Au cours de sa déclaration faite le 28
juin à Kinshasa, le président de Notre Beau Pays, Me Tshibangu Kalala passé
dans l’opposition, rejette les raisons évoquées par la Céni pour ne pas
organiser les élections dans les délais constitutionnels. Il propose quelques
solutions pour y arriver.
1. Nous
avons le plaisir d’informer les Congolaises et les Congolais que le parti
politique, Notre Beau Pays, NBP, dont je suis le Président national, est devenu
membre, depuis le 2 juin 2016, de la plateforme politique « Dynamique de
l’opposition politique ». Nous remercions tous les membres de la Dynamique
de nous avoir réservé un accueil enthousiaste, fraternel et chaleureux.
2. Nous
leur promettons d’être digne de la
confiance qu’ils ont placée en nous dans le cadre du combat politique que nous
allons mener ensemble en vue d’instaurer et d’enraciner dans notre pays l’Etat
de droit, la démocratie, la bonne gouvernance, l’alternance politique
pacifique, la tenue à intervalles réguliers des élections libres, honnêtes et
transparentes, le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales
ainsi que celui de la Constitution et des lois de la République.
3. Nous
félicitons tous ceux qui, au sein de la Dynamique, ont veillé dans des
conditions difficiles, jour et nuit, sur la flamme de la liberté pour tous, de
la justice pour tous et de la prospérité pour tous dans notre pays.
4. Dans
le cadre du même combat, nous soutenons, sans aucune réserve, les conclusions des travaux de la Conférence
des Forces politiques et sociales acquises au changement organisée à Genval en
Belgique du 8 au 10 juin 2016. A cet égard, le NBP s’engage à apporter sa
modeste contribution à la réalisation des objectifs du Rassemblement de
l’opposition politique créé à Genval.
5. Nous
saisissons cette occasion pour réclamer, encore une fois, l’organisation
urgente des élections générales dans les délais constitutionnels pour donner
l’occasion au peuple congolais de placer à la tête de notre pays, et ce le plus
vite possible, un nouveau pouvoir qui doit remplacer le pouvoir actuel devenu
violent, sans imagination créatrice, coupé de la population
et isolé au sein de la communauté internationale, dont le seul programme
politique pour le pays est la convocation d’un dialogue national sans contenu
et qui est en train de conduire la RDC vers l’abîme.
6. Concernant
la tenue des élections générales tant réclamées par l’opinion nationale et
internationale, le NBP rejette tous les arguments fallacieux avancés par la
CENI pour retarder l’organisation de ces élections dans les délais
constitutionnels.
7. En
premier lieu, la CENI prétend que le mouvement rebelle M23 ayant volé des kits
électoraux à l’Est du pays, fabriqué et distribué des fausses cartes
d’électeurs à des faux Congolais au Rwanda, elle ne peut pas organiser des
élections sans avoir redistribué de nouvelles cartes d’électeurs aux Congolais.
8. L’argument
est faux et ne tient pas debout. Pour voter, chaque Congolais doit, au
préalable, avoir été identifié et inscrit sur la liste électorale dans une
circonscription électorale donnée. Ceux qui auraient de fausses cartes
d’électeurs, si c’est le cas, ne vont pas voter parce qu’ils n’ont pas été
identifiés et inscrits sur la liste électorale dans une circonscription par la
CENI. L’argument de la CENI doit donc être rejeté.
9. En
deuxième lieu, la CENI affirme que le passage à 26 provinces fait qu’il y aura
en circulation des cartes d’électeurs pour des provinces qui n’existent plus et
rien pour les nouvelles provinces. Il faut donc, selon elle, un modèle unique
de carte d’électeur indiquant les anciennes et les nouvelles provinces du pays.
10. L’argument
est faux et ne tient pas debout. Chaque Congolais vote, non pas dans sa
province, mais bien dans la circonscription électorale où il a été identifié et
inscrit sur la liste électorale par la CENI. La circonscription électorale est
restée la même, avec son appellation et sa liste électorale, peu importe le nom
de la province à laquelle elle appartient après le passage à 26 provinces. Elle
prime sur la province. Chaque Congolais peut donc voter avec sa carte
d’électeur actuelle, l’essentiel étant son identification et son inscription
préalable sur la liste électorale de sa circonscription électorale. L’argument
de la CENI doit donc être rejeté.
11. En
troisième lieu, la CENI soutient que le fichier électoral actuel date de 2011.
Il est dépassé du fait de la présence de
nombreux morts et de la non-inscription de nouveaux majeurs. Il faut donc
établir un nouveau fichier électoral national et distribuer de nouvelles cartes
d’électeurs aux Congolais en âge de voter avant les élections générales.Cette
opération prendra, selon la CENI, 16 mois de février 2016 à juin-juillet 2017.
L’argument est faux et ne tient pas debout pour des raisons ci-après.
12. Concernant
les morts, il faut noter qu’il y aura toujours des morts sur le fichier
électoral congolais. Des Congolais vont mourir la veille ou le matin même du
jour des élections alors qu’ils sont inscrits sur le fichier électoral. Les
morts ne vont pas quitter les cimetières avec leurs cartes d’électeur pour
aller voter le jour des élections. Ils peuvent donc rester sur le fichier
électoral car ils ne dérangent ni le travail de la CENI ni les élections. La
décision électorale est prise, non pas par tous les Congolais vivants inscrits
sur la liste électorale, mais uniquement
par ceux qui vont se déplacer le jour des élections pour aller voter. Les morts
et les abstentionnistes ont donc le même sort : on ne les compte pas dans
la décision électorale.
13. Concernant les nouveaux majeurs, il faut dire
aussi qu’il y aura toujours de nouveaux majeurs non-inscrits sur le fichier
électoral le jour des élections. Aujourd’hui, personne ne les a recensés. Ils
sont éparpillés sur l’ensemble du territoire national.On ne connaît donc pas
leur nombre exact. Pour résoudre le problème de nouveaux majeurs, la CENI peut
les identifier et les inscrire sur la liste électorale de 2011 dans leurs
circonscriptions électorales respectives. Cette opération peut prendre 15 à 20
jours seulement à partir du jour de l’installation sur le terrain des kits pour
enrôlement dans la mesure où ces millions de nouveaux majeurs ne sont pas
concentrés au même endroit ou dans une même ville. Nous soutenons donc une
révision partielle, et non totale, du fichier électoral.
14. Au
total, le fichier électoral actuel qui date de 2011 a été accepté l’année
dernière en 2015 par tous les partis politiques qui ont déposé les candidatures
de leurs membres aux élections provinciales. Il suffit d’y ajouter (ou de ne
pas y ajouter) les nouveaux majeurs pour tenir les élections générales dans les
délais constitutionnels. L’argument de la CENI repris ci-dessus fait la part
belle aux partisans du glissement et doit donc être rejeté.
15. En
quatrième lieu, la CENI déclare qu’elle attend le consensus politique qui
sortirait du dialogue national convoqué par le Président de la République avant
de publier un nouveau calendrier des élections générales. Cet argument ne tient
pas debout. D’abord, la loi organique créant la CENI et la loi électorale ne prévoient
nulle part que pour établir un calendrier des élections, la CENI doit attendre
un consensus politique hypothétique qui sortirait d’une réunion informelle et
non prévue par la Constitution de la République. Ensuite, en exposant un tel
argument, la CENI détruit et rend illusoire son indépendance garantie par la
Constitution du pays. Enfin, pour l’élection présidentielle, la date de cette
élection est déjà fixée par la Constitution, c’est-à-dire 3 mois avant le 20
décembre 2016 (article 73). La CENI connaît cette date depuis plusieurs années
et doit donc la respecter dans la fixation du nouveau calendrier électoral.
16. En cinquième lieu, la CENI allègue que le
Gouvernement ne peut décaisserau cours de cette année 2016 que la somme d’environ
300 millions de dollars pour le budget des élections.Le problème du financement
du déficit de 300 millions de dollars supplémentaires n’est pas encore résolu.
Il lui est donc difficile d’organiser les élections en 2016.
17. L’argument
n’est pas solide et ne tient donc pas debout. D’abord, la CENI n’a pas encore
présenté le budget électoral, élection par élection, audité et validé par des
experts indépendants pour éviter des surfacturations et des gonflements des
chiffres. Ensuite, elle n’a pas convoqué le cadre de concertations tripartite
pour déterminer les élections prioritaires pour le pays par rapport au temps et
aux moyens financiers et techniques disponibles. Enfin, la communauté
internationale a toujours marqué sa disponibilité pour financer les élections
si la CENI lui présentait un calendrier réaliste et un budget honnête et
sérieux. L’argument de la CENI doit donc être rejeté.
18. Pour terminer, nous lançons un appel à toutes
les forces vives de notre pays pour réfléchir ensemble sur la meilleure façon
d’organiser des élections honnêtes, libres et transparentes dans notre pays.
19. A ce sujet, nous proposons les réformes
suivantes que la CENI devrait étudier en vue d’améliorer notre système
électoral.
20. La première proposition est de doter chaque centre
de vote d’une photocopieuse. Le procès-verbal de résultats de chaque bureau de
vote sera ainsi photocopié en plusieurs exemplaires, cachetés et certifiés
conformes à l’original par le chef du centre de vote et le président du bureau
de vote concerné et distribués à tous
les témoins des partis, des candidats ainsi qu’aux observateurs. De cette
manière, il n’y aura plus la bataille
des procès-verbaux de résultats après la fin des opérations de vote et de
dépouillement. Aussi, chaque parti politique, et chaque candidat indépendant, pourra
lui-même compiler facilement les résultats qu’il a obtenus dans les différents bureaux
de vote de sa circonscription électorale sans attendre les résultats du centre
de compilation de la circonscription. On ne pourra donc plus craindre la
manipulation des chiffres dans les centres de compilation dans la mesure où tous
les procès-verbaux des résultats utilisés dans ces centres seront déjà entre
les mains de tous les partis politiques, les regroupements politiques et les
candidats indépendants.
21. La deuxième proposition consiste à placer tous
les 169 centres de compilation de notre pays sous la direction exclusive des
magistrats et des avocats à raison de 3 par centre, qui sont des juristes
assermentés, censés être des hommes d’honneur et de rigueur, facilement
traçables et déployables sur le terrain. On aura ainsi des garanties que la loi
électorale, les décisions et instructions de la CENI seront mieux comprises et
appliquées dans les centres de compilation par des juristes praticiens du
droit.
22. Plus
jamais question de laisser les centres de calcul, comme ce fut le cas en 2011
avec les conséquences néfastes que nous connaissons, entre les mains
d’illustres inconnus, de chômeurs de longue durée et d’individus facilement
corruptibles recrutés sur recommandation des dirigeants de la CENI, de certains
partis politiques passés maîtres en fraude électorale et des autorités
politiques et administratives.
23. La troisième proposition vise la moralisation
de la vie publique et des campagnes électorales. Il faut interdire la
distribution de l’argent et des biens matériels aux électeurs pendant la
campagne électorale. Ainsi, on va éviter l’achat des consciences et
l’abrutissement des électeurs ainsi que l’abandon de la politique aux riches.
24. Les
propositions que nous venons d’exposer ont le mérite d’assurer la transparence
et l’honnêteté des élections, d’encourager et de motiver la population à aller
voter et de réduire dans une très large proportion le contentieux postélectoral.
Je
vous remercie
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