C’est depuis plus de
quatre semaines, soit le 10 mars 2020 que le premier cas de COVID-19 a été
découvert en République Démocratique du Congo. A la date du 18 avril 2020, le pays compte 307 cas confirmés, dont 25 décès et 26 personnes guéries. Lorsque nous comparons la
courbe de la RDC avec d’autres pays, on pourrait s’attendre à une progression
exponentielle dans les semaines à venir, a écrit dans une tribune le Représentant de l’Unicef
Rdc, Edouard Beigbeder.
Le Gouvernement de la RDC
mène en ce moment une bataille à tous les niveaux pour faire régresser cette
maladie. Toutes les structures étatiques, notamment le Ministère de la Santé,
de l’Education, la Présidence et la Primature sont mobilisés pour essayer de
minimiser l’impact du COVID-19. "Mais nous savons tous qu’il n’est pas facile de
contenir et maintenir la propagation de cette maladie du fait que de nombreuses
personnes sont asymptomatiques et propagent rapidement la maladie dans tous les
pays du globe". En RDC, cinq provinces notamment Kinshasa, le Nord et le Sud Kivu, l’Ituri et le Kwilu sont affectées par le COVID-19.
En tant que Représentant
de l’UNICEF en RDC, " je pense que pour arriver à contenir cette maladie,
nous devons intervenir très rapidement dans le cadre du COVID-19. 60 % de la
population de la RDC est jeune et l’espérance de vie est de 60 ans. Nous devons
aussi continuer la mise en œuvre des programmes essentiels en portant une
attention particulière à certaines maladies comme la malaria, la malnutrition
qui sont des maladies tueuses et adapter notre stratégie de réponse sur base de
cette donne non négligeable ".
Mon rôle en tant
Représentant de l’UNICEF consiste à concentrer les efforts de l’UNICEF pour
appuyer et accompagner le Gouvernement et ses partenaires dans sa réponse à
cette pandémie. Je m’assure que les activités de notre programme continuent à
être implémentées malgré cette crise. Que la vaccination des enfants soit
organisée, tout en tenant compte de l’apparition du COVID-19, et ce, en
respectant les mesures de distanciation sociale pour éviter que les enfants,
les mères et le personnel soignant ne soient contaminés durant cette importante
activité. Que les enfants souffrant de malnutrition continuent à recevoir
l’appui nécessaire et que les programmes liés à la malaria continuent.
Nous adaptons notre programme à la situation actuelle car si nous devions
arrêter nos interventions sur le terrain, les conséquences sur les enfants
seraient très graves.
Chaque matin, je me rends
au bureau de l’UNICEF. Je participe à différentes réunions au courant de la
journée, notamment aux réunions de la Task Force Présidentielle, du comité
technique, du Ministère de la Santé où j’ai un rôle de conseil et de support.
En ce moment, je travaille avec le Ministère de l’Education sur l’implantation
d’une radio qui permettrait aux 27 millions d’élèves que compte la RDC de
continuer l’école malgré le confinement. Nos 12 bureaux installés à travers le
pays continuent de travailler normalement tout en respectant les mesures
barrières et au bureau de Kinshasa, certains membres du personnel continuent de
venir au bureau et les autres font du télétravail à partir de la maison.
En termes de priorités
dans la réponse au COVID-19, l’UNICEF accompagne le Ministère de la Santé dans
une campagne massive de communication pour expliquer aux communautés en quoi
consiste la maladie, ses symptômes, ses modes de transmission et comment
limiter sa propagation et quels comportements adopter lorsqu’on se sent malade.
L’UNICEF a appuyé l’impression de 200.000 posters en français et dans les
quatre langues nationales, plus de 2 millions de dépliants ont été produits et
disséminés à travers le pays.
Il existe aujourd’hui un numéro vert, le 101, qui
permet à la population de poser des questions en temps réel à plus de 50
conseillers. Ce numéro est exonéré d’impôts grâce au concours du Gouvernement.
Dans ce centre d’appel, nous travaillons avec plusieurs structures, notamment
les entreprises de téléphonies qui ont mis gratuitement leurs matériels à la
disposition du numéro vert. Le défi à présent est d’avoir des médecins qui
répondraient directement aux questions des communautés. Les cellules
d’animation communautaires doivent être mises à contribution pour amener les
communautés à comprendre la situation, éviter de s’exposer inutilement et
réagir en observant les gestes barrières. C’est une bataille que nous pouvons
gagner avec l’implication des communautés.
Une autre priorité pour
l’UNICEF est de redonner confiance au personnel de santé, pour qu’ils puissent
apporter leur soutien aux enfants en faisant de bons diagnostics pour déceler
de quoi souffre exactement les patients.
Et s’il s’agit du Coronavirus, apporter
le traitement adéquat. Nous avons commandé du matériel de protection pour le
personnel de santé, soit 160.000 masques. Je vous avoue que nous éprouvons de
grandes difficultés pour faire expédier ce matériel en RDC. Raison pour
laquelle, nous avons lancé un appel d’offre locale pour l’achat des masques qui
pourraient être cousus par des couturières du pays. Nous allons aussi acheter
localement du savon.
Je tiens à rendre un
vibrant hommage au personnel de santé, ces héros dans l’ombre qui malgré les
risques ne ménagent aucun effort pour soigner les malades. J’en appelle à la
solidarité nationale et internationale pour aider et protéger le personnel
soignant. La RDC a été solidaire avec tous les pays en
évitant la propagation de la maladie à virus Ebola à l’extérieur du pays, il
est important que les autres pays le soient à leurs tours envers le pays,
en faisant des donations en produits et matériels nécessaires pour répondre au
COVID-19.
Un autre défi auquel nous
faisons face, c’est l’obtention de nouveaux financements pour répondre à cette
crise. L'UNICEF estime que 58 millions de dollars sont nécessaires pour une
réponse immédiate dans ses domaines de responsabilité. Nous avons déjà alloué 5
millions de dollars de nos propres ressources pour répondre aux besoins
critiques jusqu'à ce qu'un financement supplémentaire soit assuré. Plus que
jamais, nous avons besoin de tous les partenaires. Nous avons entamé des
discussions avec nos partenaires financiers et je pense que dans un avenir très
proche des fonds supplémentaires seront alloués.
Pour les enfants, le Représentant de l'Unicef craint que la peur du Coronavirus fasse resurgir certaines maladies endémiques
mortelles telles que la rougeole et le choléra. Le COVID-19 risque de détourner
l’attention du personnel soignant et de dégrader le système de santé du pays.
Si les établissements de santé n’ont pas les moyens de fournir des services de
vaccination, de nutrition et d’autres services essentiels, notamment dans les
régions reculées du pays, la vie et l’avenir de nombreux enfants congolais
risquent d’être meurtris ou détruits par ces maladies évitables. Il félicite le
gouvernement congolais d’avoir publié la directive relative à la continuité des services
de vaccination.
"J’ai une expérience
personnelle avec le COVID-19, l’un de mes fils qui est étudiant en France en a
souffert. Il est à présent guéri. Ma famille vit en RDC et nous sommes tous
exposés de la même manière. La maladie ne fait pas de choix entre les
personnes. Mais malgré cela, je viens chaque matin au bureau, je respecte
les gestes barrières et je me protège. A toutes ces personnes qui ne croient
pas au COVID-19, je vous assure que la maladie existe bel et bien. Il est
important d’écouter les conseils des médecins. Ce n’est que de cette façon que
nous pourrons nous protéger ".
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