Par Catherine Russell, Ambassadrice
itinérante chargée des questions des femmes dans le monde, et William R.
Brownfield, Secrétaire d’Etat Adjoint aux Affaires Internationales relatives aux
Stupéfiants et à l’application des lois
Après avoir été violée brutalement par son voisin en République
démocratique du Congo (RDC), Marie* pensait avoir peu d’options à sa
disposition. Elle n’avait que 14 ans, et le violeur était un personnage
puissant censé échapper à la justice.
Il continuait, en compagnie de sa famille, de menacer Marie, et elle
pensait mettre fin à ses jours. Elle se
rendit à une clinique d’aide juridique financée par les Etats-Unis et dirigée
par l’Initiative pour la primauté du droit de l’Association du barreau
américain, où les victimes des violences sexuelle basées sur le genre reçoivent
une aide juridique et un soutien psychologique.
Marie reçut des conseils pour l’aider
à surmonter le traumatisme du viol. Avec l’aide de la clinique, elle porta
plainte contre son voisin et continua sur cette lancée même après que le procureur
général demandât que les parties réglassent l’affaire à l’amiable. L’auteur du
viol fut jugé et reconnu coupable.
Ce genre de justice est de plus en plus nécessaire dans les pays et les
communautés affectés par les conflits, l’absence de droit et les violences
sexuelles basées sur le genre. Les femmes et les jeunes filles sont souvent la
cible de viols, d’esclavage sexuel et de trafic d’êtres humains, bien que les
jeunes garçons et les hommes puissent aussi en être victimes.
Il est difficile d’exagérer l’impact durable que ce genre de violence
produit sur les individus et les communautés. Les victimes des violences
sexuelles basées sur le genre, qui qu’elles soient, sont marquées physiquement
et émotionnellement de façon traumatisante, parfois tout au long de leurs vies.
L’impact sur des communautés entières est palpable. Comme l’a déclaré le Dr
Denis Mukwege, qui soigne des victimes de violence sexuelle en RDC, « une mère
qui a été violée en présence de ses enfants, ne se sent plus mère. Un père qui
assiste au viol de ses filles ou de sa femme a
l’impression de ne plus être un père ou un mari, parce qu’il n’a pas su
les protéger ».
Ces crimes détruisent le tissu social des communautés affectées et
pérennisent les conflits. Il est fondamental
que les communautés développent la capacité institutionnelle de traduire les
auteurs de violences sexuelles basées sur le genre en justice afin que les
individus et leurs communautés puissent commencer à se reconstruire.
Il s’agit là du fondement même de l’Initiative d’imputabilité (Accountability
Initiative) que le
Secrétaire d’Etat John Kerry a présentée
à Londres en 2014, au Sommet mondial pour mettre fin aux violences sexuelles
dans les conflits – pour aider à rendre justice aux victimes et renforcer les
capacités des systèmes judiciaires, en vue de s’attaquer efficacement à ce mal
social dans les pays africains en proie aux conflits.
Aujourd’hui, l’Initiative d’imputabilité renforce les promesses de justice
en République Centre Africaine, en RDC et au Libéria. En RDC, le Département d’Etat capitalise sur l’impulsion fournie
par la nomination récente d’un conseiller spécial en matière de violence
sexuelle par le Président Kabila et sur des investissements internationaux
prospères en matière de programmes axés sur les violences sexuelles basées sur
le genre – tel que le projet financé par les Etats-Unis qui a aidé Marie – en
améliorant l’établissement des dossiers
criminels et les processus de gestion dans l’est du pays.
En République Centre Africaine, le Département d’Etat forme des acteurs du
secteur judiciaire afin qu’ils soient mieux à même de reconnaitre et de
répondre aux violences sexuelles basées sur le genre. En outre, des
para-juristes évoluant dans les communautés enseignent des communautés-cibles à
propos des droits légaux et des services disponibles. Ces efforts ont atteint plus
de 5.000 personnes rien que pour l’année
dernière.
Au Libéria, l’approche du Département d’Etat comprend un appui aux victimes
et une composante vulgarisation, combinés à des réformes judiciaires, pour
transformer des systèmes
qui, actuellement, pérennisent les violences sexuelles basées sur le genre.
Nous travaillons avec le système judiciaire libérien pour améliorer l’efficacité
et la transparence de la cour pénale qui s’occupent des cas de violences
sexuelles basées sur le genre afin de soutenir les victimes et de renforcer la
confiance des citoyens en un système judiciaire en état de fonctionner.
· L’engagement des Etats-Unis à travailler
avec les gouvernements et la communauté internationale
pour sensibiliser les citoyens et mettre un terme à l’impunité est ferme. Comme de plus en plus de gens sont informés
des cas de violences sexuelles basées sur le genre déférés devant les tribunaux
et qui sont jugés équitablement, leur confiance envers le système judiciaire s’accroit
ainsi que l’espoir de voir d’autres victimes emprunter le même chemin menant à la justice.
Bien que le renforcement des institutions judiciaires et l’accroissement
des capacités de la police, des procureurs et des juges soient cruciaux, les
actions en dehors des tribunaux sont également importantes. Les personnes
fournissant des services psychologiques et sociaux devraient être formées et
autonomisées afin d’aider les victimes à se rétablir et à se réintégrer. Les gouvernements
aux niveaux local, régional et national ont aussi un rôle à jouer en
encourageant et en appuyant ces programmes, en protégeant les innocents et en
prenant des mesures visant à assurer l’efficacité des systèmes
judiciaires.
Les violences sexuelles basées sur le genre ne sont pas un phénomène
nouveau. Toutefois, un effort international pour répondre à ce problème, mieux
éduquer les communautés et construire et renforcer des systèmes qui réagissent
aux violences où elles se déclarent – en guérissant les victimes et en
punissant les auteurs – contribuera grandement à y mettre un terme.
*Le nom de Marie a été changé pour
protéger son identité.
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