Monsieur
le Président de l’Assemblée générale des Nations Unies,
En
m’adressant à cette auguste assemblée, je voudrais, avant de poursuivre mon
propos, Vous féliciter, Monsieur
l’Ambassadeur TIJJANI MUHAMMAD BANDE, pour Votre brillante élection en qualité
de président de la 74ème session ordinaire de l’Assemblée générale de
l’Organisation des Nations Unies. Mes félicitations s’étendent aux membres de
Votre Bureau, et je tiens à formuler, pour l’ensemble de votre équipe, mes vœux
de succès dans l’accomplissement de cette exaltante mission.
Je
voudrais aussi rendre un hommage appuyé à Monsieur Antonio GUTERRES, Secrétaire
Général des Nations Unies, pour ses efforts inlassables en vue de raffermir
notre Organisation et renforcer son rôle dans la recherche de solutions aux
problèmes qui menacent la paix, la sécurité et la prospérité dans le monde.
Monsieur
le Président ;
Le
thème de la présente Session, à savoir : Dynamiser les efforts multilatéraux
pour l’éradication de la pauvreté, l’éducation de qualité, l’action contre le
changement climatique et l’inclusion, arrive à point nommé en ce moment
particulièrement difficile pour le multilatéralisme, alors que l’humanité toute
entière est engagée dans un élan sans précédent, dans le cadre de l’Agenda du
développement à l’horizon 2030. Cet agenda prévoit la réalisation des Objectifs
du développement durable, la mise en œuvre du Programme d’Action d’Addis-Abeba
sur le financement du développement et l’atteinte des objectifs fixés dans
l’Accord de Paris sur le Climat.
Les
inégalités et le sentiment d’exclusion, sont à l’origine des principales
menaces sur la paix, la stabilité et le développement harmonieux. Ils
alimentent les flux migratoires incontrôlés de peuples entiers à la recherche
d’un meilleur avenir. Aussi bien dans les pays du Nord que dans ceux du Sud,
ils accentuent les réflexes xénophobes, la montée en force des populismes,
ainsi que la radicalisation des laissés pour comptes. Les événements tragiques
en Afrique du Sud en sont la pire illustration.
Ces
mouvements de frustrations populaires qui dans certaines régions vont jusqu’à
nourrir le terrorisme, prennent en otage le débat politique et nous empêchent
d’apporter des réponses concertées aux problèmes qui nous affectent tous.
Monsieur
le Président,
J’affirme
du haut de cette Assemblée qu’aucun pays dans le monde, ne peut à lui tout seul
faire face à ces défis. L’unité, la solidarité, la tolérance et la coopération
internationale, sont des valeurs essentielles, reflétées par nos pères
fondateurs dans la Charte de notre Organisation universelle.
Plus
que jamais, le développement économique et social et l’épanouissement des
peuples de la planète sont des droits fondamentaux et inaliénables. En tant que
dirigeants, nous sommes porteurs de l’obligation d’œuvrer sans ménagement à
garantir ces droits. Depuis des décennies, notre Organisation commune s’efforce
de s’adapter aux nouvelles réalités de ce monde en constante mutation.
Afin
d’être plus apte à relever durablement les défis du développement dans un monde
globalisé, nous préconisons une réforme globale du Système des Nations Unies,
notamment du Conseil de Sécurité et des agences du système des Nations Unies.
Le processus de réforme du Conseil de Sécurité doit être mené à son terme et
prendre en compte la position commune africaine énoncée dans le Consensus
d’EZULWINI et dans la Déclaration de SYRTE.
Il
n’est pas juste en effet que l’Afrique demeure la seule région du monde sans
représentation permanente au sein du Conseil de Sécurité, alors que l’essentiel
des enjeux démographiques, sociaux et environnementaux de la planète sont
intrinsèquement liés à notre continent.
Nous voulons une configuration du Conseil de Sécurité juste et
équitable, plus représentative des peuples du monde dans leur diversité et
comptable de ses actes.
Allocution
du Chef de l’Etat – 74ème Assemblée Générale des Nations Unies NewYork / USA 26
Septembre 2019
Monsieur
le Président, Mesdames et Messieurs,
Malgré
les engagements au plus haut niveau que nous avons pris pour créer le monde que
nous voulons à l’horizon 2030, près d’un milliard de personnes vivent encore
dans la faim, la malnutrition et l’extrême pauvreté, tandis que 118 millions de
personnes en situation d’extrême pauvreté seront exposées à la sécheresse, aux
inondations et à la chaleur en Afrique d’ici à 2030.
Nous
ne pouvons accepter la simple hypothèse d’un éventuel échec des engagements
mondiaux à l’horizon 2030, surtout après le résultat très mitigé, en Afrique
tout particulièrement, de la campagne des Objectifs du millénaire pour le
développement.
L’éradication
de la pauvreté et de la faim relève aujourd’hui de l’urgence ! La République
Démocratique du Congo peut faire partie de la solution, avec ses 80 millions
d’hectares de terres arables et ses eaux abondantes, capables de nourrir plus
de 2 milliards d’individus.
Le
défi de l’accès à une éducation de qualité pour tous, second sujet du thème de
la présente Session, nous interpelle tout particulièrement car l’expérience du
développement des décennies post indépendances a renforcé notre conviction
qu’il n’est de richesse que d’hommes.
C’est
pourquoi, depuis 2011 déjà, nous avions fait nôtre l’idée-force de l’Agenda
2030 de NE LAISSER PERSONNE POUR COMPTE ( LEAVE NO ONE BEHIND), à travers notre
engagement bien connu de mes compatriotes intitulé : LE PEUPLE D’ABORD !
Aussi,
les grandes priorités sociales de mon mandat sont définies comme suit:
Premièrement,
rendre effective la gratuité de l’éducation primaire dans l’enseignement public
tel que l’exige la constitution de mon pays. Cet engagement est effectif depuis
le début de ce mois sur toute l’étendue du territoire. Il portera, en une
année, la part des dépenses d’éducation de 8 % à près de 20 % du budget de
l’Etat, soit un niveau proche des standards
recommandés par l’UNESCO.
Deuxièmement,
promouvoir une meilleure adéquation entre l’enseignement et l’emploi, à travers
une stratégie de formation technique et professionnelle ambitieuse, conçue et
mise en œuvre en partenariat avec le secteur privé.
Troisièmement,
faire progresser le chantier de la couverture santé universelle. Nous espérons
ainsi qu’à la fin de l’année prochaine, plus de 8 millions de Congolais
supplémentaires auront accès à un système efficace de couverture maladie.
D’autre
part, la République Démocratique du Congo vient de circonscrire son Plan
national du numérique dont la mise en œuvre impactera l’ensemble des secteurs
de la vie nationale. En outre, la numérisation de l’économie permettra au pays
d’enregistrer des progrès rapides dans la lutte contre la corruption et divers
crimes économiques.
Monsieur
le Président,
Nos
démocraties étant devenues particulièrement exigeantes et impatientes, il nous
faut trouver des moyens de mise en œuvre de nos ambitions qui sortent des
sentiers battus.
Aussi
ai-je initié un vaste programme d’urgence de développement communautaire, qui
servira de levier pour accélérer la résorption des inégalités socioéconomiques
et spatiales au sein des villes et territoires. Il s’agira d’un programme
spécial, multisectoriel et intégré, que je piloterai personnellement, en vue de
rattraper tant soi peu le retard du pays dans sa marche vers la réalisation des
Objectifs mondiaux de développement.
Ce
programme bénéficiera de l’appui stratégique et financier de l’ensemble des
partenaires et de l’accompagnement du Programme des Nations Unies pour le
développement. Il vise à accroitre l’accès des populations aux services sociaux
de base, notamment à travers la promotion des micro- centrales hydroélectriques
rurales, dont plus de 700 sites sont déjà identifiés. Le programme vise
également le développement du capital humain, ainsi que le renforcement de la
connectivité des territoires à travers les pistes rurales.
Monsieur
le Président,
Le
développement socioéconomique de l’humanité à l’horizon 2030 sera durable ou ne
sera pas. A cet égard, notre sort à tous, riches ou pauvres, est plus que
jamais lié. Par ses ressources naturelles et sa vitalité démographique,
l’Afrique est devenue le pivot de cette durabilité.
Dans
cette Afrique, la nature a fait de mon pays le dépositaire de 47 % des forêts
du continent, lui conférant une responsabilité majeure face aux enjeux de
survie de notre planète.
J’ai
déjà eu à le rappeler à plusieurs reprises ; il est impérieux et urgent de
mettre à la disposition de notre continent de nouvelles sources d’énergies et
de nouveaux modes de productions compatibles avec la préservation de
l’environnement et l’affirmation de notre droit inaliénable au développement.
Nous
sommes résolument engagés dans la protection de nos forêts. Cependant, la
préservation de notre patrimoine naturel ne peut se faire au détriment de notre
développement.
Il
est incompréhensible que les forêts du bassin du Congo, qui sont les mieux
conservées au monde, ne captent que 1 % des financements disponibles. Il est impératif que toute l’architecture
financière internationale, en ce compris le Fonds Monétaire international dans
son rôle catalytique en matière de financement du développement, intègre
davantage la donne environnementale dans son analyse des critères et défis
macroéconomiques, liés à ses interventions dans les différents pays.
En
ce qui nous concerne, conscients du rôle majeur de la RDC à cet égard, notre
Gouvernement a relancé le dialogue avec ses principaux partenaires sur les
questions environnementales, notamment ceux réunis dans le cadre de
l’Initiative pour les Forêts d’Afrique Centrale. Répondant à l’appel du
Secrétaire général des Nations Unies, notre Gouvernement s’est engagé, par ma
personne, à accroître le niveau de ses engagements au titre de sa Contribution
Déterminée Nationale et à maintenir une collaboration étroite entre pays de la
sous-région, afin de parler d’une seule voix pour toutes les grandes questions
en rapport avec la protection des forêts.
Mon
Gouvernement a fait de la production d’énergie propre et renouvelable, la
première de ses priorités économiques pour le quinquennat.
Nous
pouvons, moyennant des investissements agressifs et une politique attractive de
protection de ces investissements, passer de moins de 10% d’électrification
actuellement à 60% dans les 10 prochaines années, faisant reculer très
significativement la consommation du bois de chauffe. Aussi, dans le cadre de
la réalisation de notre mix énergétique, pour renforcer la lutte contre la
déforestation, mon gouvernement encourage le développement de l’utilisation du
gaz domestique dans les zones urbaines, péri urbaines et rurales.
A
terme, nous voulons être l’endroit de la planète où le kilowatt heure
électrique sera le moins cher, grâce à l’exploitation de notre capacité de plus
de 100 000 mégawatts en hydroélectricité.
Nous
sommes disposés à encadrer davantage l’exploitation forestière et à étendre les
réserves et parcs de protection naturels afin d’augmenter notre biomasse et
protéger notre biodiversité. En revanche, cela ne peut s’entendre qu’avec, en
contrepartie, la mise en œuvre effective d’une stratégie d’industrialisation écoresponsable,
concentrée autour des centres de production et de consommation, et génératrice
d’emplois pour notre jeunesse.
Notre
population, dont l’âge moyen est de 17 ans et demi, est à peine plus âgée que
la jeune Greta et partage en partie ses préoccupations et ses intérêts. Mais
comment nos jeunes vont-ils s’engager pour la même lutte quand ils n’ont ni eau
ni lumière?
J’ai
également décidé de sortir progressivement mon pays d’un système agricole
archaïque, à faible productivité et destructeur de notre patrimoine forestier.
A
cet effet, nous allons promouvoir une agroforesterie qui maximise notre
avantage comparatif pour certaines cultures, en privilégiant les zones de
savane.
J’entends
faire de la question environnementale une préoccupation omniprésente et
transversale, qui touche l’ensemble de nos politiques, stratégies, programmes
et projets de développement.
Monsieur
le Président,
Au
moment où je m’adresse au monde du haut de cette tribune pour la première fois,
je me dois de rappeler la relation particulière que notre Organisation
entretient avec mon pays.
Tout
d’abord, cette relation suscite en moi un sentiment de reconnaissance. En
effet, la République Démocratique du Congo a souvent été au centre des
préoccupations des Nations Unies, suite aux nombreuses crises qu’elle a
traversé depuis son accession à l’indépendance.
Depuis
le décès tragique du Secrétaire général Dag Hammarskjöld, en passant par les
nombreux casques bleus tombés au combat, jusqu'à plus récemment l’odieux
assassinat des experts onusiens Zaïda Catalan et Michael Sharp, l’Organisation
des Nations Unies, plus que tout autre organisation internationale, a vécu dans
sa chair les réalités que vivent des millions de mes compatriotes.
L’ONU
et ses nombreuses agences ont également déployé d’importants moyens financiers
pour soutenir la République Démocratique du Congo. Je tiens donc à vous
réitérer la gratitude du peuple congolais qui n’oubliera jamais le soutien de
notre Organisation.
Cela
étant dit, je ne peux m’empêcher de regretter que l’histoire de mon pays soit
si douloureusement liée à l’ONU, qui, 24 années durant, sur nos 59 années
d’indépendances, y a déployé une mission de paix.
Pourquoi,
malgré cette longue présence, la plupart des espoirs de paix et de
développement ont été déçus ? Au-delà des choix et responsabilités internes, on
ne peut pas observer le Congo ou l’Afrique en isolation du reste du monde et
des intérêts des autres.
Que
serait la trajectoire du Congo sans l’assassinat de Patrice Lumumba? Que serait
devenu mon pays si on l’avait laissé poursuivre son apprentissage démocratique
pacifique de l’après-guerre froide, sans passer par le détour d’une guerre
venue d’ailleurs ?
Et
sans vouloir remonter aussi loin dans le temps, nous vivons chaque jour ces
chocs d’intérêts qui expliquent le plus souvent la fragilité récurrente de la
République Démocratique du Congo.
Aujourd’hui,
le plus grand défi de la République Démocratique du Congo est celui de la paix,
la sécurité et la stabilité. Depuis notre investiture, convaincus de l’absolue
nécessité de la paix, nous nous sommes engagés sans réserve en faveur de la
réalisation de cet objectif, en prenant en compte toute sa dimension régionale
et internationale.
C’est
dans cette perspective que j’ai proposé, en juillet dernier au 39eme sommet de
la SADC tenu à Dar-es-Salaam, la création d’une coalition régionale à l’image
de la coalition mondiale contre le terrorisme, pour éradiquer le fléau de
l’insécurité créé par les groupes armés d’origine interne et externe. A l’Est
de mon pays, nos Forces de Sécurité se battent au quotidien, avec le concours
de la MONUSCO, déterminés à éradiquer les forces négatives qui sèment la mort
et la désolation au sein de nos populations. Certains de ces mouvements
rebelles, notamment les ADF-MTN, opèrent par des actes terroristes conformes à
leur appartenance à DAESH, ce qui constitue une nouvelle menace tant pour mon
pays que pour la sous-région.
Comme
si les conflits et l’instabilité ne suffisaient pas, ces contrées de l’Est de
la RDC sont affectées depuis une année par une épidémie de la maladie à virus
Ebola.
Compte
tenu de la gravité de la situation, j’ai mis en place en mai dernier, une
Cellule technique qui travaille sous ma supervision, composée d’Experts de
renommée internationale et dirigée par notre compatriote, le Professeur
Jean-Jacques Muyembe, qui est celui qui a identifié le virus d’Ebola et dont
les travaux de recherche ont conduit à la découverte du MB114, une molécule
thérapeutique pour le traitement de cette maladie.
La
nouvelle stratégie de riposte commence à produire ses effets, notamment dans la
ville de Goma qui est aujourd’hui à l’abri du virus. Même si beaucoup a été fait, l’épidémie n’est
pas encore éradiquée. La stratégie sera renforcée par l’introduction de cinq
nouveaux médicaments approuvés, en plus du vaccin contre la maladie à virus
Ebola, qui permettront de se débarrasser complètement de ce fléau.
Je
voudrais saisir cette opportunité pour saluer l’élan de solidarité qui s’est
manifesté de la part de nos partenaires bi et multilatéraux, notamment
l’Organisation Mondiale de la Santé, l’Union Africaine, l’UNICEF, le Programme
Alimentaire Mondial, la MONUSCO et bien d’autres.
S’agissant
particulièrement de cette Mission onusienne, en cette période charnière de son
futur en RDC. Marquée par l’exercice d’une revue stratégique, je voudrais tout
d’abord réitérer les remerciements du peuple Congolais aux pays contributeurs
pour les sacrifices humains et matériels consentis jusqu’à ce jour en faveur de
mon pays.
Je
note une convergence de vues avec le Secrétaire général quant à l’urgente
nécessité de réadapter la configuration de la MONUSCO à l’évolution de la
situation sur le terrain, en concentrant davantage les efforts sur les
capacités d’intervention opérationnelle des forces onusiennes aux côtés des
Forces armées de la RDC. En d’autres
termes, la RDC a encore besoin de la MONUSCO, mais d’une MONUSCO non
pléthorique, bien équipée, forte et dotée d’un mandat adapté, à l’image de la
Brigade d’intervention Rapide qui avait jadis, aider à mettre en déroute le
Mouvement rebelle de M23.
Monsieur
le Président,
A
l’instar d’autres pays en développement, la République Démocratique du Congo
aspire à l’émergence.
Nous
sommes convaincus que notre pays, qui par sa position géo stratégique se situe
au carrefour des regroupements économiques d’Afrique Centrale, d’Afrique
Australe et d’Afrique de l’Est, doit jouer la carte de l’intégration africaine
comme moteur du développement et vecteur de paix entre les nations. C’est pourquoi, nous avons soutenu le projet
de Zone de libre échange continentale, tout en étant conscients qu’il se mettra
en œuvre par étapes successives. Ce processus passe inévitablement par
l’harmonisation et le désarmement des barrières douanières.
C’est
dans cette vision que la RDC entend accélérer la mise en œuvre d’un programme
de développement d’infrastructures à la hauteur de son immense superficie de
2,345 millions de kilomètres carrés, afin de relier le pays d’Ouest en Est et
du Nord au Sud, de faciliter le transit des biens et des personnes et de
libérer le potentiel agricole de nos provinces.
Monsieur
le Président,
Aujourd’hui
la RDC détient environ 70% des réserves mondiales des métaux stratégiques
indispensables pour réaliser la transition énergétique et numérique qui
s’impose à l’humanité.
Plutôt
que d’utiliser ses réserves naturelles de minerais comme source de rente
monopolistique, mon pays se propose de s’ouvrir au monde en permettant
l’exploitation réglementée de son sous-sol contre un accompagnement à
l’industrialisation et à la production de batteries et de composants à plus
haute valeur ajoutée. Le Monde a soif de cobalt, de coltan, de lithium ; nous
voulons des emplois industriels, de la formation, et du développement.
Enfin,
la RDC dispose de 53 % des réserves en eaux douces de l’Afrique, et une gestion
durable de ce potentiel permettra un jour d’étancher la soif d’un quart des
habitants de la planète.
Monsieur
le Président,
Nous
vivons aujourd’hui une crise profonde de l’ordre international libéral. La loi
du plus fort ne fera que renforcer les frustrations et les violences. A titre
d’illustration, les récentes attaques contre des installations pétrolières en
Arabie Saoudite font craindre le risque d’un embrasement autour du détroit
d’Hormuz, qui paralyserait l’économie mondiale.
Nous
avons le devoir de dénoncer toute forme de réaction violente aux problèmes
politiques qui peuvent se régler dans le dialogue et la concertation.
Sommes-nous
disposés à définir un nouvel ordre mondial au sein duquel l’Afrique et la RDC
joueront le rôle que leur confèrent les mutations enregistrées ?
Je
crois qu’une nouvelle voie est possible, sans doute la plus difficile, sans
doute la plus complexe, la plus exigeante, qui nous impose de sortir des
sentiers battus.
Monsieur
le Président,
Mon
pays la République Démocratique du Congo, qui venait d’organiser pour la
troisième fois des élections démocratiques et apaisées, a eu le bonheur de
vivre, pour la première fois de son histoire, une alternance pacifique et
démocratique, alors que bon nombre d’observateurs brossaient un tableau plutôt
sombre et pessimiste de l’issue du processus électoral. Cette victoire
historique est avant tout celle du peuple congolais, dont les intenses
sacrifices consentis au cours de ces dernières années, ont été récompensés par
l’aboutissement heureux d’un processus électoral à hauts risques. C’est aussi l’occasion de remercier la
communauté internationale, notamment les pays de la SADC, le Kenya, l’Egypte et
les USA, qui, sans atermoiement, ont encouragé ce pas de géant accompli par mon
pays dans le processus de construction d’un état de droit.
Depuis
mon investiture, je m’emploie à consolider cette avancée démocratique en garantissant l’ensemble des droits et
libertés. Personne n’est harcelé pour ses opinions ; la RDC ne compte plus de
prisonniers de conscience ; nul ne ressent le besoin d’émigrer pour sauver sa
vie ou préserver sa sécurité du fait de ses convictions politiques ou de ses associations
particulières.
S’agissant
de la prise en compte du genre, même si nous ne sommes pas encore parvenus à la
parité intégrale, je suis heureux de constater les progrès accomplis en RDC en
la matière dans tous les secteurs. En faisant passer le taux de participation
des femmes de 6 % à 18 %, le Gouvernement actuel a atteint le niveau le plus
élevé de participation féminine de l’histoire de mon pays. J’ai fait de
l’approche genre l’un de mes engagements politiques prioritaires.
Monsieur
le Président,
Au
niveau de la Région, j’ai développé une intense activité diplomatique en vue de
réaffirmer l’engagement continu de mon pays pour des relations de bon voisinage
et en faveur d’une coexistence pacifique, dans le respect de l’intégrité
territoriale et de la souveraineté des autres nations. Dans ce sens, nous
devons, nous leaders Africains, doter notre continent d’une voix consensuelle
et harmonieuse, fondée sur une politique véritablement africaine.
Qu’il
me soit permis d’exprimer ma profonde préoccupation sur ce qui se passe en mer
méditerranée, ou plusieurs personnes, candidates à l’émigration, meurent chaque
jour dans des conditions inhumaines. Les vagues de réfugiés et les images
bouleversantes que nous vivons ces dernières années sur les côtes européennes
doivent interpeler nos consciences de dirigeants.
Depuis
le début de l’année 2015, plus de 500 milles migrants ont tenté de rejoindre
l’Europe par la Méditerranée et plus de 5 mille d’entre eux ont péri durant la
traversée. La gravité de ce désastre exige de nous des solutions urgentes et
efficaces. Le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières,
que nous avons adopté à Marrakech en 2018, est notre réponse à la crise
migratoire. Nous avons le devoir
d’élaborer, dans les meilleurs délais, des initiatives nationales ambitieuses
en vue de sa mise en œuvre. Mais notre
meilleure arme, c’est d’agir en faveur du développement, de l’équité et de la
stabilité partout dans le monde.
Je
saisis par ailleurs cette opportunité pour revendiquer du haut de cette
tribune, la levée intégrale des sanctions qui touchent encore la République du
Zimbabwe, et ce depuis 2002. Ces sanctions ne se justifient plus dès lors que
le pays a ouvert un nouveau chapitre de son histoire et s’est montré ouvert à
coopérer avec le monde. Le maintien de ces sanctions est injuste. Il entrave
l’attractivité du pays aux investissements étrangers et il affecte non
seulement le Zimbabwe, mais aussi l’ensemble de la région.
Monsieur
le Président, Mesdames et Messieurs,
La
priorité absolue de mon action est d’offrir une perspective de dignité à nos
populations, de promouvoir la création d’emploi notamment pour les jeunes
et de lutter contre la précarité et
l’exclusion.
Et
cette assemblée qui veut réduire les inégalités et construire un monde plus
inclusif, peut-être le porte voix de ces laisser-pour-compte. Le défi est
énorme, mais ce qui fait de nous des humains, c’est notre capacité à trouver
des solutions, même les plus improbables, lorsque cela s’impose.
Je
vous remercie
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