A la fin du mois de décembre 2014,
la direction provinciale de la DGI a procédé à la saisie de compte de l'Hôpital
général de référence de Panzi dans le Sud-Kivu. Cette formation médicale est
accusée de ne pas verser les Impôts professionnels sur le revenu, IPR. Cette
affaire a raisonné à travers le monde comme une entrave aux personnes qui
bénéficient des soins gratuits de la part de cet hôpital. Il a fallu des sit in
devant la direction provinciale de la DGI pour qu'enfin l'Inspection
provinciale de la santé parvienne à un accord pour faire fléchir le personnel.
Le Dr Denis Mukwege Mukengere |
C'est dans ce contexte que le
ministre de la Communication et des Médias, Lambert Mende a tenu vendredi 9
janvier 2015 une conférence de presse pour apporter des précisions sur ce
dossier. "Depuis quelques jours, un banal dossier administratif ayant
donné naissance à un litige qui oppose l'administration fiscale congolaise à
l'Hôpital général de référence de Panzi dans la province du Sud-Kivu fait
l'objet des choux gras et d'une surexploitation éhontée. Plusieurs médias
friands du sensationnel et qui veulent voir la Rdc qu'en noir rivalisent de
formules et de superlatifs dans leurs commentaires dans le but de faire passer
le gouvernement de la Rdc pour un harceleur atteint d'une rage taxatoire dont
seraient victimes cet hôpital et son médecin directeur", s'est plaint le
ministre.
A son avis, Cet abattage médiatique
transformé en propagande a même conduit le gouvernement d'un pays ami ( la
Belgique qu'il s'est gardé de citer) trop confiant dans les médias à sensation,
à se fourvoyer en parlant des taxes mensuelles ( qui soit disant en passant
n'existent pas en droit congolais) en lieu et place d'impôt, allant jusqu'à
exiger du gouvernement congolais de violer ses propres lois par des exemptions
totalement infondées de certains contribuables en raison de leur proximité
professionnelle avec une célébrité (Dr Denis Mukwege que le ministre s'est
réservé de citer).
C'est ici l'occasion de ramener les
choses à leurs justes proportions et de rétablir ainsi la stricte vérité.
1. A l'instar des structures
médicales comme la Clinique Bondeko et l'Hôpital Saint Joseph à Kinshasa ou
l'hôpital de l'Archidiocèse de Bukavu, œuvres de l'Eglise Catholique, l'Hôpital
de Panzi est une structure médicale créée, non par l'excellent Dr Denis Mukwege
mais par la 8ème communauté des Églises de Pentecôte en Afrique centrale
(CEPAC).
2. Cet hôpital fonctionné en vertu
d'une convention-cadre liant la 8ème CEPAC avec l'Etat congolais qui prend en
charge la rémunération des 2/3 du personnel de cet établissement en plus d'un
apport en équipements ultra-modernes. Il est donc totalement faux d'affirmer
que le gouvernement congolais ne fait rien en faveur de la prise en charge des
femmes et des toutes les personnes vulnérables de cette région qui y sont
soignées.
3. En sa qualité de
médecin-directeur de cet hôpital, le Dr Denis Mukwege fait partie des 2/3 du
personnel de cet établissement dont les rémunérations sont prises en charge par
l'Etat. Il est donc un salarié et non le fondateur-propriétaire dudit hôpital.
4. En République Démocratique du
Congo où est consacré le principe constitutionnel de l'égalité de tous devant
les charges publiques, tous les revenus des personnes au titre de salaire sont
assujettis à l'IPR, impôt professionnel sur le revenu. Le contribuable de cet
Ipr est bien le salarié et le salaire seul mais c'est l'employeur qui en est
redevable car astreint par la loin à en retenir le montant à la source. Si pour
le personnel salarié par l'Etat, il est prévu que l'IPR sur les primes versées
par un employeur à son personnel est retenu toujours à la source mais ledit
employeur qui est tenu de reverser les montants perçus au compte du Trésor
(DGI).
5. Les subsides tout comme les dons
financiers provenant de la charité nationale ou internationale ne sont pas
assujetties à l'IPR et taxés à ce titre que lorsqu'ils sont affectés au
paiement de salaire au personnel sous contrat ou des primes à toutes les
catégories du personnel. En cas de défaillance, il n'existe aucune autre action
légale prévue que la contraindre l'employeur à s'acquitter de cet impôt.
L'histoire nous rappelle qu'en 1997 par exemple, Feperda, Fondation Père
Damien, un établissement d'utilité publique de droit belge œuvrant avec autant
de bonheur si pas plus dans les interventions médicales en Rdc, précisément
dans la zone de santé rurale de Pawa en Province Orientale avait vu certains de
ses biens matériels (véhicules) saisis et vendus aux enchères après jugement
rendu par le Tribunal de Grande Instance d'Isiro pour non versement des
cotisations sociales à l'Inss.
6. La loi congolaise ne prévoit pas
de régime spécial d'exemption ou de dérogation s'agissant de l'IPR. Même le
chef de l'Etat y est soumis. Nous avons quelques difficultés à comprendre les
fondements du raisonnement de ceux qui, à commencer par le Dr Mukwege lui-même,
s'évertuent à croire et à faire croire que l'Hôpital de Panzi ne serait pas
tenu, comme tout autre employeur de retenir et de reverser à la DGI les
montants que tout employeur, public ou privé, est tenu de retenir sur les
salaires qu'il verse à ses contractuels et les primes généralement quelconques
accordées à toutes les catégories du personnel.
7. C'est donc pour n'avoir pas
accompli ses obligations fiscales en la matière dans les délais et faute
d'avoir répondu à de nombreux rappels que l'administration fiscale adresse
habituellement aux redevables légaux défaillants que l'Hôpital de la 8ème CEPAC
de Panzi a basculé dans le statut peu enviable de redevable direct et qu'il a
fait l'objet d'un recouvrement forcé des impositions établies à sa charge au
titre de l'IPR des exercices comptables 2012 et 2013. De tout ce qui précède,
il s'observe que les allégations infamantes entendues pour diaboliser le
gouvernement congolais par la politisation malicieuse d'un banal différend
administratif sont sans aucun fondement objectif.
Mme Kyung wa Kang, SG adjoint des Nations unies chargée des Affaires humanitaires et le Dr Mukwege |
Il n'y a ni harcèlement, ni
discrimination à l'égard de l'Hôpital de Panzi, encore moins de son médecin
directeur, le Dr Denis Mukwege et de deux-tiers de ses collègues et
collaborateurs qui payent eux-mêmes régulièrement leur IPR par retenue au
niveau du ministère du Budget. L'argument selon lequel certaines autres
formations médicales n'ont pas encore fait l'objet de tels contrôles ne tient
pas la route. D'autre part, nous avons vu que pareille allégation est fausse.
D'autres structures ayant le même objet social s'acquittent rubis sur l'ongle
de leurs obligations et n'ont fait l'objet d'aucune tracasserie. Ainsi donc,
pour la même période, la Clinique Bondeko, l'Hôpital Saint Joseph de
l'Archidiocèse catholique de Kinshasa ainsi que de l'Hôpital de l'Archidiocèse
de Bukavu pour ne citer que ces structures n'ont jamais cherché à rameuter les
nombreux amis qu'ils comptent à l'étranger pour contourner la loi en la
matière. Ils ont toujours versé régulièrement les montants dus au Trésor
public.
Les réclamations de l'Hôpital de
Panzi ne sont pas une fraude fiscale
Dans un rapport publié le 6 janvier
2015 à Bukavu, l'Inspection provinciale de la Santé du Nord-Kivu, il est fait état
qu'après analyse de tous les documents, les conclusions suivantes se sont
dégagées:
- L'Hôpital général de référence de
Panzi est bel et bien un hôpital général de référé de la zone de santé d'Ibanda
- Les réclamations de l'Hôpital
général de référence de Panzi ne peuvent pas être considérées comme une
"fraude fiscale" car il s'est montré disposé à payer les impôts dus à
l'Etat et s'acquitte régulièrement de ses obligations. Mais ce qui se passe
n'est qu'un contentieux par rapport à l'interprétation des textes en la matière
en vigueur
- Tous les projets annexes qui
appuient financièrement l'Hôpital général de référence de Panzi sont en règle
avec le fisc.
C'est Dans cet ordre d'idées que
l'Inspection provinciale de la santé a réitéré auprès de la direction de
l'Hôpital général de référence de Panzi sa requête de voir se terminer le sit
in de ses agents devant la Direction provinciale des impôts, la reprise de
service et pour cela, elle a pris des engagements entre autres de continuer en
sa qualité d'autorité de tutelle, les discussions avec les responsables de la
Direction provinciale des impôts du Sud-Kivu pour clarifier les zones d'ombres
qui planent encore sur ce dossier surtout en ce qui concerne le statut de cette
institution hospitalière dans le système des soins de santé primaires, de
rencontrer la direction de l'Hôpital général de référence de Panzi pour
l'instruire à chercher d'autres moyens pour le paiement de la prime des agents
et enfin de rencontrer les manifestants pour leur expliquer le bien fondé de la
cessation du sit in.
La direction de l'Hôpital général de
référence de Panzi a été attentive à la requête de l'Inspection provinciale de
santé du Sud-Kivu mais voulait avoir des éclaircissements par rapport à
certaines dispositions après la levée du sit in surtout en ce qui concerne
leurs revendications et l'éclaircissement sur le statut de leur formation
médicale, notamment le communiqué de presse n° 21/009/DGI-SK/CT/2015 relatif au
litige qui oppose la direction provinciale des impôts du Sud-Kivu à l'Hôpital
général de référence de Panzi, le contrat de travail conclu entre la 8ème CEPAC
pour le compte de l'Hôpital général de référence de Panzi que les agents de
cette formation médicale ont signé en vertu de l'article 5 de la
convention-cadre de partenariat n° 1250/CAB/MIN/SP/063/2010 du 21 août 2010
entre le gouvernement de la Rdc et l'ECC, la liste déclarative des agents sous
statut de l'Hôpital général de référence de Panzi et les agents sous contrat
œuvrant à l'Hôpital général de référence de Panzi, la lettre n°
251/187/B.MIP/SK/96 du 15 mars 1996 relative au paiement CPR, la lettre du
n°24/0010/DPC/SK/KM/1996 du 5 mars 1996 relative à l'exonération attribuée des
formations sanitaires de la province du Sud-Kivu conformément à l'esprit de l'article
39 de l'ordonnance-loi n°69-059 du 5 décembre 1969 et de répercuter les
informations sur l'Hôpital général de référence de Panzi à tous les niveaux de
prise de décision pour une meilleure compréhension.
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