Ce
5 novembre 2020, la Nation rend hommage au journaliste Kasonga Tshilunde Joseph
Bouvard, président en exerce de l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC)
et président de l’Association des journalistes sportifs de la République
Démocratique du Congo (RDC).
Le
président Kasonga Tshilunde a quitté le mardi 17 novembre 2020 le pays qu’il a
tant aimé et le peuple qu’il a servi. Le président Kasonga Tshilunde aura été l’une
des figures centrales de l’histoire de la presse congolaise. Il a présidé à une
profonde mutation de notre presse nationale passant, avec d’autres confrères, d’une
large période d’après la dictature à de des temps de défi et de rude
concurrence médiatique. Il a travaillé dur pour faire entrer chez les jeunes l’esprit
de la liberté et le sens de responsabilité.
Il
a regardé notre pays en face avec les yeux d’une génération nouvelle qui a
voulu le progrès sans sacrifier sa liberté et c’est cette jeunesse montante et
pleine de fouge qui lui a rendu la monnaie à Muanda (Kongo Central) en lui
offrant en octobre 2020 son dernier deuxième mandat successif en qualité de
président de l’UNPC en présence de notre marraine, la 1ère Dame
Denise Nyakeru Tshisekedi, en présence aussi du ministre d’Etat en charge des
Médias, David Jolino Diwapovesa Makelele Mamuzingi.
Le
1er mandat, Kasonga Tshilunde l’avait obtenu en 2014 à l’issue du
congrès organisé à Caritas Congo à Kinshasa. L’implication du Premier ministre
honoraire Augustin Matata Ponyo Mapon fut d’un apport hautement positif.
Chers
compatriotes, c’est avec beaucoup de tristesse et de compassion que nous
présentons l’itinéraire de notre illustre président. Le 14 avril 2016 à Bamako
(Mali) au cours d’une émouvante cérémonie Kasonga Tshilunde a reçu une plaque
honorifique en reconnaissance des mérites d’un homme : le président de l’UNPC
et de l’AJS-RDC était entouré de deux confrères, le Marocain Belaid Bouimid et
du Sénégalais Mamadou Koume.
L’Afrique
a tenu à l’honorer dès son vivant pour autant d’années consacrées au service
des médias. Son pays a attendu sa mort pour le décorer. Ce fut l’apothéose d’une
carrière pour un homme et un honneur pour une Nation, la RDC.
En
fait qui est Kasonga Tshilunde ?
Boucard
a été un arbitre de football à Luluabourg vers les années 19970. Un bon
arbitre, rigoureux, intransigeant et respectueux de reglèments. Kasonga
Tshilunde n’avait pas besoin d’un carton dans sa proche. Son seul regard
suffisait pour dissuader les joueurs que nous fûmes et surtout les défenseurs
brutaux et indisciplinés. Boucard fut un très bon arbitre réclamé et sollicité
pour les matches difficiles et des matches à suspens. Je ne me souviens pas l’avoir
vu brandir un carton rouge. Cet attachement au football va le rattraper plus
tard et il a sans doute influencer sa vie professionnelle lui, qui vivait sous
le toit de son frère ainé Kayembe Raphaël, jadis président de l’AFKANA.
A
21 ans, Kasonga Tshilunde débute sa carrière de journaliste sportif en qualité
de correspondant permanant l’hebdomadaire Michezo (Masano) et journal Salongo
Football pour la province du Kasaï Occidental. En 1972, il est élu secrétaire
provincial adjoint de l’AJSZ/Kasaï Oriental. En 1974, il quitte ses racines
pour braver Kinshasa. Aussitôt débarqué dans la capitale, il décide de
reprendre les études et obtient le diplôme de gestion des entreprises.
Très
attaché aux médias, il rejoint son ami Kabasele Tshimanga au journal du Soir
Elima où ils formeront une équipe musclée avec Mwalimu Malonga Bouka, Mozart
Kitemona Nsilu, Kalonji Kabasele, Kimpozo Mayala et autres Bakeba Ba Kitoko.
Pour
arrondir ses fins du mois, Kasonga Tshilunde est enrôlé comme professeur de
mathématique. Il est affecté au Cycle d’orientation du Camp militaire Kokolo où
il donnera cours pendant cinq ans. Travailleur assidu, non seulement il excelle
par sa plume mais tisse un réseau d’amitié solide.
Le
13 juillet 1985, il est élu secrétaire général national de l’AJSZ et collabore
étroitement avec son président Max Nbganzo la Mangala. Ce duo donne une
impulsion nouvelle et les résultats arrivent spontanément.
La
Super coupe Ambassade est créée que l’AJSC cédera plus tard à la Fécofa et le
tour cycliste international du Bas-Zaïre est mis sur pied. En 1987, Kasonga
Tshilunde part en mission de service et prend le risque de débarquer à
Barcelone (Espagne) sans visa. Avec son ami Katshi, ils s’arrangent et passent
la frontière.
Au
congrès de l’AIPS, il défend avec brio le dossier de la candidature de l’AJSC.
La RDC bat la Suède et obtient l’organisation du congrès de l’AIPS à Kinshasa.
Mai 1988, l’AJSC organise pour la toute première fois en Afrique le congrès de
l’AIPS. Le succès est total. Les nombreux délégués de la presse venus du monde
tiennent leur congrès à l’Hôtel Intercontinental.
En
1989, il lance son journal L’Eveil qui parait jusqu’à ce jour. En 2003, Kasonga
Tshilunde fait partie du comité préparatoire du congrès de la refondation de la
presse congolaise. En mars 2004, le congrès de l’UNPC se tient à Kinshasa,
Kasonga Tshilunde est élu secrétaire général et plus tard en 2008 il sera réélu
au même poste. En 2005, en sa qualité de président de l’AJSC, il participe à
Marrakech au congrès de l’UJSA et fait éviter de justesse l’exclusion de la RDC
accusée de léthargie pendant dix ans.
En
2009 au congrès de l’AIPS à Milan (Italie) sur proposition des congressistes,
Kasonga Tshilunde est nommé conseiller spécial de l’AIPS-Monde à la grande
satisfaction du président Gianni Merlo qui l’appelait affectueusement « mon
ami Tshilunde ».
Boucard
a réellement sillonné le monde. On l’a vu trainer sa bosse aux Jeux olympiques
de Séoul, de Beijing et de Innsbruck. Il était présent aux 1ers Jeux de la
Francophonie à Casablanca (Maroc) en 1988. Il a couvert différentes CAN en
Tunisie, en Afrique du Sud, au Burkina Faso et au Mali en 2002. Boucard a aussi
marqué de sa présence les Jeux africains de Nairobi, d’Harare, de Jo’bourg et d’Alger.
Il
a presté au Comité olympique congolais en qualité de trésorier général puis à
la Fécofa et à la FEZAA. Kasonga Tshilunde a travaillé sans relâche pour faire
briller notre presse. En dépit de nombreuses querelles internes, il a réussi à
poser les bases pour les générations futures afin de bâtir une UNPC forte et
efficace.
« Rappelle-toi
président Boucard à Muanda, il y a quelques jours, tu n’avais cessé de lancer
un appel à l’unité et à la cohésion ». Président, tu étais un homme de
dialogue, un rassembleur, un travailleur pour l’émergence d’une presse
réellement libre au service du Peuple congolais.
Tu
étais un président, un grand-frère toujours disponible et à l’écoute des autres
et tu savais cultiver l’amitié à merveille. Kasonga Tshilunde, tu t’en vas
juste au moment où tu t’apprêtais à descendre à Kananga pour installer le
nouveau comité. T’as pleinement vécu ta vie. Tu as su aimer et profiter de
chaque instant de ta famille, de tes amis, de tes consœurs et de tes
confrères.
Gaby Kuba Bekanga, Premier vice-président de l'UNPC |
« Vivez m’en croyez, n’attendez à demain, cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie » écrivait Pierre de Ronsard. Aujourd’hui tes yeux sont fermés et nous voici, cher Boucard, face à vous, face à cette évidence. Cette évidence, c’est notre œuvre. Car ce que vous avez construit sera conservé et perpétué par une jeunesse que t’as eu le temps de former. Tous ces jeunes reporters , caméramen, preneurs de son, maquettistes, internautes, photographes engagés pour une cause juste et qui ont tenu à effectuer le déplacement de Muanda pour, comme qui dirait, recevoir le testament du vieux Kasonga.
C’est
aussi votre œuvre, elle vous lie à la RDC, à ce que la RDC a le plus beau et de
plus stable : Sa démocratie. Grand-frère et cher ami, ton amitié fidèle et
inconditionnelle va me manquer et à notre corporation. C’est le moment de te
dire, comme président Emmanuel Macron à l’enterrement de l’écrivain Jean d’Ormesson
en décembre 2017 : « Regarde tous tes amis sont là. Oui nous sommes
là, divers par l’âge, par la condition, par le métier, par les opinions
politiques et pourtant profondément unis par ce qui est l’essence de la RDC :
l’amour du pays et l’amitié pour ses hommes et femmes des médias.
Cette
cérémonie, président Kasonga Tshilunde nous permet de manifester notre
reconnaissance et donc nous rassure un peu. Du moins puis-je au nom de tous les
médias, vous rester fidèle en déposant sur votre cercueil ce que vous aviez
voulu y voir un stylo, un simple stylo qu’il soit aujourd’hui celui de notre
immense gratitude et celui du souvenir.
Adieu
cher président.
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