Kinshasa, le 25 octobre 2012 : L'Association Congolaise pour l'Accès à la Justice (ACAJ) exige des poursuites judiciaires urgentes contre le Général Dieudonné Kasongo Kabila, oncle paternel du Chef de l'Etat, et des militaires de la Garde Républicaine (GR) pour actes de torture, traitements inhumains et cruels administrés à l'Avocat Pépé Mabwisha, au Magistrat Papy Okohe, aux agents de police judiciaire (APJ) Kasanda Dieba Malarmé, Bdwaya Wawa, Dady Kasatuka et au policier Ilunga Mulume à Lubumbashi »
En effet, le 30 septembre 2012 vers 11h00, les trois APJ précités avaient intercepté, à l'angle des avenues Likasi et Sendwe, dans la Commune de Lubumbashi, un camion de marque Ben, de couleur bleu foncé, sans plaque d'immatriculation, transportant des minerais provenant des installations de la Gécamines et escorté par un militaire de la Garde républicaine (GR).
Pendant que ces agents du service d’antifraude tentaient d’acheminer ledit camion au Parquet de grande instance de Lubumbashi, une jeep de marque Mitsubishi arrivera sur les lieux. Le Général Dieudonné Kasongo y sortira et s'adressera auxdits APJ en ces termes : « de quel droit avez-vous saisi ces minerais. Je ne tolérerai pas ça ». Du coup, il ordonne au chauffeur du camion de partir, et lança aux APJ : « bande des Kasaiens et si vous voulez persister ou vous entêtez, je vais vous tuer tous. Allez au Kasaï, ici c’est le Katanga aux Katangais».
Face à ces menaces, les APJ feront appel au Magistrat Papy Okohe Hianda, du Parquet de Grande Instance de Lubumbashi, qui faisait la permanence, et qui va arriver sur le lieu avec un policier du Groupe Mobile d’Intervention dénommé Ilunga Mulume.
Pendant que les APJ étaient en train de faire rapport au Magistrat Papy Okohe, le Général Kasongo, reviens sur le lieu, cette fois là accompagné d’une dizaine des militaires GR, et donne un coup de tête à l’APJ Malarme Kasanda, qui sera blessé sur le front. Par la suite il ordonna aux militaires GR d'arrêter tout le monde, y compris le Magistrat, et les conduire à la Présidence, située sur l'avenue Kamanyola. Ce qui fut fait avec une brutalité inouïe. Arrivés à la Présidence, ils seront tous torturés avant d'être transférés, vers 14 h 00, au camp Kimbembe par le Lieutenant José Amuli. Les actes de tortures et traitements inhumains et cruels vont s’en suivre au Camp Kimbembe où ils vont être mis en détention sans soins médicaux.
Le 1 octobre 2012, vers 8h00’ ils vont tous être entendus en rapport avec l'agression dont le Général Dieudonné Kasongo aurait été victime. Le 2 octobre 2012, vers 11 heures le Colonel Kisu, de la présidence, arrivera au camp Kimbembe pour ne leur dire : « vous avez tapé l’oncle du Président de la République? ».
A l'exception du Magistrat Papy Okohe, qui fut libéré et suspendu de ses fonctions pour trois mois, à son arrivée au Parquet le 2 octobre 2012, les trois APJ et le policier y seront, curieusement, entendus dans le cadre du dossier RMP 66102, ouvert pour des faits fantaisistes à savoir « usurpation des fonctions et coups et blessures volontaires ». Ils seront détenus encore pendant quatre jours au cachot du Parquet, sans soins médicaux en dépit du fait qu'ils se plaignaient des douleurs atroces aux côtes, tête, jambes, pieds, dos, ventre et crachaient du sang et qu’ils ne savaient s'asseoir, et puis transférés à la prison de la Kasapa,.
Deux semaines après leur détention à la Kasapa, les APJ ont été remis en liberté provisoirement après versement, chacun, d'une caution de l'ordre de 300 dollars américains ! Ces victimes sont toujours malades et continuent à suivre des soins avec leurs maigres salaires, car l’Etat ne les assiste pas. L’APJ Daddy Kasatuka Kalamba a deux côtes cassées, le policier Ilunga est toujours cloué au lit et se plaint des douleurs dans tout le corps, mais sans soins appropriés.
L'autre victime de ces tortures fut Me Pépé Mabwisha, Avocat au Barreau de Lubumbashi. En effet, le 1 octobre 2012, Me Pépé Mabwisha s'était rendu au domicile du Général Dieudonné Kasongo Kabila, sis au n° 223 de l'avenue Songololo, quartier Baudouin, commune de Lubumbashi, pour se renseigner sur l'arrestation de l'un de ses clients, M. Kasanda Dieba Malarmé. Une fois y être arrivé et présenté comme Avocat de M. Kasanda, le Général Dieudonné Kasongo avait ordonné à ses 20 gardes du corps, constitués des éléments de la GR, de le maitriser et lui infliger des torture et traitements inhumains. C'est ainsi que plus de 100 coups de cordelettes lui ont été administrés sur tout le corps, même à la tête, de 9 h 30 à 17 h 30. Il a été même étrangle, et tous ses habits ont été déchirés.
Il n'a eu la vie sauve que grâce à l'intervention courageuse du Bâtonnier de Lubumbashi, et avant sa libération, ses tortionnaire ont saisi tous ses habits déchirés et l'ont prévenu que : « Si tu oses dénoncer ou te plaindre, tu en auras pour ton compte, et cette fois là nous ne croyons pas que tu auras la vie sauve... ». Ils avaient saisi aussi sa voiture du 1 au 5 octobre 2012.
Les résultats de ses examens médicaux établissent qu'il a un traumatisme crânien au second degré et plusieurs cas d'hémorragie interne dans les cotes et au dos. Son médecin l'a conseillé d'aller suivre des soins appropriés à l'étranger. A ces jours, il se sent en insécurité à cause des menaces de représailles qu’il avait reçues avant sa libération au cas où il dénoncerait ces faits auprès des ONG des droits de l'homme.
Depuis que le Bâtonnier de l'Ordre des Avocats de Lubumbashi a dénoncé ces faits extrêmement graves auprès de la Justice militaire de Lubumbashi, aucun acte d’instruction n’est posé. Les auteurs desdits faits jouissent tranquillement de l'impunité.
L’ACAJ dénonce ces actes ignobles et exige que l'Auditeur Général des FARDC engage des poursuites judiciaires contre le Général Dieudonné Kasongo Kabila ainsi que tous les commandants de la Garde républicaine qui y ont participé de sorte à les faire sanctionner conformément à la loi n° 11/008 du 9 juillet 2011 portant criminalisation de la torture en RDC.
Elle recommande au Président de la République, de rappeler les militaires de la GR au respect des Magistrats civils, Avocats et agents et fonctionnaires de l'Etat dans l'exercice de leurs fonctions; et de mettre fin à la pratique de torture qui se pratique au sein de leurs cachots et maisons d’arret.
L’ACAJ encourage les Magistrats, Avocats et ONG des droits de l'homme d’utiliser, par solidarité, toutes les voies de recours, tant nationaux qu'internationaux, afin que les auteurs de ces faits ne restent pas impunis et que les victimes aient accès aux indemnisations conséquentes.
Elle recommande au Gouvernement de la RDC, de prendre toutes les dispositions qui s'imposent afin de faire bénéficier aux victimes des soins appropriés, et leur assurer la protection ainsi qu’aux membres de familles.
L'ACAJ condamne le Procureur de la république près le Tribunal de grande instance de Lubumbashi pour avoir fait détenir les victimes de tortures sans soins médicaux, perçu des cautions exorbitantes pour leur liberté, et suspendu le Magistrat Papy Okohe, pourtant victime d'entrave à l'exercice de ses fonctions.
C'est pourquoi, l’ACAJ réclame le remboursement de leurs cautions et le classement sans suite du dossier « fantaisiste et complaisant » ouvert à leur charge sous RMP 66102.
Enfin, l'ACAJ demande au Procureur Général près la Cour d'Appel de Lubumbashi de lever sans condition la suspension qui frappe le Magistrat Papy Okphe Hianda.
Fait à Kinshasa, le 25 octobre 2012
ACAJ
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