LA
SITUATION SECURITAIRE A L’EST DU PAYS, L E PROCESSUS ELOCTARAL EN COURS ET LE PROJET
DE REVISION CONSTITUTIONNELLE
Mesdames
et Messieurs de la presse, permettez que « in limine litis » je commence par vous présenter les
chaleureuses salutations de mes Collègues de la Société civile du Nord-Kivu, je
cite M. Thomas D’Aquin Muiti et Mme Justine Masika (respectivement
Président et 2ème Vice-présidente de notre Structure). Avec eux, nous
vous exprimons ici nos remerciements les
plus sincères pour l’accompagnement et la collaboration dont vous faites
montre à notre égard.
Votre
travail et votre soutien sont très précieux pour nous. Sachez que nous n’avons pas de mots justes pour vous exprimer
notre gratitude pour votre complicité dans notre action quotidienne,
complicité confirmée par votre réponse positive à notre appel d’aujourd’hui.
Ainsi
dit, et sans abuser de votre temps, permettez que nous puissions annoncer les
points qui feront objet de notre communication. Nous plancherons sommairement
sur : le Contexte sécuritaire à
l’Est du pays, le Processus
électoral en cours, la position de
la Société Civile quant au projet de révision Constitutionnelle et aux menaces contre les Animateurs de la
Société civile au Nord-Kivu.
I.
APERCU
SUR LE CONTEXTE SECURITAIRE :
Après
la débâcle du M23 en novembre dernier, la rébellion ougandaise de l’ADF-NALU
compte ses jours en rebours, suite aux revers que lui infligent les FARDC
engagées dans les Operations Sokola 1 en Territoire de Beni.
Toute fois, le défi majeur qui
reste à relever c’est la libération d’au moins 894 Otages
(dont les 3 pretres catholiques de Mbau, le médecin directeur de l’Hôpital
General d’Oicha, les 4 agents de MSF-France, plus de 250 enfants et un nombre
important de femmes) toujours entre les mains de rebelles ougandais.
Notre
Structure avait disponibilisé aux FARDC et aux Services spécialisés la liste avec précisions identitaires sur
les victimes pour défier ceux qui pensaient que la Société Civile n’avaient
aucun éléments sur l’impressionnant chiffre qu’elle avance par rapport aux
otages détenus par les terroristes Adf-Nalu. Nous voudrions ici inviter le
Gouvernement à donner comme objectif aux FARDC en dernière phase des
Operations, la libération des otages dont très bonne majorité est encore en
vie.
Sur un autre chapitre,
celui relatif à une autre rébellion étrangère, les FDLR rwandais. La Société
Civile du Nord-Kivu salue leur initiative de
« reddition volontaire», au cas où elle se révèle sincère. En jouant
franc-jeu, les FDLR ne donneront plus la
chance au régime Kagame à continuer à les vilipender et à les diaboliser à
travers le monde.
Contre
toute attente, il se réalise cependant que toute
les fois que l’on s’achemine vers la solution au problème FDLR, le régime de Kigali
crée toujours la diversion, détourne l’attention du Gouvernement Congolais,
voire de la Communauté Internationale en simulant un nouveau problème.
Je
ne vous invente pas l’histoire, vous pouvez simplement vous rappeler le contexte
dans lequel naquirent le CNDP et le M23 de triste mémoire.
Le
Rwanda n’est pas encore fatiguée de reprendre ses méthodes, son histoire et de poursuivre son plan
diabolique d’occupation et d’exploitation perpétuelle des ressources de la RDC,
en se servant d’une vieille chanson d’ailleurs démodé, les FDLR.
Au
delà de l’occupation de la localité de Murambi (Territoire de Nyiragongo)
depuis fin 2013, occupation toujours dénoncée par notre Structure, l’armée rwandaise s’est décidée d’attaquer vers
6h30 le matin de mercredi 11 juin
courant la position des Forces Armées de la RDC à Kanyesheja, dans la localité
de Kabagana, Groupement de Buhumba, en Territoire de Nyiragongo, dans
l’objectif d’occuper la colline stratégique de Kanyesheja et de poursuivre son
occupation sur l’ensemble du Territoire.
Avant
que la RDF n’extériorise formellement
ses griffes mercredi dernier, la Société
civile du Nord-Kivu notait déjà des signes avant coureurs attestant le Pays
de Mille Colline s’apprêtait à surprendre :
Tenez :
v En
date du 15 mai 2014, une réunion qui
s’est tenue discrètement par les Caciques du régime Kagame à Rusura, District
de Rubavu (Rwanda) à frontière Rwando-Congolaise, proche des localités Chabwato (en Groupement Kibati)
et Kabagana II ou encore Kanyesheja (en
Groupement de Buhumba).
A l’issue de cette
messe noire, les localités Rusura, Rugeshi et Rwashungwe et Butaka (District de
Rubavu) ont été érigées en zone rouge et
choisies pour abriter les troupes de la RDF devant servir de première ligne
d’attaque contre les FARDC postées sur la zone frontalière dans les Groupements
Buhumba, Kibumba et Kibati (Territoire de Nyiragongo). La population rwandaise habitant ladite localité a été relocalisée de force dans le
camp de Mudende et ailleurs. Pour contraindre les paysans qui ont résistés
à la décision de Kigali, l’adduction
d’eau a été coupée par les autorités jusqu'à ce jour pour que ces derniers
soient dans l’incapacité de tenir tête.
v Le 25 mai dernier, quatre véhicules
transportant les militaires, dont 3 Camions avec à leur bord des RDF et 1 camion des ex-M23,
ont débarqué vers 16h00 locale sur:
-
La Colline Bondi (à Busasamana vers Chanzarwe)
en District de Rubavu (Rwanda) ; et
-
La Colline Bugeshi (allant vers le volcan
de Karisimbi à la 7e piste) ;
v Une unité des Forces Spéciales rwandaise venue de Kanombe est aussi
déployée sur la colline de Hehu toujours au Rwanda, à diagonal avec la
localité Kasizi (Groupement Kibumba, Territoire de Nyiragongongo);
v En
ces jours, plusieurs matériels de guerres sont déployés le long de
la frontière par l’armée du Rwanda. Des minutions sont déposées à Kasizi (du
Rwanda), à l’endroit appelé Mutovu (Kuri
Mbago), à coté de l'Eglise Methodiste,
à 200 m de
la localité Kitotoma, en Groupement de Buhumba ;
v Jeudi,
le 22 Mai 2014, (à 20 h00) plus de 400
militaires RDF sont entrés en RD Congo à partir de la 7ème Piste de Njerima,
en Groupement de Kibumba (à face des Bambous, dans le Parc National de
Virunga); ils avaient été surpris par nos FARDC en patrouille à Kabara (c’est à l'intersection des volcans Karisimbi
et Mikeno) où ils ont abandonné dans leur fuite leurs vivres, carburant et
autres effets, freinant ainsi leur avancée ;
v Il
y a peu, nous avons appris du déploiement
à Kuributaka (Rwanda) d’un
Bataillon-RDF commandé par le Colonel ex-M23 Innocent Zimurinda, à la
frontière de Kasizi en perspective de prochains assauts et de l’occupation du Groupement
de Kibumba, en Territoire de Nyiragongo (Nord-Kivu/RDC).
Nous
déplorons toute cette barbarie dont
l’issue est la déstabilisation permanente de la région, le bain de sang
quotidien n’épargnant pas de civils innocents.
Et
par cette occasion justement, nous dénonçons la tentative d’assassinat de notre
brave Collègue, M. Jean-Claude Mambo Kawaya, le Président de la Société civile du
Territoire de Nyiragongo, qui a fallu perdre sa vie vers 14H, mercredi
dernier à Kanyesheja, n’eut été l’action courageuse des vaillants combattants
FARDC qui ont réussi à l’arracher des mains de l’ennemi, bien qu’ il s’en soit tiré
blessé. Dans le même ordre d’idée, nous
annonçons que l’autre Collègue qui était avec lui en ce lieu, M. Emmanuel Muhima
Abbas, Coordonnateur du Réseau d’Actions Citoyennes pour la Démocratie
(RACID) au Nord-Kivu est porté disparu. Pour le dernier cas, nous en alertons
nos Partenaires du Gouvernement, de la Monusco et de la CIRGL afin qu’il soit
retrouvé. Au cas où il est mort, que sa dépouille soit ramenée au pays et que l’Etat Rwandais en soit tenu responsable.
Ce
qui fâche d’avantage, c’est le stratagème
utilisé par la RDF en simulant le cortège
de la CIRGL, en empruntant les véhicules ressemblant ceux du MCV/CIRGL
pour approcher et tirer sur les Officiers et les Animateurs de la Société
Civile, non armés et en attente de la délégation de la CIRGL à Kanyesheja
(mercredi vers 14H). N’eut été l’expérience des FARDC les dégâts seraient
insupportables ; hors c’est dans ce contexte qu’a disparu notre Collègue
Emmanuel.
Pour clôturer ce point, le récent
massacre ayant couté la vie à plus ou moins 38 personnes, la
nuit du 05 au 06 juin courant, à Mutarule,
dans la pleine de la Ruzizi, en Territoire d’Uvira au Sud-Kivu ainsi les expulsions massives des Congolais de Brazzavile
après rencontre Sansu Ngwesu-Kagame ne nous ont pas laissé indifférents. Tous ces actes ignobles sentent l’odeur de
l’agression voilée et dénotent la Conspiration de la déstabilisation. Nous en appelons le Gouvernement Congolais et
toute la population à plus de vigilance.
II.
DU
PROCESSUS ELECTORAL EN COURS :
Tous
nous le remarquons, le Calendrier
Electoral publié par la CENI il y a peu,
a suscité des tollés en milieu politique et même au sein d’une
certaine Société Civile.
Dans
tous les cas, le vœu de toute la population congolaise c’est l’organisation des élections démocratiques
et transparentes dans le délai constitutionnel.
Pour
bon nombre des congolais, la logique voudrait que l’on parachève ce qui a été
débuté en 2011 d’abord, c’est à
dire clôturer avec les élections
provinciales avant d’entamer les autres scrutins. Cela ferait qu’on en
finisse avec les Assemblées provinciales, les sénats et les Exécutifs
Provinciaux illégitimes.
Etant
donné que la CENI avance un problème des moyens financiers, raison du reste
légitime pour mener à bien tout le processus électoral, nous ne voudrions pas
soutenir ceux qui rejettent à bloc le calendrier de la CENI sans apporter la
moindre alternative pour contourner les défis. Pour ce qui nous concerne, nous
proposons une alternative : nos
Coordinations respectives appellent tous les Congolais à se cotiser pour
mobiliser les moyens financiers avant décembre 2014, en sorte que toutes
les autres élections se déroulent en 2015, à l’exception des présidentielles et
législatives nationales qui doivent être tenues en 2016.
Nous
allons initier l’opération ‘J’Aime
les Elections transparentes et démocratiques’, consistant à l’ouverture
d’ici juillet par la Societe Civile dans chaque Province et à Kinshasa des
comptes où chaque congolais du pays comme de la diaspora devra loger au moins
l’équivalent d’1 dollar, tel qu’il a été fait pour les FARDC en guerre contre
le M23 au Nord-Kivu. Ce que nous allons mobiliser, ajouté à ce que consentiront
le Gouvernent et la Communauté Internationale nous permettra de relever le défi
et organiser les élections dans le délai et les conditions qui rassurent tout
le monde.
III.
DE LA POSITION DE NOS COORDINATION FACE AU
PROJET DE REVISION CONSTITUTIONNELLE
D’ores
et déjà, nous tenons à souligner que nos
Coordinations ne sont pas opposées à toute révision Constitutionnelle ne
touchant pas l’article 220 de l’actuelle Constitution (les dispositions
verrouillées).
Et
si c’est le mode de scrutins qui peut faire objet de cette révision, les Sociétés civiles de nos Provinces
respectives souhaitent que le vote des Gouverneurs, des Députés Provinciaux et Nationaux ainsi que des
Sénateurs soit en mode direct.
Cela
en vue de renforcer la légitimité des Elus et rendre les Dirigeants plus
redevables devant la population.
IV.
DES
MENACES CONTRE LES ANIMATEURS DE LA SOCIETE CIVILE DU NORD-KIVU
C’est avec très
grande indignation que nous avons appris
des actes d’humiliation dont a été victime notre Collègue Thomas D’Aquin Muiti,
Président de la Coordination Provinciale de la Société Civile du Nord-Kivu de
la part du Commissaire Supérieur Jose
Mbangi Izakentshora, Commandant de la Police District de Goma.
Nous réitérons
et partageons la position des Forces Vives du Nord-Kivu, selon laquelle par cet
acte l’auteur de ce forfait vient de se
déclarer personne none grata à l’endroit de la population du Nord-Kivu.
En vue de donner
le temps nécessaire aux Autorités Provinciales et Nationales qui avaient
promises sanctionner ledit Officier, les
Coordinations de Sociétés Civiles d’autres Provinces ont suggéré que la
Coordination sœur du Nord-Kivu observe une semaine avant de débuter la
série des Journées Villes mortes exigeant le départ forcé au cas où cela ne
serait pas fait ni de lui-même ni par sa
hiérarchie. Ce délai va jusqu'à dimanche. Si l’homme n’est pas bougé, toute la
Société Civile Congolaise se mobilisera pour la cause, lundi prochain.
Par ailleurs, les Coordinations Provinciales de la Société civile en RDC considèrent de
menaces ouvertes le Communiqué des FDLR
No 02/PP/JUIN/201, du 08 juin 2014, avec
pour objet : OMAR KAVOTA COMBAT LES DROITS DE L’HOMME AU
LIEU DE LES DEFENDRE, dans lequel ils s’écharnent contre le Vice-président et
Porte-parole de la Société Civile du Nord-Kivu, à la suite de ses interventions
du 7 juin courant sur la BBC dans lesquelles il avait soutenu que le vœu de la
population c’est la relocalisation de ces rebelles vers leur pays d’origine.
Nos
Structures invitent les FDLR de respecter la liberté d’expression garantie par
la Constitution et les lois du pays et mettent en alerte le Gouvernement
Congolais, la CIRGL, la
SADEC, l’ONU, l’Union Européenne, les USA et les autres partenaires face à
cette situation.