A
l'occasion du 60ème anniversaire de l'indépendance de la République
Démocratique du Congo, le Centre National d'Appui au Développement et à la
Participation Populaire, CENADEP, constate avec amertume que le pays risque se
dirige vers un gouffre si le peuple congolais ne réalise pas un sursaut
national pour sauvegarder l'alternance politique, obtenue au prix des plus
grands sacrifices du peuple congolais en général et des acteurs de la société
dont plusieurs ont versé même de leur sang.
Tout
en se félicitant des grands acquis de l'alternance politique de janvier 2019,
qui sont entre autres la reconquête de la liberté d'expression, l'humanisation
des services des renseignements le retour progressif à l'indépendance de la
justice et la gratuité de l'enseignement de base, le CENADEP s'inquiète des
faits non exhaustifs suivants qui risquent de faire reculer le pays :
-
La dégradation continue des conditions sociales et économiques de la population
qui n'a pas amélioré l'accès à l'eau, à l'électricité, au logement, aux soins
de santé, à l'emploi, au transport en commun, à une alimentation de qualité et
à un revenu suffisant;
-
La confiscation du pays par une classe politicienne à la poursuite de son
propre intérêt au détriment d'une population paupérisée à outrance;
-
Le train de vie des institutions publiques dont les dépenses fantaisistes,
n'épargnent pas à l'Etat des pertes inutiles ;
-
La non-prise en compte de la part essentielle qu'apportent l'économie solidaire
dite informelle, l'artisanat minier, l'agriculture paysanne et la culture
populaire à la stabilité sociale, économique et politique du pays;
-
L'instrumentalisation de la jeunesse aux fins politiciennes au lieu de leur
profiler des programmes conséquents qui leur permettent d'être plus productive
et de jouer un rôle consciencieux dans le développement du pays;
-
L'insécurité généralisée et les troubles récurrents à l’Est de la RDC par des
groupes armés réapparaissent, s’organisent et martyrisent la population créant
des déplacements massifs et continus des populations ;
- Les violences continuent contre les femmes
et les jeunes filles contraintes parfois à vivre leurs traumatismes faute d'une
bonne protection contre leurs bourreaux ou la stigmatisation par la société qui
transforment les victimes en coupables ;
-
La volonté de désigner les dirigeants de la CENI, dans la précipitation et sans
évaluation ni reforme de la centrale électorale et de son arsenal juridique ;
-
L'action quasi-inaudible des institutions d'appui à la démocratie telles gue le
Conseil Supérieur de l'Audiovisuel, le Conseil Economique et Social et la
Commission Nationale des Droits de l'Homme;
- Les faiblesses de la riposte contre la COVID-19, notamment en ce qui concerne
le dépistage, la prise en charge des malades ainsi que la surveillance et la
prévention de la pandémie.
Face
à ce constat, le CENADEP en appelle :
Au Président de la République de :
- Poursuivre sans relâche ses efforts pour la matérialisation de sa vision d'une
société congolaise de justice, de droit et de progrès social ;
-
S'ouvrir davantage à la société civile, dans sa diversité, pour une
reconstruction inclusive du pays ;
-
Garantir l'indépendance de la justice et la lutte contre la corruption sous
toutes ses forces tout en s'assurant que les poursuites contre les détourneurs
des deniers publics s'étendent à toute personne dénoncée par la société civile
ou soupçonnée par l'appareil judiciaire.
Au Gouvernement de la République de :
- - Réduire
sensiblement le train de vie de l'Etat et réaffecter les moyens à l'amélioration
des conditions sociales de la population
- - lmpliquer,
sans parti pris, les organisations de la société civile dans la planification,
la mise en œuvre et l'évaluation des projets et actions de lutte contre la
pauvreté, la consolidation de la paix et la justice, la sauvegarde des acquis
de la démocratie et de l'alternance politique ;
- - Doter
les institutions d'appui à la démocratie et principalement le CSAC, le CES et
le CNDH de moyens suffisants pour leur fonctionnement et leurs activités aussi
bien à Kinshasa qu'à l'intérieur du pays ;
- - Renforcer
l'action contre la COVID-19, notamment en impliquant la société civile et en
déployant des moyens suffisants pour la prévention, la décentralisation du
laboratoire de l'INRB et l'amélioration du système sanitaire congolais.
Au Parlement national de :
- - Privilégier
l'intérêt supérieur de la nation en lieu et place des familles et tendances
politiques ;
- - Être
à l'écoute de la population dans ses craintes, revendications et propositions
que de la défier à outrance ;
Aux organisations de la
société civile de :
- Se
mobiliser davantage contre tout acte, mouvement ou individu qui veut remettre
en question les acquis de la lutte pacifique de la population congolaise pour
l'avènement d'un état de droit, d'équité et de justice sociale ;
- Privilégier
la convergence plutôt que la dispersion des forces et des moyens pour le même
combat contre l'arbitraire, la misère et la médiocrité.
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