La République
Démocratique du Congo, notre pays, est devenu un point de cristallisation pour
tous ceux qui, dans l’hémisphère Nord de la planète, se sont donnés, on ne sait
trop sur base de quel principe, un rôle de régulateur de la vie des nations du
Sud, foulant aux pieds le principe fondamental de l’autodétermination des
peuples qui constitue le socle du droit international et de la démocratie.
En prenant en
compte le fait qu’il y a 56 ans, l’inoubliable Patrice Emery Lumumba et ses
compagnons ont sacrifié leurs vies pour que l’Histoire du Congo soit écrite
exclusivement au Congo, par les Congolais, le Président de la République, Joseph
Kabila a dit dans son message du 30 juin dernier, notre refus de nous voir ces
jours-ci inondés, voire submergés par une véritable avalanche de prétentions
impérialistes de la part de proconsuls autoproclamés qui, de Washington à
Bruxelles, en passant par d’autres capitales occidentales, prennent prétexte
des difficultés et des divergences internes autour du processus électoral 2016
en gestation pour mettre littéralement le grappin sur notre pays en essayant,
avec une témérité frisant le racisme, de faire marcher à reculons le train de
l’Histoire. Comme si les plus de 70 millions de Congolais n’avaient pas leurs propres
Intérêts Nationaux.
Des
gouvernements étrangers s’érigent en régents des affaires de la RDC, allant
jusqu’à donner des injonctions et asséner des sanctions dites ciblées aux fonctionnaires
de nos administrations, en lieu et place du pouvoir exécutif de notre pays.
Des
institutions parlementaires d’entités nationales et régionales auxquelles la RDC
n’appartient pas s’autorisent à délibérer, statuer et légiférer sur ses affaires
intérieures en s’appuyant malicieusement sur un droit d’ingérence humanitaire à
géométrie variable qui ne s’exercerait que vis-à-vis de la seule RDC.
C’est une conception
abusive et dangereuse du droit international et des relations entre Etats plus
d’un demi-siècle après les indépendances des années ’60. Le Gouvernement
congolais la rejette et la condamne formellement car elle porte en elle les
germes d’une régression inacceptable et de l’aggravation de la déstabilisation
d’un pays et d’une région dont la fragilité n’est plus à démontrer par la
démoralisation et la démotivation notamment des technostructures en charge de
l’ordre public et de la sécurité.
Il est permis
de se poser la question de savoir au nom de quelle logique un grand industriel
français, de surcroît député de l’opposition, Serge Dassault, peut faire
l’objet de poursuites pénales en France pour fraude fiscale sans soulever une
quelconque objection sur une prétendue « restriction des espaces démocratiques »
dans ce pays alors que la moindre convocation devant la justice d’un homme
politique de l’opposition en RDC pour des faits similaires ou plus graves donne
lieu à une véritable levée de boucliers.
Nous ne pouvons
en aucune manière accepter cette obsession à jeter systématiquement l’opprobre et
le discrédit sur notre appareil judiciaire et sur les officiers de nos forces
de sécurité qui ne font que dire le droit congolais pour le premier et exécuter des ordres de leur hiérarchie
dans la répression de la criminalité pour les seconds.
Le
gouvernement déplore vivement la tendance devenue constante à banaliser les
comportements délictuels et même les crimes très graves qui se commettent dans
notre pays observée dans le chef de certaines bonnes âmes qui se comportent en
l’espèce comme si leur préoccupation était plus de justifier une prolongation
de leurs missions « humanitaires » que de stabiliser la situation en
RDC. En dépit de la désignation d’un magistrat chargé de faire la lumière
là-dessus, les preuves documentées des 51 personnes qui auraient été tuées du
fait d’un usage excessif de la force par la police de Kinshasa se font toujours
attendre.
Les fameuses sanctions
ciblées totalement incongrues et illégitimes d’un gouvernement étranger à
l’encontre d’un fonctionnaire d’un Etat tiers sont perçues par la plupart des
Congolais comme ce qu’un sketch populaire de la Dynamique de la Lutte Contre la
Pensée Néocoloniale a bien qualifié de « nouveau nom de la chicotte
coloniale ».Qu’elles aient été annoncées presque concomitamment avec
l’annonce par notre gouvernement d’une nouvelle traque contre les bandes de malfrats
qui terrorisaient à nouveau les quartiers périphériques de la capitale n’a pu
être considérée que comme un véritable appel du pied à la subversion qui a été
entendu par ces malfrats qui sont montés au créneau avec plus d’audace comme
l’illustre le drame des six corps de personnes tuées portant des traces de
coups portés avec des instruments contondants du genre de ceux utilisés par les
tristement célèbres Kuluna qui ont été récemment repêchés de la rivière
N’Djili.
Face à de
tels criminels endurcis se dressent nos forces de sécurité ainsi ridiculisées,
vilipendées et discréditées par ceux-là même dont elles sont pourtant en droit
d’attendre appui et soutien.
Le
Gouvernement de la RDC remercie ses partenaires du Bureau Conjoint des Nations
Unies aux Droits de l’Homme qui ont spontanément offert leur assistance pour l’enquête
au sujet de ce nouveau crime inqualifiable. Il estime néanmoins qu’il serait
plus efficace pour ce partenaire d’aider nos forces de sécurité en cessant de
les affaiblir par des campagnes infamantes fondées parfois sur des allégations
du tout-venant, insuffisamment avérées et souvent politiquement motivées.
Ces
ingérences avilissantes et inacceptables dans leur principe sont malheureusement
défendues par une certaine opposition congolaise composée de compatriotes
portés par des rancœurs personnelles et des projets égocentriques contraires
aux Intérêts Nationaux. Un tabloïd paraissant à Kinshasa et qui reflète habituellement
les vues de l’opposition nous a même gratifié du concept inédit d’«ingérence
bénéfique », une véritable hérésie car jusqu’à ce jour, en droit
international, le terme ingérence qui définit l’attitude ou le comportement
d’un Etat qui s’immisce de manière illégitime dans les affaires strictement
intérieures d’un autre Etat ne s’entend que négativement. L’ingérence est donc
un mal par définition. Il n’est pas à confondre avec la coopération ou la
solidarité internationales sans lesquelles aucun pays, même ceux qui prétendent
dicter leurs lois aux autres, ne peut s’épanouir. Ceux de nos concitoyens qui
se frottent les mains en voyant le pays dont ils sont ressortissants être
confronté aux manœuvres de substitution de souveraineté que nous dénonçons sont
affligés d’une sorte de masochisme politique suicidaire. Ils se recrutent
généralement parmi les mauvais perdants des élections, et ce depuis les
premières élections de mai 1960 jusqu’à présent et qui caressent l’espoir de
capturer le pouvoir d’Etat par des arrangements antidémocratiques avec le
soutien des puissants intérêts néocolonialistes.
Le président
Joseph Kabila a le mérite d’avoir proposé à tous ses concitoyens un dialogue
inclusif pour ne plus se regarder en chiens de faïence et rechercher un consensus
sur le devenir de la Nation. Cette proposition, soutenue par la Communauté
internationale est diversement appréciée par certains au sein de l’opposition
où certains n’y voient qu’une ruse du Chef de l’Etat pour contourner le respect
de la Constitution. Rien n’est plus faux.
Nous
respectons la liberté de pensée de ceux qui soupçonnent le Président de pires
intentions mais force est de constater qu’il en est parmi ceux qui s’affichent le
plus bruyamment comme des fins limiers chargés de contrer une prétendue
manœuvre contre l’émancipation sociopolitique du peuple et la démocratisation dans
les belles perspectives proclamées par les pères des indépendances africaines
comme le Dr. Kwameh Nkrumah sont tout sauf crédibles dans cette posture. Certains
d’entre eux ont notoirement trempé dans les complots et les pogroms les plus
sordides qui ont émaillé l’histoire de notre pays. Ce fut le cas notamment de la
neutralisation du premier gouvernement démocratique de notre pays et de
l’assassinat de Patrice-Emery Lumumba, disciple de Nkrumah en 1960 et 1961 et
des massacres des populations kasaïennes au Katanga au début des années ’90, autant
de basses œuvres honteuses et hideuses pour lesquelles ils n’ont jamais rendu
compte. C’est le comble de l'ironie et du cynisme que ces compatriotes se
permettent aujourd’hui de distribuer des bons et des mauvais points à qui ils
veulent dans le laborieux processus de démocratisation en cours dans notre pays.
Les Congolais ont par ailleurs besoin
de leaders en pleine possession des capacités pour concevoir des solutions à
leurs problèmes. Lorsqu’on a entendu un candidat présenté par d’aucuns surtout
à l’étranger comme sérieux à la magistrature suprême de ce pays déclarer sur une
chaîne française que selon la constitution congolaise il n’est pas envisageable
que le Président de la République en exercice reste en
fonction à la fin de son mandat même si l’élection présidentielle n’était pas
encore organisée alors que l’article 70 de ladite constitution dit exactement
le contraire, on se rend à l’évidence qu’il ne maîtrise rien à la constitution
et aux lois du pays à la tête duquel il
veut se positionner. Il a également affirmé sans rire avoir été « « condamné par
le même parquet qui l’avait autorisé à aller se faire soigner à l’étranger».
Scandalisée, une dame vendeuse de bitoyo à Lubumbashi m’a aussitôt téléphoné
pour me dire tout le mal qu’elle pensait des honorables députés provinciaux de
l’ex province du Katanga qui avaient osé confier les rênes de cette province à
une personne qui ignorait ce que elle, avec son petit brevet du cycle
d’orientation avait appris, à savoir que si le parquet instruit et poursuit,
seul un tribunal condamne. J’ai pris sur moi de relativiser ces critiques acerbes
contre les élus en lui disant que l’ancien gouverneur de l’ex-Katanga pouvait
tout aussi bien avoir falsifié son CV pour convaincre ces grands électeurs. Une
éventualité d’autant plus probable que la falsification est une pratique
d’usage très courante chez l’intéressé dont la condamnation par le Tribunal de
Paix de Lubumbashi Kamalondo qu’il a tenté malhonnêtement de confondre avec
l’instruction toujours en cours du dossier de recrutement des mercenaires
devant le parquet près la cour d’appel a été primordialement par une infraction
de faux et usage de faux aux dépens d’un sujet grec, M. Stoupis, dont l’avocat
peut mieux vous donner les tenants et aboutissants qui ne concernent en rien le
Gouvernement de la République.
Les faiseurs de rois sous nos
tropiques pourraient mieux choisir leurs pions.
En un mot comme en cent, le Gouvernement
de la RDC engage ses partenaires à résister à la tentation impériale devant les
difficultés conjoncturelles de notre pays. Nous les invitons à ne pas mettre de
l’huile sur le feu et de contribuer plutôt à la stabilisation de la situation
dans ce pays dont le peuple n’a que trop souffert de toutes sortes de
convoitises et d’ambitions mal gérées depuis l’aube de l’indépendance. Exiger
la tenue des élections crédibles dans des délais contraignants dont on sait
qu’ils ne peuvent être tenues faute de moyens tout en encourageant ceux qui ne
rêvent que plaies et bosses revient pratiquement à créer les conditions des violences
que l’on prétend vouloir prévenir.
Le Gouvernement appelle une fois de
plus les vrais amis du Congo et des Congolais à soutenir comme il le fait la
CENI afin de lui permettre de poursuivre sans désemparer les préparatifs du
processus électoral.
Il est contreproductif de se limiter
à multiplier des injonctions comminatoires, humiliantes et irréalistes que nous
ne pouvons que rejeter sur les dates d’organisation de telle ou telle autre
élection jugée plus intéressante pour certains alors que toutes les élections
se valent pour les Congolais.
Nous nous félicitons des efforts du
Facilitateur désigné par l’Union Africaine, l’ancien Premier Ministre togolais
M. Edem Kodjo pour rendre possible la recherche d’un consensus entre fils et
filles de la RDC pour avancer vers les élections.
Pour le Gouvernement, les acteurs
congolais de la classe politique et de la société civile, toutes tendances
confondues, ont un réel intérêt à se joindre à ces efforts au risque de brûler
la maison commune.
Quelques compatriotes, et pas des
moindres, continuent à se laisser bercer par les promesses ou les miettes des
intérêts particuliers de quelques fauteurs de troubles étrangers (Etats ou
organisations non gouvernementales internationales) pour des schémas de sortie
de crise conflictuels et rejettent toute recherche d’un compromis par le
dialogue national inclusif. Ils ont tort.
Le Gouvernement les invite, une fois de
plus à revenir à la raison avant qu’il ne soit trop tard pour notre peuple.
Nous avons entendu hier les propos désabusés d’un ancien premier Ministre
britannique, M. Tony Blair qui a présenté de plates excuses pour
l’interventionnisme musclé de son gouvernement et d’autres en Irak, un pays
dont l’existence aujourd’hui ne tient qu’à un fil alors que toutes les
possibilités d’un règlement pacifiques n’avaient pas été épuisées. Mais que
valent ces excuses, 13 ans après pour les Irakiens et particulièrement pour les
centaines de milliers d’entre eux qui sont morts du fait de ces affrontements
fratricides ?
Le Gouvernement appelle tous les
Congolais à un sursaut patriotique et à
se méfier de ce qui s’apparente plus à des caprices intéressés de puissants
arrogants qu’à de la solidarité avec notre peuple.
Nous nous félicitons de la sélection
le 4 juillet courant par la CENI, conformément aux règles de l’art, d’un
fournisseur pour les 22.000 kits d’enrôlement mobile biométrique pour
l’actualisation du fichier électoral sans laquelle il n’y a point d’élections crédibles
possibles, quelle que soit par ailleurs l’impatience légitime des uns et des
autres à voir les élections se tenir.
Avec cette sélection, on peut dire
que la RDC est entrée de plein pied dans le processus électoral 2016 quoiqu’en
dise les sceptiques, et c’est une bonne chose.
Je vous remercie.
Lambert MENDE OMALANGA
Ministre
de la Communication et Médias
Porte-parole
du Gouvernement
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