A la veille de la prestation de serment du président réélu, Félix-Antoine Tshisekedi, le Dr Denis Mukwenge, candidat président de la République au élections du 20 décembre 2023 a publié une déclaration le 19 janvier 2024. Il avait répondu à l’appel des Congolais pour qu’il se porte candidat en tant que président de la République.
« Alors que la République Démocratique du Congo (RDC) traverse une crise multiforme qui met en péril son existence même, l’approche des élections générales du 20 décembre 2023 avait suscité auprès de nombreux compatriotes l’espoir de vivre pour la première fois une alternance réellement démocratique afin de mettre un terme aux crises récurrentes de légitimité des animateurs des institutions de la République et de refonder le contrat social sur des bases saines ».
C’est dans ce contexte que le prix Nobel de la paix 2018 avait pris la décision de présenter sa candidature à la magistrature suprême pour répondre à l’appel des intellectuels, des organisations de la société civile et à la mobilisation des femmes qui ont cotisé pour couvrir les frais de la caution requise par la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) pour tout dépôt de candidature à la présidentielle en RDC. Cette candidature était pour le Dr Denis Mukwege un acte de responsabilité.
« Répondant à l’appel de la base, j’ai travaillé à un projet de société et un programme pour ‘’réparer et soigner le Congo de fond en comble’’ grâce à 12 sécurités-clés, avec comme objectifs stratégiques de restaurer la dignité de la Nation congolaise en mettant fin à la guerre, fin à la faim et fin aux vices qui gangrènent nos institutions », note-t-il.
Malgré de nombreux obstacles, en allant à la rencontre de sa population lors de ses déplacements à travers le pays, il a pu réaliser à quel point ce projet de société répond aux aspirations de millions de compatriotes qui ont soif de mettre en œuvre le changement tant attendu pour redresser la RDC et la sortir de la violence et de la pauvreté. Malheureusement, force est de constater que ce quatrième cycle électoral n’a pas été organisé pour permettre aux citoyens de choisir librement et démocratiquement ses représentants mais plutôt pour préparer une nouvelle fraude électorale au bénéfice du régime en place, dans un climat de corruption généralisée, regrette le Prix Nobel 2018.
En amont des élections, avec certains autres candidats à la présidence, il avait même introduit, en vain, une requête à la Cour constitutionnelle pour examiner la régularité du processus électoral en cours, arguant de multiples irrégularités, afin qu’elle ordonne à la CENI de les rectifier pour ne pas entacher la crédibilité et la transparence des élections à venir.
Dans la foulée des élections générales, plusieurs rapports des missions d’observation électorale ont documenté de nombreux cas d’irrégularités, mettant à mal l’intégrité des résultats de différents scrutins et, en plus, la Commission d’enquête mise en place par la CENI elle-même a dévoilé des preuves tangibles d’actes frauduleux commis par certains candidats pendant le déroulement des élections. Dans une démocratie digne de ce nom, ces preuves auraient dû conduire à l’annulation pure et simple de tous les scrutins : présidentiel, législatif et municipal. Tel n’est pas le cas en République Démocratique du Congo.
« Ainsi, à la veille de la cérémonie d’investiture du Président de la RDC, nous faisons le constat que les maigres acquis démocratiques gagnés depuis l’adoption de la Constitution de 2006 sont encore davantage fragilisés et que ce nouveau déni de démocratie est avalisé par la communauté tant nationale qu’internationale ».
Le Dr Denis Mukwege déplore l’indifférence et la complaisance sidérante de la diplomatie internationale dont les valeurs fondamentales telles que la démocratie, l’état de droit et les droits humains sont affaiblies et décrédibilisées par le recours trop fréquent à la politique du « double standard ». Ce qui est inacceptable à travers le monde ne peut continuer à prendre le visage du possible en RDC !
« Tout en remerciant sincèrement les Congolaises et les Congolais qui nous ont fait confiance et nous ont accompagnés pendant toute la période de la campagne électorale, nous rejetons donc ce simulacre d’élections et regrettons qu’il ne puisse déboucher sur des institutions légitimes. Alors que notre Nation est en danger, nous connaîtrons des lendemains encore plus difficiles si nous ne faisons rien pour arrêter la tragédie actuelle ».
Le Prix Nobel de la paix 2018 affirme que chaque individu et chaque peuple choisit son destin. « Fidèle à nos convictions, nous refusons une fois de plus l’inaction et défions la fatalité. Nous invitons la population congolaise à ne pas céder au désespoir, aux discours de haine et à la violence mais à résister et à garder la flamme de l’espérance allumée car, ensemble, en se tenant main dans la main et en œuvrant avec détermination pour la cohésion nationale et l’unité, nous saurons mettre fin aux anti-valeurs, relever les défis du développement, de la paix, de l’intégrité et de l’indépendance de notre pays ».
Le réparateur va poursuivre sa mission de prendre en charge et de réhabiliter les victimes de la guerre ainsi que ses efforts de plaidoyer pour la paix, la justice et l’éradication du fléau des violences sexuelles commises comme une arme de guerre et de terreur, en RDC et à travers le monde ».
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