Kinshasa,
le 20 octobre 2015
A
Son Excellence Monsieur le Ministre de la Communication et Médias
Lambert
Mende Omalanga à Kinshasa/ Gombe
Objet:
Accusé de réception de votre réponse au communiqué de HRW du 06 octobre
2015
Excellence
Monsieur le Ministre,
Je
vous prie de me permettre de répondre à votre lettre du 10 octobre 2015 en
réaction au communiqué de Human Rights Watch du 06 octobre relatif à l’attaque
contre des manifestants à Kinshasa le 15 septembre 2015 par des jeunes gens
recrutés par les hauts responsables des forces de sécurité et du parti au
pouvoir, et d’autres cas de répression.
Dans
le cadre de cette enquête, nous avons échangé avec plusieurs sources, notamment
des victimes et des témoins oculaires indépendants. Parmi les témoins, nous
avons interviewé des assaillants qui ont reconnu avoir été parmi les jeunes
recrutés pour participer dans l’attaque. Ces jeunes ont été identifiés
indépendamment et sont venus de différents groupes des jeunes recrutés. Selon
notre recherche, et comme cité dans notre rapport, parmi les assaillants
figuraient des membres de la Ligue des Jeunes du Parti du Peuple pour la
Reconstruction et la Démocratie (PPRD), des jeunes ayant des liens avec Vita
Club, l’une des principales équipes de football de Kinshasa, et des agents de
l’Agence nationale de renseignements (ANR), de la police et de l’armée, tous en
tenue civile.
Nous
sommes encouragés d’apprendre qu’une enquête est diligentée pour établir les
faits et les responsabilités afin que les personnes impliquées dans cette
attaque soient sanctionnées conformément aux lois congolaises. Nous osons
espérer qu’à l’issue de cette enquête, les responsables qui ont organisé
l’attaque et qui ont recrutés ces jeunes répondront aussi devant la justice.
Comme vous le savez, c’est très important qu’une telle enquête soit crédible,
impartiale et indépendante. Si tel est le cas, Human Rights Watch pourrait coopérer
avec les autorités judiciaires tout en préservant la confidentialité de ses
sources, comme elle l’a fait par le passé pour des enquêtes qui se sont
montrées crédibles.
Les
manifestations publiques font partie d’une expression démocratique qui est
reconnue par les instruments juridiques tant nationaux qu’internationaux à
l’instar de la constitution de la RD Congo et du Pacte international relatif
aux droits civils et politiques. Le gouvernement congolais devrait non
seulement autoriser la tenue des manifestations publiques mais aussi ménager
aucun effort afin d’assurer que celles-ci se déroulent sans heurt ni incident.
Les forces de sécurité, et
particulièrement
la Police, devrait rester apolitique, impartiale et respecter le droit de
rassemblement pacifique de tous les citoyens congolais.
Excellence
Monsieur le Ministre, nous saisissons cette occasion pour exprimer nos
préoccupations sur le manque de progrès
dans les enquêtes qui auraient été diligentées sur des cas précédents par les
autorités judiciaires, notamment en rapport avec l’opération Likofi, la fosse
commune de Maluku et les manifestations de janvier 2015, laissant ainsi de
nombreuses familles dans une angoisse totale sur le sort de leurs proches.
Nous
espérons que le gouvernement congolais pourra nous partager les conclusions de
tous ces rapports d’enquêtes, y compris celui sur l’opération Likofi dont vous
avez fait mention dans votre lettre et pour lequel aucune suite n’a été réservé
jusqu’à ce jour.
Comme
vous le savez certainement, Human Rights Watch est une organisation
internationale indépendante qui effectue des recherches et des plaidoyers
relatifs aux droits de l’homme dans plus de 90 pays à travers le monde. Pendant
plus de 35 ans, Human Rights Watch a enquêté et rapporté sur les violations des
droits humains par les gouvernements et les acteurs non étatiques. Nous menons
nos enquêtes de manière impartiale selon une méthodologie rigoureuse et n’avons
aucun lien avec les partis politiques, peu importe leurs obédiences.
Je
vous prie d’agréer, Excellence Monsieur le Ministre, l'expression de ma
parfaite considération.
Ida
SAWYER Chercheuse Senior Human Rights Watch +243 (0)99 86 75 565 | +243 (0)81
33 78 478 ida.sawyer@hrw.org
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