celui qui respecte les biens publics et ceux
d’autrui, le droit à la sécurité et à l’intégrité physique des personnes quelle
que soit leur appartenance politique.
En
définitive, la VSV exhorte madame la Présidente de l’Assemblée Nationale et
tous les députés nationaux à renoncer à l’examen des propositions de lois Aubin
Minaku et Garry Sakata pour la sauvegarde de la paix, de l’ordre public et prévenir
d’autres violations des droits humains.
Il
est temps que les parlementaires congolais comprennent qu’ils sont au Parlement
pour servir d’abord la population congolaise et non leurs autorités morales,
sinon qu’ils cessent d’être appelés représentants du peuple. Et la population
qui manifeste faisant partie de ce peuple doit-être écoutée.
En
cas de non retrait de ces propositions de lois, les députés nationaux du FCC
doivent savoir qu’ils pourraient être tenus responsables des conséquences fâcheuses
d’autres manifestations plus importantes contre ces propositions des lois
rejetées par une bonne franche de la population notamment les magistrats, la
société civile, les partis politiques de l’opposition, les mouvements
citoyens...
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