Tandis que la récente actualité humanitaire du
Katanga est dominée par le conflit opposant, depuis plusieurs mois, deux
communautés jadis qui cohabitaient pacifiquement - Luba et Twa - la province croule sous une épidémie de
rougeole qui ne fait que s’empirer. Fin juillet, sept nouvelles zones ont été
déclarées en épidémie, portant à 21 le nombre total des zones affectées sur les
68 que compte la province.
Le bilan est lourd et inquiétant: depuis le 1er
janvier 2015. Plus de 20.000 cas de rougeole ont été enregistrés dans la seule
province du Katanga. Près de 320
personnes en sont mortes. Des dizaines autres pourraient avoir succombés à la
maladie mais ceux-ci ne figurent pas dans les registres officiels.
Le chiffre actuel est deux fois plus élevé que le
nombre de cas enregistré durant toute l'année 2013 (9.380 cas). En 2014, plus
de 12.000 cas ont été enregistrés, selon les statistiques de la Direction
provinciale de la santé, l'OMS et l'UNICEF au Katanga.
Les spécialistes en santé au Katanga attribuent
cette situation à un cercle vicieux de facteurs, entre autres: la faible
couverture des vaccins; la mobilité des personnes permettant la maladie de se
propager des zones de santé affectées à celles non affectées; l’inaccessibilité
de certaines localités, soit à cause de l'état déplorable des routes, soit en
raison de l'insécurité qui pousse des milliers de personnes à fuir leurs
habitations, ratant ainsi les. La chaîne de froid, essentiel pour garantir
l'intégrité des vaccins, est défectueuse. Quand les enfants peuvent être
atteints, certaines familles refusent la vaccination en raison de croyance
religieuse ou culturelle. Le Programme élargi de vaccination (PEV), entité
nationale chargée de la gestion des campagnes de vaccination, connait aussi
certaines faiblesses.
Le Bureau de la Coordination des Affaires
Humanitaires (OCHA) est très inquiète de cette dernière crise qui frappe cette
province de l'Est de la RDC et a ainsi mobilisé le personnel nécessaire pour
suivre la situation.
L'argent,
nécessaire, mais pas le nœud du problème
Seulement sept des 21 zones de santé touchées - 33%
- bénéficient des activités vaccinales
organisé par des ONG telles, Alima et Médecins Sans Frontières, tandis que
d’autres comptent se déployer dans les zones où il n'y a aucun acteur présent.
Le constat est donc amer: La vaste majorité des zones touchées est délaissée.
Le
"Cluster Santé" du Katanga - regroupant des spécialistes en santé des
ONG et des agences onusiennes telles que UNICEF, OMS - estime à plus de 2,4 millions de dollars US, le montant nécessaire pour
financer des campagnes de vaccination et des actions dans le court et
moyen-terme. Cependant ces agences disent que l'argent, certes nécessaire,
n'est pas le nœud du problème. Comme si la situation actuelle n'était pas déjà
un casse-tête, plusieurs zones touchées sont aussi frappées par la malnutrition
et le choléra.
Au-delà de l'urgence
UNICEF, OMS, et les ONG impliquées dans la réponse
sont confiantes qu'elles pourront endiguer la crise actuelle. Cependant la
maladie revêtant un caractère endémique, le défi s'articule autour la stratégie
à long terme. Les acteurs du u secteur santé estiment que le Katanga a besoin
d'un paquet de solutions holistiques, durables et interconnectées sous la
houlette des autorités congolaises, tant centrales que provinciales, qui incluraient
tant les agences humanitaires et les acteurs du secteur du développement.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire