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dimanche 6 décembre 2020

Claude Kabulu wa Kabulo : « L’Afrique a tenu à honorer Kasonga Tshilunde dès son vivant pour autant d’années consacrées au service des médias. Son pays a attendu sa mort pour le décorer »

Ce 5 novembre 2020, la Nation rend hommage au journaliste Kasonga Tshilunde Joseph Bouvard, président en exerce de l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC) et président de l’Association des journalistes sportifs de la République Démocratique du Congo (RDC).



Le président Kasonga Tshilunde a quitté le mardi 17 novembre 2020 le pays qu’il a tant aimé et le peuple qu’il a servi. Le président Kasonga Tshilunde aura été l’une des figures centrales de l’histoire de la presse congolaise. Il a présidé à une profonde mutation de notre presse nationale passant, avec d’autres confrères, d’une large période d’après la dictature à de des temps de défi et de rude concurrence médiatique. Il a travaillé dur pour faire entrer chez les jeunes l’esprit de la liberté et le sens de responsabilité.

Il a regardé notre pays en face avec les yeux d’une génération nouvelle qui a voulu le progrès sans sacrifier sa liberté et c’est cette jeunesse montante et pleine de fouge qui lui a rendu la monnaie à Muanda (Kongo Central) en lui offrant en octobre 2020 son dernier deuxième mandat successif en qualité de président de l’UNPC en présence de notre marraine, la 1ère Dame Denise Nyakeru Tshisekedi, en présence aussi du ministre d’Etat en charge des Médias, David Jolino Diwapovesa Makelele Mamuzingi.

Le 1er mandat, Kasonga Tshilunde l’avait obtenu en 2014 à l’issue du congrès organisé à Caritas Congo à Kinshasa. L’implication du Premier ministre honoraire Augustin Matata Ponyo Mapon fut d’un apport hautement positif.

Chers compatriotes, c’est avec beaucoup de tristesse et de compassion que nous présentons l’itinéraire de notre illustre président. Le 14 avril 2016 à Bamako (Mali) au cours d’une émouvante cérémonie Kasonga Tshilunde a reçu une plaque honorifique en reconnaissance des mérites d’un homme : le président de l’UNPC et de l’AJS-RDC était entouré de deux confrères, le Marocain Belaid Bouimid et du Sénégalais Mamadou Koume.

L’Afrique a tenu à l’honorer dès son vivant pour autant d’années consacrées au service des médias. Son pays a attendu sa mort pour le décorer. Ce fut l’apothéose d’une carrière pour un homme et un honneur pour une Nation, la RDC.




En fait qui est Kasonga Tshilunde ?

Boucard a été un arbitre de football à Luluabourg vers les années 19970. Un bon arbitre, rigoureux, intransigeant et respectueux de reglèments. Kasonga Tshilunde n’avait pas besoin d’un carton dans sa proche. Son seul regard suffisait pour dissuader les joueurs que nous fûmes et surtout les défenseurs brutaux et indisciplinés. Boucard fut un très bon arbitre réclamé et sollicité pour les matches difficiles et des matches à suspens. Je ne me souviens pas l’avoir vu brandir un carton rouge. Cet attachement au football va le rattraper plus tard et il a sans doute influencer sa vie professionnelle lui, qui vivait sous le toit de son frère ainé Kayembe Raphaël, jadis président de l’AFKANA.

A 21 ans, Kasonga Tshilunde débute sa carrière de journaliste sportif en qualité de correspondant permanant l’hebdomadaire Michezo (Masano) et journal Salongo Football pour la province du Kasaï Occidental. En 1972, il est élu secrétaire provincial adjoint de l’AJSZ/Kasaï Oriental. En 1974, il quitte ses racines pour braver Kinshasa. Aussitôt débarqué dans la capitale, il décide de reprendre les études et obtient le diplôme de gestion des entreprises.



Très attaché aux médias, il rejoint son ami Kabasele Tshimanga au journal du Soir Elima où ils formeront une équipe musclée avec Mwalimu Malonga Bouka, Mozart Kitemona Nsilu, Kalonji Kabasele, Kimpozo Mayala et autres Bakeba Ba Kitoko.

Pour arrondir ses fins du mois, Kasonga Tshilunde est enrôlé comme professeur de mathématique. Il est affecté au Cycle d’orientation du Camp militaire Kokolo où il donnera cours pendant cinq ans. Travailleur assidu, non seulement il excelle par sa plume mais tisse un réseau d’amitié solide.

Le 13 juillet 1985, il est élu secrétaire général national de l’AJSZ et collabore étroitement avec son président Max Nbganzo la Mangala. Ce duo donne une impulsion nouvelle et les résultats arrivent spontanément.

La Super coupe Ambassade est créée que l’AJSC cédera plus tard à la Fécofa et le tour cycliste international du Bas-Zaïre est mis sur pied. En 1987, Kasonga Tshilunde part en mission de service et prend le risque de débarquer à Barcelone (Espagne) sans visa. Avec son ami Katshi, ils s’arrangent et passent la frontière.

Au congrès de l’AIPS, il défend avec brio le dossier de la candidature de l’AJSC. La RDC bat la Suède et obtient l’organisation du congrès de l’AIPS à Kinshasa. Mai 1988, l’AJSC organise pour la toute première fois en Afrique le congrès de l’AIPS. Le succès est total. Les nombreux délégués de la presse venus du monde tiennent leur congrès à l’Hôtel Intercontinental.

En 1989, il lance son journal L’Eveil qui parait jusqu’à ce jour. En 2003, Kasonga Tshilunde fait partie du comité préparatoire du congrès de la refondation de la presse congolaise. En mars 2004, le congrès de l’UNPC se tient à Kinshasa, Kasonga Tshilunde est élu secrétaire général et plus tard en 2008 il sera réélu au même poste. En 2005, en sa qualité de président de l’AJSC, il participe à Marrakech au congrès de l’UJSA et fait éviter de justesse l’exclusion de la RDC accusée de léthargie pendant dix ans.

En 2009 au congrès de l’AIPS à Milan (Italie) sur proposition des congressistes, Kasonga Tshilunde est nommé conseiller spécial de l’AIPS-Monde à la grande satisfaction du président Gianni Merlo qui l’appelait affectueusement « mon ami Tshilunde ».

Boucard a réellement sillonné le monde. On l’a vu trainer sa bosse aux Jeux olympiques de Séoul, de Beijing et de Innsbruck. Il était présent aux 1ers Jeux de la Francophonie à Casablanca (Maroc) en 1988. Il a couvert différentes CAN en Tunisie, en Afrique du Sud, au Burkina Faso et au Mali en 2002. Boucard a aussi marqué de sa présence les Jeux africains de Nairobi, d’Harare, de Jo’bourg et d’Alger.

Il a presté au Comité olympique congolais en qualité de trésorier général puis à la Fécofa et à la FEZAA. Kasonga Tshilunde a travaillé sans relâche pour faire briller notre presse. En dépit de nombreuses querelles internes, il a réussi à poser les bases pour les générations futures afin de bâtir une UNPC forte et efficace.

« Rappelle-toi président Boucard à Muanda, il y a quelques jours, tu n’avais cessé de lancer un appel à l’unité et à la cohésion ». Président, tu étais un homme de dialogue, un rassembleur, un travailleur pour l’émergence d’une presse réellement libre au service du Peuple congolais. 

Tu étais un président, un grand-frère toujours disponible et à l’écoute des autres et tu savais cultiver l’amitié à merveille. Kasonga Tshilunde, tu t’en vas juste au moment où tu t’apprêtais à descendre à Kananga pour installer le nouveau comité. T’as pleinement vécu ta vie. Tu as su aimer et profiter de chaque instant de ta famille, de tes amis, de tes consœurs et de tes confrères.

Gaby Kuba Bekanga, Premier vice-président de l'UNPC

« Vivez m’en croyez, n’attendez à demain, cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie » écrivait Pierre de Ronsard. Aujourd’hui tes yeux sont fermés et nous voici, cher Boucard, face à vous, face à cette évidence. Cette évidence, c’est notre œuvre. Car ce que vous avez construit sera conservé et perpétué par une jeunesse que t’as eu le temps de former. Tous ces jeunes reporters , caméramen, preneurs de son, maquettistes, internautes, photographes engagés pour une cause juste et qui ont tenu à effectuer le déplacement de Muanda pour, comme qui dirait, recevoir le testament du vieux Kasonga.

C’est aussi votre œuvre, elle vous lie à la RDC, à ce que la RDC a le plus beau et de plus stable : Sa démocratie. Grand-frère et cher ami, ton amitié fidèle et inconditionnelle va me manquer et à notre corporation. C’est le moment de te dire, comme président Emmanuel Macron à l’enterrement de l’écrivain Jean d’Ormesson en décembre 2017 : « Regarde tous tes amis sont là. Oui nous sommes là, divers par l’âge, par la condition, par le métier, par les opinions politiques et pourtant profondément unis par ce qui est l’essence de la RDC : l’amour du pays et l’amitié pour ses hommes et femmes des médias.

Cette cérémonie, président Kasonga Tshilunde nous permet de manifester notre reconnaissance et donc nous rassure un peu. Du moins puis-je au nom de tous les médias, vous rester fidèle en déposant sur votre cercueil ce que vous aviez voulu y voir un stylo, un simple stylo qu’il soit aujourd’hui celui de notre immense gratitude et celui du souvenir.

Adieu cher président.

 



 

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