Laurent-Désiré Kabila est assassiné un jour avant sa participation au 21ème sommet France-Afrique du 18 au 19 janvier 2001 à Yaoundé au Cameroun. Dans la capitale camerounaise où se trouvait déjà la délégation de la RDC qui participait à la conférence ministérielle de ce sommet. L'ambassadeur Isabel Machik Tshombe, à l'époque vice-ministre à la Coopération régionale revient sur les circonstances dans lesquelles la délégation congolaise a vécu cette disparition.
« Le 16 janvier 2001 en tant que vice-ministre à la Coopération régionale, j'étais à Yaoundé au Cameroun. Je faisais en effet partie de la délégation congolaise qui devait accompagner le chef de l'État, Laurent-Désiré Kabila au sommet France-Afrique »se rappelle Isabelle Machik Tshombe. La délégation congolaise avait précédé le chef de l’Etat parce qu’elle prenait part à une réunion ministérielle qui avait lieu deux jours auparavant. C’est ainsi que la délégation congolaise conduite par le ministre des Affaires étrangères, Léonard She Okitundu.
« Nous étions le 16 en train de participer à la Conférence ministérielle qui précédait donc le sommet qui était prévu le 17 et le 18 janvier 2001. C'est au cours de cette Conférence ministérielle que tout à coup j'ai vu le ministre notre ministre des Affaires étrangères, Monsieur Léonard She Okitundu qui s'est levé pour répondre au téléphone ».
Léonard She Okitundu a demandé à Isabelle Tshombe de prendre sa place. « Je me suis mise à sa place à la Conférence ministérielle sur le siège de la RDC. Ensuite, je l'ai vu revenir. J'estimais qu'il avait pris un visage fermé. Il paraissait inquiet et pâle. Je lui ai demandé ce qu'il avait. Le ministre m'a dit bon je t'en parlerai plus tard ».
Etant donné que Isabelle Tshombe lui avait laissé le siège, elle a décidé aussi de sortir de la salle où se tenait la conférence ministérielle. Elle s’était retrouvée dans le corridor. C'est là qu’elle a croisé un de ses collègues qui lui lui a tout de suite interpellé en disant « Isabelle, il se passe des choses terribles dans ton pays. Qu'est-ce que c'est ? Il semblerait qu’il y a eu des coups de feu autour de la présidence de la République et que bon Kinshasa est sens dessus dessous. Alors, qu'est-ce que vous pensez de cela ? »
Évidemment, Isabelle Machik Tshombe n'était pas informée de ce qui se passait à Kinshasa. « Donc, j'ai suggéré à mon collègue d'attendre notre position officielle. C'est ainsi que j'ai commencé moi-même à appeler Kinshasa. Je n'arrivais pas à joindre Kinshasa. Je suis revenue alors voir notre chef de délégation. Je lui ai dit que je venais d'apprendre des choses terribles. Il semblerait qu'on a tiré à la présidence de la République. Il a dit oui justement mais nous ne pouvons plus rester dans cette réunion. Il va falloir d’abord se renseigner au pays exactement pour savoir ce qui se passe ».
Toute la délégation essayait de prendre une position commune pour établir ensemble le modus operandi pour pouvoir répondre au questionnement des uns et des autres. « Nous nous sommes retrouvés chez le chef de délégation dans son appartement à l'hôtel où nous étions logés. Ensuite, nous avons décidé de ne pas prendre de position officielle en attendant de joindre Kinshasa. Nous avons essayé évidemment chacun de joindre les siens à Kinshasa, de joindre un collègue ou de joindre un service mais visiblement on a coupé les lignes téléphoniques ».
La délégation congolaise sera informée par la mission diplomatique de la RDC à New York (Etats-Unis). « C’est elle qui va nous informer qu'effectivement qu’on a tiré du côté du Palais de marbre. Le président Laurent-Désiré Kabila serait touché mais on l'a amené à l'hôpital. Les autorités congolaises étaient en train de préparer son transfert pour le Zimbabwe. Donc, nous sommes inquiets mais plus ou moins rassurés puisque le président est en vie. Nous restons groupés et nous essayons de garder la tête froide et de ne pas nous laisser aller. Nous évitons évidemment de répondre au questionnement de la presse et puis c'est comme ça que nous allons suivre dans la chambre de notre chef de délégation les informations qui commencent effectivement à expliquer ce qui est en train de se passer ».
La délégation congolaise à Yaoundé attendait bien sûr l'appel du général Eddy Kapend (à l'époque il était colonel). « Nous entendons son appel et nous sommes rassurés en disant bon ben il semble avoir les choses en mains. et bien sûr retour de nous c'est beaucoup de spéculations. Le lendemain, quand commence le sommet France-Afrique. Ce fut le président Gnassingbé Eyadéma qui était le doyen des présidents Francophones qui va prendre la parole. Le président togolais commence par nous demander une minute de silence en mémoire de son frère, le président de la République Démocratique du Congo, Laurent désiré Kabila ».
C’est le choc pour la délégation congolaise, se souvient Isabelle Machik Tshombe. « Nous sommes choqués pas parce que nous imaginons que c'est la réalité. Nous sommes en train de dire mais ils veulent l'enterrer déjà. Ça nous paraît tout à fait indélicat parce que bien sûr la RDC n'a pas encore annoncé le décès du chef de l'État. Pour sa part, le président français Jacques Chirac prendra la parole à la suite de la déclaration du président Eyadéma. Le président Chirac demandera simplement qu’on puisse soutenir la RDC qui est en train de vivre une épreuve. Il ne suggérait pas que le président de la République était décédé.
La délégation congolaise a pris part au sommet en essayant d'entrer en contact avec le pays mais surtout en essayant alors maintenant d'organiser un départ pour le pays.« Nous sommes repartis en quittant Yaoundé le 18 janvier 2001. Nous sommes rentrés chez nous par le premier vol que nous avions trouvé juste après le sommet. C'est le 18 janvier 2001 que les autorités congolaises ont annoncé la mort officielle de Laurent-Désiré Kabila le 16 janvier 2001 ».
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