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dimanche 2 mars 2014

Lutte contre les tracasseries policières, la police ne pourra jamais lutter contre ses propres abus face aux intentions affichées



« Nous nous sommes-là pour accompagner les décisions prises par Monsieur ke gouverneur de la ville de Kinshasa. C’est-à-dire, nous sommes-là pour appliquer le code de la route. Que les chauffeurs mettent leurs ceintures de sécurité, que le véhicule soit en bonne état… Nos agents ne rançonnent jamais. C’est du nouveau ce que vous venez de me dire puisque nos agents ne rançonnent pas. Je pense qu’il y a d’autres récalcitrants qui sont là. Mais je pense que ce sont des propriétaires des véhicules qui doivent acheter les documents de bord. Avant que le véhicule ne roule, il faut que le chauffeur aille dans les endroits appropriés pour le contrôle technique, qu’il achète l’assurance. Il y a des conducteurs qui roulent sans permis de conduire. Nos agents ne dérangent pas les conducteurs. Ce sont des chauffeurs qui circulent sans documents de bord. Et on doit les arrêter, nous ne pouvons pas les laisser comme ça. Là, on va frapper et nous seront durs face à la loi ».
Ce sont des propos tenus par le commissaire supérieur Paulin Banza de la Police de circulation routière à la fin du mois de janvier sur la Rtg@ Fm. Avec de tels propos dénués de toutes les réalités sur le terrain, la police ne pourrait jamais traquer les éléments de la police de circulation routière qui se méconduisent tous les jours sur nos routes. Entre les intentions manifestées par la hiérarchie des autorités urbaines et de la police d’une part et de l’autre, la volonté affichée d’en finir avec des diverses tracasseries dont les conducteurs sont victimes sur les principales artères de la ville de Kinshasa, le fossé est énorme.
S’exprimant vendredi 10 janvier dernier au terme d’une réunion présidée par le ministre de l’Intérieur avec les ministres provinciaux de toutes les provinces, le commissaire général de la Police nationale congolaise, Charles Bisengimana déclarait sur les tracasseries routières que « nous devons commencer par le commencement. Nous ne devrions pas faire le tout au même moment. Nous allons poursuivre avec les autres étapes qui concernent la gestion de la circulation routière. Vous êtes Kinois et vous connaissez comment les permis sont délivrés. Sous d’autres cieux, c’est la Police nationale qui a la charge de décerner les permis de conduire. Aujourd’hui, vous pouvez être dans votre maison, vous envoyez votre fils vous acheter un permis de conduire. Nous devons nous rassurer que les agents qui détiennent des permis de conduire sont réellement des conducteurs des véhicules et qui respectent  les règles en matière de circulation routière. Nous allons nous attaquer à cette question très prochainement ».
La commissaire supérieur ne peut ignorer les tracasseries dont font l’objet les conducteurs. L’Asadho qui est une association de promotion et de protection des droits humains, a publié dernièrement une enquête intitulée « Rapport sur les tracasseries routières Kinshasa ». N’importe quelle personne peut lire cette enquête sur le site de cette organisation.

Voici un extrait de cette enquête : « L’Attitude des autorités face à la corruption de la Police Nationale Congolaise. La corruption des policiers est un phénomène connu de toutes les autorités tant de la Police Nationale Congolaise que politiques. Sur toutes les voies publiques, tout le monde voie comment les policiers se font remettre de l’argent par les conducteurs des véhicules. Au-delà du fait que la corruption des policiers peut être liée à leurs mauvaises conditions socio-professionnelles, il y a lieu de signaler que la complicité des chefs hiérarchiques qui se partageraient l’argent avec les policiers qui sont de service sur la voie publique n’est pas un facteur négligeable. Ceci expliquerait le silence coupable que tout le monde garde tant en ce qui concerne les tracasseries dont les usagers de la route sont victimes de la part des policiers qu’en ce qui concerne leur corruption. Aucun policier n’a jamais été poursuivi pour les faits de corruption.
Il se dégage des différents entretiens nous accordés par certains policiers que le mal vient d’en haut, des autorités politiques et de la police qui laissent la situation se dégrader. Au lieu d’améliorer les conditions de travail des policiers, elles préfèrent les laisser se servir auprès des pauvres populations. Nous tenons aussi à mentionner le fait que la corruption de la police lui a fait perdre toute autorité sur la voie publique, surtout à l’égard des conducteurs de transport en commun, qui ne lui obéissent plus ».
Les endroits les plus dangereux pour les conducteurs sont :
District de Lukunga : Pompage, Kintambo–Magasin, Delveaux et Barrée - Ozone, UPN, Rond-point Socimat, Boulevard du 30 juin, Avenue du Commerce (Rond-point INA) ;
District de Tshangu: Masina – Boulevard Lumumba, Kinkole, Boulevard Kimbuta, Nd’jili quartiers 1 et 2 ;
District de Mont amba : Bay – pass, Rond-point Ngaba, Kianza, Super Lemba et Terminus ;
District de Funa : Avenue de l’Université, Rond-point Victoire et Bongolo ; avenue Kasa-Vubu, Bandal Molaërt, coin des avenues Kasa-Vubu et Sendwe. D’autres endroits de la ville existent où ces agents opèrent dans toute impunité et aucun responsable de la police ne dénonce.
J’ai mis en circulation un véhicule de marque « Toyota Corolla » et je ne pouvais pas imaginer l’ampleur de cette corruption. Le premier endroit où je me suis rendu, c’était le bureau de la PCR Pont Cabu. J’ai été conduit auprès d’une dame. Après de petites questions, je lui avais dit d’établir une quittance. Elle me dira que je risquais de payer trop cher en y ajoutant des frais bancaires. Face à mon obsession d’obtenir une quittance, j’ai fini par l’énerver au point de m’établir une quittance fantaisiste sur le cas présumé de mauvais stationnement.
La deuxième fois. C’était à la division urbaine de transport. A mon arrivée, je questionnais la personne qui était devant moi pour connaitre le motif de la mise en fourrière de mon véhicule. C’était franchement une histoire à dormir débout. Je lui ai demandé de m’établir la quittance. Le gars commença à me convaincre de ne pas aller payer à la banque. Finalement, je lui demandai le montant à payer. 100.000 Fc, me dira-t-il. Fais-moi la quittance, lui avais-je lancé. Le gars tenait à me persuader de ne pas aller payer à la banque. Il m’énerva en me disant qu’avec quittance le montant revenait à 200.000 Fc. J’avais eu une discussion assez aigre avec lui au point de m’emporter dans son bureau sis sur l’avenue Tombalbaye, à côté de l’Hôtel de gouvernement provincial piloté par André Kimbuta.
La troisième et quatrième fois, je me suis retrouvé à deux jours d’intervalle à côté de la maison communale de Kalamu. J’ai vécu ce jour-là, au mois de décembre 2012, une véritable arnaque opérée par des agents de la police de circulation routière. Une seule contravention était retenue : mauvais arrêt et mauvais stationnement. Le montant à payer variait d’une personne à l’autre. La plupart des conducteurs étaient noirs de colère avec l’ampleur du mensonge des agents dits qualifiés.
Au même mois de décembre 2012, mon chauffeur m’alerta que le véhicule venait d’être saisi au commissariat de la police de circulation routière sur le Boulevard du 30 Juin dans la commune de la Gombe. Toujours et encore, une contravention à dormir débout.
On m’amena auprès d’une dame, major de son état qui avait la charge du dossier. Mme l’agent, pourquoi avez-vous saisi mon véhicule ? « Bakonzi bazo zela 45.000 Fc pe naza na explication yako pesa yo te », me balança-t-elle. A la place Moulaërt dans la commune de Bandalungua au mois de mars 2013, un conducteur d’un bus 207 s’est vu interpeller par cinq agents de la police de circulation routière. En observant la scène, c’était une véritable opération « commando » qu’ils avaient mené pour cette contravention. Ils avaient tous sauté sur le véhicule. Je venais de réaliser que ces policiers sortaient probablement d’une salle de cours d’apprentissage de la manière de mener des opérations « commando ». Ils devraient coûte que coûte, faute d’aller sur le champ de guerre, mettre en pratique la leçon apprise pour ne pas l’oublier.
Sur la route Kinshasa-Kikwit le 24 décembre 2013, jusqu’à un certain niveau, j’ai pu compter au moins six barrières érigées par des éléments de la police de circulation routière. Les conducteurs m’ont dit que c’est plus que ça. Les conducteurs mettent en tout 100.000 Fc à distribuer pour chaque barrière. Les tracasseries routières, sur l’ensemble du pays, sont une réalité et non une fiction. Pour lutter contre cette tare de la deuxième République que nous avions oubliée pendant tout le règne de Laurent-Désiré Kabila, les autorités doivent mettre à contribution la Justice militaire pour traquer tous les éléments qui se livrent à cette pratique et non à la police qui l’entretien. Car, les loups ne se mangent pas entre eux.
Selon le témoignage d’un taximan qui me conduisait du quartier Bon Marché (Barumbu) jusqu’au Rond-point Victoire (Kalamu), les tracasseries policières sont plus qu’une mine d’or dans la ville de Kinshasa. Il serait difficile de mettre un terme à ce phénomène. Il se demandait s’il était difficile de mettre fin aux tracasseries policières qu’au M23. Les autorités ne manifestent que des intentions sans saisir le taureau par les cornes. Si le M23 était soutenu par des pays voisins avec les puissances internationales, mais quels sont ces pays étrangers qui soutiennent les éléments de la police de circulation routière qui donnent du fils à retordre aux responsables gouvernementaux congolais ? Apparemment, aucun responsable ne souhaite s’aventurer sur ce terrain trop glissant pour ne pas laisser des plumes.

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