Ce
rapport a été produit par OCHA en collaboration avec les partenaires
humanitaires. Il a été publié par OCHA et couvre la période du 22 au 29 avril
2015 Faits saillants
•
Des éléments FARDC soupçonnés de pillages et méfaits contre les humanitaires
•
Plus de 1,3 millions de dollars US du Fonds central pour les interventions
d’urgence pour l’éducation et la protection au Katanga
Aperçu
de la situation Le 14 avril 2015, le site spontané des déplacés internes à
Mujinya, situé à 66 km au sud-ouest de Manono, a été pillé par des éléments
soupçonnés appartenir à l’armée nationale congolaise, selon plusieurs sources
humanitaires et sécuritaires. Ces soldats auraient emporté des articles
ménagers que les déplacés avaient pu emmener lors des attaques de leur village.
Cet incident a poussé ces personnes à se déplacer de nouveau vers Kachambuyi et
aux alentours de Ilunga Ngoy.
Mi-mars,
plus de 10.000 personnes avaient fui les incursions des combattants Mayi-Mayi à
Kabumbulo vers Kibumba, Malemba et Mwanza Seya. Environ 12.500 autres déplacés
se trouvent à Mulongo et ses environs.
A
Kasungeshi, village situé à 50 km au nord de Mitwaba, quatre camions humanitaires transportant des
vivres pour Mulongo et Mitwaba, ont été la cible d'agression d'une poignée
d'éléments FARDC, passant à tabac les chauffeurs et s'enfuyant avec du
carburant. Une semaine plutôt, sur l’axe
Lubumbashi – Mitwaba, un incident similaire
a été enregistré le 10 avril 2015
où des militaires ont contraint ces transporteurs à convoyer leurs familles et
effets de Kasungeshi à Lubumbashi.
A
Pweto, l’ONG ACTED a suspendu, depuis le 14 avril, ses activités sur l’axe
Mutendele - Kisele, à 150 km de Pweto pour des raisons de sécurité. En effet,
depuis le début du mois d’avril, les agents de cette organisation reçoivent des
menaces anonymes de mort et d’incendies de leurs maisons. Sur cet axe, ACTED
avait prévu organiser des foires alimentaires en faveur d’environ 10.000
personnes déplacées, retournées et autochtones. Des séances de sensibilisation
sont en cours auprès des communautés et autorités locales dans ces villages sur
l’importance de l’aide humanitaire.
Ces
restrictions de l'espace humanitaire sont des violations graves du Droit
International Humanitaire (DIH). Les humanitaires demandent aux autorités de
prendre des mesures nécessaires pour protéger les civils et garantir l’accès
des humanitaires aux personnes vulnérables afin que l’action humanitaire ne soit
pas entravée. Ils plaident aussi auprès de.
Financement
Le
Fonds central pour les interventions d’urgence (CERF) vient d’allouer 1,3
millions dollars US au Katanga pour répondre aux besoins urgents dans les
secteurs de l’éducation et de la protection dans les territoires de Manono et
Mitwaba. En éducation ($ 889.700), ce financement va aider à améliorer l’accès
et le maintien à l’école d’environ 15.000 enfants déplacés, retournés et
autochtones de 6 à 11 ans dans 50 écoles du Territoire de Mitwaba. Parmi les
activités prévues, il y a entre autres la distribution de fournitures scolaires
et matériels récréatifs et le renforcement des capacités pédagogiques des
enseignants. Mitwaba reste la zone n’ayant pas bénéficié, pendant plus de deux
ans, des financements dans le secteur de l’éducation.
Dans
le domaine de la protection ($ 509.000), cette allocation va cibler plus de 3.400
personnes affectées par les conflits armés – survivantes des violences
sexuelles, enfants associés aux forces et groupes armés et enfants non
accompagnés- dans les territoires de Manono et Mitwaba. Ce financement
permettrait à fournir, entre autres, des biens essentiels et une assistance
psychosociale et médicale aux victimes des violences sexuelles, des activités
récréatives et psychologiques aux enfants affectés et ceux sortis des forces et
groupes armés. Situation/Réponse
humanitaire
Education
• 5.600 enfants déplacés des villages à Manono et Ankoro, Territoire de Manono,
sont privés de scolarité depuis le début du mois d’avril à la suite des
incendies de leurs écoles, lors de différents affrontements entre les Twa et
Luba. Les incursions des certains éléments Mayi-Mayi Bakata Katanga ont
également contribué à cette détérioration.
Parmi les actions prises, les experts de l’éducation ont initié des
cours de rattrapage pour remettre à niveau ces enfants et ainsi faciliter leur
réintégration scolaire pour l’année 2015-2016. Un atelier organisé, du 17 au 19
avril à Manono, a permis de renforcer les compétences de ces spécialistes sur
la préparation, la planification et la réponse en éducation dans les situations
d'urgence.
US$
1,3 millions
5.600
enfants non scolarisés depuis le début du mois d’avril à Manono
Education
64 %
Protection
36 %
65 % des cas des violences sexuelles
basées sur le genre au Katanga
Depuis
le début de l’année 2015, la province du Katanga n’a reçu que très peu de
financements pour lutter contre les violences sexuelles basées sur le genre.
Début avril, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a reçu, via le
Fonds central d’intervention d’urgences (CERF), plus de 58.700 dollars US pour
prendre en charge 250 survivantes des violences sexuelles dans les territoires
de Manono et Mitwaba. Ce financement servira à fournir, entre autres, des biens
essentiels et une assistance psychosociale et médicale de ces victimes.
Les
fonds reçus par UNICEF ne représentent qu’une fraction des 2 millions dollars
que les acteurs estiment qu’ils ont besoin pour continuer les activités en
cours. Une grande partie ciblerait Kalemie, Malemba Nkulu, Manono et autres
territoires en proie à des conflits. Ces fonds permettraient, entre autres,
d’approvisionner les structures médicales en matériel approprié; renforcer le
système judiciaire ; renforcer la réinsertion socioéconomique des
survivantes. La lutte contre les
violences sexuelles demeure l’un des « parents pauvres » de l’aide humanitaire
en RDC.
Plus
de 600 cas de violences sexuelles basées sur le genre (SGBV), dont 35 % dans le
seul district du Tanganyika, ont été rapportés durant les trois premiers mois
de 2015. Selon la Division provinciale du genre et famille du Katanga, le viol
représente plus de 65 % des cas. Les mutilations sexuelles, la prostitution
juvénile, l’incitation des mineurs à la débauche représentent les autres types
de violence régulièrement recensés. Près de 52 % des victimes sont des déplacés
et retournés ; 35 % sont des résidents dans les zones en conflits – Malemba
Nkulu, Manono, Mitwaba, Nyunzu et Pweto- et les 13 % autres sont reparties dans
les zones hors conflit. La majorité de
ces actes est perpétrée par les civils (48 %), suivis des miliciens et des
groupes armés (43 %) et des forces de l’ordre (9 %).
Grâce
à un financement de 800.000 dollars US reçu en 2014 de l’Office d’aide
humanitaire pour la Commission de l’Union européenne (ECHO) et le Département
britannique pour le développement international (DFID) ainsi que d’autres
mécanismes traditionnels, une poignée de projets sont en cours. D’autres
acteurs mènent des projets sur leurs fonds propres dans les territoires de
Kalemie, Malemba Nkulu, Manono, Moba et Pweto. La majorité de ce financement
est affectée à la prise en charge psychosociale et médicale. Une partie moins importante sert à organiser
des sensibilisations au sein des communautés, à la formation des prestataires
et à la réinsertion socioéconomique.
Du
1 janvier au 31 mars, près de 40 cartons de kits prophylaxie post-exposition
(PEP) – un carton de kit PEP peut servir 50 personnes- ont été pré-positionnés
dans les centres de santé du District de Tanganyika et dans les territoires de
Bukama, Malemba Nkulu, Mitwaba et Pweto. Des formations ont été également
organisées à l’intention des policiers et militaires sur leur implication dans
la protection des droits humains et des civils. Le Kit PEP est un traitement
médical préventif qui doit commencer immédiatement après l’exposition à un
virus afin de prévenir l’infection. Dans les cas des violences sexuelles, le traitement
doit se faire avant 72 heures pour prévenir les maladies ou grossesses.
La coordination sauve des vies
Cependant,
ces femmes victimes de viols ont besoin d’un suivi psychologique et médical,
car leur état actuel nécessite une bonne prise en charge ainsi qu’un soutien
pour leur réintégration sociale.
Plusieurs raisons expliquent cette faible prise en charge des victimes
des violences sexuelles dans la Province du Katanga : stigma associé au viol et
aux autres influences coutumières ; manque de médicament et de structures ;
personnel soignant insuffisant; capacité limitée des acteurs.
En
2014, plus de 2.910 cas ont été enregistrés dans la province. Par manque de
moyens financiers, seulement 29 % des victimes des violences sexuelles ont
bénéficié d’une prise en charge médicale. Le pourcentage des femmes qui ont
reçu une assistance psychosociale ou qui ont bénéficié d’une assistance
juridique n’a pas dépassé les 30 pourcent. Seulement 2 % des auteurs de ces
actes ont fait l’objet d'une condamnation.
Entre
2011 et 2013, le Katanga a enregistré 6.582 cas de violences sexuelles basées
sur le genre au Katanga. Les violences sexuelles demeurent un problème de
protection considérable. Chaque jour, de nombreuses femmes et jeunes filles
sont ciblées dans les zones en conflits et hors conflits, avec un niveau de
brutalité sans égal.
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