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dimanche 30 juin 2024

La crise humanitaire de la RDC est la plus "tolérée" au monde

"La crise humanitaire à l'Est de la RDC est absolument dramatique à cause des conflits. C'est la crise humanitaire la plus prolongée du monde puisqu'elle  dure depuis presque 30 ans. Elle est l'une des crises les plus complexes du monde". C'est le coordonnateur humanitaire des Nations Unies en RDC qui l'a déclaré. Bruno Lemarquis s'est exprimé le 21 juin 2024 lors du cocktail annuel des chefs d'entreprises à Kinshasa organisé par le Pacte mondial des Nations Unies en RDC ou UN Global Compact.

Il a remercié le directeur général d’Equity BCDC Célestin Mukeba pour son leadership et son engagement ces dernières années en tant que président du Conseil d'administration du Global Compact qu'il a fait grandir et il l'a donné une très très bonne impulsion. UN Global Compact est une célébration et un témoignage de l'engagement commun des Nations Unies et du secteur privé congolais et du secteur privé au Congo également. Ce n'est pas uniquement le secteur privé congolais, il y a également des entreprises étrangères en faveur des stratégies et pratiques d'affaires responsables et durables en RDC. Ce cocktail annuel démonte la vitalité du réseau avec l'engagement indéfectible de ses membres envers les principes du Pacte mondial des Nations Unies notamment, le respect des droits de l'homme, le respect du travail décent au Congo. Pour lui, il faut penser au travail des enfants, la question de la protection de l'environnement et la lutte contre la corruption.

"Votre engagement est inspirant et mérite d'être soutenu. Vos efforts individuels et collectifs sont vitaux pour impulser un changement positif collectif pour faire progresser le développement durable dans ce pays incroyable qu'est la RDC. La RDC offre des opportunités et un potentiel quasi unique au monde. Son potentiel immense, son potentiel humain, son capital humain et ses ressources naturelles. Ce n'est pas sans raison qu'on appelle la RDC un pays solution pour certains des problèmes auxquelles le monde fait face notamment l'impact du changement climatique et les défis de la transition énergétique.

« Souvent quand je parle de la RDC notamment dans le contexte des crises, je dis que le monde a besoin de la RDC et le monde a besoin d'un pays en paix mais un pays dans lequel il y a un fort manque de corrélation entre les potentialités du pays et la réalité sur le terrain. Qu'on prenne le secteur agricole, c’est un potentiel incroyable. C'est le pays au monde où il y a le plus de gens en insécurité alimentaire. Qu'on prenne le potentiel hydroélectrique, qu'on prenne à peu près n'importe quel sujet, le potentiel est incroyablement élevé et la réalité sur le terrain ne suit pas. Il y a également beaucoup de défis auxquelles le pays fait face et donc le secteur privé a aussi un rôle à jouer par rapport à tous ces défis. Ce sont des défis qui entravent la trajectoire de développement du pays et l'avancée vers la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

 Conflit à l’Est de la RDC et ses défis

Les défis, c'est le conflit à l'Est du pays, des inégalités sociales, un taux de pauvreté extrêmement élevé parmi les plus hauts du monde. Ce sont les nombreux défis de gouvernance, de transparence et des défis liés à la gestion de l'environnement, à la lutte contre la corruption et au désenclavement du pays. Donc la liste est longue, a insisté Bruno Lemarquis. Il y à aussi des défis que personnellement j'appelle « le nœud gordien ». Chaque pays où Bruno Lemarquis a eu à travailler, il cherche le nœud gardien. Ce sont les causes structurelles profondes, les causes sous-jacente des conflits. En RDC, c'est énormément la question d'exploitation des ressources naturelles, la question du foncier... qui concernent énormément le secteur privé.

Rôle attendu du secteur privé

Bruno Lemarquis est convaincu qu’avec le secteur privé, les Systèmes des Nations Unies et d'autres partenaires, « nous serons plus fort ensemble à surmonter ces obstacles et à créer un avenir plus prospère pour les Congolaises et les Congolais. Aujourd'hui, nous nous réunissons pour réaffirmer notre engagement envers la durabilité et la responsabilité sociale. Nous avons l'opportunité de réfléchir sur les progrès accomplis, sur la route à venir pour le réseau du Global Compact. C'est un réseau qui joue un rôle important dans la promotion de stratégie et des pratiques d'affaires responsables. C'est un réseau qui favorise les partenariats, les changements politiques, les changements politiques, les changements positifs.

Il estime que le travail du secteur privé a donc un impact non seulement sur la communauté des affaires mais contribue également au bien-être des communautés et de l'environnement. « Je suis très content d'avoir noté depuis que je suis impliqué dans la dynamique qui est au sein du réseau et nous sommes sur une trajectoire positive. J'espère qu'après les discussions de ce soir, il y aura encore plus de d'enthousiasme à rejoindre ce réseau. Je voudrais également profiter de ce moment, peut-être un peu à côté du Global Compact, mais quand même c'est le secteur privé congolais pour dire quelques mots et encourager les échanges entre les partenaires humanitaires et le secteur privé congolais sur la situation humanitaire en RDC ».

Situation humanitaire dramatique et tolérée à l’Est de la RDC

La crise humanitaire à l'Est du pays est absolument dramatique à cause des conflits. « C'est la crise humanitaire la plus prolongée du monde puisqu'elle dure depuis presque 30 ans. C'est l’une des crises les plus complexes du monde. C'est l’une des crises les plus négligées du monde. Mais, il y a d'autres pays où elle s'est encore plus dégradée cette année. La RDC est la troisième crise la plus négligée au monde après le Burkina Faso et le Cameroun. Ce sont des crises un peu oubliées mais depuis quelques mois, je rajoute un adjectif. C'est une crise qui est tolérée et qui n'a pas vraiment sa raison. 25 millions de personnes sont en insécurité alimentaire en RDC. Les 25 millions de personnes ne sont pas victimes de conflit mais c'est la pauvreté générale aussi. Nous avons cette année un plan de réponse humanitaire qui vise à appuyer 8. 7 millions de Congolaises et de Congolais surtout à l'Est du pays ».

Le coût de ce plan est de 2,6 milliards de dollars américains. C'est le montant qu'on demande au monde, à l’État congolais et à tous les partenaires dont le secteur privé. On cherche 2,6 milliards de dollars américains. On sait qu'on va pas les trouver à cause du contexte géopolitique des crises en Ukraine à Gaza. Il est de plus en plus difficile de mobiliser les fonds. « Nous sommes à la moitié de l'année, nous ne sommes financés qu’à 25 %. Le nombre de déplacés internes en RDC a franchi pour la première fois le nombre de 7 millions de personnes. C’est le deuxième plus grand nombre de déplacés internes au monde.

Bruno Lemarquis a visité l'hôpital du CICR à Goma (Nord-Kivu). Les statistiques des blessés par balles et des blessés par éclat d'obus ont atteint une ligne qui monte tout droit depuis octobre 2023 à juin 2024. Son équipe est disponible pour avoir des dialogues avec le secteur privé congolais et voir comment il peut appuyer les efforts humanitaires mais aussi les efforts de ce qu'on appelle les solutions durables, aider les gens à retourner chez eux, trouver des solutions? de l'emploi, l'activité économique, y compris dans les sites de déplacés.

« Ce n'est pas uniquement une question d'argent. C'est juste un appel que je lance pour une collaboration entre le secteur privé et les acteurs humanitaires. Je voudrais souligner l'importance de l'implication du rôle que joue le conseil d'administration de Global Impact pour mobiliser le secteur privé congolais à travers cette structure. Le conseil d’administration a un rôle clé et de grande responsabilité pour fixer des objectifs et les indicateurs et de faire grandir le réseau pour que les engagements en matière de durabilité de responsabilité sociétale soient pleinement intégrés dans les décisions stratégiques et les opérations des entreprises congolaises ».

Le coordonnateur humanitaire en RDC encourage d’autres membres à rejoindre le réseau mais aussi à soutenir et à donner l'exemple à travers la mise en œuvre des principes du Global Compact dans leurs entreprises avec le Pacte mondial des Nations Unies. « Nous sommes dans leur ensemble, c'est-à-dire les 23 agences des Nations Unies qui travaillent en RDC, à vos côtés pour concrétiser ces efforts. Nous mettons à profit le pouvoir de l'innovation grâce à des partenariats pour relever les nombreux défis économiques, sociaux et environnementaux en RDC ».

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