Constatant
une baisse de fréquentation dans les centres de santé et hôpitaux de Kinshasa depuis
le début de la pandémie de COVID-19 en République Démocratique du Congo, MSF
appelle les autorités sanitaires à veiller à ce
que chaque structure – qu’elle soit identifiée ou non pour la prise en charge
des patients COVID-19 – dispose des circuits et des équipements de protection
individuel en quantité et qualité suffisante afin que le public et le personnel
soignant puisse y accéder en toute confiance, sans risque de contamination ni
de propagation de maladies.
La République Démocratique du Congo est
officiellement confrontée à la pandémie de COVID-19 depuis le 10 mars 2020. Au 10
juin 2020, le pays totalisait un cumul de 4.514 cas confirmés dans les onze
provinces touchées par la maladie, dont 90% dans la capitale. Plus de 560
personnes sont guéries depuis le début de cette pandémie, tandis que 97 personnes ont succombé au
nouveau Coronavirus.
Selon
les premières analyses effectuées par les équipes de Médecins sans Frontières
(MSF), une baisse alarmante des taux de fréquentation des structures de santé de
la capitale serait en cours et s’expliquerait notamment par le fait que de
nombreux Kinois redoutent soit d’être infectés par le virus en se rendant dans
les structures sanitaires soit d’être isolés et stigmatisés. L’impact
économique de certaines mesures de prévention, telle que la restriction de
mouvements, serait également l’une des causes.
« Cette
baisse est inquiétante car elle signifie que des malades ne bénéficient
désormais plus de soins parfois vitaux dans les structures sanitaires de
première ligne », explique Gisèle Mucinya coordinatrice médicale du
projet VIH/Sida de MSF à Kinshasa. « Au
Centre Hospitalier Kabinda (CHK) et dans les cinq autres structures de santé
que nous appuyons dans la prise en charge du VIH à Kinshasa, par exemple, nous
avons-nous aussi constaté cette baisse des consultations et des admissions en hospitalisation. Quand bien même les soins contre
le VIH y sont gratuits, au CHK par exemple, le nombre de consultations
mensuelles de patients est passé de 1 893 malades en janvier 2020 à 1 330 à fin
mai 2020. Soit une baisse de 30%. Et ce, alors que les mesures de prévention y
sont extrêmement strictes et que nous disposons de tout le matériel de
protection requis. ».
Le
même constat est tiré par le Dr Rany
Mbayabu médecin directeur du centre hospitalier privé « Mudishi
Liboke » à Kinshasa : «Depuis
mars, les consultations ont chuté de plus de moitié, passant d’environ 250 à
100 patients par mois. Nos malades nous disent qu’ils ont peur de se faire
contaminer par la COVID-19 en venant consulter. D’autres par contre évoquent des
raisons financières. »
Alors
que le bulletin quotidien national de la situation épidémiologique sur le
nouveau Coronavirus rapporte chaque jour des centaines de nouveau cas de
COVID-19 dans la capitale congolaise, MSF s’inquiète que des malades - porteurs ou non du nouveau Coronavirus – ne
bénéficient désormais plus de soins parfois vitaux dans les structures
sanitaires de première ligne.
« Le bon fonctionnement des structures de
santé de première ligne est clé pour éviter que la pandémie du COVID-19 ne
réduise l’accès aux soins des patients souffrant du VIH, du paludisme, de la
rougeole ou d’autres maladies infectieuses. Et au
vu des infections respiratoires qui vont se présenter avec la saison sèche, il est nécessaire que les
populations continuent à se rendre à l’hôpital pour obtenir une prise en charge
de leur maladie, quelle qu’elle soit, afin d’augmenter les chances de
guérison », souligne Karel
Janssens, chef de mission de Médecins Sans Frontières en RDC.
« Les structures MSF
disposent encore à cette heure-ci de matériel de protection. Mais nous
constatons que d’autres structures sanitaires peinent encore à protéger leur
personnel. Il est clair qu’une meilleure protection du personnel de santé
augmenterait la confiance de patients à se rendre dans les centres de santé, et
par ricochet, renforcerait les efforts visant à contenir la propagation de COVID-19,
et à fournir les services médicaux essentiels », note-il.
Si
l’accès et l’approvisionnement en équipement de protection individuel constitue
un problème global dépassant le cadre de la RDC, MSF appelle toutefois à un
allègement des procédures administratives congolaises afin de faciliter
l’importation des équipements de protection individuelle pour une mise à
échelle de la riposte et pour le maintien de ses projets réguliers ainsi que
ses interventions d’urgence dans le pays - Ebola, rougeole, choléra, VIH/SIDA,
etc.
MSF a démarré
la prise en charge des patients suspects et confirmés le 27 avril à l’hôpital
Saint-Joseph de Limete à Kinshasa, en appui au Bureau Diocésain des Œuvres
Médicales, au Ministère de la Santé et en coordination avec l’équipe nationale
de la riposte à la COVID-19. De début mai à début juin, le
centre a en moyenne hospitalisé 30 patients par jour, dont près de 20% sous oxygénothérapie.
Au soir du 10 juin, 13 des 29 patients hospitalisés étaient placés sous
oxygène.
Des équipes mobiles MSF ont également
appuyé 50 structures de
santé de quatre zones sanitaires de Kinshasa afin d’y renforcer les mesures
d’hygiène, de les équiper en masques et lave-mains, de former le personnel
médical ainsi que les relais communautaires sur la prévention et le contrôle
des infections.
Oui c'est par preuve que le nombre de patients a chuté depuis l'apparition de ce virus dans les établissements privés et étatiques.
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