Plus
de 1.000 personnes sont arrivées le 7 mai dernier dans le Territoire de
Kapanga, Province du Lualaba, en provenance de la province de Lomami où elles
ont fui les affrontements de la milice Kamuina Nsapu et l’Armée congolaise
entre les 4 et 6 mai. Ces déplacés se sont installés aux villages Kabaz et
Kashol, dans la zone de santé de Kalamba (Territoire de Kapanga), rapporte Ocha
dans la période du 11 au 18 mai 2017.
Les
acteurs humanitaires pensent que d’autres personnes déplacées pourraient se
retrouver dans des zones non accessibles suite au mauvais état des routes et à
l’insécurité persistante, à la limite entre le Lualaba et le Kasaï. Avec ce
nouveau déplacement, le chiffre des déplacés, dans le Lualaba, pourraient
avoisiner 45.000 personnes qui ont fui les violences dans les provinces du
Lomami et du Kasaï-central, depuis fin mars 2017.
Certains habitants du
Territoire de Kapanga ont quitté leurs milieux de vie habituels vers les
contrées voisines suite aux incursions de la milice Kamuina Nsapu, en avril
dernier.
Dans
le Territoire de Malemba Nkulu, Province du Haut-Lomami, plusieurs ménages dont
le nombre n’est pas connu se sont déplacés de Kamudilo vers la localité de
Ngoya, à la suite d’un incendie des maisons par quelques miliciens Twa, en
provenance du Territoire de Manono (Tanganyika).
C’est
un deuxième incident du genre enregistré à Kamudilo, village situé à 50 km du
Territoire de Manono, après celui de février dernier par un autre groupe des
Twa ayant incendié une dizaine des maisons. La localité de Ngoya qui accueille
ces déplacés abritait déjà, en mars 2017, plus de 6 000 personnes déplacées
internes venues de Tanganyika. Ces déplacés avaient fui, entre décembre 2016 et
février 2017, les violences dues au conflit communautaire entre les Luba et Twa.
Réponse humanitaire
Un
autre cas suspect de poliovirus a été détecté, le 9 mai 2017, dans la zone de
santé de Malemba, Territoire de Malemba Nkulu, une semaine après celui confirmé
par l’Institut national de recherche biomédicale (INRB) dans la zone de santé
de Butumba, Territoire de Bukama. L’Organisation mondiale de la santé (OMS)
préconise une riposte d’urgence au courant de ce mois de mai dans toutes les
zones de santé de la Province du Haut-Lomami.
Deux
zones de santé du Haut-Katanga, à savoir Mitwaba et Mufunga Sampwe, en
Territoire de Mitwaba, seront également ciblées par cette vaccination, à cause
de leur proximité avec le Haut-Lomami pour stopper la propagation de la maladie
et éviter que d’autres enfants ne soient paralysés. Entre avril et mai 2017, trois
cas suspects ont été décelés dans les zones de santé de Butumba et Malemba
(Haut-Lomami) et de Kunda (Maniema), deux ans après que la RDC soit certifiée
officiellement, en 2015, comme « pays exempté du poliovirus sauvage » par
l’OMS.
Choléra
L’évolution
de l’épidémie de choléra dans la zone de santé de Bukama, Territoire de Bukama
(Haut-Lomami) toujours préoccupante, depuis le 17 avril dernier. Au cours des
trois dernières semaines, la zone de santé de Bukama a enregistré une moyenne
de 26 cas par semaine. Cette importante flambée qui intervient pendant la
saison sèche est liée à la panne au centre de captage et d’adduction d’eau, à
Bukama, depuis le 17 avril. Cela coïncide également avec l’ouverture de la
pêche dans la zone où de nombreux camps de pêche pullulent et les conditions de
vie précaires.
Cette
rupture d’approvisionnement en eau potable dans la ville a conduit les
habitants de la cité de Bukama à recourir au Fleuve Congo qui lui aussi est
impropre à la consommation et constitue une source de contamination. Sur les
236 cas suspects rapportés du 1 janvier au 7 mai 2017 dans la Province du
Haut-Lomami, la zone de santé de Bukama en compte 143, soit plus de 60 % ; 12
de ses 19 aires de santé sont touchées par le choléra, d’après la Division
provinciale de la santé. La majorité des cas enregistrés se trouve dans l’aire
de santé de Kisanga wa Bioni. Pour lutter efficacement contre cette épidémie,
les acteurs humanitaires ont besoin d’USD 270.000. Cet argent servira entre
autres à réhabiliter le Centre de traitement de choléra (CTC) de Bukama et à
construire quelques Unités de traitement de choléra dans les aires de santé qui
rapportent de nombreux cas suspects.
Ce
financement permettra aussi de mettre en place des activités d’urgence de
prévention – chloration, sensibilisation et désinfection des ménages -, dans la
zone de santé de Bukama et de renforcer la sensibilisation dans les autres
zones de santé du Territoire – Butumba, Kabondo Dianda et Kikondja - en vue de
limiter la propagation de la maladie. Cependant, le risque persiste sur
l’extension de l’épidémie vers les autres zones de santé à haut risque, situées
le long du Fleuve Congo, telles Kabondo Dianda, Kikondja et Malemba. Le
mouvement de population, à cause du commerce et des déplacements dus aux
conflits, constitue également l’un des facteurs aggravants. Jusque-là, aucune
organisation humanitaire n’appuie la zone de santé dans la lutte contre le
choléra, par manque de financement.
Nutrition
Les
zones de santé de Kaniama, Kinda et Mulongo (Haut-Lomami) et de Lubudi
(Lualaba) sont en alerte nutritionnelle, selon la 27èmepublication de la
Surveillance Nutritionnelle, Sécurité Alimentaire et Alerte Précoce (SNSAP),
couvrant la période de janvier à mars 2017. Les zones de santé de Kaniama et
Lubudi n’ont jamais été en alerte auparavant contrairement à celles de Mulongo
et de Kinda qui l’ont été plusieurs fois au courant de l’année 2016. L’enquête
nutritionnelle réalisée dans la zone de sante de Kinda en décembre 2016 avait
révélé une crise nutritionnelle avec un taux de 15 % de Malnutrition aigüe
globale (MAG) et de 4 % de Malnutrition aigüe sévère (MAS), au-delà du seuil
d’urgence. Le comité national de coordination de réponse rapide aux crises
nutritionnelles (RRCN) va se réunir, dans les prochains jours, pour identifier
les zones de santé prioritaires où les enquêtes nutritionnelles devront avoir
lieu, selon les moyens disponibles.
Réponses
à apporter
L’ONG
Action contre la faim (ACF) mène, depuis plusieurs mois, une réponse
nutritionnelle, dans la zone de santé de Kinda, grâce au financement de
l’Office d’aide humanitaire de la commission européenne (ECHO), en faveur des
enfants de moins de 5 ans frappés par la malnutrition sévère, en leur apportant
une prise en charge en supplément nutritionnel.. Les zones de santé de Kabongo,
Kikondja, Kitenge, Malemba, Mukanga et Mulongo sont ciblées par un projet de
huit mois, qui débute en juin 2017, avec le financement de l’Agence des Etats
Unis pour le développement international (USAID) en collaboration avec le Fonds
des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), à travers l’ONG UMCOR. A Mulongo, le
Programme alimentaire mondial (PAM) finance un projet, de prise en charge de la
malnutrition aigüe modérée (MAM), depuis février 2017. Malgré ces réponses, la
malnutrition demeure une urgence silencieuse dans le Haut-Lomami. Les acteurs
humanitaires continuent de déplorer les mauvaises pratiques alimentaires, le
manque d’accès aux soins de santé de qualité, l’absence d’hygiène et de
l’assainissement des milieux. Certaines des zones telles que Mulongo abrite des
milliers de personnes déplacées internes. Ces multiples déplacements ont
également contribué à détériorer la situation nutritionnelle, déjà précaire,
dans ces zones.
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