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lundi 28 décembre 2020

Félix-Antoine Tshisekedi au gouverneurs des provinces : "Deux ans après l’alternance politique, la coalition FCC–CACH, qui en a été l’émanation, a montré ses limites à répondre positivement à l’essentiel des attentes de notre peuple"

 Avant toute chose, je tiens à remercier et à souhaiter la bienvenue aux membres du Bureau de cette Conférence ainsi qu’aux Gouverneurs de province de votre présence à la présente Assemblée plénière de la 7ème Conférence des Gouverneurs de province.

Je saisis également cette occasion de fin d’année 2020 pour souhaiter à tous et à chacun de vous une joyeuse et bonne année 2021. Les mêmes vœux sont également adressés à vos familles respectives ainsi qu’à tous vos administrés. Que l’année 2021 soit celle de succès et de nouvel espoir pour notre peuple en provinces, dans la Capitale et partout dans le monde.  

 

Mesdames et Messieurs,

C’est pour moi un grand bonheur de nous retrouver en cette fin d’année pour cette conférence qui est l’instance par excellence de concertation et d’harmonisation entre le pouvoir exécutif national et les Gouverneurs de province.

A titre de rappel, notre Constitution qui consacre les principes de la libre administration des provinces et d’autonomie de gestion de leurs ressources économiques, humaines, financières et techniques ainsi qu’une large décentralisation des entités territoriales à l’intérieur de chaque province, a déterminé la sphère d’action exclusive du pouvoir central et de la province ainsi que des zones concurrentes entre les deux échelons du pouvoir d’Etat.

La complexité des règles et mécanismes de fonctionnement entre le pouvoir central et la province et entre les provinces elles-mêmes, a inspiré le constituant à instituer la Conférence des Gouverneurs de province comme cadre de concertation régulière entre ces deux niveaux de pouvoir étatique. Pareille concertation vise à consolider l’unité, la paix et la solidarité nationale et à assurer une bonne harmonie entre le pouvoir exécutif national et les provinces, d’une part, et celles-ci entre elles, d’autre part.

 

Mesdames et Messieurs,

Le thème retenu pour cette Conférence des Gouverneurs de province, à savoir « la gouvernance des provinces dans l’environnement démocratique actuel : défis et opportunités », appelle plusieurs réflexions qui constitueront les orientations sur lesquelles j’entends pister les travaux de l’Assemblée plénière et des Commissions de la présente Conférence.

La première réflexion consiste à revisiter les objectifs fondamentaux des règles et mécanismes de fonctionnement du pouvoir exécutif national et des provinces dans un environnement politique atypique en préservant les acquis de l’alternance pacifique du pouvoir de 2018, en tirant les leçons de l’échec de la coalition mise en place au lendemain de l’élection de 2018 pour gouverner le pays mais aussi et surtout en préconisant des solutions plus efficaces pour faire face aux effets pervers de la pandémie de Covid-19  qui sévit dans notre pays depuis mars 2020.

En effet, il sied de rappeler que l’alternance pacifique du pouvoir obtenu démocratiquement à l’issue des élections de 2018, avait planté le décor d’une nouvelle gouvernance. A mon sens, celle-ci a auguré un environnement démocratique apaisé, ouvrant ainsi une fenêtre d’opportunités tant à l’exécutif national qu’aux exécutifs provinciaux, à même de permettre à chaque échelon du pouvoir d’Etat de faire face aux défis majeurs à relever pour le bien-être de nos populations. Cette alternance pacifique du pouvoir doit constituer dorénavant un acquis à préserver pour créer au niveau national et provincial une gouvernance de développement, c’est-à-dire celle qui donne des réponses concrètes aux attentes des administrés.

Tel n’a malheureusement pas été le cas. Pratiquement deux ans après l’alternance politique, la coalition FCC – CACH, qui en a été l’émanation, a montré ses limites à répondre positivement à l’essentiel des attentes de notre peuple, tant au niveau national que provincial. A l’espoir né en janvier 2019 a succédé le doute, qui risquait si on ne n’y prenait garde, d’entrainer le peuple dans le désespoir avec toutes les conséquences qu’on peut facilement imaginer.

Au niveau des provinces – pour ne parler que de cet échelon du pouvoir – la crise de cette coalition s’est également ressentie dans l’action de certains exécutifs et de certaines assemblées provinciales où certaines décisions ont été prises, non pas en fonction de l’intérêt des Administrés, mais des orientations de la plateforme d’appartenance des acteurs concernés.

Ne pouvant rester insensible devant une telle situation, en tant que Garant de la Nation et du bon fonctionnement des institutions, j’ai donc tiré toutes les conséquences, en engageant de larges consultations des forces vives de la nation à travers les leaders les plus représentatifs de la Société Civile et de la classe Politique, dont les Gouverneurs de provinces, afin de recueillir leurs avis et éventuelles recommandations sur les solutions de sortie de crise. A cet égard, j’ai notamment compris que vous demandiez au Chef de l’Etat de :

 

A l’issue de ces consultations, j’ai pris une série de décisions que j’ai rendues publiques au cours de mon allocution du 6 décembre dernier, l’une de plus importantes étant la constitution de l’Union Sacrée de la Nation dont la finalité est de procurer à l’Etat, par le biais de l’action du futur exécutif national, la capacité à rencontrer les attentes légitimes de notre peuple, qui sont considérables et qui touchent à tous les domaines de la vie de la Nation.

Cet appel à l’Union Sacrée de la Nation vous concerne également vous les acteurs politiques provinciaux au premier rang desquels se trouvent les Gouverneurs de provinces et les membres des Assemblées provinciales, pour que vous puissiez orienter vos choix, vos actions et surtout vos décisions dans le sens de l’intérêt des populations de vos provinces respectives et non pas pour sauvegarder des intérêts individuels, politiques ou sectaires.

L’Union Sacrée de la Nation se veut justement, comme vous l’avez suggéré, de sécuriser, dans le respect de la Constitution et des lois de la République, la fonction de Gouverneur de Province, Représentant de la Haute Autorité en Province, contre les diverses velléités infondées de déstabilisation par les Députés provinciaux, dans le but d’assurer la stabilité des institutions provinciales en vue de booster le développement à la base.

Je ne me fais aucun doute que le nouveau cadre dans lequel évolueront les institutions de la République, permettra la stabilité des gouvernements provinciaux, gage d’un développement continu. Ce même cadre accordera beaucoup plus d’attention et de priorité aux préoccupations financières des provinces, à la construction des infrastructures, de même qu’il accélérera le processus de pacification, accordera beaucoup plus de facilités aux investisseurs, mettra davantage l’accent sur le contrôle des finances et poursuivra les reformes multisectorielles engagées.                   

Dans cette optique, les actes de sabotage des nouvelles politiques publiques que je compte impulser pour le reste de mon quinquennat, ne seront ni tolérés ni impunis. Désormais, la mise en œuvre de mon programme et ceux des gouvernements provinciaux sera suivie et évaluée trimestriellement afin de nous assurer que nos politiques publiques retenues et planifiées dans les différents secteurs de la vie nationale, améliorent les conditions de vie de notre peuple. 

 

Mesdames et Messieurs,

La deuxième réflexion au centre des travaux de cette Conférence des Gouverneurs de province doit porter de manière non complaisante sur les pratiques actuelles de la gouvernance des provinces au regard des principes fondamentaux qui fondent notre Etat et ceux relatifs à la libre administration des provinces tels qu’issus de la loi n° 08/012 du 31 juillet 2008 et des exigences démocratiques.

Par rapport aux principes fondamentaux qui fondent l’Etat congolais, j’ai le devoir de rappeler que l’article 1er de notre Constitution pose le principe selon lequel « la République Démocratique du Congo est, dans ses frontières au 30 juin 1960, un Etat unitaire, social, démocratique et laïc ». Il est donc indivisible pour quel que motif que ce soit.

L’unité de notre pays constitue en fait l’assiette aussi bien des missions que des compétences dévolues aux institutions nationales par l’article 202 de la Constitution, à savoir essentiellement :

§  L’administration des affaires étrangères comprenant les relations diplomatiques ainsi que la négociation des traités et accords internationaux. Même si la loi reconnaît aussi aux provinces des initiatives pour la conclusion des accords de coopération avec les provinces limitrophes des pays voisins, tout doit se faire sous l’égide de l’exécutif national ;

§  L’administration des forces de sécurité et de défense ainsi que de la sûreté intérieure et extérieure ;

§  La monnaie et le Budget de l’Etat, c’est-à-dire le budget du pouvoir central et des provinces, ceux-ci ayant intégré les budgets des entités territoriales décentralisés.

C’est ici l’occasion de rappeler avec force que seules les Institutions nationales, à savoir : le Président de la République, le Parlement (Assemblée nationale et le Sénat), le Gouvernement ainsi que les Cours et Tribunaux, exercent l’exclusivité des missions et prérogatives en vue de l’unité du pays.

Il n’y a pas de notion de décentralisation ou de régionalisation pour ces missions et prérogatives souveraines. Les provinces y sont plutôt bénéficiaires que partenaires.

A ce titre, est notamment interdite toute participation d’un Gouverneur de province à toute entreprise susceptible de mettre en danger, de suspendre ou d’interrompre dans notre pays l’Etat de droit, son indépendance, sa souveraineté, son unité, son indivisibilité, son caractère social, démocratique et laïc, notamment par la mise en place de ses propres forces de défense nationale ou de sûreté extérieure. C’est ainsi que sera sanctionnée avec sévérité toute tentative de déstabilisation de l’unité du pays à partir d’une gouvernance provinciale quelle qu’elle soit.

Dans cette optique, la gouvernance des provinces par rapport à ces services de souveraineté, centraux ou déconcentrés, doit donc se caractériser par le respect de leur autonomie administrative et technique, un autre véritable défi à relever. Tout doit être fait pour leur permettre de mieux appliquer les consignes et autres directives de leurs hiérarchies au niveau de l’exécutif national.

Dans les matières relevant de la compétence exclusive du pouvoir central, le Gouverneur de province doit se limiter à coordonner et superviser les services qui relèvent de l’autorité du pouvoir central. Cette coordination a l’avantage de préserver symboliquement l’unité de commandement au niveau des provinces, les directives et instructions applicables dans leur organisation et fonctionnement étant l’œuvre exclusivement de l’exécutif national. Inutile de vous rappeler qu’en ces matières que la norme nationale (loi, ordonnance-loi, règlement ou décision) prime sur la norme provinciale. Ainsi par exemple, aucune province ne peut régulièrement interférer dans l’accomplissement des missions et prérogatives en vue de l’unité du pays, qu’avec l’autorisation préalable de l’exécutif national.

Les matières relevant de la compétence exclusive des provinces sont, sans préjudice des autres dispositions de la Constitution, celles énumérées à l’article 204 de celle-ci.

Tel n’est cependant pas le cas pour certaines questions stratégiques d’intérêt commun, qui relèvent, conformément à l’article 203 de la Constitution, de la compétence concurrente du pouvoir central et des provinces.

Relativement aux principes liés à la libre administration des provinces tels qu’issus de la loi n° 08/012 du 31 juillet 2008, il importe de rappeler que le Gouverneur de province représente le Gouvernement central en province et assure, dans ce cadre, la sauvegarde de l’intérêt national, le respect des lois et règlements de la République et veille à la sécurité et à l’ordre public dans la province.

Toutefois, je me dois aussi de rappeler que, durant leurs fonctions, les Gouverneurs de province et les membres du Gouvernement provincial sont astreints à l’observance d’un certain nombre de principes fondamentaux, gages d’une bonne Gouvernance. Il en est ainsi notamment de l’interdiction, par eux-mêmes ou par personne interposée, d’acheter, d’acquérir d’aucune façon, de prendre en bail un bien appartenant au domaine de l’Etat, des provinces ou des entités territoriales décentralisées. De même, ils ne peuvent prendre part directement ou indirectement aux marchés publics au bénéfice des administrations ou des institutions dans lesquelles le pouvoir central et les entités territoriales décentralisées ont des intérêts (art. 25).

Pourtant dans la pratique, ces principes sont régulièrement foulés au pied par certains Gouverneurs de province et les conflits d’intérêt récurrents dans lesquels ils se placent, plombent la sauvegarde des intérêts des Administrés et freinent l’avancement des provinces.

C’est ici le lieu de rappeler le travail que doivent faire les Assemblées provinciales en matière de contrôle de l’action de l’exécutif provincial dans le strict respect des règles de procédure et de fond en la matière. Les services et organes d’audit et de contrôle devront être mis à contribution pour nous rassurer de la manière dont les finances de l’Etat sont gérées à tous les échelons de l’exercice du pouvoir d’Etat.

 

Mesdames et Messieurs,

La troisième réflexion qui devra faire l’examen des travaux en Commission porte sur les défis actuels auxquels sont confrontés les provinces et qui empêchent leur fonctionnement optimal tout en freinant leur développement efficient. Ces défis sont nombreux. Nous en relèverons quelques-uns, les plus significatifs.

Il convient de signaler que la gouvernance de nos provinces repose sur le principe de la libre initiative des provinces et du pouvoir central. Elle nous appelle à des harmonisations en permanence entre les deux niveaux de gestion politique de l’Etat. Car, en cas d’options contradictoires, celles du pouvoir central vaut automatiquement. Elle se caractérise par le transfert de certaines de compétences, jadis exercées par les institutions nationales, aux provinces qui, de ce fait, demeurent des acteurs principaux dans la gestion de l’Etat, aux côtés du pouvoir central, autrement dit, des partenaires valables des institutions nationales pour le développement de notre pays.

Sous ce prisme, la gouvernance de nos provinces reste confrontée à des défis majeurs à relever tant par l’exécutif national que par les exécutifs provinciaux eux-mêmes, les plus importants d’entre eux étant aujourd’hui notamment les défis de transfert de compétences, de mobilisation des ressources provinciales, de mesures pour faire face aux conséquences néfastes provoquées par la Covid-19, de la lutte contre la corruption, les détournements et autres antivaleurs et de la construction des infrastructures d’intérêt provincial (éducation, santé, etc.) et, particulièrement pour les provinces de l’Est et du Nord-Est, de l’insécurité et la restauration de la paix.

En effet, je suis conscient que la bonne gouvernance des provinces passe avant tout par le transfert effectif et immédiat à l’exécutif national, de toutes les attributions spécifiquement et exclusivement attribuées aux provinces. Sa matérialisation n’est effective qu’à travers notamment l’opérationnalisation des retenues à la source de leurs parts des recettes à caractère national à hauteur de 40 % qui devrait s’effectuer par un versement automatique dans le compte de la province effectué par la Banque Centrale du Congo conformément à la loi financière ; l’apparition claire dans le Budget de l’Etat du budget des provinces ; l’admission de leurs ressources propres, notamment la levée de l’impôt conformément à la législation fiscale provinciale et des taxes, droits provinciaux et locaux prélevés sur les matières locales non imposées par le pouvoir central. La province devrait également bénéficier des ressources provenant de la Caisse nationale de péréquation prévue à l’article 181 de la Constitution. A cet effet, chaque province doit donc établir le mécanisme de recouvrement de ces ressources propres dans le respect des procédures fixées par la législation nationale et percevoir les recettes administratives rattachées aux actes générateurs dont la décision relève de sa compétence.

Dans la pratique, le comportement des acteurs en présence ne facilite pas la résolution de ce défi. Le débat autour de ces questions se rapporte au transfert des charges et de leur financement. A ce sujet, en même temps que les provinces se plaignent de n’être pas appuyées financièrement par le Gouvernement central, s’agissant de la retenue à la source de 40 % des recettes en caractère national, le Gouvernement central, à son tour, rétorque que toutes les provinces n’ont pas la même capacité de mobilisation des recettes suite à l’amenuisement de leur assiette fiscale et à la faiblesse constatée de leur part pour mobiliser les recettes. Au nom de la solidarité nationale, la rétrocession continue à être appliquée comme technique de réponse appropriée aux besoins des provinces.

De même, les entités territoriales décentralisées (ville, commune, secteur et chefferie) qui bénéficient des taxes et impôts à elles reconnus par la réglementation en vigueur, revendiquent auprès des provinces leurs quoteparts dans les 40 % des recettes à caractère national. Peut-on aussi relever que les entités territoriales déconcentrées (territoire, groupement et village) clament qu’elles sont laissées pour compte n’ayant plus de taxes ni de redevances encore moins de moyens de fonctionnement de la part du Gouvernement central.

Toutefois, il sied de noter, qu’à la suite de l’Ordonnance-loi n°18/004 du 13 mars 2018, la nomenclature des impôts, droits, taxes et redevances de la province et de l’Entité territoriale décentralisée ainsi que les modalités de leur répartition ont été fixées. Aux termes de ladite Ordonnance, le Gouvernement central a laissé aux Provinces une partie d’impôts qu’il percevait auparavant. Ainsi, à part les droits, taxes et redevances que les provinces recouvrent auprès de leurs assujettis, les impôts provinciaux d’intérêt commun, ont été déterminés, à savoir : l’impôt sur la superficie des propriétés foncières bâties et non bâties, l’impôt sur les véhicules automoteurs, l’impôt sur les revenus locatifs et l’impôt sur la superficie des concession minières.

Malheureusement, l’évolution financière et les indices de développement de presque toutes nos provinces laissent entrevoir que la plupart des Gouverneurs de province ne recouvrent pas ces différents droits, et s’ils les recouvrent, ceux-ci servent alors plus aux intérêts particuliers qu’à l’intérêt général.

Cet état de choses doit être rapidement corrigé car nous sommes tous redevables devant le peuple. C’est pourquoi, j’exige de vous de mentionner dans vos rapports semestriels et annuels les recettes recouvrées et les projets financés. Cette exigence vaut aussi pour le Gouvernement central, pour certains marchés publics payés par le compte de la rétrocession aux provinces alors qu’ils n’ont pas été réalisés, sinon partiellement.

Toutes ces problématiques doivent être examinées par l’Assemblée plénière de cette Conférence des Gouverneurs et en proposer des reformes afin de mettre en place un système transparent permettant la traçabilité de l’utilisation des fonds alloués aux provinces par le Gouvernement central ainsi que les recettes générées par les provinces elles-mêmes et les entités territoriales décentralisées.

 

Mesdames et Messieurs,

Un quatrième défi au développement de nos provinces est sans nul doute cette pandémie de COVID-19 qui nous a tous surpris depuis mars 2020, nous a causé des plaies qui ne se sont pas encore cicatrisées et nous contraint encore à beaucoup de restrictions et de sacrifices. Les Gouverneurs de provinces sont donc appelés à prendre des mesures idoines, faire respecter les gestes barrières et surtout fournir des efforts, notamment en matière de rationalisation des recettes et des dépenses publiques, pour apporter des soins de santé appropriés aux malades.

Mesdames et Messieurs,

Un autre défi est celui de la décentralisation qui est une réforme qui prend du temps. Elle doit être progressive et bien financée afin que son efficacité réponde aux critères du développement à partir de la base et du rapprochement entre les gouvernés et les gouvernants.

Nos assises devront aboutir à des recommandations ayant pour vocation d’une décentralisation adaptée à l’environnement socioéconomique et à la capacité du Gouvernement à la financer eu égard au nombre très élevé des entités éligibles à cette technique administrative.

Concernant le volet juridique, les réformes entreprises exigent la mise en place des Cours d’appel et Tribunaux administratifs dans toutes les provinces et le déploiement des juridictions de l’ordre judiciaire (Cour d’appel, Tribunal de grande instance, Tribunaux de paix) dans les provinces nouvellement créées.

Cela exige le recrutement du personnel judiciaire et sa formation, la construction et la réhabilitation des bâtiments devant accueillir ces juridictions et les parquets y rattachés.

A cela s’ajoute l’amélioration des conditions de vie des prisonniers à travers la construction et la réhabilitation des prisons ainsi que la disponibilité des vivres.

Les Gouverneurs des provinces devront s’impliquer dans le choix des sites où seront construits ces bâtiments administratifs.

De même, en tant que Garant du bon fonctionnement des Institutions de la République, je veillerai à ce que justice soit rendue sans tenir compte de rangs et classes sociales. Dans ce même ordre d’idées, je ne ménagerai aucun effort pour que le régime disciplinaire soit mis en mouvement conformément à la loi contre les magistrats véreux et corrompus.

 

Mesdames et Messieurs,

Sur le plan sécuritaire, il nous faut beaucoup d’initiatives pour mettre fin à l’insécurité dans les provinces où elles sévissent avec acuité et préserver la paix dans les provinces où le calme règne.

A ce sujet, en plus des opérations militaires contre les groupes armés locaux et étrangers, j’ai décidé de rationaliser les interventions en faveur des personnes qui renoncent à ces activités subversives en fusionnant le DDR et la STAREC. Désormais, de leur fusion est né le DDRCS (Désarmement, Démobilisation, Réinsertion Communautaire et Stabilisation). Ce travail de fusion est en cours de finalisation.

Je vous demande donc de soutenir cette action en vous impliquant chacun dans la démobilisation des groupes armés.

Il est également dénoncé et cela, de manière récurrente, les barrières illégales et souvent payantes ainsi que des tracasseries administratives dans presque toutes les provinces.

Ce genre de comportements doit cesser et vous devez vous y impliquer. Ainsi, je vous instruits, dès votre retour dans vos provinces respectives, de répertorier et de lever toutes les barrières illégales.

Sur le plan économique, je vous rappelle que notre pays est engagé sur la voie de la diversification de son économie à travers la libéralisation de l’eau, de l’électricité, des Assurances, de l’Enseignement et de la Santé. Il nous revient d’identifier les opportunités qu’offrent nos provinces respectives et les moyens dont elles disposent pour bénéficier des bienfaits de cette libéralisation.

Dans le même ordre d’idées, beaucoup de forces politiques et sociales que j’ai consultées ont émis le vœu de la création des banques agricoles et d’habitat. Il nous revient d’exploiter cette piste afin de constituer le dossier banquable pour que chaque province puisse se doter des banques agricoles et d’habitat. La finalité est de booster l’agriculture en visant l’autosuffisance alimentaire et de contribuer à la création de cadres de vie dignes d’habitants d’un grand pays comme le nôtre. En attendant, chaque province se doit de faire les états des lieux en matière agricole et de pêche afin de permettre au Gouvernement central d’intégrer toutes les données dans un plan unique assorti d’un budget devant servir de boussole dans la mise en œuvre de ce projet.

Sur cette même lancée, le Gouvernement central et les provinces, chacun en ce qui le concerne, devront adopter des mesures incitatives et donner des facilités aux petites et moyennes entreprises, base de l’envol de notre économie. A ce sujet, nous insistons sur l’accompagnement des jeunes entrepreneurs spécialement ceux qui excellent dans les innovations des numériques et dans l’agriculture.

Comme vous le savez, une bonne économie est tributaire de beaucoup de facteurs spécialement les infrastructures publiques de communication à savoir les routes, les chemins de fer, les voies fluviales, portuaires et aéroportuaires ainsi que les routes de desserte agricole.

Dans ce chapitre des infrastructures, je voudrais vous assurer que mon programme de gouvernement sur base duquel j’ai été élu a tenu compte de toutes les provinces. Pour le reste de mon mandat, nous allons lancer des projets d’asphaltage de nos routes ainsi que la construction et la réhabilitation des voies aéroportuaires.

Nous allons également continuer progressivement dans la construction ou la réhabilitation des bâtiments scolaires et universitaires.

Pour réaliser tous ces projets de reformes, de construction et de réhabilitation des infrastructures, je compte sur vous en tant que Représentants de l’Autorité Suprême en provinces. C’est le temps de nous remettre au travail et de décourager, comme évoqué dans mes premiers mots, la conflictualité entre les institutions provinciales qui continuent à déstabiliser la bonne marche de nos provinces.

Le pari d’une gouvernance assise sur un environnement démocratique favorable ne peut être profitable au peuple que si vous-mêmes qui portez les projets des provinces, vous vous engagez davantage à garantir leur réussite. Un tel défi ne peut être relevé par une seule personne, pas même par un seul groupe.

Ce doit être l’œuvre de tous les Congolais dans toutes leurs diversités. La nouvelle configuration politique que nous offre l’Assemblée Nationale, n’est pas un fait de hasard, pas plus qu’elle n’est un arrangement ou une quelconque stratégie de conquête ou de conservation de pouvoir, mais elle est l’expression profonde d’un peuple qui demande d’être gouverné autrement. Un peuple uni par le sort, le même, qui choisit l’unité pour relever des défis communs après plusieurs sacrifices communs. Il est donc de votre devoir de rassembler toutes ces ressources humaines disponibles dans toutes leurs diversités, et de travailler en synergie. L’union recherchée depuis longtemps et obtenue par la détermination de ce peuple doit être mise à profit. Ça ne doit pas être une fin en soi mais une rampe de lancement.

 

Messieurs les membres du Bureau de la Conférence des Gouverneurs de provinces, Messieurs les Gouverneurs de Provinces, membres de la Conférence des Gouverneurs,

Mesdames et Messieurs,

En considération de ce qui précède, je tiens à vous rappeler que le peuple congolais est fatigué des discours politiques. Il tient à la réalisation de son bien-être par une politique volontariste qui tient compte de ses aspirations au progrès social.

Pour y arriver, nous nous devons, en sus des demandes spécifiques déjà énoncées, de raffermir notre démocratie, de consolider l’Etat de Droit et la bonne gouvernance, de procéder à la relance de la construction des infrastructures publiques de notre pays. Nous devons abandonner les pratiques honteuses de corruption et de détournement des deniers publics qui retiennent le décollage de notre pays.

Des réformes, tous azimuts, sont donc nécessaires et urgentes pour adapter certaines législations au contexte d’une bonne gouvernance. Ces réformes visent notamment l’évaluation du cadre juridique actuel régissant les rapports entre le Gouvernement central et les provinces, ces dernières entre elles et les entités territoriales décentralisées. Toute mise en place d’une nouvelle législation est justifiée par la réglementation d’une situation qui paraissait inadaptée à l’évolution politique, sociale, économique et culturelle d’un pays.

Mon seul souci est de bâtir une gestion responsable de la chose publique et ce, à tout le niveau du fonctionnement de l’Etat, comme véritable défi à relever par nous tous.

Cependant, l’Etat de droit dans la gouvernance des provinces ne s’arrêtera pas qu’aux activités de pure gestion de la chose publique. Il sera lourdement aussi question du respect aussi bien des libertés publiques prévues et garanties par la législation nationale en vigueur, à savoir : la liberté des réunions, d’opinion, d’association ou de participation citoyenne à la gestion de la chose publique ; que des libertés politiques et démocratiques, à savoir :  le caractère non impératif des mandats électifs, le pluralisme politique, le suffrage universel, égal et secret.

Aucun individu ou groupe d’individus ne pourra prendre en otage l’Etat ou les provinces, pour s’en attribuer seul l’exercice du pouvoir d’Etat, et par-delà se permettre de se partager à eux seules toutes les opportunités et autres ressources ainsi générées.

Nous mettrons le peuple au centre de nos actions, pour répondre ainsi à ses besoins réels d’accès aux soins de santé, et primaires, et spécialisées ; d’accès à l’alimentation, à l’éducation, bref à une vie d’abord normale et ensuite aisée.

Dès lors, et pour terminer ma communication, j’attends de chacun de vous et d’expérience, outre les états de lieu de vos provinces respectives, de me souligner les réels défis qui s’imposent à vous, à votre province en particulier, et qui, s’ils sont relevés, vont rendre la gouvernance de votre province plus plausible et, se faisant, offrir des opportunités qui s’offrent, conformément aux lois et règlements de la République.

Sur ce, je déclare ouverte la 7ème Conférence des Gouverneurs de Province.

Je vous remercie.

 

 

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