La
Conférence de presse conjointe des Nations Unies était animée par Charles
Antoine Bambara, Directeur de la Division de l’Information publique et
porte-parole de la MONUSCO par intérim ; le Lieutenant-colonel Amouzoun Codjo
Martin, porte-parole militaire et Florence Marchal, Chargée de communication et
Coordonnatrice du Groupe de Communication des Nations Unies (UNCG), intervenant
tous à partir de Kinshasa. La conférence a connu la participation de Gabriel
Vockel, Gestionnaire de la protection à l’UNICEF, à partir de Kinshasa.
Question 1 Marthe Boswandole/
Agence France Presse : Ma question s’adresse au porte-parole militaire ou civil
par rapport à la situation dans la province du Sud-Kivu. Le porte-parole
militaire dit que la situation est calme. Est-ce qu’on peut en savoir un peu plus
sur les rumeurs concernant des infiltrations des rebelles burundais dans cette
partie du territoire congolais ?
Directeur
de la Division de l’Information publique de la MONUSCO par intérim et porte-parole
de la MONUSCO [Charles Antoine Bambara] : Je vais essayer de donner quelques
éléments de réponse et peut-être que le porte-parole militaire pourra compléter
beaucoup plus sur l’aspect militaire. Je vais essayer de rester un peu plutôt
l’aspect politique. Il faut dire que, comme je l’annonçais tout à l’heure [dans
l’introduction], monsieur Maman Sambo Sidikou, le Représentant spécial du
Secrétaire général des Nations Unies en RDC, se rend ce matin dans l’Est de la
RDC. De Goma il ira à Bukavu. C’est pour prendre un peu la mesure de l’afflux
des réfugiés burundais dans cette partie du pays, au Sud-Kivu. Il y a pas mal
de rumeurs dans cette zone, comme d’habitude, mais nous essayons un peu, en
collaboration avec les FARDC sur le terrain, de prendre à bras-le-corps notre
mission de protection des civils. Nous essayons. Vous savez qu’il y a ce grand
camp de Lusenda qui rassemble pas mal de réfugiés dans cette zone. Et très
probablement que monsieur Sidikou visitera ce camp pour voir un peu les
dispositifs qui sont déjà mis sur place et voir dans quelles mesures éventuellement,
on pourrait renforcer ces dispositifs. Une fois de plus en concertation et en
collaboration avec les FARDC, la PNC et des FARDC qui sont présents sur le
terrain et qui ont la responsabilité première d’assurer la sécurité de ce camp
de Lusenda bien sûr avec notre appui. Notre appui ne fera pas défaut en tout
cas, à nos collègues de la PNC et des FARDC. C’est vrai que nous avons entendu
ces rumeurs d’infiltration et de circulation d’armes, mais tout est mis en
œuvre de façon que pour que la sécurité des personnes et de leurs biens sur
place à Lusenda, au Sud-Kivu de façon générale soit assurée par la MONUSCO, en
collaboration avec les FARDC et la PNC. Nous ne pensons pas qu’il y ait eu des
indices sérieux qui montrent une dégradation, j’allais dire, très sérieuse de
la situation sécuritaire. Mais toutes les mesures sont mises en place
réellement pour que cela n’intervienne pas éventuellement.
Question 2 Albert Omba/ Numerica TV
: Je voudrais demander au porte-parole militaire la situation exacte de Miriki
où, à l’état actuel on parle des présumées FDLR ou des Rwandophones [auraient
mené des attaques], on n’a pas encore la version exacte. Est-ce que la MONUSCO
a mené des enquêtes pour avoir des précisions sur les assaillants, parce qu’il
y a eu des MayiMayi dans la contrée, les FDLR et d’autres groupes armés. Lequel
d’entre ces groupes a mené cette attaque de Miriki ?
Directeur
de la Division de l’Information publique de la MONUSCO et porte-parole par
intérim de la MONUSCO [Charles Antoine Bambara] : C’est très simple. Nous
savons que dans l’Est de la RDC, il y a des zones d’influence de certains
groupes armés. Nous savons que dans la zone effectivement de Lubero, Walikale,
Rutshuru, les FDLR opèrent. C’est une zone de prédilection où opèrent les FDLR.
Nous savons que dans le Grand Nord, autour de Beni, Eringeti, Oicha, etc.
opèrent l’ADF. Ça c’est clair. Nous avons une cartographie presque précise ou
assez précise en tout cas de la présence de différents groupes armés dans l’Est
de la RD Congo, et c’est pour cela que nous disons parfois avec une certaine
conviction que certains groupes armés ont sans doute opéré. Parce qu’une fois de
plus quand on n’a pas la main sur un individu, on ne peut pas dire avec
certitude à 100%. Mais nous savons que c’est leur zone d’influence, leur zone
d’opération et de prédilection, comme je le disais. Et donc à Miriki
effectivement, nous pouvons dire avec un fort pourcentage de certitude qu’il
s’agit bien évidemment des FDLR qui sont présentes. Auparavant, vous savez que
ces FDLR ont eu maille à partir avec pas mal de groupes Mayi-Mayi comme vous
dites, même les populations locales, il y a pas mal de tensions interethniques
dans la zone. Et nous savons que les FDLR sont très présentes et appuieraient
l’un ou l’autre groupe éventuellement. Et donc, c’est avec vraiment certitude
que nous disons que très probablement qu’il s’agit effectivement des FDLR à Miriki.
Est-ce que le porte-parole militaire a quelque chose à ajouter sur la question
? Porte-parole militaire [Lieutenant-colonel Amouzoun Codjo Martin] : Merci,
c’était pour rappeler qu’il y a trois mois, il y a eu une coalition Mayi-Mayi
Yira qui affrontait les FDLR dans les localités de Buleusa et autres. Et les
FDLR ont été boutées hors de cette région et près de quatre villages ont été
brulés dans les localités, il y a environ un mois. Suite à cela, il y a des
déplacés vers Katale où il y avait les positions des FARDC et aussi vers Miriki
où il y a avait la Force de la MONUSCO. A Miriki, il y avait plus de 10.000
déplacés. Mais il y a environ un mois, il y avait un groupe Mayi-Mayi qui avait
tenté de déranger les déplacés qui étaient autour de la base de la MONUSCO de
Miriki. Les FARDC ont réagi et elles ont été soutenues par la MONUSCO.
Concernant l’évènement du 6 [janvier dernier], je pense il y a des enquêtes en
cours. Nous n’allons pas devancer les résultats des enquêtes, nous allons
toujours attendre l’aboutissement des investigations. Merci. Directeur de la
Division de l’Information publique de la MONUSCO et porte-parole par intérim de
la MONUSCO [Charles Antoine Bambara] : Tout à fait, il faut dire qu’une enquête
menée par la Section Droits de l’Homme de la MONUSCO était sur le terrain dès
le lendemain de cette attaque, pour ouvrir cette enquête. Et je suis sûr que
dans les jours à venir, on aura beaucoup plus de détails.
Question 3 Fidèle Bafilemba/
Wishing Pictures (Goma): Ma question s’adresse à la Coordonnatrice du Groupe de
Communication des Nations Unies. Puisque vous avez parlé de l’afflux des
réfugiés burundais, j’aimerais savoir s’il existe en RD Congo, et
principalement aux Kivu, des réfugiés rwandais, si oui, où est-ce qu’ils sont
localisés et qui s’occupe de leur protection ?
Directeur
de la Division de l’Information publique de la MONUSCO et porte-parole de la
MONUSCO par intérim [Charles Antoine Bambara] : A-t-on un collègue d’OCHA ou du
HCR dans la salle ? Nous avons les collègues d’OCHA qui malheureusement n’ont
pas d’éléments de réponse. Peut-être que la Coordinatrice du Groupe de
communication des Nations Unies pourrait prendre note pour nos collègues du
HCR, qui pourraient la semaine prochaine ou avant même la semaine prochaine
donner quelques éléments de réponse éventuellement.
Question 4 Ali Assanka/ Royal FM
(Goma) : Ma question s’adresse au porte-parole de la MONUSCO. Tout en vous
cotant sur 10 points, quel peut-être le bilan de cette organisation au courant
de l’année 2015 et quelles sont vos perspectives d’avenir ?
Directeur
de la Division de l’Information publique de la MONUSCO et porte-parole par
intérim de la MONUSCO [Charles Antoine Bambara] : Monsieur Maman Sambo Sidikou
est à Goma depuis ce matin, Je crois que vous aurez la chance de le lui
demander directement. Il est le premier responsable de la Mission. Nous pensons
que la MONUSCO continue à œuvrer dans le cadre de différentes résolutions du
Conseil de sécurité, à remplir sa mission de protection des civils ; à remplir
sa mission de stabilisation et de sécurisation des populations civiles. C’est
une mission très difficile, vous savez le nombre de groupes armés dans cette
zone de l’Est du pays ; une cinquantaine selon certaines ONG spécialisées sur
ces questions ; une soixantaine même, j’ai vu, selon d’autres ONG. Nous prenons
quand même très sérieusement cette mission à bras-le-corps et nous essayons de
la remplir aux côtés une fois de plus des FARDC, qui ont la mission première et
régalienne de défendre le territoire national congolais. Et nous pensons que
cette mission va dans le bon sens. Nous avons dit et redit à plusieurs reprises
que nous attendons éventuellement cette reprise des opérations militaires des
FARDC, appuyées par la MONUSCO. Si cela arrivait au cours de prochains mois ou
des prochaines semaines en tout cas, cela irait dans le bons sens. Nous
pourrons monter en puissance graduellement pour, une fois de plus avec
détermination, avec rigueur, avec sérieux, dérouler notre mission sur le
terrain. Coordonnatrice du Groupe de Communication des Nations Unie [Florence
Marchal] : Du côté de l’équipe des pays ou des Nations Unies en général, la
feuille de route pour l’année à venir, depuis le 1er janvier 2016, vous le
savez, les Objectifs du développement durable sont entrés en vigueur. Ces
objectifs du développement durable remplacent les Objectifs du millénaire pour
le développement. Et bien évidemment, toutes les entités présentes en RDC vont
accompagner dans les années à venir et particulièrement à commencer par cette
année, le Gouvernement de la RD Congo, pour la mise en œuvre de ces Objectifs
de développement durable, avec une première étape qui sera d’identifier parmi
les 17 Objectifs de développement durable, lesquels sont prioritaires pour la
RDC et comment et quelles sont les actions qui devront être menées pour les
mettre en œuvre de faction efficace. Directeur de la Division de l’Information
publique de la MONUSCO et porte-parole par intérim de la MONUSCO [Charles
Antoine Bambara] : Souvent nous insistons à la MONUSCO sur les questions
militaires, car elles sont un peu le soubassement des questions de
développement. Mais les questions civiles sont aussi importantes pour la
MONUSCO car, il n’y a pas que le volet militaire dans le mandat de la MONUSCO.
Comme vous le savez, nous devons accompagner les prochaines élections ici dans
le pays. Le processus est engagé. Il y a deux jours, Maman Sambo Sidikou était
au bureau de la CENI où il a rappelé l’importance justement de la révision du
fichier électoral comme base préalable, afin d’engager un processus électoral
serein dans le pays.
Donc
en fait, tout cela rentre effectivement dans le cadre du bilan un peu de cette
année [2015] de la MONUSCO. C’est un travail qui avait été commencé l’année
dernière par [Martin Kobler] le prédécesseur de monsieur Maman Sidikou. Et ce
travail va encore monter en puissance dans les semaines et les mois qui
viennent afin d’accompagner les institutions de la RDC vers des élections
paisibles et apaisées.
Question 5 Roger Marley Lukunga/
Echos de la Majorité présidentielle : L’année a commencé avec une annonce qui
nous a semblé un peu horrifiante, c’est que la MONUSCO devait retirer plus de
2.700 éléments. Mais curieusement dans votre rapport, vous n’en avez pas fait
état. Nous aimerions savoir si ce retrait d’éléments est effectif ou quand
est-ce qu’il aura lieu ?
Directeur
de la Division de l’Information publique de la MONUSCO et porte-parole par
intérim de la MONUSCO [Charles Antoine Bambara] : Il s’agit effectivement d’une
proposition faite par Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations Unies, de
retrait non pas de 2.000 hommes mais de 1.700 hommes de la Force de la MONUSCO.
Il s’agit en réalité, dans le cadre du dialogue stratégique engagé l’année
dernière avec le Gouvernement, des questions qui avaient été évoquées,
soulevées et débattues même avec les autorités gouvernementales. Vous savez que
la partie gouvernementale demandait un retrait beaucoup plus important. L’année
dernière, on s’était convenu d’un retrait de 2.000 hommes, ce qui avait été
effectué. Suite à la poursuite de ces discussions, le Secrétaire général vient
de demander au Conseil de sécurité d’examiner la possibilité de réduction de la
Force de la MONUSCO de 1 700 hommes. Il faut dire que le Secrétaire général des
Nations Unies a précisé que cette réduction ne porterait pas atteinte à la
capacité de résistance, de feu des troupes de la MONUSCO. Car en même temps,
qu’il y a cette réduction des troupes de la MONUSCO sur le terrain, la Force de
la MONUSCO se transforme, essaie d’être beaucoup plus opérationnelle, essaie
d’acquérir un certain nombre d’équipements pour la rendre plus performante,
plus efficace sur le terrain. Donc, en même temps qu’il y a cette réduction de
la Force, la dernière [réduction] est une proposition de Ban Ki-moon, qui n’est
pas encore approuvée par le Conseil de sécurité qui devrait l’examiner, il y a
cette transformation aussi de la Force qui devrait permettre d’avoir une force
plus agile, plus opérationnelle en termes de moyens techniques aussi afin
d’être plus sur le terrain. Voilà un peu ce que je peux vous dire. Une fois que
le Conseil de sécurité aura effectivement décidé, approuvé cette proposition
qui reste encore une proposition de Ban Ki-moon, vous serez informés en temps
et heure voulus.
Question 6 Alian Muzi/ Radio Eglise
du Christ au Congo (ECC) : Monsieur le porte-parole de la MONUSCO, vous venez
de le dire, le responsable de la MONUSCO, Maman Sambo Sidikou, a été reçu par
le président de la CENI, Corneille Nangaa, en début de semaine. Au menu de
leurs échanges, le Chef de la MONUSCO a demandé notamment que la révision du
fichier électoral ne prenne pas assez de temps. Est-ce une façon de dire que
les élections doivent se dérouler dans les délais constitutionnels?
Directeur
de la Division de l’Information publique de la MONUSCO et porte-parole par
intérim de la MONUSCO [Charles Antoine Bambara] : Mais personne n’a jamais dit
que les élections ne devraient pas se tenir dans les délais constitutionnels,
ni la partie gouvernementale. Même si c’est vrai, il y a pas mal de discussions
autour de certaines questions, notamment le mot « glissement » qui est revenu à
plusieurs reprises. Mais officiellement, je ne pense pas que le Chef de l’Etat
lui-même ait parlé du non-respect de ces délais constitutionnels. Et donc nous,
au niveau de la communauté internationale, de la MONUSCO, nous essayons
d’encourager la CENI, qui est un organe technique d’accompagnement du processus
électoral, afin qu’elle prenne au sérieux et qu’elle s’engage résolument dans
la mission qui lui est confiée. Et notamment Maman Sambo Sidikou, l’a dit très
clairement, à la base, il y a la nécessité de cette révision de ce fichier
électoral qui avait d’ailleurs été déjà identifié comme tel par les
spécialistes ou les experts de l’OIF [Organisation internationale de la
Francophonie] en leur temps, l’année dernière après leur audit du fichier
électoral. Ils ont mis à nu un certain nombre de problèmes. C’est un peu pour
renforcer ce message qui avait été donné l’an passé par l’OIF que monsieur
Maman Sambo Sidikou a encouragé, a vraiment exhorté la CENI à revoir comment on
pouvait donc s’atteler à cette tâche-là. La question de nouveaux majeurs est
toujours d’actualité. Ils sont de l’ordre de 7 ou 8 millions, selon certains
chiffres qui ont été avancés. La question des doublons dans ce fichier électoral
avait aussi évoquée. Il y a aussi depuis cette période, pas mal de personnes
qui étaient inscrites sur ce fichier qui malheureusement ne sont plus là, ne
vivent plus. Donc, il faut prendre tout cela en compte afin d’avoir un fichier
électoral fiable qui peut être une bonne base pour les prochaines élections.
C’est ce que nous pouvons dire là-dessus. Nous allons revenir sur une question
[3] qui avait été posée [par Fidèle Bafilemba/ Wishing Pictures] au HCR et qui
demandait : est-ce qu’il y aurait effectivement dans le Sud-Kivu au niveau
peut-être du camp de Lusenda ou ailleurs dans le Sud-Kivu d’une façon générale,
la présence des réfugiés burundais ou rwandais, qu’est-ce que vous pouvez dire
là-dessus ? Porte-parole du HCR [Andreas Kirchhof]: Il y avait deux questions
distinctes. D’abord, il y a les réfugiés burundais qui se trouvent surtout au
Sud-Kivu. Le camp de Lusenda a été mentionné dans le contexte de crainte
d’insécurité.
Je
voudrais juste mentionner que ce camp de Lusenda, qui héberge presque plus de
10.000 réfugiés burundais, est un lieu très sûr et est situé très loin de la
frontière. Les soucis sécuritaires se focalisent surtout sur la présence des
ressortissants burundais qui sont proches de la frontière terrestre. Et le camp
de Lusenda est situé, en suivant le lac Tanganyika vers le sud, donc très loin
de cette frontière. Elle est sécurisée par la police. Et pour cela, on n’a pas
trop de crainte concernant une infiltration ou la participation dans les
activités militaires. La sécurité en général est relativement bonne.
Deuxièmement, il y avait la question sur la présence des réfugiés rwandais, si
j’ai bien compris. Il y a effectivement des réfugiés depuis très longtemps ;
depuis les années 90, liés à la crise au Rwanda. Malheureusement, on ne sait
pas exactement leur nombre parce qu’ils sont éparpillés dans le territoire.
Actuellement le HCR est en train de continuer un exercice d’enregistrement
biométrique dans beaucoup de zones où se trouvent les réfugiés rwandais. Et il
appelle tous les réfugiés rwandais qui veulent garder leur statut de réfugié
pour le moment, de se faire enregistrer biométriquement pour qu’on sache leurs
noms, leur composition familiale, etc. Il y a aussi une opération de
rapatriement volontaire qui se poursuit depuis des années. Il y a des milliers
de réfugiés rwandais en toute sécurité dans leur pays. Et cet enregistrement ouvre
la possibilité de rentrer volontairement au pays, même si il n’oblige pas la
personne qui se fait enregistrer de rentrer.
Question 7 Vivian Nzabirinda/
Mutaani FM, Imburi info & RTBF (Goma) : Ma question, c’est en rapport avec
la question du confrère de Kinshasa par rapport aux différentes déclarations de
monsieur Maman Sambo Sidikou. On aimerait savoir au-delà de ces déclarations,
quel pourrait être exactement le soutien de la MONUSCO au processus électoral ?
En
fait, on voudrait avoir des précisions à ce sujet. Directeur de la Division de
l’Information publique de la MONUSCO et porte-parole par intérim de la MONUSCO
[Charles Antoine Bambara] : Au-delà de la MONUSCO, il faut savoir qu’il s’agit
de toute la communauté internationale et des agences du système des Nations
Unies qui [vont appuyer le processus électoral]. Et comme vous l’avez entendu
de la bouche même de monsieur Maman Sidikou, il a dit que nous attendons un peu
le cahier des doléances de la CENI pour savoir et quand est-ce qu’elle a besoin
de quoi exactement pour qu’en réponse les agences du système des Nations Unies
puissent apporter cet appui technique, financier pour ce travail qui est très
important. Et il a été très clair, nous sommes prêts, nous à notre niveau pour
aider la CENI, mais il faut que nous sachions ce dont elle a besoin. Voilà un
peu ce que je peux vous dire à ce stade.
Une
fois que monsieur Corneille Nangaa et ses experts, après examen de tout ce
processus, apporteront leurs doléances sur la table de la communauté
internationale, ces doléances seront aussitôt prise en compte. C’est ce que je
peux vous assurer.
Question 8 Patrick Felix Abeli/
Horizon & journal Grand Kivu (Goma): Monsieur le porte-parole de la
MONUSCO, quand vous dites que vous êtes en train d’attendre que le dialogue
stratégique vous donne peut-être le feu vert pour que les Casques bleus de la
MONUSCO puissent aussi prendre part aux opérations avec les FARDC, n’est-ce pas
une façon de pouvoir chercher à s’inviter à la fête parce que vous êtes bloqués
quelque part ?
Directeur
de la Division de l’Information publique de la MONUSCO et porte-parole par
intérim de la MONUSCO [Charles Antoine Bambara] : Au-delà du dialogue
stratégique, on peut dire ceci – le porte-parole militaire pourra ensuite
compléter-, il faut savoir que l’appui des troupes de la MONUSCO n’a jamais
fait défaut aux FARDC que ce soit dans l’Est du pays, à Beni par exemple, lors de
l’opération « Sukola 1 ». Régulièrement les troupes de la MONUSCO ont apporté
l’appui logistique, en termes de transport, etc. sur le terrain ; appui feu,
les hélicoptères de la MONUSCO sont régulièrement entrés en action pour
pilonner les positions de l’ADF, que ce soit au Sud-Kivu contre les éléments du
FNL à l’époque, au Katanga, etc. Donc au-delà du dialogue stratégique, c’est
vrai que nous attendons ce feu vert pour régler un certain nombre de questions.
Il faut vous dire que nous n’attendons pas un feu vert quelque part, même si ce
feu vert pourrait, comme je l’ai dit aider, à monter en puissance. Voilà, le
dialogue stratégique est une chose, mais la mission de la MONUSCO ne s’arrête
pas. Les résolutions du Conseil de sécurité nous interpellent et c’est très
clair : protection des civils, stabilisation, sécurisation, etc. Et cela se
fait presqu’au quotidien. La Brigade d’intervention est toujours là. Elle a été
déployée en renfort ces derniers jours à Miriki aux côtés des FARDC, une fois
de plus, pour sécuriser les populations qui ont été victimes des frappes de
l’ADF, etc. Porte-parole militaire de la MONUSCO [Lt-Col Amouzoun Codjo Martin]
: Merci. J’espère que l’ami journaliste n’a pas été clair dans sa question. Il
parle de dialogue stratégique pour quelle opération ? Moi je sais que la Force
de la MONUSCO est impliquée dans l’opération « Sukola 1 ». C’est avec
l’opération « Sukola 2 » que le problème de dialogue stratégique se pose. C’est
l’opération contre les FDLR. Et jusqu’à présent nous attendons l’aboutissement
de ce dialogue stratégique.
Question 9 Guy Wolume/ RTNC 2 : Ma
question s’adresse à la Coordinatrice du Groupe de Communication des Nations
Unies. Au nom de la protection de l’enfant, est-ce que l’UNICEF fait le suivi
de tous les enfants congolais adoptés à l’étranger ? Si oui, quelles sont les
statistiques pour l’année 2015 ?
Coordinatrice
Coordonnatrice du Groupe de Communication des Nations Unies [Florence Marchal]
: Comme nous l’avons indiqué, nous avons un spécialiste de l’UNICEF qui est là
et qui va vous répondre. Gestionnaire de la protection à l’UNICEF [Gabriel
Vockel]: Bonjour mesdames et messieurs. Concernant les sujets des adoptions
internationales, il faut dire que l’UNICEF en tant que tel, ne suit pas les cas
individuels des enfants qui sont adoptés à l’étranger. Ceci dit nous
travaillons, comme un de nos axes prioritaires, sur la construction d’un
système holistique de protection de l’enfant, qui peut donc prévenir les
différentes violations de droits des enfants et aussi à y répondre. Donc la
question de l’adoption internationale, nous la regardons de très près et nous
appuyons l’Etat congolais, surtout le ministère des Affaires sociales, le
ministère de la Femme, Famille et Enfant, de saisir cette question dans
l’esprit de faire prévaloir le meilleur intérêt de l’enfant. Donc de chaque
fille, chaque garçon qui pourrait être en voie d’adoption nationale ou internationale.
Ainsi, notre soutien au Gouvernement vise donc le renforcement de la protection
[de l’enfant]. Ce qui est important pour l’UNICEF, c’est que pour les enfants
qui ne peuvent pas vivre avec leurs parents biologiques en RDC, qu’on puisse
trouver des soins alternatifs qui sont adaptés au développement et à la
protection de l’enfant. Voilà, je ne sais pas si j’ai tout à fait répondu à
votre question.
Question 10 Nkiere May/ Agence
Congolaise de Presse : Monsieur le porte-parole de la MONUSCO, la MONUSCO a la
cartographie des groupes armés ; la MONUSCO apporte l’appui feu aux FARDC ; la
MONUSCO a une Brigade d’intervention rapide, qu’est-ce qui fait que les
populations sont toujours surprises par les groupes armés, que ce soit à
Miriki, à Eringeti, ou ailleurs. Alors que vous savez situer les groupes armés
là où ils sont et vous n’intervenez qu’après les massacres?
Directeur
de la Division de l’Information publique de la MONUSCO et porte-parole par
intérim de la MONUSCO [Charles Antoine Bambara] : Une précision : nous n’avons
pas une Brigade d’intervention rapide, nous avons une « Brigade d’intervention
». Nous sommes effectivement présents dans le Nord-Kivu de façon générale. Nous
aimons à le rappeler, nous intervenons en appui aux FARDC qui ont cette mission
première de sécuriser le pays, de défendre les populations à l’intérieur des
frontières nationales. Et c’est vrai qu’une fois de plus, les différentes
résolutions du Conseil de sécurité nous demandent expressément d’appuyer les
forces de sécurité afin de ramener la paix, la stabilité et la sécurité dans
l’ensemble de l’Est du pays. Il se trouve qu’une fois de plus, nous allons d’ailleurs
organiser tout au long de cette année 2016 des visites de terrain pour les
journalistes de Kinshasa, mais aussi de Goma pour voir [ce qui se passe là-
bas]. C’est des territoires immenses. Même si nous disons que nous sommes
présents par exemple dans le territoire de Lubero, où a eu lieu cette attaque
des FDLR à Miriki, nous ne sommes pas exactement au point où ont eu lieu ces
attaques. Il se trouve que dans le cas de Miriki, par exemple, l’attaque a eu
lieu à l’arme blanche. Donc, presque silencieusement. Et c’est après avoir fini
leur sale besogne -que nous avons condamné fermement- que des coups de feu ont
été tirés en l’air, et aussitôt, les FARDC et la MONUSCO ont dépêché rapidement
des troupes sur le terrain. Mais l’ennemi s’était enfui. On a organisé ensuite
comme vous le savez, le renforcement des positions autour de Miriki pour
sécuriser les populations et on a pris en chasse les assaillants qui avaient
commis ces exactions, ces tueries, ces massacres à Miriki. C’est vrai que nous
sommes présents une fois de plus dans l’ensemble du pays, c’est vrai que nous
avons les moyens dont vous parlez, nous avons une cartographie, mais cette
cartographie est aussi entre les mains, n’oubliez pas, des FARDC. Elles savent
très bien où sont les différents groupes armés dans l’est du pays. C’est
ensemble, et nous l’avons dit, que nous somme plus forts. C’est ensemble que
nous pouvons mener à bien ce combat, avec les informations que les populations
locales peuvent nous remonter. Parce que parfois certains groupes armés sont
entremêlés avec ces populations. Il faut qu’elles nous remontent ces
informations pour que nous soyons encore plus efficaces. C’est vrai que nos
services essaient de recouper un certain nombre d’informations ou d’avoir des
informations de première main pour être beaucoup plus performants. C’est vrai
que nous avons ces drones qui nous aident beaucoup. D’ailleurs, ils ont permis
à plusieurs reprises de localiser un certain nombre de groupes armés qui
étaient cachés dans la forêt et qui ont été ensuite la cible non seulement des
artilleurs de la Brigade d’intervention, mais aussi des autres composantes de
la Brigade d’intervention. Donc, c’est un travail de longue haleine, c’est un
travail pénible dans cette zone de forêt. Ce n’est pas une zone sahélienne ou
désertique où on voit l’ennemi de très loin, à des dizaines mètres parfois,
[par contre dans la forêt] on ne peut pas voir l’ennemi de loin. Et parfois,
pour progresser même dans la forêt, atteindre les objectifs, et ouvrir le feu,
ce n’est pas toujours évident. Donc, voilà un peu ce que je voulais dire. Mais
ce travail va augmenter en puissance cette année 2016, c’est sûr et nous allons
avoir le dernier mot, ça aussi c’est sûr.
Question 11 Isaac Ngwenza/ Congo
Opportunities Media: Cette année 2016 est une année électorale. D’un côté, nous
voyons le scenario entre la classe politique congolaise : l’opposition et le
gouvernement n’arrivent pas à s’accorder sur le dialogue. Ils ont des agendas
cachés. De l’autre côté nous voyons la Mission des Nations Unies qui est un
partenaire du gouvernement. Vous appuyez les FARDC et la police. La MONUSCO
s’est investie dans la formation de la police. Et aujourd’hui, le gouvernement
est sûr de disposer d’une police apte à mâter les manifestations. Ma question
est de savoir, parce que gouverner signifie aussi prévoir, [concernant] le plan
A, tout le monde s’attend à ce qu’il y ait des élections cette année. Mais en
cas de non tenue des élections, si la population se dit comme il n’y a pas
d’élection, nous chassons le gouvernement. On descend dans la rue ». La MONUSCO
qui a le mandat de la protection des populations civils et de l’autre côté partenaire
du gouvernement, allez-vous appuyer la police pour mâter la population ou
allez-vous vous interposer pour protéger la population?
Directeur
de la Division de l’Information publique de la MONUSCO et porte-parole par
intérim de la MONUSCO [Charles Antoine Bambara] : Il y a beaucoup de « si »
dans votre question. Avec des « si » on mettrait Paris en bouteille, dit-on.
Donc, on ne va pas mettre Paris en bouteille aujourd’hui. On ne peut pas tabler
sur des « si », un plan A, un plan B, ou un plan C, on va finir les lettres de
l’alphabet si on continue ainsi. Je crois que les missions de la MONUSCO sont
claires. Et c’est des missions, une fois de plus, dictées par les résolutions
du Conseil de sécurité des Nations Unies. Il y a la protection des civils et
cette protection des civils qu’ils soient à Goma, à Kinshasa ou ailleurs, nous
allons protéger la population ou les populations. C’est clair. Et nous allons,
à travers les bons offices, interpeller qui de droit pour nous assurer que le
message de la communauté internationale passe et passe bien. Ça aussi, c’est
clair. Et c’est pour cela peut-être, pour essayer de préparer le terrain et
aller dans le bon sens, nous essayons de faire un travail en amont en
interpellant la CENI pour l’aider à ce qu’elle s’engage résolument dans la
préparation de ces élections qui, pour nous, devraient avoir lieu dans les
délais constitutionnels. C’était très clair depuis l’année passée. C’est le
même discours que nous avons et nous voulons vraiment être le partenaire du gouvernement
c’est vrai, dans l’organisation de ces élections. Nous avons offert non
seulement les bons offices, mais l’appui financier et technique des
partenaires, notamment des agences du système des Nations Unies qui se disent
prêts. Et dès que le signal sera donné, nous répondrons présents. Donc essayons
d’éviter les « si », les plans A, B, C, etc. parce que ça complique la donne et
vous n’êtes sûrs de rien. Et c’est vrai.
Question 12 Charles Kalombo/ Globe
Terrestre : En principe, ma question devrait s’adresser au Général Wafy [ancien
Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies, chargé de
l’Etat de droit en RDC]. Comme il n’est plus là, le porte-parole militaire peut
y répondre. Lors de son discours d’adieu dans la salle [de la conférence de
presse], le Général Wafy avait vanté son bilan qu’il qualifiait lui-même de
positif, dans l’optique des formations dispensées par les Nations Unies aux
FARDC. La vérité étant toujours têtue, le contingent congolais que lui-même
avait formé et expédié en Centrafrique, a été – pour ne pas utiliser un mauvais
langage- considéré d’une incompétence notoire. Raison pour laquelle on est en
train de le refouler. La question qui me reste en tête, est que comment le
Général Wafy que je respecte s’est-il permis de nous mentir en disant que la
formation a été dispensée ?
Directeur
de la Division de l’Information publique de la MONUSCO et porte-parole par
intérim de la MONUSCO [Charles Antoine Bambara] : D’abord le Général Wafy n’est
plus là, il est aux Nations Unies comme ambassadeur de son pays. Il faut dire
que le Général Wafy est un policier, ce n’est pas un militaire. Le contingent
de la RDC présent en Centrafrique est militaire, ce n’est pas policier. Donc le
Général Wafy n’a en aucun moment formé ces militaires congolais qui sont en
Centrafrique. Il a participé plutôt même à la formation des policiers
congolais. C’est une question qui est un peu très mal posée d’ailleurs. Fin de
cette première conférence de presse des Nations Unies en ce début d’année.
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