Avant toute chose, je tiens à remercier et à souhaiter la bienvenue aux
membres du Bureau de cette Conférence ainsi qu’aux Gouverneurs de province de
votre présence à la présente Assemblée plénière de la 7ème Conférence des Gouverneurs de province.
Je saisis également cette occasion de fin d’année
2020 pour souhaiter à tous et à chacun de vous une joyeuse et bonne année 2021.
Les mêmes vœux sont également adressés à vos familles respectives ainsi qu’à tous
vos administrés. Que l’année 2021 soit celle de succès et de nouvel espoir pour
notre peuple en provinces, dans la Capitale et partout dans le monde.
Mesdames
et Messieurs,
C’est
pour moi un grand bonheur de nous retrouver en cette fin d’année pour cette
conférence qui est l’instance par excellence de concertation et d’harmonisation
entre le pouvoir exécutif national et les Gouverneurs de province.
A
titre de rappel, notre Constitution qui consacre les principes de la libre administration
des provinces et d’autonomie de gestion de leurs ressources économiques,
humaines, financières et techniques ainsi qu’une large décentralisation des
entités territoriales à l’intérieur de chaque province, a déterminé la sphère d’action
exclusive du pouvoir central et de la province ainsi que des zones concurrentes
entre les deux échelons du pouvoir d’Etat.
La complexité des règles et mécanismes de fonctionnement
entre le pouvoir central et la province et entre les provinces elles-mêmes, a
inspiré le constituant à instituer la Conférence des Gouverneurs de province comme
cadre de concertation régulière entre ces deux niveaux de pouvoir étatique.
Pareille concertation vise à consolider l’unité, la paix et la solidarité nationale
et à assurer une bonne harmonie entre le pouvoir exécutif national et les
provinces, d’une part, et celles-ci entre elles, d’autre part.
Mesdames
et Messieurs,
Le
thème retenu pour cette Conférence des Gouverneurs de province, à savoir « la
gouvernance des provinces dans l’environnement démocratique actuel : défis
et opportunités », appelle plusieurs réflexions qui constitueront
les orientations sur lesquelles j’entends pister les travaux de l’Assemblée
plénière et des Commissions de la présente Conférence.
La
première réflexion consiste à revisiter les objectifs fondamentaux des règles
et mécanismes de fonctionnement du pouvoir exécutif national et des provinces
dans un environnement politique atypique en préservant les acquis de l’alternance
pacifique du pouvoir de 2018, en tirant les leçons de l’échec de la coalition mise
en place au lendemain de l’élection de 2018 pour gouverner le pays mais aussi
et surtout en préconisant des solutions plus efficaces pour faire face aux
effets pervers de la pandémie de Covid-19
qui sévit dans notre pays depuis mars 2020.
En
effet, il sied de rappeler que l’alternance pacifique du pouvoir obtenu
démocratiquement à l’issue des élections de 2018, avait planté le décor d’une
nouvelle gouvernance. A mon sens, celle-ci a auguré un environnement démocratique apaisé,
ouvrant ainsi une fenêtre d’opportunités tant à l’exécutif national qu’aux
exécutifs provinciaux, à même de permettre à chaque échelon du pouvoir d’Etat
de faire face aux défis majeurs à relever pour le bien-être de nos populations.
Cette alternance pacifique du pouvoir doit constituer dorénavant un acquis à
préserver pour créer au niveau national et provincial une
gouvernance de développement, c’est-à-dire celle qui donne des réponses concrètes aux attentes des administrés.
Tel
n’a malheureusement pas été le cas. Pratiquement deux ans après l’alternance
politique, la coalition FCC – CACH, qui en a été l’émanation, a montré ses
limites à répondre positivement à l’essentiel des attentes de notre peuple,
tant au niveau national que provincial. A l’espoir né en janvier 2019 a succédé
le doute, qui risquait si on ne n’y prenait garde, d’entrainer le peuple dans
le désespoir avec toutes les conséquences qu’on peut facilement imaginer.
Au
niveau des provinces – pour ne parler que de cet échelon du pouvoir – la crise
de cette coalition s’est également ressentie dans l’action de certains exécutifs
et de certaines assemblées provinciales où certaines décisions ont été prises,
non pas en fonction de l’intérêt des Administrés, mais des orientations de la plateforme
d’appartenance des acteurs concernés.
Ne
pouvant rester insensible devant une telle situation, en tant que Garant de la Nation
et du bon fonctionnement des institutions, j’ai donc tiré toutes les
conséquences, en engageant de larges consultations des forces vives de la
nation à travers les leaders les plus représentatifs de la Société Civile et de
la classe Politique, dont les Gouverneurs de provinces, afin de recueillir
leurs avis et éventuelles recommandations sur les solutions de sortie de crise.
A cet égard, j’ai notamment compris que vous demandiez au Chef de l’Etat de :
- Convoquer et de
tenir régulièrement des assises de la Conférence des Gouverneurs de
Province ;
- Sécuriser
la fonction de Gouverneur de Province, Représentant de la Haute Autorité
en Province, contre toutes velléités infondées de déstabilisation par les
Députés provinciaux. Ce qui
s’inscrit pleinement dans la Vision du Président de la République sur la
stabilité des institutions provinciales en vue de booster le développement
à la base ;
- Donner instruction
au Vice-Premier Ministre, Ministre du Budget et au Ministre des Finances
de régulariser les paiements des arriérés de rétrocession (18mois), des
frais de fonctionnement et fonds d’investissements dus aux
Provinces ;
- Assurer la retenue
à la source des 40% des recettes du FONER dues aux Provinces afin de
réhabiliter les ouvrages et infrastructures communautaires ;
- Réformer les
stratégies de défense de nos Forces armées dans les zones opérationnelles
et celles en proie à une forte instabilité et insécurité ;
- Réactiver la
mise à disposition régulière des Fonds Secrets de Recherche ;
- Affecter des
Magistrats pour le renforcement de la justice et des services de sécurité
en Provinces.
A l’issue
de ces consultations, j’ai pris une série de décisions que j’ai rendues publiques
au cours de mon allocution du 6 décembre dernier, l’une de plus importantes
étant la constitution de l’Union Sacrée de la Nation dont la finalité est de
procurer à l’Etat, par le biais de l’action du futur exécutif national, la
capacité à rencontrer les attentes légitimes de notre peuple, qui sont considérables
et qui touchent à tous les domaines de la vie de la Nation.
Cet
appel à l’Union Sacrée de la Nation vous concerne également vous les acteurs politiques
provinciaux au premier rang desquels se trouvent les Gouverneurs de provinces
et les membres des Assemblées provinciales, pour que vous puissiez orienter vos
choix, vos actions et surtout vos décisions dans le sens de l’intérêt des populations
de vos provinces respectives et non pas pour sauvegarder des intérêts
individuels, politiques ou sectaires.
L’Union
Sacrée de la Nation se veut justement, comme vous l’avez suggéré, de sécuriser,
dans le respect de la Constitution et des lois de la République, la fonction de
Gouverneur de Province, Représentant de la Haute Autorité en Province, contre les
diverses velléités infondées de déstabilisation par les Députés provinciaux,
dans le but d’assurer la stabilité des institutions provinciales en vue de
booster le développement à la base.
Je
ne me fais aucun doute que le nouveau cadre dans lequel évolueront les
institutions de la République, permettra la stabilité des gouvernements
provinciaux, gage d’un développement continu. Ce même cadre accordera beaucoup
plus d’attention et de priorité aux préoccupations financières des provinces, à
la construction des infrastructures, de même qu’il accélérera le processus de
pacification, accordera beaucoup plus de facilités aux investisseurs, mettra
davantage l’accent sur le contrôle des finances et poursuivra les reformes
multisectorielles engagées.
Dans
cette optique, les actes de sabotage des nouvelles politiques publiques que je compte
impulser pour le reste de mon quinquennat, ne seront ni tolérés ni impunis. Désormais,
la mise en œuvre de mon programme et ceux des gouvernements provinciaux sera
suivie et évaluée trimestriellement afin de nous assurer que nos politiques
publiques retenues et planifiées dans les différents secteurs de la vie
nationale, améliorent les conditions de vie de notre peuple.
Mesdames
et Messieurs,
La deuxième
réflexion au centre des travaux de cette Conférence des Gouverneurs de province
doit porter de manière non complaisante sur les pratiques actuelles de la gouvernance
des provinces au regard des principes fondamentaux qui fondent notre Etat et ceux relatifs à la libre administration des
provinces tels qu’issus de la loi n° 08/012 du 31 juillet 2008 et des exigences
démocratiques.
Par
rapport aux principes fondamentaux qui fondent l’Etat congolais, j’ai le devoir
de rappeler que l’article 1er de notre Constitution pose le principe
selon lequel « la République Démocratique du Congo est, dans ses
frontières au 30 juin 1960, un Etat unitaire, social, démocratique et laïc ».
Il est donc indivisible pour quel que motif que ce soit.
L’unité
de notre pays constitue en fait l’assiette aussi bien des missions que des
compétences dévolues aux institutions nationales par l’article 202 de la
Constitution, à savoir essentiellement :
§ L’administration
des affaires étrangères comprenant les relations diplomatiques ainsi que la
négociation des traités et accords internationaux. Même si la loi reconnaît aussi
aux provinces des initiatives pour la conclusion des accords de coopération
avec les provinces limitrophes des pays voisins, tout doit se faire sous
l’égide de l’exécutif national ;
§ L’administration
des forces de sécurité et de défense ainsi que de la sûreté intérieure et
extérieure ;
§ La
monnaie et le Budget de l’Etat, c’est-à-dire le budget du pouvoir central et
des provinces, ceux-ci ayant intégré les budgets des entités territoriales
décentralisés.
C’est
ici l’occasion de rappeler avec force que seules les Institutions nationales, à
savoir : le Président de la République, le Parlement (Assemblée nationale
et le Sénat), le Gouvernement ainsi que les Cours et Tribunaux, exercent l’exclusivité
des missions et prérogatives en vue de l’unité du pays.
Il
n’y a pas de notion de décentralisation ou de régionalisation pour ces missions
et prérogatives souveraines. Les provinces y sont plutôt bénéficiaires que
partenaires.
A ce
titre, est notamment interdite toute participation d’un Gouverneur de province
à toute entreprise susceptible de mettre en danger, de suspendre ou d’interrompre
dans notre pays l’Etat de droit, son indépendance, sa souveraineté, son unité,
son indivisibilité, son caractère social, démocratique et laïc, notamment par la
mise en place de ses propres forces de défense nationale ou de sûreté
extérieure. C’est ainsi que sera sanctionnée avec sévérité toute tentative de déstabilisation
de l’unité du pays à partir d’une gouvernance provinciale quelle qu’elle soit.
Dans
cette optique, la gouvernance des provinces par rapport à ces services de
souveraineté, centraux ou déconcentrés, doit donc se caractériser par le
respect de leur autonomie administrative et technique, un autre véritable défi
à relever. Tout doit être fait pour leur permettre de mieux appliquer les
consignes et autres directives de leurs hiérarchies au niveau de l’exécutif
national.
Dans
les matières relevant de la compétence exclusive du pouvoir central, le
Gouverneur de province doit se limiter à coordonner et superviser les services
qui relèvent de l’autorité du pouvoir central. Cette coordination a l’avantage
de préserver symboliquement l’unité de commandement au niveau des provinces,
les directives et instructions applicables dans leur organisation et
fonctionnement étant l’œuvre exclusivement de l’exécutif national. Inutile de
vous rappeler qu’en ces matières que la norme nationale (loi, ordonnance-loi,
règlement ou décision) prime sur la norme provinciale. Ainsi par exemple,
aucune province ne peut régulièrement interférer dans l’accomplissement des
missions et prérogatives en vue de l’unité du pays, qu’avec l’autorisation préalable
de l’exécutif national.
Les
matières relevant de la compétence exclusive des provinces sont, sans préjudice
des autres dispositions de la Constitution, celles énumérées à l’article 204 de
celle-ci.
Tel
n’est cependant pas le cas pour certaines questions stratégiques d’intérêt
commun, qui relèvent, conformément à l’article 203 de la Constitution, de la
compétence concurrente du pouvoir central et des provinces.
Relativement
aux principes liés à la libre administration des provinces tels qu’issus de la
loi n° 08/012 du 31 juillet 2008, il importe de rappeler que le Gouverneur de
province représente le Gouvernement central en province et assure, dans ce
cadre, la sauvegarde de l’intérêt national, le respect des lois et règlements
de la République et veille à la sécurité et à l’ordre public dans la province.
Toutefois,
je me dois aussi de rappeler que, durant leurs fonctions, les Gouverneurs de
province et les membres du Gouvernement provincial sont astreints à l’observance
d’un certain nombre de principes fondamentaux, gages d’une bonne Gouvernance.
Il en est ainsi notamment de l’interdiction, par eux-mêmes ou par personne interposée,
d’acheter, d’acquérir d’aucune façon, de prendre en bail un bien appartenant au
domaine de l’Etat, des provinces ou des entités territoriales décentralisées.
De même, ils ne peuvent prendre part directement ou indirectement aux marchés
publics au bénéfice des administrations ou des institutions dans lesquelles le
pouvoir central et les entités territoriales décentralisées ont des intérêts
(art. 25).
Pourtant
dans la pratique, ces principes sont régulièrement foulés au pied par certains
Gouverneurs de province et les conflits d’intérêt récurrents dans lesquels ils
se placent, plombent la sauvegarde des intérêts des Administrés et freinent l’avancement
des provinces.
C’est ici le lieu de rappeler le travail que
doivent faire les Assemblées provinciales en matière de contrôle de l’action de
l’exécutif provincial dans le strict respect des règles de procédure et de fond
en la matière. Les services et organes d’audit et de contrôle devront être mis
à contribution pour nous rassurer de la manière dont les finances de l’Etat
sont gérées à tous les échelons de l’exercice du pouvoir d’Etat.
Mesdames
et Messieurs,
La
troisième réflexion qui devra faire l’examen des travaux en Commission porte
sur les défis actuels auxquels sont confrontés les provinces et qui empêchent
leur fonctionnement optimal tout en freinant leur développement efficient. Ces
défis sont nombreux. Nous en relèverons quelques-uns, les plus significatifs.
Il
convient de signaler que la gouvernance de nos provinces repose sur le
principe de la libre initiative des provinces et du pouvoir central. Elle nous
appelle à des harmonisations en permanence entre les deux niveaux de gestion
politique de l’Etat. Car, en cas d’options contradictoires, celles du pouvoir
central vaut automatiquement. Elle se caractérise par le transfert de certaines
de compétences, jadis exercées par les institutions nationales, aux provinces
qui, de ce fait, demeurent des acteurs principaux dans la gestion de l’Etat, aux
côtés du pouvoir central, autrement dit, des partenaires valables des
institutions nationales pour le développement de notre pays.
Sous
ce prisme, la gouvernance de nos provinces reste confrontée à des défis majeurs
à relever tant par l’exécutif national que par les exécutifs provinciaux eux-mêmes,
les plus importants d’entre eux étant aujourd’hui notamment les défis de transfert
de compétences, de mobilisation des ressources provinciales, de mesures pour faire
face aux conséquences néfastes provoquées par la Covid-19, de la lutte contre
la corruption, les détournements et autres antivaleurs et de la construction
des infrastructures d’intérêt provincial (éducation, santé, etc.) et, particulièrement
pour les provinces de l’Est et du Nord-Est, de l’insécurité et la restauration
de la paix.
En
effet, je suis conscient que la bonne gouvernance des provinces passe avant
tout par le transfert effectif et immédiat à l’exécutif national, de toutes les
attributions spécifiquement et exclusivement attribuées aux provinces. Sa matérialisation
n’est effective qu’à travers notamment l’opérationnalisation des retenues à la
source de leurs parts des recettes à caractère national à hauteur de 40 % qui
devrait s’effectuer par un versement automatique dans le compte de la province
effectué par la Banque Centrale du Congo conformément à la loi financière ;
l’apparition claire dans le Budget de l’Etat du budget des provinces ; l’admission
de leurs ressources propres, notamment la levée de l’impôt conformément à la
législation fiscale provinciale et des taxes, droits provinciaux et locaux prélevés
sur les matières locales non imposées par le pouvoir central. La province devrait
également bénéficier des ressources provenant de la Caisse nationale de
péréquation prévue à l’article 181 de la Constitution. A cet effet, chaque
province doit donc établir le mécanisme de recouvrement de ces ressources propres
dans le respect des procédures fixées par la législation nationale et percevoir
les recettes administratives rattachées aux actes générateurs dont la décision
relève de sa compétence.
Dans
la pratique, le comportement des acteurs en présence ne facilite pas la
résolution de ce défi. Le débat autour de ces questions se rapporte au
transfert des charges et de leur financement. A ce sujet, en même temps que les
provinces se plaignent de n’être pas appuyées financièrement par le
Gouvernement central, s’agissant de la retenue à la source de 40 % des recettes
en caractère national, le Gouvernement central, à son tour, rétorque que toutes
les provinces n’ont pas la même capacité de mobilisation des recettes suite à
l’amenuisement de leur assiette fiscale et à la faiblesse constatée de leur
part pour mobiliser les recettes. Au nom de la solidarité nationale, la
rétrocession continue à être appliquée comme technique de réponse appropriée
aux besoins des provinces.
De
même, les entités territoriales décentralisées (ville, commune, secteur et
chefferie) qui bénéficient des taxes et impôts à elles reconnus par la
réglementation en vigueur, revendiquent auprès des provinces leurs quoteparts
dans les 40 % des recettes à caractère national. Peut-on aussi relever que les
entités territoriales déconcentrées (territoire, groupement et village) clament
qu’elles sont laissées pour compte n’ayant plus de taxes ni de redevances
encore moins de moyens de fonctionnement de la part du Gouvernement central.
Toutefois,
il sied de noter, qu’à la suite de l’Ordonnance-loi n°18/004 du 13 mars 2018,
la nomenclature des impôts, droits, taxes et redevances de la province et de
l’Entité territoriale décentralisée ainsi que les modalités de leur répartition
ont été fixées. Aux termes de ladite Ordonnance, le Gouvernement central a
laissé aux Provinces une partie d’impôts qu’il percevait auparavant. Ainsi, à
part les droits, taxes et redevances que les provinces recouvrent auprès de leurs
assujettis, les impôts provinciaux d’intérêt commun, ont été déterminés, à
savoir : l’impôt sur la superficie des propriétés foncières bâties et non
bâties, l’impôt sur les véhicules automoteurs, l’impôt sur les revenus locatifs
et l’impôt sur la superficie des concession minières.
Malheureusement,
l’évolution financière et les indices de développement de presque toutes nos provinces
laissent entrevoir que la plupart des Gouverneurs de province ne recouvrent pas
ces différents droits, et s’ils les recouvrent, ceux-ci servent alors plus aux
intérêts particuliers qu’à l’intérêt général.
Cet
état de choses doit être rapidement corrigé car nous sommes tous redevables devant
le peuple. C’est pourquoi, j’exige de vous de mentionner dans vos rapports semestriels
et annuels les recettes recouvrées et les projets financés. Cette exigence vaut
aussi pour le Gouvernement central, pour certains marchés publics payés par le
compte de la rétrocession aux provinces alors qu’ils n’ont pas été réalisés,
sinon partiellement.
Toutes ces problématiques doivent être
examinées par l’Assemblée plénière de cette Conférence des Gouverneurs et en
proposer des reformes afin de mettre en place un système transparent permettant
la traçabilité de l’utilisation des fonds alloués aux provinces par le
Gouvernement central ainsi que les recettes générées par les provinces
elles-mêmes et les entités territoriales décentralisées.
Mesdames
et Messieurs,
Un quatrième
défi au développement de nos provinces est sans nul doute cette pandémie de
COVID-19 qui nous a tous surpris depuis mars 2020, nous a causé des plaies qui
ne se sont pas encore cicatrisées et nous contraint encore à beaucoup de
restrictions et de sacrifices. Les Gouverneurs de provinces sont donc appelés à
prendre des mesures idoines, faire respecter les gestes barrières et surtout
fournir des efforts, notamment en matière de rationalisation des recettes et des
dépenses publiques, pour apporter des soins de santé appropriés aux malades.
Mesdames
et Messieurs,
Un
autre défi est celui de la décentralisation qui est une réforme qui prend du
temps. Elle doit être progressive et bien financée afin que son efficacité
réponde aux critères du développement à partir de la base et du rapprochement
entre les gouvernés et les gouvernants.
Nos
assises devront aboutir à des recommandations ayant pour vocation d’une
décentralisation adaptée à l’environnement socioéconomique et à la capacité du Gouvernement
à la financer eu égard au nombre très élevé des entités éligibles à cette
technique administrative.
Concernant
le volet juridique, les réformes entreprises exigent la mise en place des Cours
d’appel et Tribunaux administratifs dans toutes les provinces et le déploiement
des juridictions de l’ordre judiciaire (Cour d’appel, Tribunal de grande
instance, Tribunaux de paix) dans les provinces nouvellement créées.
Cela
exige le recrutement du personnel judiciaire et sa formation, la construction et
la réhabilitation des bâtiments devant accueillir ces juridictions et les
parquets y rattachés.
A cela
s’ajoute l’amélioration des conditions de vie des prisonniers à travers la
construction et la réhabilitation des prisons ainsi que la disponibilité des
vivres.
Les
Gouverneurs des provinces devront s’impliquer dans le choix des sites où seront
construits ces bâtiments administratifs.
De même, en tant que Garant du bon
fonctionnement des Institutions de la République, je veillerai à ce que justice
soit rendue sans tenir compte de rangs et classes sociales. Dans ce même ordre
d’idées, je ne ménagerai aucun effort pour que le régime disciplinaire soit mis
en mouvement conformément à la loi contre les magistrats véreux et corrompus.
Mesdames
et Messieurs,
Sur
le plan sécuritaire, il nous faut beaucoup d’initiatives pour mettre fin à
l’insécurité dans les provinces où elles sévissent avec acuité et préserver la
paix dans les provinces où le calme règne.
A
ce sujet, en plus des opérations militaires contre les groupes armés locaux et
étrangers, j’ai décidé de rationaliser les interventions en faveur des personnes
qui renoncent à ces activités subversives en fusionnant le DDR et la STAREC.
Désormais, de leur fusion est né le DDRCS (Désarmement, Démobilisation,
Réinsertion Communautaire et Stabilisation). Ce travail de fusion est en cours
de finalisation.
Je
vous demande donc de soutenir cette action en vous impliquant chacun dans la
démobilisation des groupes armés.
Il
est également dénoncé et cela, de manière récurrente, les barrières illégales
et souvent payantes ainsi que des tracasseries administratives dans presque toutes
les provinces.
Ce
genre de comportements doit cesser et vous devez vous y impliquer. Ainsi, je
vous instruits, dès votre retour dans vos provinces respectives, de répertorier
et de lever toutes les barrières illégales.
Sur
le plan économique, je vous rappelle que notre pays est engagé sur la voie de
la diversification de son économie à travers la libéralisation de l’eau, de
l’électricité, des Assurances, de l’Enseignement et de la Santé. Il nous
revient d’identifier les opportunités qu’offrent nos provinces respectives et
les moyens dont elles disposent pour bénéficier des bienfaits de cette
libéralisation.
Dans
le même ordre d’idées, beaucoup de forces politiques et sociales que j’ai
consultées ont émis le vœu de la création des banques agricoles et d’habitat.
Il nous revient d’exploiter cette piste afin de constituer le dossier banquable
pour que chaque province puisse se doter des banques agricoles et d’habitat. La
finalité est de booster l’agriculture en visant l’autosuffisance alimentaire et
de contribuer à la création de cadres de vie dignes d’habitants d’un grand pays
comme le nôtre. En attendant, chaque province se doit de faire les états des
lieux en matière agricole et de pêche afin de permettre au Gouvernement central
d’intégrer toutes les données dans un plan unique assorti d’un budget devant
servir de boussole dans la mise en œuvre de ce projet.
Sur
cette même lancée, le Gouvernement central et les provinces, chacun en ce qui
le concerne, devront adopter des mesures incitatives et donner des facilités
aux petites et moyennes entreprises, base de l’envol de notre économie. A ce sujet,
nous insistons sur l’accompagnement des jeunes entrepreneurs spécialement ceux
qui excellent dans les innovations des numériques et dans l’agriculture.
Comme
vous le savez, une bonne économie est tributaire de beaucoup de facteurs spécialement
les infrastructures publiques de communication à savoir les routes, les chemins
de fer, les voies fluviales, portuaires et aéroportuaires ainsi que les routes
de desserte agricole.
Dans
ce chapitre des infrastructures, je voudrais vous assurer que mon programme de
gouvernement sur base duquel j’ai été élu a tenu compte de toutes les
provinces. Pour le reste de mon mandat, nous allons lancer des projets
d’asphaltage de nos routes ainsi que la construction et la réhabilitation des
voies aéroportuaires.
Nous
allons également continuer progressivement dans la construction ou la
réhabilitation des bâtiments scolaires et universitaires.
Pour
réaliser tous ces projets de reformes, de construction et de réhabilitation des
infrastructures, je compte sur vous en tant que Représentants de l’Autorité
Suprême en provinces. C’est le temps de nous remettre au travail et de
décourager, comme évoqué dans mes premiers mots, la conflictualité entre les
institutions provinciales qui continuent à déstabiliser la bonne marche de nos provinces.
Le
pari d’une gouvernance assise sur un environnement démocratique favorable ne
peut être profitable au peuple que si vous-mêmes qui portez les projets des
provinces, vous vous engagez davantage à garantir leur réussite. Un tel défi ne
peut être relevé par une seule personne, pas même par un seul groupe.
Ce doit être l’œuvre de tous les Congolais dans
toutes leurs diversités. La nouvelle configuration politique que nous offre
l’Assemblée Nationale, n’est pas un fait de hasard, pas plus qu’elle n’est un
arrangement ou une quelconque stratégie de conquête ou de conservation de
pouvoir, mais elle est l’expression profonde d’un peuple qui demande d’être gouverné
autrement. Un peuple uni par le sort, le même, qui choisit l’unité pour relever
des défis communs après plusieurs sacrifices communs. Il est donc de votre
devoir de rassembler toutes ces ressources humaines disponibles dans toutes
leurs diversités, et de travailler en synergie. L’union recherchée depuis
longtemps et obtenue par la détermination de ce peuple doit être mise à profit.
Ça ne doit pas être une fin en soi mais une rampe de lancement.
Messieurs
les membres du Bureau de la Conférence des Gouverneurs de provinces, Messieurs
les Gouverneurs de Provinces, membres de la Conférence des Gouverneurs,
Mesdames
et Messieurs,
En
considération de ce qui précède, je tiens à vous rappeler que le peuple
congolais est fatigué des discours politiques. Il tient à la réalisation de son
bien-être par une politique volontariste qui tient compte de ses aspirations au
progrès social.
Pour
y arriver, nous nous devons, en sus des demandes spécifiques déjà énoncées, de
raffermir notre démocratie, de consolider l’Etat de Droit et la bonne
gouvernance, de procéder à la relance de la construction des infrastructures
publiques de notre pays. Nous devons abandonner les pratiques honteuses de
corruption et de détournement des deniers publics qui retiennent le décollage de
notre pays.
Des
réformes, tous azimuts, sont donc nécessaires et urgentes pour adapter certaines
législations au contexte d’une bonne gouvernance. Ces réformes visent
notamment l’évaluation du cadre juridique actuel régissant les rapports entre
le Gouvernement central et les provinces, ces dernières entre elles et les
entités territoriales décentralisées. Toute mise en place d’une nouvelle législation
est justifiée par la réglementation d’une situation qui paraissait inadaptée à
l’évolution politique, sociale, économique et culturelle d’un pays.
Mon
seul souci est de bâtir une gestion responsable de la chose publique et ce, à
tout le niveau du fonctionnement de l’Etat, comme véritable défi à relever par
nous tous.
Cependant,
l’Etat de droit dans la gouvernance des provinces ne s’arrêtera pas qu’aux
activités de pure gestion de la chose publique. Il sera lourdement aussi
question du respect aussi bien des libertés publiques prévues et garanties par
la législation nationale en vigueur, à savoir : la liberté des réunions, d’opinion,
d’association ou de participation citoyenne à la gestion de la chose publique ;
que des libertés politiques et démocratiques, à savoir : le caractère non impératif des mandats
électifs, le pluralisme politique, le suffrage universel, égal et secret.
Aucun
individu ou groupe d’individus ne pourra prendre en otage l’Etat ou les
provinces, pour s’en attribuer seul l’exercice du pouvoir d’Etat, et par-delà
se permettre de se partager à eux seules toutes les opportunités et autres ressources
ainsi générées.
Nous
mettrons le peuple au centre de nos actions, pour répondre ainsi à ses besoins
réels d’accès aux soins de santé, et primaires, et spécialisées ; d’accès
à l’alimentation, à l’éducation, bref à une vie d’abord normale et ensuite aisée.
Dès
lors, et pour terminer ma communication, j’attends de chacun de vous et d’expérience,
outre les états de lieu de vos provinces respectives, de me souligner les réels
défis qui s’imposent à vous, à votre province en particulier, et qui, s’ils sont
relevés, vont rendre la gouvernance de votre province plus plausible et, se
faisant, offrir des opportunités qui s’offrent, conformément aux lois et
règlements de la République.
Sur
ce, je déclare ouverte la 7ème Conférence des Gouverneurs de
Province.
Je
vous remercie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire