Par Ida Sawyer
Le 5 novembre 2013 - Le M23 a
reconnu sa défaite aujourd’hui, ce qui marque apparemment la fin des attaques dévastatrices contre des civils menées en
République démocratique du Congo par ce groupe armé soutenu par le Rwanda. Il
s’agit d’un grand pas en avant, mais le processus pour traduire en justice les
auteurs des crimes commis par tous les camps dans le cadre de ce conflit
complexe ne fait que commencer.
La défaite soudaine du M23 est en
partie due aux opérations militaires de l’armée congolaise et au soutien
crucial fourni par la force de maintien de la paix des Nations Unies, la
MONUSCO, et notamment par sa nouvelle brigade d’intervention sous commandement
africain.
Toutefois, la clé de ce succès
repose peut-être sur la montée de la pression internationale sur le Rwanda pour
faire cesser son soutien au M23. Après la suspension d’aide au Rwanda par
certains des principaux bailleurs de fonds en 2012 et en 2013, les
dénonciations publiques de ses alliés proches et les appels téléphoniques au
président rwandais Paul Kagame de la part du secrétaire d’État américain John Kerry et du ministre des Affaires
étrangères britannique William Hague lorsque la dernière vague
de combats a éclaté à la fin du mois d’octobre, le gouvernement rwandais a
probablement conclu que son soutien au M23 était devenu trop préjudiciable pour
son image publique. Lors des récents combats, les rebelles du M23 n’ont pas
obtenu du Rwanda l’aide militaire sur laquelle ils avaient compté lors des
opérations précédentes.
Au cours des 19 derniers mois,
les rebelles ont terrorisé des civils : ils ont commis des meurtres et des
viols, recruté de force des enfants dans leurs rangs, et pris pour cible toute
personne osant s’élever contre les nombreux abus commis. Hier encore, le M23 a
bombardé les villes de Bunagana et de Chengerero, tuant au moins 15 civils
et faisant de nombreux blessés. La nuit dernière, ils ont été chassés de leurs
deux positions restantes et ce matin ils ont annoncé la fin de leur rébellion.
Alors que de nombreuses personnes en
RD Congo s’apprêtent probablement à fêter la défaite du M23, il reste de
nombreux défis à relever. L’est de la RD Congo est en proie aux exactions
commises par d’autres groupes armés, ainsi que par l’armée congolaise elle-même, qui sont aussi responsables de
meurtres, de viols et d’autres violations des droits humains.
Le gouvernement congolais devrait
désormais se concentrer sur les trois priorités suivantes :
- Arrêter les leaders du M23 responsables de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et d’autres violations graves des droits humains, et les poursuivre en justice dans le cadre de procès équitables et crédibles ;
- Donner des ordres explicites à tous les membres des forces de sécurité de ne pas mener d’attaques de représailles ou d’autre types d’action abusive contre des membres du groupe ethnique Tutsi ou des collaborateurs présumés du M23. Les personnes impliquées dans de tels actes devront être rapidement traduites en justice ; et
Avec la MONUSCO, faire face à
la menace constituée par les autres groupes armés responsables d'exactions, y compris les
Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), le groupe Nduma Defense of
Congo (NDC) dirigé par Ntabo Ntaberi Sheka, la milice Raia Mutomboki et un
certain nombre de milices Hutu congolaises souvent désignées sous le nom de
Nyatura. Dans le cadre de ces efforts, mettre en œuvre de toute urgence un
nouveau programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion qui offre
des opportunités d’emploi pour les anciens combattants et faire en sorte que
les leaders rebelles responsables d’atteintes graves aux droits humains soient
arrêtés et traduits en justice.
Le gouvernement congolais, avec
l’appui des Nations Unies et le soutien de certains diplomates, a fait preuve
d’un engagement fort pour lutter contre la menace constituée
par le M23 d’une manière qui empêche la répétition des erreurs du passé
consistant à récompenser certains criminels de guerre par des hauts postes
militaires et à promouvoir l’impunité. Le gouvernement doit
maintenant faire preuve de la même détermination pour s’attaquer aux abus
perpétrés par d’autres groupes armés, ainsi que par les membres de ses propres
forces de sécurité.
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