APO

mercredi 31 octobre 2012

Nord-Kivu : Le M23 présente des excuses après des menaces proférées contre des journalistes

Reporters sans frontières (RSF) et Journaliste en danger (JED) ont pris acte des excuses officielles présentées par un responsable de la rébellion armée du M23, après des menaces de mort contre des journalistes et des actes de harcèlement contre les médias enregistrés dans les zones sous contrôle de ce mouvement, dans la province du Nord-Kivu, à l’est de la RDC.
 
"Je tiens à dire que si cela est vrai, cela ne relève pas de la politique générale du M23. Cela n’est pas l’option des responsables du M23. Et si cela est vrai, je tiens, au nom du M23, à présenter mes excuses aux journalistes qui ont été l’objet des menaces, et je promets de mener des enquêtes pour vérifier ces allégations, et nous allons sanctionner les auteurs", a déclaré Jean-Marie Runiga, coordonnateur politique de ce mouvement armé lors d’une conférence de presse, le 20 octobre 2012 à Bunagana, une localité frontalière avec l’Ouganda et passée depuis plusieurs mois sous contrôle de ces mutins des forces armées congolaises.
 
Jean-Marie Runiga réagissait ainsi à la lettre conjointe qui lui avait été adressée, le 19 octobre, par RSF et JED dans laquelle les deux organisations lui avaient demandé de se désolidariser des propos et menaces proférés par certains responsables du M23 contre des journalistes travaillant dans les territoires sous contrôle de ce mouvement. Elles lui demandaient également d’user de toutes ses prérogatives pour assurer la sécurité physique de Jean-Baptiste Kambale, directeur de la Radio Communautaire Ushirika (RACOU) émettant à Rutshuru.
 
Jean-Baptiste Kambale a été menacé le mois dernier par certains cadres de ce mouvement armé suite à une série de reportages de la chaîne TV5 Monde montrant les exactions contre les populations civiles et autres violations des droits de l’homme commises par les troupes du M23.

Un rôle grandissant pour l’Afrique à « l’âge d’or du gaz » - Rapport

Les opportunités s’élargiront dans la plupart des domaines pour les petites entreprises E&P locales, souvent par le biais de partenariats avec des acteurs plus grands et mieux expérimentés
 
Johannesburg, Afrique du Sud, 30 octobre 2012 - Grâce à un accès ouvert et à des conditions de location intéressantes, les ressources en pétrole et en gaz naturel de l’Afrique attirent toujours un large éventail d’investisseurs, selon un nouveau rapport d’Ernst & Young intitulé Gaz naturel en Afrique – Les frontières de l’âge d’or, publié lors de la Semaine du Pétrole et du Gaz en Afrique.
Elias Punpong, le responsable du secteur Pétrole & Gaz en Afrique d’Ernst & Young, apporte des précisions : « L’exploitation du gaz naturel représente une opportunité phénoménale pour l’Afrique. Elle peut devenir un moteur essentiel pour la croissance économique et, plus largement, pour le développement social, ainsi qu’un atout majeur pour la croissance de l’emploi local et le développement de l’infrastructure. »
 
L’Afrique de l’est est l’avenir du gaz africain
Ce rapport souligne l’évolution rapide du secteur africain du gaz naturel et, alors que l’Algérie, le Nigeria, l’Égypte et la Libye ont été identifiés comme détenant des gisements importants, la production de gaz est nettement plus faible dans ces pays. Plus récemment, la croissance de ce secteur s’est concentrée sur l’Afrique de l’ouest, notamment avec la découverte d’énormes ressources gazières suite au boom de l’exploration pétrolière en eaux profondes, avec en tête le Nigeria et l’Angola. Étant donné que la croissance du secteur gazier se poursuivra en Afrique de l’ouest alors que la pratique de la torchère diminue et que l’infrastructure locale destinée à l’exploitation du gaz se développe, l’Afrique de l’est représente le grand avenir du gaz africain grâce aux gisements considérables découverts en mer, en particulier au large du Mozambique et de la Tanzanie.
 
Selon M. Pungong : « Alors que les classements des risques en Afrique sont assez élevés dans l’ensemble, la « tendance à risque » s’améliore pour de nombreux pays. Plus important cependant, les opportunités qu’implique ce secteur pour l’Afrique sont énormes, et les enjeux et les risques peuvent être abordés et atténués. »
 
Les réserves africaines en gaz représenteront bien davantage que des opportunités majeures pour les compagnies pétrolières nationales (CPN), les géants du pétrole et du gaz aux portefeuilles bien garnis, et leurs grands homologues internationaux de l’exploration et de la production (E&P), ainsi que les spécialistes africains bien connus du pétrole et du gaz.
 
Une vague d’opportunités locales
L’accélération de l’activité E&P ouvre des opportunités pour le segment des services de champ pétrolier (OFS), mais de nouveau, pas uniquement pour les grands acteurs OFS internationaux, mais également pour les sociétés locales et régionales qui peuvent apporter une contribution aux chaînes d’approvisionnement et à l’infrastructure de support associée en amont. La construction des infrastructures pourrait également englober des installations d’exportation colossales, comme dans le cas du gaz naturel liquéfié (GNL), mais également des projets de moindre envergure comme les pipelines et les réseaux de distribution du gaz pour répondre à la demande locale / régionale en gaz domestique.
 
Le développement ou l’expansion associée d’une demande en gaz domestique pourrait également ouvrir des perspectives commerciales majeures dans les secteurs de la production d’électricité, de l’industrie et même des transports. En effet, la plupart des efforts de réduction des torchères sont liés aux projets d’utilisation du gaz domestique.
 
M. Pungong conclut : « Les gouvernements africains et les ONG régionales auront bien entendu un rôle essentiel à jouer, en créant en tout premier lieu un plan-directeur pratique et important pour le développement du gaz, un plan qui aborde les modèles de licences et de fiscalité en amont, ainsi que les questions et les investissements dans l’infrastructure requise et les problèmes locaux de création d’emplois et de formation. Une collaboration et un partenariat avec les CPI, grandes comme petites, seront tout aussi essentiels. »

Western Union s'engage à concevoir et à lancer une nouvelle plate-forme financière pour les ONG

Le président et PDG Hikmet Ersek a annoncé cet engagement lors de l'initiative mondiale Clinton pour aider les ONG à surmonter ce dernier obstacle
 
Johannesbourg, Afrique du Sud, 29 octobre 2012 - La société Western Union (NYSE : WU), leader des services de paiement internationaux, a annoncé aujourd'hui son engagement à créer une plate-forme financière spécialement conçue pour répondre aux besoins de paiement des organisations non gouvernementales à but non lucratif (ONG) et des personnes desservies.
Cette plate-forme, Western Union NGO Global Pay, va être créée pour permettre aux ONG de combler le fossé entre les fonds à distribuer et les personnes qui en ont besoin sur le terrain.  Hikmet Ersek, président et PDG de Western Union, s'est exprimé lors de la journée d'ouverture de la réunion annuelle de l'initiative mondiale Clinton à New York pour annoncer le nouvel engagement de la société.
Il a déclaré : « Je suis très heureux de notre nouvel engagement. De nombreuses ONG font face à des problèmes persistants pour distribuer des fonds aux personnes qui en ont le plus besoin. Western Union® NGO Global Pay va les aider à surmonter ces défis et à distribuer les fonds sur le terrain de manière sûre et sécurisée. Cette plate-forme financière de bout en bout combinera les produits de paiements innovants de Western Union à notre portée internationale sans pareil. Les ONG pourront ainsi remettre des fonds essentiels à des millions de personnes de manière plus rapide et plus efficace. »
Western Union NGO Global Pay combinera pour la première fois les produits de paiement interentreprises offerts par les solutions d'entreprises de Western Union à l'infrastructure internationale du réseau d'agents Western Union. Cette plate-forme permettra, plus particulièrement, de profiter des 510.000 sites physiques de la société pour faire le lien entre les ONG et les personnes desservies dans plus de 200 pays et territoires du monde entier.
Il a ajouté : « Western Union s'emploie à servir les personnes mal desservies, ce qui inclut souvent les ONG, et nous allons poursuivre nos efforts pour améliorer leur accès à de meilleurs produits financiers plus complets. »
Western Union va collaborer avec des ONG partenaires, dont notamment l'International Children's Fund et Peace International, pour mettre au point des produits financiers efficaces et transparents grâce à :
 - de nouvelles possibilités de déplacer des fonds dans le réseau international de 510 000 agences Western Union pour aider à surmonter ce dernier obstacle et permettre une réponse plus rapide en temps de crise,
 - un éventail plus large d'options de paiement (espèces, comptes bancaires, téléphones portables et cartes prépayées) pour permettre aux organismes à but non lucratif d'envoyer des fonds à leur personnel et bénéficiaires sur le terrain,
- des outils pour aider les ONG à contrôler et à générer des rapports sur la distribution des fonds afin de garantir une meilleure transparence et comptabilité de bout en bout,
- des solutions de gestion des risques de change pour aider les ONG à se protéger contre les fluctuations des taux de change,
- un portefeuille de produits qui permettra aux ONG de recevoir et de gérer efficacement les fonds reçus en différentes devises, y compris des outils intégrés de facturation et de suivi, ainsi que des nouvelles fonctions de versement de dons offrant la possibilité aux individus de faire des dons en ligne ou en personne dans le réseau international d'agences Western Union,
- une éducation financière à l'attention des ONG sur des sujets allant des transferts d'argent par téléphone portable aux opérations de change, pour les aider à mieux gérer leurs fonds limités, mais si précieux.
La plate-forme Western Union® NGO Global Pay sera lancée en novembre 2012 auprès de certaines ONG partenaires avec un déploiement plus étendu prévu pour 2013. Ce produit, qui représente le nouvel engagement concret sur deux ans de Western Union dans le cadre de l'initiative mondiale Clinton, entrera pleinement en vigueur d'ici la fin de l'année 2014. Il s'appuie également sur des aspects principaux de l'engagement CGI réussi de Western Union, le programme Our World, Our Family® , un engagement de 50 millions de $ visant à promouvoir de meilleures opportunités économiques pour plus de cinq millions de personnes dans le monde.
 
Western Union en bref
La société Western Union (NYSE : WU) est un leader des services de paiement internationaux. Grâce à ses services de paiement Vigo, Orlandi Valuta, Pago Facil et de solutions entreprises Western Union, Western Union fournit aux clients et entreprises des moyens rapides, fiables et pratiques d'envoyer et de recevoir de l'argent dans le monde entier en envoyant des paiements ou par ordres de paiement. Depuis le 30 juin 2012, les services Western Union, Vigo et Orlandi Valuta sont proposés dans un réseau combiné d'environ 510 000 agences situées dans 200 pays et territoires. En 2011, Western Union a réalisé 226 millions de transactions entre clients dans le monde entier, soit un capital de 81 milliards de $ entre particuliers, et 425 millions de paiements pour le compte d'entreprises.

lundi 29 octobre 2012

Airtel dépasse la barre des 60 millions de clients en Afrique

   10 millions de clients supplémentaires en moins de 12 mois
 
-       L’Expansion rapide de la 3.75G et  sa connexion internet à haut débit dans 11 marchés
 
-       La croissance du service commercial mobile " Airtel Money" dans  15 marchés
 
-       Mise en œuvre des initiatives de responsabilité sociale dans tous les marchés: adoption
-       de 30 écoles
 
-       Le plus grand tournoi de football en Afrique pour les filles et les garçons de moins de 17 ans en collaboration avec Manchester United et Arsenal FC
 
Nairobi, Kenya, 24 octobre 2012 - Bharti Airtel («Airtel»), un fournisseur de services de télécommunications de premier plan avec des opérations dans 20 pays à travers l'Asie et l'Afrique, a célébré aujourd'hui l’acquisition de son 60 millionième client  sur le continent africain. Airtel, qui a récemment grimpé d'une place  dans les classements mondiaux pour devenir le quatrième opérateur de téléphonie mobile dans le monde en termes d'abonnés, a obtenu 10 millions de clients supplémentaires en moins de 12 mois à travers ses opérations dans 17 pays africains.
 
«Depuis le lancement de la marque Airtel en Afrique en 2010, Airtel a été mis sur une trajectoire de croissance soutenue», explique André Beyers, le directeur Marketing d’Airtel Africa. «Communiquer n'est plus un privilège sur ce continent, mais une nécessité. Airtel est déterminé à fournir des produits innovants et des solutions de communication pertinentes qui auront un impact positif sur le maximum de personnes possible.»
 
Un engagement envers l'innovation
 
La compagnie Airtel est restée résolument engagée à fournir aux clients des services de télécommunication qui rendent la vie plus facile. Depuis qu’elle a franchi le cap des 50 millions d’abonnés, la société a entrepris la construction du plus grand réseau 3G à travers le continent. À ce jour, la société a déployé son réseau 3.75G dans 14 pays. Atteignant des vitesses allant jusqu'à 21 Mbps, le réseau 3.75G d’Airtel est l'un des plus rapides au monde et présente de nombreux avantages pour la jeunesse, les petites, moyennes et grandes  entreprises.
 
«L'accès aux télécommunications joue un rôle essentiel dans les économies africaines», explique M. Beyers. «L'accès aux services de voix et de données est crucial. Airtel s’est engagé à  combler le fossé numérique  et à connecter le continent africain avec le reste du monde. » Avec les récents lancements à Madagascar et au Burkina Faso, la plateforme d'argent mobile, Airtel Money, est désormais disponible dans 14 pays à travers l'Afrique. Le service permet aux communautés d’effectuer toute une gamme de transactions financières rapidement, en toute sécurité et facilement.
 
Un engagement envers l'environnement
 
Peut-être l'une des réalisations les plus remarquables est le fait que la société ait accordé une importance primordiale à la réduction de son empreinte carbone. Dans le cadre de son engagement envers l'environnement, Airtel a lancé une série d'initiatives «vertes» qui donnent des résultats tangibles. Au cours de la dernière année, Airtel a réduit de moitié le nombre de sites fonctionnant uniquement au diesel grâce à l'utilisation de modèles novateurs tels que la Banque de batteries hybrides  En 2013, la Société souhaite éradiquer complètement l'utilisation constante de diesel pour l’alimentation de son réseau. Cela signifie qu’aucun site Airtel n’utilisera le diesel 24 heures par jour.
 
«En tant que multinationale, nous devons assurer la préservation environnementale sur le long terme afin d’avoir un impact positif sur la communauté et d’obtenir le succès escompté», poursuit M. Beyers. «La réalisation de cet objectif sera un grand accomplissement pour nous. Nous avons l'intention de faire tout ce qui est nécessaire pour réduire complètement notre dépendance au diesel et augmenter l’utilisation d’autres alternatives comme l'énergie solaire.»
 
Un engagement envers la Société
 
En dépit du succès croissant  de l'entreprise, la société Airtel reste déterminée à avoir un impact positif sur les communautés dans lesquelles elle opère. Dans le cadre de cette initiative, Airtel travaille avec les ministères de l'Éducation respectifs de chaque pays pour identifier les écoles qui ont besoin d'être rénovées afin de créer un meilleur cadre d'apprentissage pour les élèves. À ce jour, la société a adopté 30 écoles à travers l’initiative «Our School» («Notre école») sur l’ensemble du continent. Airtel a l'intention d'adopter  45 écoles avant le mois d’Avril 2013.
 
Plus tôt cette année, la société a également lancé la deuxième édition du tournoi Airtel Jeunes Talents – il s’agit d’un tournoi de football international qui vise à dénicher les jeunes talents africains. Le tournoi reçoit le soutien des clubs de football de renommée mondiale tels que Manchester United et Arsenal FC.
 
L’avenir
 
Bien que  la société Airtel ait déjà remporté de nombreuses victoires, elle demeure déterminée à obtenir davantage de succès en Afrique. L'entreprise espère accroître son nombre d'abonnés sur le continent en augmentant son taux de pénétration en milieu rural, en mettant l’accent  sur l'innovation et en améliorant la réactivité lorsqu’il s’agit de résoudre les problèmes du client.
 
A propos de Bharti
Bharti Airtel Limited est l’une des plus grandes sociétés de télécommunications dans le monde avec des opérations dans 20 pays en Afrique et en Asie. Basée à New Delhi, en Inde, la société fait partie des cinq plus grands opérateurs de téléphonie mobile au monde en termes de nombre d’abonnés. En Inde, elle offre des services variés, notamment des services mobiles 2G et 3G, des offres lignes fixes et du haut débit ADSL, l’IPTV et le DTH, des solutions pour entreprises et services nationaux et internationaux de longue distance aux opérateurs de téléphonie. Sur les autres marchés, elle fournit des services mobiles 2G et 3G. Bharti Airtel comptait plus de 262 millions d’abonnés sur l’ensemble de ses marchés à la fin du mois de juillet 2012.

dimanche 28 octobre 2012

La République démocratique du Congo doit protéger le docteur Denis Mukwege après une violente attaque

Le docteur Mukwege est membre fondateur du Comité consultatif de la Campagne internationale pour mettre fin aux viols et à la violence fondée sur le genre en situation de conflit
Kinshasa, République démocratique du Congo (RDC), 27 octobre 2012 - La Campagne internationale pour mettre fin aux viols et à la violence fondée sur le genre en situation de conflit lance un appel urgent au gouvernement de la République démocratique du Congo pour qu’il assure la protection du docteur Denis Mukwege après une violente attaque et tentative d’assassinat à son domicile à Bukavu.
Le docteur Mukwege est un chirurgien de renommée mondiale, directeur de l’hôpital de Panzi dans la province du Sud-Kivu dans l’Est du Congo. La clinique a traité plus de 30.0000 survivantes de violences sexuelles.
Physicians for Human Rights, qui est membre de cette campagne, a signalé qu’aujourd’hui, quatre hommes armés ont pénétré au domicile du docteur Mukwege, en son absence, et ont tenu plusieurs membres de sa famille sous la menace de leurs armes. À son arrivée, ils l’ont sorti de force de sa voiture, abattant un garde de sécurité qui essayait d’intervenir. Le docteur Mukwege a réussi à esquiver les balles que les hommes armés ont tirées dans sa direction avant de s’enfuir dans sa voiture, laquelle a été retrouvée abandonnée peu de temps après.
La lauréate du prix Nobel de la paix Leymah Gbowee a déclaré : « le Docteur Mukwege incarne la force des femmes congolaises qui ne cèdent jamais face à cette violence gratuite. Je m’associe à la Campagne internationale pour mettre fin aux viols et à la violence fondée sur le genre en situation de conflit, et à d’autres, pour appeler la République démocratique du Congo à traduire les auteurs de cette attaque devant la justice. »
La Campagne exprime ses condoléances à la famille de Joseph Bizimana, le garde qui a été tué au cours de l’attaque. Nous craignons pour la sécurité et le bien-être du docteur Denis Mukwege et de sa famille. Nous sommes en outre très inquiets à l’idée que cette tentative d’assassinat puisse avoir un lien avec les activités du docteur Mukwege qui, en septembre, a soutenu le plaidoyer pour la Campagne à l’ONU où il a mis en lumière la montée des viols et de la violence fondée sur le genre dans l’Est du Congo.
Lors d’un évènement co-organisé par la Campagne, et auquel ont assisté des représentants du gouvernement et des Nations Unies ainsi que les lauréates du prix Nobel de la paix Leymah Gbowee et Jody Williams, le docteur Mukwege avait déclaré : « Cette année encore, j’opère des femmes dont les organes génitaux ont été détruits par le viol et autres atrocités. De nombreuses femmes arrivent à peine à s’en sortir, et le viol continue. La saison des pluies va bientôt arriver au Nord-Kivu, et la vulnérabilité des femmes s’accroît. » Il avait terminé en appelant à une « action urgente pour arrêter les personnes responsables de ces crimes contre l’humanité et les traduire devant la justice. »
Jody Williams a constaté que « au lieu de tenir compte de son appel, la réponse a été un violent acte de lâcheté perpétré par ceux à qui ses vérités font peur. »
Le docteur Mukwege est membre fondateur du Comité consultatif de la Campagne internationale pour mettre fin aux viols et à la violence fondée sur le genre en situation de conflit qui a été lancée dans le courant de cette année pour coordonner l’action visant à mettre l’accent sur les taux élevés de violence liée au genre qui prévalent à travers le monde.
Susannah Sirkin, Directrice adjointe de Physicians for Human Rights a observé que « des milliers de femmes et filles congolaises mises en danger suite à des actes de violences sexuelles ont dû dépendre du docteur Mukwege pour leur vie et leur bien-être. » Physicians for Human Rights a récemment mené un atelier de formation à l’hôpital de Panzi, où l’association dispose d’un bureau.
« La tentative d’assassinat sur le docteur Mukwege et le meurtre de son garde de sécurité soulignent une fois encore le caractère gravissime de la situation dans l’Est du Congo. L’un des plus grands hommes au monde a failli être assassiné ce soir. Nous ne pouvons pas laisser cela continuer » s’est indignée Eve Ensler, auteure dramatique, fondatrice de V-Day et membre de la Campagne.
La Campagne internationale pour mettre fin aux viols et à la violence fondée sur le genre en situation de conflit appelle le gouvernement de la République démocratique du Congo à prendre des mesures immédiates pour protéger le docteur Mukwege et sa famille. Elle appelle par ailleurs la communauté internationale à exprimer sa solidarité avec notre extraordinaire allié.
Distribué par l'Organisation de la Presse Africaine pour La Campagne internationale pour mettre fin aux viols et à la violence fondée sur le genre en situation de conflit.

vendredi 26 octobre 2012

La conférence est la manifestation annuelle la plus complète sur l’économie et le développement de l’Afrique
Kigali, Rwanda, 25 octobre 2012/African Press Organization (APO) - Des centaines de dirigeants et de chercheurs d’Afrique et du monde entier se réuniront à Kigali (Rwanda) du 30 octobre au 2 novembre pour débattre des perspectives de croissance durable et inclusive sur le continent dans le contexte de la crise économique mondiale.
Organisée chaque année par la Banque africaine de développement (BAfD), la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), la Conférence économique africaine, qui en est à sa septième édition, se tiendra à Kigali et aura pour thème « Le développement inclusif et durable à l’ère de l’incertitude économique ».
La conférence est la manifestation annuelle la plus complète sur l’économie et le développement de l’Afrique, ses perspectives macro-économiques ainsi que le commerce, la finance et les politiques de développement dans un contexte mondial. L’Afrique a connu une forte croissance au cours des dix dernières années. Ayant bien surmonté la crise économique, elle peut s’attendre à une croissance moyenne de 4,8 pour cent en 2013.
Le défi pour la région est de traduire cette croissance en une réelle réduction de la pauvreté et un développement humain durable par la création d’emplois, la mise en place de services sociaux de qualité et davantage d’opportunités de participation économique et politique.
La conférence étudiera les possibilités de poursuivre ces objectifs dans un contexte de dégradation de l’environnement économique international, de volatilité accrue des marchés des denrées alimentaires et des carburants et de baisse des exportations, des transferts d’argent et de l’aide publique.
« Les décideurs politiques africains continuent, dans l’ensemble, à poursuivre leur quête de croissance et d’amélioration du bien-être dans leurs pays respectifs, affirme Donald Kaberuka, président de la Banque africaine de développement. Mais dans un contexte international difficile, la question est de savoir comment obtenir les investissements nécessaires pour aller de l’avant. »
Les participants examineront les principaux moteurs de croissance en Afrique. Alors que de plus en plus de pays du continent exploitent ou prospectent des gisements de pétrole, ils étudieront la possibilité d’utiliser les profits des industries extractives pour encourager la diversification économique et les investissements dans le développement du capital social et humain.
« Les vastes richesses naturelles de l’Afrique peuvent créer des opportunités pour accélérer le développement humain, estime Helen Clark, Administrateur du PNUD. Elles peuvent servir de base pour le développement des infrastructures, la diversification économique et la création d’emplois et d’entreprises et fournir les ressources nationales nécessaires pour financer des services et une protection sociale de qualité. »
Les échanges commerciaux avec des économies développées ou émergentes offrent également des opportunités de croissance, de même que l’intégration régionale, qui peut libérer le plein potentiel des investissements et de l’environnement commercial de l’Afrique. C’est pourquoi les participants étudieront comment éliminer des barrières et améliorer les réglementations pour permettre aux populations de bénéficier du commerce.
Le nombre de jeunes Africains devant doubler d’ici 2045, alors que 27 pour cent d’entre eux sont déjà sans emploi, la conférence examinera aussi le potentiel que cache la main d’œuvre actuelle et future de l’Afrique.
« La création d’emplois pour les jeunes est cruciale, non seulement pour la cohésion et la stabilité sociales, mais aussi parce qu’elle crée un cycle vertueux de productivité, d’innovation, de croissance économique et d’épanouissement », dit le Secrétaire exécutif de la CEA Carlos Lopes.
La Conférence économique africaine consiste en une série de sessions plénières thématiques, en plus de séances parallèles où seront passées en revue les recherches sur les politiques menées à travers tout le continent. Elle offre un forum unique pour les dirigeants politiques, les universitaires et les jeunes talents du continent pour discuter des solutions à apporter aux problèmes les plus pressants de l’Afrique. 
À propos de la Conférence économique africaine : Le principal objectif de la conférence est de fournir aux spécialistes de l’Afrique, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du continent, une plateforme qui leur permette de débattre et de réfléchir à de nouvelles directions pour une politique de croissance dans la région, afin de déterminer les meilleures approches pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement, réaliser les objectifs du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et accélérer le développement durable

Non à l'impunité que jouissent certains membres de la famille présidentielle et de la Garde républicaine

Kinshasa, le 25 octobre 2012 : L'Association Congolaise pour l'Accès à la Justice (ACAJ)  exige des poursuites judiciaires urgentes contre le Général Dieudonné Kasongo Kabila, oncle paternel du Chef de l'Etat, et des militaires de la Garde Républicaine (GR) pour actes de torture, traitements inhumains et cruels administrés à l'Avocat Pépé Mabwisha, au Magistrat Papy Okohe, aux agents de police judiciaire (APJ) Kasanda Dieba Malarmé, Bdwaya Wawa, Dady Kasatuka et au policier Ilunga Mulume à Lubumbashi »
En effet, le 30 septembre 2012 vers 11h00, les trois APJ précités avaient intercepté, à l'angle des avenues Likasi et Sendwe, dans la Commune de Lubumbashi, un camion de marque Ben, de couleur bleu foncé, sans plaque d'immatriculation, transportant des minerais provenant des installations de la Gécamines et escorté par un militaire de la Garde républicaine (GR).
Pendant que ces agents du service d’antifraude tentaient d’acheminer ledit camion au Parquet de grande instance de Lubumbashi, une jeep de marque Mitsubishi arrivera sur les lieux. Le Général Dieudonné Kasongo y sortira et s'adressera auxdits APJ en ces termes : « de quel droit avez-vous saisi ces minerais. Je ne tolérerai pas ça ». Du coup, il ordonne au chauffeur du camion de partir, et lança aux APJ : « bande des Kasaiens et si vous voulez persister ou vous entêtez, je vais vous tuer tous. Allez au Kasaï, ici c’est le Katanga aux Katangais».
Face à ces menaces, les APJ feront appel au Magistrat Papy Okohe Hianda, du Parquet de Grande Instance de Lubumbashi, qui faisait la permanence, et qui va arriver sur le lieu  avec un policier du Groupe Mobile d’Intervention dénommé Ilunga Mulume. 
Pendant que les APJ étaient en train de faire rapport au Magistrat Papy Okohe, le Général Kasongo, reviens sur le lieu, cette fois là accompagné d’une dizaine des  militaires GR, et  donne un coup de tête à l’APJ Malarme Kasanda, qui sera blessé sur le front. Par la suite il ordonna aux militaires GR d'arrêter tout le monde, y compris le Magistrat, et les conduire à la Présidence, située sur l'avenue Kamanyola. Ce qui fut fait avec une brutalité inouïe.  Arrivés à la Présidence, ils seront tous torturés avant d'être transférés, vers 14 h 00, au camp Kimbembe par le Lieutenant José Amuli. Les actes de tortures et traitements inhumains et cruels vont s’en suivre au Camp Kimbembe où ils vont être mis en détention sans soins médicaux.
Le 1 octobre 2012, vers 8h00’ ils vont tous être entendus en rapport avec l'agression dont le Général Dieudonné Kasongo aurait été victime. Le 2 octobre 2012, vers 11 heures le Colonel Kisu, de la présidence, arrivera au camp Kimbembe pour ne leur dire : « vous avez tapé l’oncle du Président de la République? ».
A l'exception du Magistrat Papy Okohe, qui fut libéré et suspendu de ses fonctions pour trois mois, à son arrivée au Parquet le 2 octobre 2012, les trois APJ et le policier y seront, curieusement, entendus dans le cadre du dossier RMP 66102, ouvert pour des faits fantaisistes à savoir « usurpation des fonctions et coups et blessures volontaires ». Ils seront détenus encore pendant quatre jours  au cachot du Parquet, sans soins médicaux en dépit du fait qu'ils se plaignaient des douleurs atroces aux côtes, tête, jambes, pieds, dos, ventre et crachaient du sang et qu’ils ne savaient s'asseoir, et puis transférés à la prison de la Kasapa,.
Deux semaines après leur détention à la Kasapa, les APJ ont été remis en liberté provisoirement après versement, chacun, d'une caution de l'ordre de 300 dollars américains ! Ces victimes sont toujours malades et continuent à suivre des soins avec leurs maigres salaires, car l’Etat ne les assiste pas. L’APJ Daddy Kasatuka Kalamba a deux côtes cassées, le policier Ilunga est toujours cloué au lit et se plaint des douleurs dans tout le corps, mais sans soins appropriés.
L'autre victime de ces tortures fut Me Pépé Mabwisha, Avocat au Barreau de Lubumbashi. En effet, le 1 octobre 2012, Me Pépé Mabwisha s'était rendu au domicile du Général Dieudonné Kasongo Kabila, sis au n° 223 de l'avenue Songololo, quartier Baudouin, commune de Lubumbashi, pour se renseigner sur l'arrestation  de l'un de ses clients, M. Kasanda Dieba Malarmé. Une fois y être arrivé et présenté comme Avocat de M. Kasanda, le Général Dieudonné Kasongo avait ordonné à ses 20 gardes du corps, constitués des éléments de la GR, de le maitriser et lui infliger des torture et traitements inhumains. C'est ainsi que plus de 100 coups de cordelettes lui ont été administrés sur tout le corps, même à la tête, de 9 h 30 à 17 h 30. Il a été même étrangle, et tous ses habits ont été déchirés.
Il n'a eu la vie sauve que grâce à l'intervention courageuse du Bâtonnier de Lubumbashi, et avant sa libération, ses tortionnaire ont saisi tous ses habits déchirés et l'ont prévenu que : « Si tu oses dénoncer ou te plaindre, tu en auras pour ton compte, et cette fois là nous ne croyons pas  que tu auras la vie sauve... ». Ils avaient saisi aussi sa voiture du 1 au 5 octobre 2012.
Les résultats de ses examens médicaux établissent qu'il a un traumatisme crânien au second degré et plusieurs cas d'hémorragie interne dans les cotes et au dos. Son médecin l'a conseillé d'aller suivre des soins appropriés à l'étranger. A ces jours, il se sent en insécurité à cause des menaces de représailles qu’il avait reçues avant sa libération au cas où il dénoncerait ces faits auprès des ONG des droits de l'homme.
Depuis que le Bâtonnier de l'Ordre des Avocats de Lubumbashi a dénoncé ces faits extrêmement graves auprès de la Justice militaire de Lubumbashi, aucun acte d’instruction n’est posé. Les auteurs desdits faits jouissent tranquillement de l'impunité.
L’ACAJ dénonce ces actes ignobles et exige que l'Auditeur Général des FARDC engage des poursuites judiciaires contre le Général Dieudonné Kasongo Kabila ainsi que tous les commandants de la Garde républicaine qui y ont participé de sorte à les faire sanctionner conformément à la loi n° 11/008 du 9 juillet 2011 portant criminalisation de la torture en RDC.
Elle recommande au Président de la République, de rappeler les militaires de la GR au respect des Magistrats civils, Avocats et agents et fonctionnaires de l'Etat dans l'exercice de leurs fonctions; et de mettre fin à la pratique de torture qui se pratique au sein de leurs cachots et maisons d’arret.
L’ACAJ encourage les Magistrats, Avocats et ONG des droits de l'homme d’utiliser, par solidarité, toutes les voies de recours, tant nationaux qu'internationaux, afin que les auteurs de ces faits ne restent pas impunis et que les victimes aient accès aux indemnisations conséquentes.
Elle recommande au Gouvernement de la RDC, de prendre toutes les dispositions qui s'imposent afin de faire bénéficier aux victimes des soins appropriés, et leur assurer la protection ainsi qu’aux membres de familles.
L'ACAJ condamne le Procureur de la république près le Tribunal de grande instance de Lubumbashi pour avoir fait détenir les victimes de tortures sans soins médicaux, perçu des cautions exorbitantes pour leur liberté, et suspendu le Magistrat Papy Okohe, pourtant victime d'entrave à l'exercice de ses fonctions.
C'est pourquoi, l’ACAJ réclame le remboursement de leurs cautions et le classement sans suite du dossier « fantaisiste et complaisant » ouvert à leur charge sous RMP 66102.
Enfin, l'ACAJ demande au Procureur Général près la Cour d'Appel de Lubumbashi de lever sans condition la suspension qui frappe le Magistrat Papy Okphe Hianda.
 
Fait à Kinshasa, le 25 octobre 2012
 
ACAJ

jeudi 25 octobre 2012

JED et RSF dénoncent le climat d’insécurité et les menaces contre les journalistes en territoires rebelle du « M23 »

Kinshasa, le 19 octobre 2012

Dans une lettre conjointe adressée, vendredi 19 octobre 2012, à M. ean-Marie Runiga, coordonnateur politique du Mouvement armé dénommé « M23 », Reporters sans Frontières (RSF) et Journaliste en danger (JED) ont exprimé leurs vives inquiétudes concernant le climat d’insécurité dans lequel travaillent les journalistes dans les territoires sous contrôle de M23. Les deux organisations ont tenu à attirer l’attention du coordonnateur politique du M23 sur la responsabilité qui lui incombe d’assurer la sécurité des professionnels des médias dans l'exercice de leur fonction et de faire respecter la liberté de la presse et le droit à l’information dans les zones sous son contrôle.

Selon nos informations, Jean-Baptiste Kambale, directeur de la Radio Communautaire Ushirika (RACOU), émettant à Rutshuru, un territoire sous contrôle du M23, situé à 75 kms de Goma (chef-lieu de la province du Nord-Kivu), fait l'objet d'un harcèlement suite à une série de reportages de la chaîne TV5 Monde montrant les exactions contre les populations civiles et autres violations des droits de l’homme commises par les troupes du M23. Mardi 25 septembre 2012, Kambale a été vigoureusement interpellé par l’administrateur de Rutshuru, M. Benjamin Sibomango, qui lui a reproché d’avoir facilité le travail de l'équipe de TV5 Monde .

Dans un appel téléphonique, l’administrateur du territoire de Rutshuru lui a promis la mort en ces termes : "Tu nous as amené les Blancs à Rutshuru pour nous critiquer. Tu sais que nous sommes rebelles. Pour nous, tuer quelqu’un est un petit problème".

Le lendemain, c’était le tour du porte-parole du M23, Vianney Kazarama, d’exprimer ouvertement son mécontentement à l'encontre du journaliste sur les informations diffusées par la chaîne française, le considérant désormais comme un « ennemi » à la solde du pouvoir de Kinshasa chargé de ternir l’image de son Mouvement. M. Kazarama était encore revenu à la charge contre le journaliste, lundi 15 octobre 2012, en l’accusant de l’avoir piégé et d'avoir abusé de sa bonne foi. En raison de toutes ces menaces directes, Jean-Baptiste Kambale vit désormais dans la clandestinité et craint pour sa vie et celle de sa famille.

Les deux organisations ont demandé à M. Jean-Marie Runiga de s’exprimer clairement en se désolidarisant des propos et menaces proférés contre les journalistes travaillant dans les territoires sous le contrôle de ce mouvement armé, notamment à Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu (Est du pays) et d’user de toutes ses prérogatives pour assurer la sécurité physique de Jean-Baptiste Kambale.

« Par extension, nous vous enjoignons de faire cesser tous les actes d’intimidation et de harcèlement à l'encontre des journalistes de la RACOU. En tout état de cause, nos deux organisations tiendront le Mouvement armé "M23", dont vous êtes le chef, pour responsable de tout acte fâcheux qui pourrait arriver au journaliste et à ses proches » ont écrit RSF et JED.



Monsieur Jean-Marie Runiga Coordonnateur politique du M23 République démocratique du Congo
Paris et Kinshasa, le 19 octobre 2012
Concerne : Climat d'insécurité et menaces contre les journalistes
Monsieur le Coordonnateur,
Reporters sans frontières (RSF) et Journaliste en danger (JED), deux organisations de défense de la liberté de l'information, ont l’honneur de vous adresser la présente lettre, en votre qualité de chef du Mouvement armé dénommé "M23", pour vous exprimer leur vive inquiétude concernant le climat d’insécurité dans lequel travaillent les journalistes dans les territoires sous votre contrôle, notamment à Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu.
Nos deux organisations tiennent surtout à attirer votre attention sur la responsabilité qui vous incombe d’assurer la sécurité des professionnels des médias dans l'exercice de leur fonction et de faire respecter la liberté de la presse et le droit à l’information dans les zones où vous opérez.
Dans ce cadre, RSF et JED dénoncent et désapprouvent les menaces proférées depuis quelques jours par des responsables de votre Mouvement contre des journalistes locaux et des correspondants de la presse étrangère.
Selon nos informations, Jean-Baptiste Kambale, directeur de la
Radio
Communautaire Ushirika (RACOU) , émettant à Rutshuru, un territoire sous contrôle du M23, situé à 75 kms de Goma (chef-lieu de la province du Nord-Kivu), fait l'objet d'un harcèlement suite à une série de reportages de la chaîne TV5 Monde montrant les exactions contre les populations civiles et autres violations des droits de l’homme commises par vos troupes. Le 25 septembre 2012, il a été vigoureusement interpellé par l’administrateur de ce territoire, M. Benjamin Sibomango, qui lui reproche d’avoir facilité le travail de l'équipe de TV5 Monde .
Il a par ailleurs reçu un appel de l’administrateur du territoire de Rutshuru qui lui a promis la mort en ces termes : "Tu nous as amené les Blancs à Rutshuru pour nous critiquer. Tu sais que nous sommes rebel les. Pour nous, tuer quelqu’un est un petit problème" .
Le lendemain, c’était au tour du porte-parole du M23, Vianney Kazarama, d’exprimer ouvertement son mécontentement à l'encontre du journaliste sur les informations
diffusées par la chaîne française, le considérant désormais comme un "ennemi" à la solde du pouvoir de Kinshasa chargé de ternir l’image de son Mouvement. M. Kazarama est encore revenu à la charge contre le journaliste, le 15 octobre 2012, en l’accusant de l’avoir piégé et d'avoir abusé de sa bonne foi.
En raison de toutes ces menaces directes, Jean-Baptiste Kambale vit désormais dans la clandestinité et craint pour sa vie et celle de sa famille.
Eu égard à ce qui précède, RSF et JED vous demandent de vous exprimer clairement en vous désolidarisant des propos et menaces proférés contre les journalistes et d’user de toutes vos prérogatives pour assurer la sécurité physique de Jean-Baptiste Kambale. Par extension, nous vous enjoignons de faire cesser tous les actes d’intimidation et de harcèlement à l'encontre des journalistes de la RACOU .
En tout état de cause, nos deux organisations tiendront le Mouvement armé "M23", dont vous êtes le chef, pour responsable de tout acte fâcheux qui pourrait arriver au journaliste et à ses proches.
Nous vous remercions, Monsieur le Coordonnateur, de bien vouloir prendre en compte notre requête.
Christophe Deloire, Directeur général Reporters sans frontières
Tshivis Tshivuadi, Secrétaire général Journaliste en danger



 

 

Déclaration de M. Herman Van Rompuy, Président du Conseil européen, lors de la rencontre avec le Premier ministre de la Rdc

Bruxelles, le 22 octobre 2012

J'ai eu le plaisir de rencontrer aujourd'hui le Premier ministre de la République Démocratique du Congo, pour un échange de vues sur la situation économique, politique et sécuritaire en RDC et dans la région. L’Union européenne a beaucoup investi dans un avenir démocratique, prospère et stable pour la RDC. L'UE est le premier partenaire du pays et elle pilote deux missions de gestion de crise en RDC, qui accompagnent les autorités dans la réforme de la police et de l’armée.

M. Matata Ponyo m’a informé du programme de réformes de son gouvernement, notamment des priorités en matière de consolidation macro-économique, de climat des affaires et de gouvernance, ainsi que de l’état des préparatifs pour la suite du processus électoral.

Tout en saluant son engagement, j’ai encouragé le Premier ministre à procéder rapidement aux réformes nécessaires visant à ancrer fermement l’état de droit et la démocratie en RDC, tout particulièrement en matière de réforme du secteur de sécurité et concernant le processus électoral. Il est dans l’intérêt de l’Union européenne d'apporter son soutien à des Etats démocratiques bien gouvernés, qui respectent l'État de droit et les droits de l'homme et agissent pour le bien de la population.

Nous avons également discuté de la situation grave à l'est du pays, en proie aux activités militaires de bandes armées, avec des conséquences tragiques pour la population civile, en particulier les femmes et les enfants. J’ai exprimé ma préoccupation profonde quant au nombre croissant de déplacés et de réfugiés, et assuré que l’Union européenne restera à l'avant-garde des efforts humanitaires.

J'ai profité de cette rencontre pour réitérer la solidarité de l'Union envers la RDC en ce qui concerne le respect de son intégrité territoriale et souligné l’urgence que toute aide, notamment extérieure, au M23 et aux autres groupes armés actifs à l'est du pays, cesse sans délai. Tous les pays de la région doivent condamner les activités militaires des groupes armés. Il en va également de la responsabilité de la RDC de renforcer le consensus de base dans les Kivu et d'affirmer l'état de droit dans ces Provinces.

Enfin, j’ai encouragé au cours de notre discussion le dialogue et la recherche de solutions politiques entre la RDC et ses voisins. Aucune solution politique durable n'est envisageable sans le retour d'une dynamique régionale positive dans les Grands Lacs. Dans ce contexte, j’ai salué les mesures concrètes de confiance tel le Mécanisme de Vérification Conjointe à la frontière entre la RDC et le Rwanda.

C'est par la voie de la détermination nationale et de la coopération régionale et internationale que nous devons retrouver le chemin de la paix durable. L'Union européenne est prête à continuer, en tant que partenaire fiable et en tant qu’amie, à contribuer à ce but commun avec tous les acteurs concernés.

Territoire de Rutshuru : meeting du M23, les agresseurs defient le président, la CIRGL et la MONUSCO

Après changement de sa dénomination, le M23 (actuel ARC : Armée Révolutionnaire Congolaise), vient de tenir un meeting public. Lundi 22 octobre courant, les rebelles ont barricadé toutes les routes et intercepté les paysans de Rutshuru, Kiwanja Et Kinyandoni qui tentaient d’aller au champ. Cela, au motif que l’autorité aura à entretenir tous ses administrés. Les activités y étaient paralysées presque toute la journée, car la participation au meeting populaire ainsi que les applaudissements lors de discours étaient obligatoires. Le message du M23 s’articulait sur 4 points :

- Premièrement, le M23 annonce au public le changement de sa dénomination. Sans expliquer si les revendications liées au 23 mars étaient déjà sans objet, les Responsables du Mouvement annoncent qu’ils passent du M23 à ARC. ;

- Deuxièmement, la rebellion exige la démission du Chef de l’Etat Joseph Kabila et met à garde la Monusco contre toute ingérence dans les affaires de la RDC ;

- Troisièmement, l’ARC déclare la poursuivre avec la guerre, proclame le Colonel Makenga Sultani comme Général, Chef d’Etat-major général (assisté du Colonel Boduin). Il aura la mission de poursuivre la guerre et combattre la Force Internationale Neutre, en cas où celle-ci ose l’éradiquer ;

- Enfin, le M23 /ARC soutient que le Président Kabila sort fautif et perdant dans tous les sommets organisés au sujet de la crise actuelle. Pour ce mouvement, si les FARDC ne le combattent plus aujourd’hui, c’est par ce que la CIRGL, l’ONU le leur demande ayant tout compris du jeu.

La Coordination de la Société Civile considère de très graves, d’inadmissibles pareilles déclarations qui bradent la souveraineté de l’Etat et qui défient de manière permanente l’Autorité en place. Elle dénonce le complot délibérément entretenu par le Rwanda et l’Ouganda déterminés à poursuivre leur agression à travers cette étiquette (M23 ou ARC).

Notre Structure attire l’attention des autorités sur les informations faisant état de la prochaine proclamation d’une République par l’ARC, avec un Président dont le Chef d’Etat-major vient d’être présenté au public de Rutshuru.

Ville de Goma : la société salue la décision de fermeture de la frontière avec le Rwanda

Le Gouvernement Congolais vient de décider de la fermeture de la frontière congolo-rwandaise pour 12 heures, chaque jour à partir de Goma. Cette fermeture interviendra entre 18 et 6 heures à dater de lundi 22 octobre 2012. C’est le Gouverneur de Province, Julien Paluku Kahongya qui vient de l’annoncer.

L’autorité Provinciale annonce que c’est pour des raisons sécuritaires que le pouvoir a décidé ainsi, en vue de renforcer la sécurité au chef-lieu de la Province.

La Coordination de la Société Civile du Nord Kivu salue cette décision dans la mesure où elle peut contribuer tant soi-peu à la sécurité de Goma et ses environs. Notre structure est convaincue que nombreux bandits, militaires et gangs armés qui déstabilisent cette ville s’organisent à partir du Rwanda et franchissent la frontière pour insécuriser la RDC. Après leurs forfaits, ils y rentrent nuitamment pour y trouver cachette et protection.

Les Forces Vives du Nord Kivu sont persuadées que l’insécurité en ce lieu résulte aussi de la mauvaise gestion des frontières, les services de sécurités frontalières étant inefficaces ou infiltrés aux heures de nuit. A ces heures, les criminels étrangers (M23 et alliés) entrent et sortent à leur gré.
Considérant que cette mesure sera délimitée dans le temps, la Société Civile émet le vœu de voir la décision tenir compte de l’évolution du contexte. Elle rappelle qu’obligation devait être faite aux Fonctionnaires de l’Etat habitant Gisenyi (au Rwanda) à revenir à Goma, étant donné qu’ils échappent à la vigilance de la puissance publique après leur traversée. Ce qui laisse croire que nombreux d’entre eux sont infiltrés et œuvrent à la solde de l’agresseur.

Bref sur Sud Kivu : des voleurs a mains armés ayant secoue Goma captures a Minova

Ils sont au total six, ces voleurs à mains armées qui viennent d’être arrêtés par les services de sécurités de Minova, au Sud-Kivu.

Ces bandits, auteurs d’assassinats, braquages sur la route et en pleine ville, vols à mains armés et autres exactions seraient maitrisés lundi 22 octobre dernier grâce au concours de la population qui a collaborée discrètement avec les services spécialisés.

Parmi les cas en date dont sont auteurs ces malfrats, figurent notamment : l’assassinat de M. Innocent Rugomoka de Helpege (le 17 octobre) et les braquages à la Banque BIAC à Goma (au Nord Kivu, voisin).

Territoire de Beni : enlevement de trois prêtres à Mbau


Le Père-Curée de la Paroisse Catholique « Notre Dame des Pauvres », M. Anselme Wasukundi (41an), ainsi que ses collègues Pères Jean Ndulani (52ans) et Edmond Kisughu (53ans) ont été enlevés vers 21h30, la nuit de vendredi à ce samedi 20 octobre 2012.
En effet, une dizaine d’hommes armés, vêtus en treillis militaires s’étaient introduits dans la Paroisse pour faire incursion au salon commun de Prêtres, où Pères Anselme et Jean suivaient les informations à la télé. Ils les ont ligotés, l’un après l’autre, leur exigeant de l’argent faute de quoi, disaient-ils, ils les ôteraient la vie. Ayant maîtrisé les deux, ils se sont dirigés vers la chambre à coucher de Père Edmond, qu’ils ont trouvé à l’entrée de sa chambre à coucher, s’apprêtant à dormir.

A en croire Père Joseph Katembo Kamundu, l’un des quatre prêtres de cette Paroisse, qui a échappé de justesse pour s’être déjà enfermé dans sa chambre en repos du soir, les malfrats qui parlaient un swahili du type étranger ont même tenté de forcer la porte de sa chambre pour l’amener avec les trois. Ils n’ont pas pu ; ils sont partis après avoir détruit gravement la porte, au point que pour sortir de la maison, il fallait passer par la fenêtre. Certains croient à un enlèvement par des militaires rwandais ou des ougandais de l’ADF-NALU.

Sans savoir exactement le mobil de ravisseurs, nombreux habitants de Mbau crient à un acte ciblé. Il s’agirait d’une action psychologique contre l’église qui s’est engagée au coté de la Société Civile à dénoncer le plan de balkanisation et l’agression rwando-ougandaise dont est victime la RDC à travers le M23. Il ne s’agit guère d’un règlement de compte d’autant plus que les Pères Anselme Wasukundi (venu de Butembo), Ndulani (venu de Londres) ; ils n’ont aucun antécédent dans ce milieu.

Pour l’instant, une psychose règne dans cette zone et toutes les activités sont paralysées à Mbau (Chef-lieu du Secteur de Beni-Mbau), à environs 25 km-Nord de Beni.


Rappelons que non loin de Mbau, au Chef-lieu du Territoire de Beni, était enlevé le médecin Directeur de l’Hôpital Général d’Oicha. Dr Paluku Mukongoma, enlevé à son lieu de service (l’après-midi du 1er juillet 2011) reste toujours entre les mains de ses ravisseurs.
La Coordination Provinciale de la Société Civile du Nord Kivu qualifie de sabotage, d’inadmissible cet acte traduisant la recrudescence de l’insécurité en Province du Nord Kivu. Elle appelle la Police, l’armée, les Services de Sécurité et le Gouvernement Provincial à se mobiliser pour appréhender les ravisseurs et libérer les victimes. Notre Structure invite les autorités à redoubler leurs efforts pour endiguer définitivement l’insécurité grandissante en Province.

Territoire Rutshuru : trois nouveaux bataillons ougandais et rwandais en renfort au cote du M23

Les trois bataillons sont entrés la nuit de dimanche à lundi 15 et celle de mercredi à jeudi 18 octobre courant. Nos sources indiquent que la plupart des militaires ougandais et rwandais ont franchi la frontière, en passant par Nkonkwe (en Groupement de Gisigari) et Runyonyi (en Groupement Bweza), dans la Chefferie de Bwisha.

L’entrée de ces bataillons n’a autre objectif que de renforcer le M23 et lui permettre d’accélérer son avancée sur les Territoires de Masisi, Walikale, Nyiragongo pour la Ville de Goma, avant de commencer la 2e étape qui consistera à aller vers le Grand Nord (la zone Beni-Lubero).


Nos informations renseignent que l’Ouganda vient de doter le M23 en uniformes militaires neuves, bottes (ngodio), armes et munitions de guerre. Certaines indiscrétions révèlent que les Cadres politiques et les Autorités Militaires du M23 se sont réunis à Bunagana (agglomération frontalière avec l’Ouganda, à l’Est de Rutshuru-Centre) pour préparer de nouveaux affrontements devant permettre au M23 d’étendre son contrôle sur la Province du Nord Kivu.
C’est pourquoi le M23 infiltrent sensiblement ses éléments à Masisi, Nyiragongo et Goma en vue de s’assurer que ses équipes d’avancent maitrise la zone pour une entrée facile des étrangers.

La Société Civile du Nord Kivu alerte les Nations Unies sur ces nouvelles menaces de déstabilisation et se dit scandalisée de voir l’ONU accepter le Rwanda parmi les 10 Etats membres (non-permanents) de son Conseil de sécurité.

Elle considère que l’ONU vient de se discréditer, de cracher sur ses propres efforts de pacification, de promotion de la démocratie et des droits humains, en acceptant dans son Conseil de Sécurité le Rwanda, un Etat belliqueux, déstabilisateur et agresseur de ses voisins.

Notre Structure encourage, par contre, le Conseil de Sécurité des Nations Unies, à adopter le plus urgemment possible des sanctions contre les Gouvernements, les Responsables politiques et militaires rwandais et ougandais pour leur agression du Congo, sous étiquète M23. Ces sanctions peuvent consister notamment à des embargos aux Gouvernements Ougandais et Rwandais, au gel des avoirs, à l’interdiction de voyager dans d’autres Etats et au déferrement devant la CPI de ces hauts responsables rwandais et ougandais soutenant et entretenant le M23.
 
LE XIVème Sommet de la Francophonie de Kinshasa
Le 14ème Sommet de la francophonie qui s'est clôturé le 14 octobre dernier a continué d'alimenter le débat en termes d'évaluation. Signe s'il en faut d'une réelle vitalité politique et de l'existence d'un espace d'expression plurielle des libertés dans notre pays.
Ce Sommet qui s'est déroulé à Kinshasa a été un vrai succès tant sur le plan de la participation que des résolutions qui en sont sortis. La RDC est fière d’avoir pu abriter sans encombres une si importante manifestation internationale avec tout ce que cela comporte de défis logistiques, d'exigences sécuritaires et de capacités managériales.

On peut, à l’heure du bilan, regretter au nom de la rationalité républicaine cette tendance observée chez certains de nos compatriotes à vouer leur pays aux mille diables pour peu que leurs intérêts particuliers ne sont pas satisfaits. Certains appellent cela faire de la politique. Il s’agit à notre point de vue d’attitudes égocentriques qu’il serait désastreux de léguer à la postérité. La légitimité d’une ambition politique ne peut se mesurer qu’à l'aune des Intérêts Nationaux. Le gouvernement engage ceux des nôtres dans la classe politique qui appellent à tout bout de champ la foudre sur leur propre pays au motif qu’ils ne sont pas au pouvoir à penser de temps en temps à tous leurs compatriotes qui ont en partage la RDC avec eux et qu’ils auront un jour ou un autre à gouverner.

Nous avons noté par ailleurs un activisme débridé de quelques acteurs de médias étrangers décidés coûte que coûte à obtenir et propager un tableau apocalyptique de la RDC. C’est une réalité quotidienne depuis que les institutions politiques en place au Congo ont pris la résolution de prendre le destin du pays, particulièrement à la faveur des préparatifs des élections de novembre 2011. On a entendu récemment quelqu'un confesser sur une chaîne de radio confessionnelle, qu’au début des années 90' le groupement politique auquel il appartenait avait reçu un financement extérieur pour acheter des vivres sur les bateaux approvisionnant Kinshasa à hauteur du port de Maluku et les déverser dans le fleuve pour maintenir la capitale Kinshasa dans une pénurie propice à un changement de type révolutionnaire qui leur aurait profité.

Un véritable crime contre l’humanité car ce qu’on a vu en réalité, c’est une disette qui a emporté des milliers de pauvres kinois tandis que le régime Mobutu s’adjugeait encore un plein septennat jusqu’à sa mise à l’écart par l’AFDL en 1997. Ceux qui cherchent avec leurs réseaux extérieurs à rééditer la démocratie des embargos et des boycotts feraient bien de s’en souvenir et cesser de tourmenter notre peuple dans son cheminement vers la démocratie.

Des évaluations en sens divers ont été faites de ce sommet de la francophonie. Nous y voyons une manifestation de l’existence d’un débat démocratique dont on ne dira pas qu’il fait déficit ici. Certains ont dit que ce grand rendez-vous a révélé un problème de déliquescence de l'Etat et de déficit de leadership responsable.

Il y a eu effectivement dans ce pays une période de déliquescence de l'Etat. C'est connu. Mais les choses n’en sont pas restées là, loin s’en faut. Les paramètres ont singulièrement évolué dans les domaines les plus variés et notamment dans ceux de la démocratie des droits de l’homme quoiqu’on ait voulu faire croire à un de nos illustres visiteurs peu au fait de nos réalités. Lentement mais sûrement, la RDC se relève et ce n’est certainement pas à un leadership irresponsable qu’on le doit.

Et c’est à juste titre que le Président de la République a balayé les prétentions manichéistes de ceux qui voulaient mettre à profit le sommet francophone de Kinshasa pour nous inoculer moult complexes en la matière. À Kinshasa, nos invités ont palpé du doigt les réalités d’un pays vivant et en voie de modernisation, un pays dans lequel les libertés sont exercées plus que partout ailleurs dans notre espace géographique.

Un Congolais qui aime le Congo n’a pas à s’offusquer du succès enregistré par son pays sur la scène internationale. Pareil succès ne concerne pas que le Président de la République et les animateurs des institutions nationales en place. C’est au peuple congolais dans toutes ses composantes que les lauriers de cette performance doivent être tressés. Le président de la République française, Monsieur François Hollande qui, avant sa visite à Kinshasa avait déclaré la situation congolaise « tout à fait inacceptable » (citation) en matières de démocratie et des droits de l’Homme, a pu mieux appréhender au contact des réalités de la RDC que des progrès, bien que timides, étaient évidents dans tous ces domaines. Il s’agit d’une évaluation faite après quelques heures seulement d’observation. Nul doute qu'une observation plus approfondie des réalités congolaises aurait renforcé cette perception.
Vous et moi avons entendu le président de la France affirmer que grâce à son action (pressions), la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) « avait commencé à se réunir, de même que la Commission nationale des droits de l’Homme ». Pourtant, au moment ou il prenait la parole, ni la Commission électorale relookée, ni la Commission nationale des droits de l’homme n’étaient en mesure de se réunir pour la simple raison qu’elles n’étaient pas encore constituées. La Ceni attendait, et attend toujours, un accord entre la majorité et l’opposition parlementaires sur les amendements à la loi qui l’organise.

Quant à la Commission nationale des droits de l’Homme, elle n’a pas pu se réunir avant la promulgation par le Président de la loi l’instituant et le recrutement subséquent de ses membres. Un peu plus de modestie et d’écoute ne feraient du mal à personne. On mettra dans le même panier de l’ignorance et de la méconnaissance des réalités congolaises cette demande saugrenue d’un groupe de députés français accompagnant le président Hollande à Kinshasa et qui, s’adressant au président de notre Assemblée nationale Aubin Minaku, lui demandèrent sans rire de « faire libérer » MM. Diomi Ndongala et Roger Lumbala, deux députés de l’opposition pour lesquels une demande d’autorisation de poursuites pénales introduite par le Parquet général de la République n’ayant pas encore été examinée étaient… en liberté, l’un chez lui dans les hauteurs de Kinshasa (Diomi) et l’autre en cavale à Paris (Lumbala).

Manifestement obnubilés par des besoins d’image irrépressibles, ces messieurs en venant au Congo n’avaient pas pris la peine de bien lire leurs dossiers.

En tout état de cause, le gouvernement congolais tient à exprimer sa satisfaction après avoir entendu Monsieur le Président de la République française placer en tête des thèmes qu’il a développé à Kinshasa une dénonciation claire de l'agression dont est victime la RDC sur son flanc oriental ainsi que la réaffirmation de l’intangibilité des frontières congolaises ce qui rejoint la préoccupation primordiale des Congolaises et des Congolais en ces temps d’une agression extérieure à l’Est vécue comme un poignard au cœur des hommes et des femmes de ce pays. Un des dirigeants de lopposition congolaise, qui se dit muselée, a dénoncé à haute et intelligible voix le Président de la République pour n’avoir pas cité nommément le président rwandais et son pays en dénonçant l’agression dont la RDC fait l’objet lors de son allocution devant l’Assemblé générale des Nations Unies alors que son ministre porte-parole du gouvernement ne s’empêche pas de le faire. « Qui croire ? », a-t-il fait semblant de s’interroger comme s’il n’avait pas entendu le chef de l’Etat affirmer à Kinshasa que l’agression de la RDC par le Rwanda était « un secret de polichinelle ». C’est un véritable débat sur le sexe des anges. Lorsqu’un chef d’Etat affirme que la paix est troublée à l'Est par des forces négatives avec l’appui extérieur d'un État voisin et que son ministre vient identifier les ainsi dites forces négatives et le pays extérieur en question, on ne voit vraiment pas où se niche la contradiction.


De fait, entre la communication du Chef de l’Etat et celle d’un Ministre qui se déroulent à deux niveaux différents, il faut plutôt voir une complémentarité à la manière d'une partition musicale dans laquelle on ne peut pas reprocher au maestro de ne pas jouer de tous les instruments ou au baryton de ne pas exécuter les mêmes notes que le soprano, l'alto ou la basse. C'est l'ensemble qui fait la symphonie.


II. RAPPORT FINAL DES EXPERTS DES N.U. SUR L’EST DE LA RDC


Les conclusions finales du rapport des Experts des Nations Unies sur la violation de l’embargo à l’Est de la RD Congo sont d’ores et déjà connues. Le gouvernement en prend acte.

Pour l'essentiel, ce rapport ne nous surprend guère car il confirme ce qui était déjà connu des services du gouvernement congolais à savoir que nos voisins rwandais continuent sans désemparer leur agression contre notre pays en se dissimulant derrière le groupe par procuration qu’ils ont créé et qu’ils commandent directement. Le rapport final des Experts onusiens est fort précis sur la description de la chaîne de commandement effective de cette force qui change de nom au gré des directives des stratèges de Kigali. Elle comprend « le général Bosco Ntaganda et culmine avec le ministre rwandais de la Défense, le général James Kabarebe ». Il appert donc clairement que le gouvernement rwandais est impliqué ès qualité dans l'agression dont la RDC est victime au Nord-Kivu.

Le rapport final stipule en outre que "De hauts fonctionnaires du Gouvernement de l'Ouganda ont également fourni un appui aux M23 sous la forme de renforts directs de troupes dans le territoire de la RDC (Congo), de livraisons d'armes, l'assistance technique, la planification conjointe des opérations, des conseils politiques et l'assistance diplomatique".

Fort de ces informations, le Gouvernement de la RDC attend en ce moment des explications de la part des autorités ougandaises au sujet de ces graves allégations. Il s’agit pour nous d'établir les responsabilités et d’élucider s'il s'agit d'une implication personnelle de criminels agissant individuellement ou d'une action délibérée du gouvernement de ce pays à l’instar de ce qui s’observe avec le Rwanda.

C’est le lieu de dire trois choses sur la récente admission du Rwanda au titre de membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies pour le compte du groupe Afrique de l’Est, une décision de l’Assemblé générale des Nations Unies qui a défrayé la chronique.
Le Gouvernement de la RDC déplore l’admission du Rwanda en qualité de membre non permanent du Conseil de sécurité pour deux ans car cette décision constitue un très mauvais signal en ce qu’elle banalise l’horrible situation créée par ce pays en République démocratique du Congo où il continue à perturber la paix et la sécurité ;
Il faut noter toutefois que le Rwanda, seul candidat aligné par la sous région Afrique de l’Est à ce poste, pouvait difficilement ne pas occuper ce siège, sauf à priver l’Afrique d’un représentant dans cet organe des Nations Unies, une situation inédite dans les annales de l’organisation mondiale. Cela ne constitue nullement une raison pour les Congolais de se croiser les bras. Il est indispensable qu’à l’instar du Gouvernement, toutes les forces vives de la Nation et les amis du Congo partout en Afrique et dans le monde fassent connaître leur réprobation à qui de droit ;
L’occupation par le Rwanda d’un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies n’exonère pas ce pays des obligations découlant de son appartenance à la communauté des Nations. Parmi celles-ci - faut-il le rappeler ? figure celle de ne pas agresser un Etat tiers.



Le peuple congolais continuera donc à se défendre contre cette agression et en appelle dans le même temps la communauté internationale à consolider les timides sanctions prises ou envisagées à l’encontre de l’agresseur.


LYNCHAGE MEDIATIQUE AUTOUR DE L’AFFAIRE CHEBEYA


Quelques jours après la fin du sommet de la francophonie et des polémiques qui l’ont traversé, une véritable campagne de lynchage médiatique a été lancée contre la RD Congo et son président, Joseph Kabila à partir des médias publics français (RFI et France 24). Des animateurs de ces médias ne se sont pas embarrassés des principes déontologiques au sujet desquels ils ne cessent de nous harceler.

C’est RFI qui a ouvert les hostilités le 17 octobre avec des révélations exclusives sur l’affaire Chebeya, du nom de l’activiste congolais des droits de l’homme retrouvé mort dans la banlieue de Kinshasa début juin 2010. Une affaire dont le procès en appel reprend aujourd’hui devant la justice militaire congolaise. Une personne, parlant à visage couvert mais se présentant comme l’ancien Major de la Police nationale congolaise Paul Mwilambwe, formule des accusations graves contre le chef suspendu de la police congolaise le Général John Numbi mais aussi contre le président de la RD Congo Joseph Kabila. Selon le personnage qui se cache tout en multipliant des preuves de sa « véritable » identité en brandissant son passeport à l’écran, Floribert Chebeya et son compagnon Fidèle Bazana auraient été assassinés sur ordre du général Numbi qui exécutait une instruction reçue du président Joseph Kabila à cette fin.

C’était la deuxième fois que le présumé « Major Mwilambwe » s’exprimait dans les médias étrangers. Sa première déclaration avait été faite à Thierry Michel, un cinéaste - documentariste belges au lendemain d’une décision de refoulement de ce dernier par les services congolais de l’immigration à l’aéroport international de N’Djili pour faux et usage de faux sur son passeport. À l’évidence, la coïncidence n’était pas fortuite. Beaucoup de Congolais n’étaient pas loin de croire que Michel avait ainsi utilisé cette interview pour prendre sa revanche sur un Etat d’où il avait été expulsé.

La dernière sortie de Mwilambwe est intervenue dans les jours qui ont suivi la polémique entre François Hollande et Joseph Kabila au sommet de la francophonie et à moins d’une semaine de la reprise de la procédure judiciaire sur l’affaire Chebeya. Le Gouvernement de la République ne croit pas à un simple effet du hasard.

Nous ne sommes pas loin de croire que les objectifs poursuivis par cette action sont (i) d’influencer les juges chargés de dire le droit sur le dossier Chebeya qui reprend son cours ce 23 octobre 2012 et (ii) de discréditer le Président de la République Démocratique du Congo, et les institutions politiques en place à Kinshasa coupables d’avoir osé tenir tête à ceux qui, en dépit de leurs propos lénifiants sur la fin des pratiques détestables de la françafrique, s’autorisent toujours ce paternalisme suranné que nous ne supportons plus. Force est de constater en effet à cet égard que l’interview du dénommé Mwilambwe diffusée par RFI fait littéralement « cadeau » aux juges en charge du dossier de l’assassinat de M. Chebeya d’un « témoin à distance », un concept inédit dans l’histoire de la justice.

Ce que le cinéaste Thierry Michel et la journaliste Stéphanie Braquehais de RFI ont fait n’est pas défendable, juridiquement et déontologiquement. Ils ont pour ainsi dire d’eux mêmes conduit de bout en bout l’enquête judiciaire, identifié un témoin parmi les condamnés fugitifs, qu’ils ont « interrogé » sur antenne et à l’écran avant de livrer les conclusions aux spectateurs et auditeurs de leurs médias sous forme d’un verdict désignant des « coupables » qu’ils n’ont pas jugé utile d’entendre et ce, concomitamment au vrai procès judiciaire qui se poursuit sans désemparer. M. Michel et Mme. Braquehais prennent de toute évidence des libertés avec les principes d’une bonne administration de la justice comme la présomption d’innocence, la plénitude de l’action réservée à la seule magistrature (et pas à des cinéastes ou des journalistes). Ils n’ont aucun respect pour l’indépendance du pouvoir judiciaire rappelée du reste avec force par M. le Président de la France en réponse à un dirigeant africain qui lui reprochait sa mise en cause par des juges de l’hexagone dans l’affaire dite des Biens mal acquis.

Peut-on en même promouvoir l’indépendance de la justice en France tout en multipliant les oukases sur un Chef d’Etat africain pour le contraindre à faire dire le droit selon le bon vouloir d’hommes d’Etat et de journalistes européens ?

Sur ce procès dont le cours reprend aujourd’hui, le Gouvernement de la République n’a rien à dire. Il comprend la préoccupation de l’instance en charge d’éviter toute procédure expéditive car une justice expéditive est un déni de justice. De nombreux précédents historiques fondent la prudence observée dans ce pays à cet égard.

Il en fut ainsi de l’affaire Dreyfus, qui mena à une condamnation infamante et injuste un jeune officier français « coupable » de… ses origines juives alors qu’il s’était agi d’un montage grotesque.

Qui dans notre pays, ne se souvient pas de cette autre affaire, plus récente, du fameux massacre des étudiants de l’Université de Lubumbashi, qui affaibli sans le faire tomber le régime du défunt président Mobutu Sese Seko tout en plongeant notre peuple dans un profond marasme en raison de l’embargo imposé à notre pays et de la rupture de la quasi-totalité des accords de coopération qui le liaient à ses partenaires à l’étranger depuis lors ?

Ce micmac cynique est à la base de la désarticulation du tissu économique et des structures de l’Etat que notre pays essaye encore aujourd’hui de conjurer. Alors qu’un seul étudiant avait perdu la vie dans une bagarre entre factions, la petite histoire nous apprend qu’un professeur de cette Université en quête d’une carte de résident en Europe où il était arrivé peu après les événements s’était entendu dire qu’il ne pouvait obtenir le précieux sésame qu’à la condition (sine qua non) de décliner devant la presse un (faux) témoignage sur le prétendu massacre de plus de soixante étudiants par la garde civile de Mobutu. Chose qu’il fit à la satisfaction de ses commanditaires.

Pour la plupart des Congolais qui ont suivi les entretiens de Paul Mwilambwe dans le documentaire sur Chebeya et sur RFI et France 24, le 17 octobre la méthodologie de Thierry Michel et Stéphanie Braquehais n’est pas sans rappeler à certains égards ces pratiques de lynchage médiatique qui sont aux antipodes non seulement des règles déontologiques mais aussi des fondamentaux du fonctionnement des institutions. Lorsque le présumé Mwilambwe affirme avoir plus ou moins assisté à la mise à mort de Floribert Chebeya, la journaliste lui demanda pourquoi il n’était pas intervenu pour le sauver, ignorant donc que dans la police ou dans n’importe quel corps habillé du monde, on obéît aux ordres. Un point c’est tout. Et qu’en admettant que les choses se soient passés de cette manière, n’ayant pas reçu l’ordre d’interférer, le Major Mwilambwe ne pouvait en aucune façon le faire.

Le récit servi par le Mwilambwe qui a parlé le 17 octobre est particulièrement cocasse lorsqu’il prétend avoir exigé et obtenu des explications en pleine exécution du crime par celui qu’il présente comme l’assassin de Chebeya, le Major Christian Ngoy.

Il est tout à fait invraisemblable que l’assassin (ou les assassins) ai(en)t tué le chauffeur de Chebeya, M. Bazana, pour éliminer un témoin gênant en ne faisant pas subir le même sort au Major Mwilambwe, si tant est que, étranger au complot, il aurait eu la témérité de se présenter de sa propre initiative sur les lieux du forfait pour exiger des explications aux exécutants.

Autre invraisemblance dans la réponse attribuée à l’exécutant Christian Ngoy selon laquelle le général Numbi, le grand patron de la police en RDC se serait senti obligé d’expliquer à ce Major qui était de très loin son subalterne que l’ordre qu’il lui donnait venait du président de la République Joseph Kabila. L’autorité personnelle de Numbi ne suffisait-elle pour faire exécuter un ordre par cet officier qui était sous son commandement ? Il est assez difficile de croire que ce général que M. Michel et Mme Braquehais dépeignent comme un chef militaire puissant sur la scène congolaise en ait été réduit à mendier pratiquement l’exécution de son ordre auprès d’un sous-fifre, au point de devoir révéler à ce dernier que cet ordre provenait du Chef de l’Etat en personne. Quelle peut être en définitive la valeur des aveux recueillis sur un policier condamné en cavale et dont l’identité est du reste sujette à caution ? L’homme que l’on présente comme témoin de l’assassinat de Floribert Chebeya a soutenu sur les antennes de RFI, qui l’a répété en boucle que le Général John Numbi et le Président de la République étaient les commanditaires de l’assassinat de Chebeya sans que rien dans sa propre relation des faits ne permette de dire qu’il ait vu ou entendu l’une quelconque de ces personnalités faire ou dire quoi que ce soit. Il est permis de se poser la question de la crédibilité de la qualité de témoin lui attribué par Michel et Braquehais du moins sur la partie des faits attribués au chef de la Police et surtout au Président de la RDC. Le Milambwe de RFI renseigne en effet, qu’il n’avait vu que son collègue, le Major Christian Ngoy conduisant feu Chebeya cagoulé. Il ajoute avoir entendu Christian Ngoy un autre condamné en fuite - lui dire que c’est John Numbi qui lui aurait intimé l’ordre de mise à mort et qui lui aurait dit avoir reçu cet ordre du Président de la République. C’est donc un quidam qui aurait dit à un autre qu’un troisième lui aurait dit que le président lui aurait dit…

Cet interminable chapelet de ragots venant de surcroît d’une personne condamné en premier ressort pour son rôle dans l’assassinat de Floribert Chebeya en juin 2012 méritait-il quelque considération que ce soit de la part de professionnels ? Comme si le simple fait de dire les pires vilenies sur Joseph Kabila rendait une source crédible à leurs yeux, Thierry Michel et Stéphanie Braquehais ont fait une telle confiance à leur interlocuteur qu’ils ont gobé et diffusé sans ciller la légende d’un écran de surveillance émettant un son particulier uniquement lorsque la caméra à laquelle il est branché filme des images de maltraitance ou de tortures ! Un tel gadget existe peut-être déjà à la PJ de Liège ou de Paris mais il n’est pas certain que les services de la police nationale congolaise se le soient déjà procurés.

Des sources proches du QG de la Police nient l’existence d’un tel équipement et signalent qu’aucune caméra n’a jamais été installée dans le local de la réception où le récit diffusé localise la scène macabre du meurtre par étouffement auquel il aurait assisté par le biais de son écran renifleur. Mais la justice militaire nous en dira plus.

Nombreux sont ceux qui pensent à Kinshasa que les graves accusations contre le président Joseph Kabila, répercutées sans le moindre début de preuve et avec une rare légèreté par RFI et France 24 s’inscrivent dans le cadre d’une campagne de dénigrement. Un lynchage médiatique conçu pour livrer un dirigeant africain de plus à la vindicte de l’opinion avant de lui régler son compte. Après Patrice Lumumba en 1961, Mzee Laurent-Désiré Kabila en 2001, est-ce le tour de Joseph Kabila Kabange ?

Tout s’est passé en effet comme si le but poursuivi par ces médias publics de l’Hexagone d’un pays étranger était d’intoxiquer aussi bien la justice que l’opinion publique avec une fausse information sur une culpabilité du chef de l’Etat de la RDC dans une affaire criminelle dans laquelle il n’a été à aucun moment cité. On se trouve en face d’un cas d’école d’instrumentalisation de médias étrangers auxquels nous avons ouvert nos fréquences dans un souci de rendre l’information plurielle pour déstabiliser nos institutions et leurs animateurs. Cela est inacceptable.

La RDC et son peuple ont, depuis les années d’indépendance, déjà payé un lourd tribut en vies humaines pour s’affranchir du colonialisme et de tout ce qui, de près ou de loin, s’apparente au néo-colonialisme. C’est le cas de cette survivance anachronique que l’on a nommé la Françafrique. Un disfonctionnement relationnel dont trois chefs de l’Etat français ont annoncé l’enterrement, sans que nous en voyions des effets sur nos relations quotidiennes.

Selon les dernières informations parvenues au gouvernement depuis quelques jours, des doutes sérieux viennent de surgir sur l’identité de la personne qui a parlé sur RFI et France 24 en se présentant comme Paul Mwilambwe. Des officiers connaissant bien le major en fuite à Kinshasa avaient déjà alerté justice en entendant la diction continue et fluide de celui que Thierry Michel présentait comme leur collègue Paul Mwilambwe pourtant affublé d’un bégaiement aggravé dans son élocution. Depuis Lubumbashi où elle vit, la famille biologique de Paul Mwilambwe vient de jeter un pavé dans la marre en dénonçant ce qui lui apparaît comme une substitution de personne.

Après avoir suivi l’interview de Mwilambwe sur RFI, ses grand-parents, son cousin, son oncle et plusieurs autres membres de sa famille ont approché la RTNC/Katanga pour dénoncer sans ambages le subterfuge. La volubilité de celui qui se présentait comme le Major Paul Mwilambwe les avaient surpris car leur petit-fils, neveu et cousin Mwilambwe était incapable d’aligner deux mots sans s’empêtrer dans le halètement caractéristique des grands bègues. « Ce monsieur qui parle à la radio n’est pas Paul Mwilambwe, a déclaré son cousin germain. Nous demandons à ceux qui ont organisé cette tricherie de nous dire où se trouve notre frère disparu depuis deux ans ».

Tant d’incohérences et d’approximations font penser à une mise en scène. L’interview du présumé Mwilambwe résulterait dans cette hypothèse d’un arrangement proposé à n’importe quel demandeur d’asile en Occident comme condition pour lui faciliter le voyage vers le « paradis » de l’exil et de l’assister dans les démarches en vue de régulariser sa situation et ainsi légaliser son séjour.

L’objectif est de compléter utilement le tableau d’infamie pour discréditer l’indocile Joseph Kabila et donner une justification morale à ceux qui pourrait se charger de le neutraliser. Comme ce fut le cas avec Patrice Lumumba et Mzee Laurent Désiré Kabila.

Enfin, on peut relever que le prétexte Chebeya, dont veulent se servir certains en Occident pour diaboliser Joseph Kabila, se fonde sur une fausse prémisse dû à une totale méconnaissance du contexte : celle qui consiste à croire que l’activiste des droits de l’homme assassiné en juin 2010 disposait de révélations fort gênantes pour les autorités congolaises sur les affaires Bundu Dia Kongo au Bas-Congo, et Enyele dans l’Equateur. Des renseignements que pour rien au monde, le Gouvernement Kabila n’aurait tenu à voir divulguer. Fausse prémisse parce qu’il est erroné de croire que sur ces deux affaires, des organisations autrement plus organisées et mieux outillées que l’ONG la Voix des Sans Voix, comme la section des droits de l’homme de la Monusco ou Human Right Watch, avaient consacré des rapports plus que fouillés qui ont permis au gouvernement d’appréhender et faire juger plusieurs officiers de la police nationale ainsi que quelques terroristes du mouvement Bundu dia Kongo. Il serait très étonnant que la Voix des Sans Voix fasse mieux si longtemps après les faits.

Du reste, aujourd’hui, plus de deux ans après l’assassinat de M. Chebeya, ni Thierry Michel et Stéphanie Braquehais, ni l’organisation la Voix des Sans Voix ne sont en mesure de dire ce que seraient devenues ces si accablantes révélations pour lesquelles le militant auraient été « tué par le président Kabila » et dont nul ne croira qu’il ait pu se rendre à son rendez-vous fatal (si rendez-vous il y avait eu) sans en confier quelques exemplaires à des mains sûres.

On peut se poser la question de savoir pourquoi un tel rapport n’a jamais été publié ou à tout le moins versé au dossier en instruction à la Cour Militaire où il aurait pu éclairer les débats ?

Mais il n’est pas impossible, et je vais m’arrêter là, que Thierry Michel et Stéphanie Braquehais aient été abusés du fait de leur propension à céder à cette illusion du savoir immédiat qui entraîne certains médias peu rigoureux à des contradictions flagrantes et des appréciations complètement erronées des faits abordés avec les œillères de la passion ou des intérêts particuliers. Les dernières conclusions du procès que nous devons laisser la justice congolaise mener seule jusqu’à son terme nous le diront.

Je vous remercie.


Lambert MENDE OMALANGA
Ministre des Médias, chargé des Relations avec le Parlement et de l’Initiation à la Nouvelle Citoyenneté

Porte-parole du Gouvernement