APO

lundi 28 décembre 2020

Félix-Antoine Tshisekedi au gouverneurs des provinces : "Deux ans après l’alternance politique, la coalition FCC–CACH, qui en a été l’émanation, a montré ses limites à répondre positivement à l’essentiel des attentes de notre peuple"

 Avant toute chose, je tiens à remercier et à souhaiter la bienvenue aux membres du Bureau de cette Conférence ainsi qu’aux Gouverneurs de province de votre présence à la présente Assemblée plénière de la 7ème Conférence des Gouverneurs de province.

Je saisis également cette occasion de fin d’année 2020 pour souhaiter à tous et à chacun de vous une joyeuse et bonne année 2021. Les mêmes vœux sont également adressés à vos familles respectives ainsi qu’à tous vos administrés. Que l’année 2021 soit celle de succès et de nouvel espoir pour notre peuple en provinces, dans la Capitale et partout dans le monde.  

 

Mesdames et Messieurs,

C’est pour moi un grand bonheur de nous retrouver en cette fin d’année pour cette conférence qui est l’instance par excellence de concertation et d’harmonisation entre le pouvoir exécutif national et les Gouverneurs de province.

A titre de rappel, notre Constitution qui consacre les principes de la libre administration des provinces et d’autonomie de gestion de leurs ressources économiques, humaines, financières et techniques ainsi qu’une large décentralisation des entités territoriales à l’intérieur de chaque province, a déterminé la sphère d’action exclusive du pouvoir central et de la province ainsi que des zones concurrentes entre les deux échelons du pouvoir d’Etat.

La complexité des règles et mécanismes de fonctionnement entre le pouvoir central et la province et entre les provinces elles-mêmes, a inspiré le constituant à instituer la Conférence des Gouverneurs de province comme cadre de concertation régulière entre ces deux niveaux de pouvoir étatique. Pareille concertation vise à consolider l’unité, la paix et la solidarité nationale et à assurer une bonne harmonie entre le pouvoir exécutif national et les provinces, d’une part, et celles-ci entre elles, d’autre part.

 

Mesdames et Messieurs,

Le thème retenu pour cette Conférence des Gouverneurs de province, à savoir « la gouvernance des provinces dans l’environnement démocratique actuel : défis et opportunités », appelle plusieurs réflexions qui constitueront les orientations sur lesquelles j’entends pister les travaux de l’Assemblée plénière et des Commissions de la présente Conférence.

La première réflexion consiste à revisiter les objectifs fondamentaux des règles et mécanismes de fonctionnement du pouvoir exécutif national et des provinces dans un environnement politique atypique en préservant les acquis de l’alternance pacifique du pouvoir de 2018, en tirant les leçons de l’échec de la coalition mise en place au lendemain de l’élection de 2018 pour gouverner le pays mais aussi et surtout en préconisant des solutions plus efficaces pour faire face aux effets pervers de la pandémie de Covid-19  qui sévit dans notre pays depuis mars 2020.

En effet, il sied de rappeler que l’alternance pacifique du pouvoir obtenu démocratiquement à l’issue des élections de 2018, avait planté le décor d’une nouvelle gouvernance. A mon sens, celle-ci a auguré un environnement démocratique apaisé, ouvrant ainsi une fenêtre d’opportunités tant à l’exécutif national qu’aux exécutifs provinciaux, à même de permettre à chaque échelon du pouvoir d’Etat de faire face aux défis majeurs à relever pour le bien-être de nos populations. Cette alternance pacifique du pouvoir doit constituer dorénavant un acquis à préserver pour créer au niveau national et provincial une gouvernance de développement, c’est-à-dire celle qui donne des réponses concrètes aux attentes des administrés.

Tel n’a malheureusement pas été le cas. Pratiquement deux ans après l’alternance politique, la coalition FCC – CACH, qui en a été l’émanation, a montré ses limites à répondre positivement à l’essentiel des attentes de notre peuple, tant au niveau national que provincial. A l’espoir né en janvier 2019 a succédé le doute, qui risquait si on ne n’y prenait garde, d’entrainer le peuple dans le désespoir avec toutes les conséquences qu’on peut facilement imaginer.

Au niveau des provinces – pour ne parler que de cet échelon du pouvoir – la crise de cette coalition s’est également ressentie dans l’action de certains exécutifs et de certaines assemblées provinciales où certaines décisions ont été prises, non pas en fonction de l’intérêt des Administrés, mais des orientations de la plateforme d’appartenance des acteurs concernés.

Ne pouvant rester insensible devant une telle situation, en tant que Garant de la Nation et du bon fonctionnement des institutions, j’ai donc tiré toutes les conséquences, en engageant de larges consultations des forces vives de la nation à travers les leaders les plus représentatifs de la Société Civile et de la classe Politique, dont les Gouverneurs de provinces, afin de recueillir leurs avis et éventuelles recommandations sur les solutions de sortie de crise. A cet égard, j’ai notamment compris que vous demandiez au Chef de l’Etat de :

 

A l’issue de ces consultations, j’ai pris une série de décisions que j’ai rendues publiques au cours de mon allocution du 6 décembre dernier, l’une de plus importantes étant la constitution de l’Union Sacrée de la Nation dont la finalité est de procurer à l’Etat, par le biais de l’action du futur exécutif national, la capacité à rencontrer les attentes légitimes de notre peuple, qui sont considérables et qui touchent à tous les domaines de la vie de la Nation.

Cet appel à l’Union Sacrée de la Nation vous concerne également vous les acteurs politiques provinciaux au premier rang desquels se trouvent les Gouverneurs de provinces et les membres des Assemblées provinciales, pour que vous puissiez orienter vos choix, vos actions et surtout vos décisions dans le sens de l’intérêt des populations de vos provinces respectives et non pas pour sauvegarder des intérêts individuels, politiques ou sectaires.

L’Union Sacrée de la Nation se veut justement, comme vous l’avez suggéré, de sécuriser, dans le respect de la Constitution et des lois de la République, la fonction de Gouverneur de Province, Représentant de la Haute Autorité en Province, contre les diverses velléités infondées de déstabilisation par les Députés provinciaux, dans le but d’assurer la stabilité des institutions provinciales en vue de booster le développement à la base.

Je ne me fais aucun doute que le nouveau cadre dans lequel évolueront les institutions de la République, permettra la stabilité des gouvernements provinciaux, gage d’un développement continu. Ce même cadre accordera beaucoup plus d’attention et de priorité aux préoccupations financières des provinces, à la construction des infrastructures, de même qu’il accélérera le processus de pacification, accordera beaucoup plus de facilités aux investisseurs, mettra davantage l’accent sur le contrôle des finances et poursuivra les reformes multisectorielles engagées.                   

Dans cette optique, les actes de sabotage des nouvelles politiques publiques que je compte impulser pour le reste de mon quinquennat, ne seront ni tolérés ni impunis. Désormais, la mise en œuvre de mon programme et ceux des gouvernements provinciaux sera suivie et évaluée trimestriellement afin de nous assurer que nos politiques publiques retenues et planifiées dans les différents secteurs de la vie nationale, améliorent les conditions de vie de notre peuple. 

 

Mesdames et Messieurs,

La deuxième réflexion au centre des travaux de cette Conférence des Gouverneurs de province doit porter de manière non complaisante sur les pratiques actuelles de la gouvernance des provinces au regard des principes fondamentaux qui fondent notre Etat et ceux relatifs à la libre administration des provinces tels qu’issus de la loi n° 08/012 du 31 juillet 2008 et des exigences démocratiques.

Par rapport aux principes fondamentaux qui fondent l’Etat congolais, j’ai le devoir de rappeler que l’article 1er de notre Constitution pose le principe selon lequel « la République Démocratique du Congo est, dans ses frontières au 30 juin 1960, un Etat unitaire, social, démocratique et laïc ». Il est donc indivisible pour quel que motif que ce soit.

L’unité de notre pays constitue en fait l’assiette aussi bien des missions que des compétences dévolues aux institutions nationales par l’article 202 de la Constitution, à savoir essentiellement :

§  L’administration des affaires étrangères comprenant les relations diplomatiques ainsi que la négociation des traités et accords internationaux. Même si la loi reconnaît aussi aux provinces des initiatives pour la conclusion des accords de coopération avec les provinces limitrophes des pays voisins, tout doit se faire sous l’égide de l’exécutif national ;

§  L’administration des forces de sécurité et de défense ainsi que de la sûreté intérieure et extérieure ;

§  La monnaie et le Budget de l’Etat, c’est-à-dire le budget du pouvoir central et des provinces, ceux-ci ayant intégré les budgets des entités territoriales décentralisés.

C’est ici l’occasion de rappeler avec force que seules les Institutions nationales, à savoir : le Président de la République, le Parlement (Assemblée nationale et le Sénat), le Gouvernement ainsi que les Cours et Tribunaux, exercent l’exclusivité des missions et prérogatives en vue de l’unité du pays.

Il n’y a pas de notion de décentralisation ou de régionalisation pour ces missions et prérogatives souveraines. Les provinces y sont plutôt bénéficiaires que partenaires.

A ce titre, est notamment interdite toute participation d’un Gouverneur de province à toute entreprise susceptible de mettre en danger, de suspendre ou d’interrompre dans notre pays l’Etat de droit, son indépendance, sa souveraineté, son unité, son indivisibilité, son caractère social, démocratique et laïc, notamment par la mise en place de ses propres forces de défense nationale ou de sûreté extérieure. C’est ainsi que sera sanctionnée avec sévérité toute tentative de déstabilisation de l’unité du pays à partir d’une gouvernance provinciale quelle qu’elle soit.

Dans cette optique, la gouvernance des provinces par rapport à ces services de souveraineté, centraux ou déconcentrés, doit donc se caractériser par le respect de leur autonomie administrative et technique, un autre véritable défi à relever. Tout doit être fait pour leur permettre de mieux appliquer les consignes et autres directives de leurs hiérarchies au niveau de l’exécutif national.

Dans les matières relevant de la compétence exclusive du pouvoir central, le Gouverneur de province doit se limiter à coordonner et superviser les services qui relèvent de l’autorité du pouvoir central. Cette coordination a l’avantage de préserver symboliquement l’unité de commandement au niveau des provinces, les directives et instructions applicables dans leur organisation et fonctionnement étant l’œuvre exclusivement de l’exécutif national. Inutile de vous rappeler qu’en ces matières que la norme nationale (loi, ordonnance-loi, règlement ou décision) prime sur la norme provinciale. Ainsi par exemple, aucune province ne peut régulièrement interférer dans l’accomplissement des missions et prérogatives en vue de l’unité du pays, qu’avec l’autorisation préalable de l’exécutif national.

Les matières relevant de la compétence exclusive des provinces sont, sans préjudice des autres dispositions de la Constitution, celles énumérées à l’article 204 de celle-ci.

Tel n’est cependant pas le cas pour certaines questions stratégiques d’intérêt commun, qui relèvent, conformément à l’article 203 de la Constitution, de la compétence concurrente du pouvoir central et des provinces.

Relativement aux principes liés à la libre administration des provinces tels qu’issus de la loi n° 08/012 du 31 juillet 2008, il importe de rappeler que le Gouverneur de province représente le Gouvernement central en province et assure, dans ce cadre, la sauvegarde de l’intérêt national, le respect des lois et règlements de la République et veille à la sécurité et à l’ordre public dans la province.

Toutefois, je me dois aussi de rappeler que, durant leurs fonctions, les Gouverneurs de province et les membres du Gouvernement provincial sont astreints à l’observance d’un certain nombre de principes fondamentaux, gages d’une bonne Gouvernance. Il en est ainsi notamment de l’interdiction, par eux-mêmes ou par personne interposée, d’acheter, d’acquérir d’aucune façon, de prendre en bail un bien appartenant au domaine de l’Etat, des provinces ou des entités territoriales décentralisées. De même, ils ne peuvent prendre part directement ou indirectement aux marchés publics au bénéfice des administrations ou des institutions dans lesquelles le pouvoir central et les entités territoriales décentralisées ont des intérêts (art. 25).

Pourtant dans la pratique, ces principes sont régulièrement foulés au pied par certains Gouverneurs de province et les conflits d’intérêt récurrents dans lesquels ils se placent, plombent la sauvegarde des intérêts des Administrés et freinent l’avancement des provinces.

C’est ici le lieu de rappeler le travail que doivent faire les Assemblées provinciales en matière de contrôle de l’action de l’exécutif provincial dans le strict respect des règles de procédure et de fond en la matière. Les services et organes d’audit et de contrôle devront être mis à contribution pour nous rassurer de la manière dont les finances de l’Etat sont gérées à tous les échelons de l’exercice du pouvoir d’Etat.

 

Mesdames et Messieurs,

La troisième réflexion qui devra faire l’examen des travaux en Commission porte sur les défis actuels auxquels sont confrontés les provinces et qui empêchent leur fonctionnement optimal tout en freinant leur développement efficient. Ces défis sont nombreux. Nous en relèverons quelques-uns, les plus significatifs.

Il convient de signaler que la gouvernance de nos provinces repose sur le principe de la libre initiative des provinces et du pouvoir central. Elle nous appelle à des harmonisations en permanence entre les deux niveaux de gestion politique de l’Etat. Car, en cas d’options contradictoires, celles du pouvoir central vaut automatiquement. Elle se caractérise par le transfert de certaines de compétences, jadis exercées par les institutions nationales, aux provinces qui, de ce fait, demeurent des acteurs principaux dans la gestion de l’Etat, aux côtés du pouvoir central, autrement dit, des partenaires valables des institutions nationales pour le développement de notre pays.

Sous ce prisme, la gouvernance de nos provinces reste confrontée à des défis majeurs à relever tant par l’exécutif national que par les exécutifs provinciaux eux-mêmes, les plus importants d’entre eux étant aujourd’hui notamment les défis de transfert de compétences, de mobilisation des ressources provinciales, de mesures pour faire face aux conséquences néfastes provoquées par la Covid-19, de la lutte contre la corruption, les détournements et autres antivaleurs et de la construction des infrastructures d’intérêt provincial (éducation, santé, etc.) et, particulièrement pour les provinces de l’Est et du Nord-Est, de l’insécurité et la restauration de la paix.

En effet, je suis conscient que la bonne gouvernance des provinces passe avant tout par le transfert effectif et immédiat à l’exécutif national, de toutes les attributions spécifiquement et exclusivement attribuées aux provinces. Sa matérialisation n’est effective qu’à travers notamment l’opérationnalisation des retenues à la source de leurs parts des recettes à caractère national à hauteur de 40 % qui devrait s’effectuer par un versement automatique dans le compte de la province effectué par la Banque Centrale du Congo conformément à la loi financière ; l’apparition claire dans le Budget de l’Etat du budget des provinces ; l’admission de leurs ressources propres, notamment la levée de l’impôt conformément à la législation fiscale provinciale et des taxes, droits provinciaux et locaux prélevés sur les matières locales non imposées par le pouvoir central. La province devrait également bénéficier des ressources provenant de la Caisse nationale de péréquation prévue à l’article 181 de la Constitution. A cet effet, chaque province doit donc établir le mécanisme de recouvrement de ces ressources propres dans le respect des procédures fixées par la législation nationale et percevoir les recettes administratives rattachées aux actes générateurs dont la décision relève de sa compétence.

Dans la pratique, le comportement des acteurs en présence ne facilite pas la résolution de ce défi. Le débat autour de ces questions se rapporte au transfert des charges et de leur financement. A ce sujet, en même temps que les provinces se plaignent de n’être pas appuyées financièrement par le Gouvernement central, s’agissant de la retenue à la source de 40 % des recettes en caractère national, le Gouvernement central, à son tour, rétorque que toutes les provinces n’ont pas la même capacité de mobilisation des recettes suite à l’amenuisement de leur assiette fiscale et à la faiblesse constatée de leur part pour mobiliser les recettes. Au nom de la solidarité nationale, la rétrocession continue à être appliquée comme technique de réponse appropriée aux besoins des provinces.

De même, les entités territoriales décentralisées (ville, commune, secteur et chefferie) qui bénéficient des taxes et impôts à elles reconnus par la réglementation en vigueur, revendiquent auprès des provinces leurs quoteparts dans les 40 % des recettes à caractère national. Peut-on aussi relever que les entités territoriales déconcentrées (territoire, groupement et village) clament qu’elles sont laissées pour compte n’ayant plus de taxes ni de redevances encore moins de moyens de fonctionnement de la part du Gouvernement central.

Toutefois, il sied de noter, qu’à la suite de l’Ordonnance-loi n°18/004 du 13 mars 2018, la nomenclature des impôts, droits, taxes et redevances de la province et de l’Entité territoriale décentralisée ainsi que les modalités de leur répartition ont été fixées. Aux termes de ladite Ordonnance, le Gouvernement central a laissé aux Provinces une partie d’impôts qu’il percevait auparavant. Ainsi, à part les droits, taxes et redevances que les provinces recouvrent auprès de leurs assujettis, les impôts provinciaux d’intérêt commun, ont été déterminés, à savoir : l’impôt sur la superficie des propriétés foncières bâties et non bâties, l’impôt sur les véhicules automoteurs, l’impôt sur les revenus locatifs et l’impôt sur la superficie des concession minières.

Malheureusement, l’évolution financière et les indices de développement de presque toutes nos provinces laissent entrevoir que la plupart des Gouverneurs de province ne recouvrent pas ces différents droits, et s’ils les recouvrent, ceux-ci servent alors plus aux intérêts particuliers qu’à l’intérêt général.

Cet état de choses doit être rapidement corrigé car nous sommes tous redevables devant le peuple. C’est pourquoi, j’exige de vous de mentionner dans vos rapports semestriels et annuels les recettes recouvrées et les projets financés. Cette exigence vaut aussi pour le Gouvernement central, pour certains marchés publics payés par le compte de la rétrocession aux provinces alors qu’ils n’ont pas été réalisés, sinon partiellement.

Toutes ces problématiques doivent être examinées par l’Assemblée plénière de cette Conférence des Gouverneurs et en proposer des reformes afin de mettre en place un système transparent permettant la traçabilité de l’utilisation des fonds alloués aux provinces par le Gouvernement central ainsi que les recettes générées par les provinces elles-mêmes et les entités territoriales décentralisées.

 

Mesdames et Messieurs,

Un quatrième défi au développement de nos provinces est sans nul doute cette pandémie de COVID-19 qui nous a tous surpris depuis mars 2020, nous a causé des plaies qui ne se sont pas encore cicatrisées et nous contraint encore à beaucoup de restrictions et de sacrifices. Les Gouverneurs de provinces sont donc appelés à prendre des mesures idoines, faire respecter les gestes barrières et surtout fournir des efforts, notamment en matière de rationalisation des recettes et des dépenses publiques, pour apporter des soins de santé appropriés aux malades.

Mesdames et Messieurs,

Un autre défi est celui de la décentralisation qui est une réforme qui prend du temps. Elle doit être progressive et bien financée afin que son efficacité réponde aux critères du développement à partir de la base et du rapprochement entre les gouvernés et les gouvernants.

Nos assises devront aboutir à des recommandations ayant pour vocation d’une décentralisation adaptée à l’environnement socioéconomique et à la capacité du Gouvernement à la financer eu égard au nombre très élevé des entités éligibles à cette technique administrative.

Concernant le volet juridique, les réformes entreprises exigent la mise en place des Cours d’appel et Tribunaux administratifs dans toutes les provinces et le déploiement des juridictions de l’ordre judiciaire (Cour d’appel, Tribunal de grande instance, Tribunaux de paix) dans les provinces nouvellement créées.

Cela exige le recrutement du personnel judiciaire et sa formation, la construction et la réhabilitation des bâtiments devant accueillir ces juridictions et les parquets y rattachés.

A cela s’ajoute l’amélioration des conditions de vie des prisonniers à travers la construction et la réhabilitation des prisons ainsi que la disponibilité des vivres.

Les Gouverneurs des provinces devront s’impliquer dans le choix des sites où seront construits ces bâtiments administratifs.

De même, en tant que Garant du bon fonctionnement des Institutions de la République, je veillerai à ce que justice soit rendue sans tenir compte de rangs et classes sociales. Dans ce même ordre d’idées, je ne ménagerai aucun effort pour que le régime disciplinaire soit mis en mouvement conformément à la loi contre les magistrats véreux et corrompus.

 

Mesdames et Messieurs,

Sur le plan sécuritaire, il nous faut beaucoup d’initiatives pour mettre fin à l’insécurité dans les provinces où elles sévissent avec acuité et préserver la paix dans les provinces où le calme règne.

A ce sujet, en plus des opérations militaires contre les groupes armés locaux et étrangers, j’ai décidé de rationaliser les interventions en faveur des personnes qui renoncent à ces activités subversives en fusionnant le DDR et la STAREC. Désormais, de leur fusion est né le DDRCS (Désarmement, Démobilisation, Réinsertion Communautaire et Stabilisation). Ce travail de fusion est en cours de finalisation.

Je vous demande donc de soutenir cette action en vous impliquant chacun dans la démobilisation des groupes armés.

Il est également dénoncé et cela, de manière récurrente, les barrières illégales et souvent payantes ainsi que des tracasseries administratives dans presque toutes les provinces.

Ce genre de comportements doit cesser et vous devez vous y impliquer. Ainsi, je vous instruits, dès votre retour dans vos provinces respectives, de répertorier et de lever toutes les barrières illégales.

Sur le plan économique, je vous rappelle que notre pays est engagé sur la voie de la diversification de son économie à travers la libéralisation de l’eau, de l’électricité, des Assurances, de l’Enseignement et de la Santé. Il nous revient d’identifier les opportunités qu’offrent nos provinces respectives et les moyens dont elles disposent pour bénéficier des bienfaits de cette libéralisation.

Dans le même ordre d’idées, beaucoup de forces politiques et sociales que j’ai consultées ont émis le vœu de la création des banques agricoles et d’habitat. Il nous revient d’exploiter cette piste afin de constituer le dossier banquable pour que chaque province puisse se doter des banques agricoles et d’habitat. La finalité est de booster l’agriculture en visant l’autosuffisance alimentaire et de contribuer à la création de cadres de vie dignes d’habitants d’un grand pays comme le nôtre. En attendant, chaque province se doit de faire les états des lieux en matière agricole et de pêche afin de permettre au Gouvernement central d’intégrer toutes les données dans un plan unique assorti d’un budget devant servir de boussole dans la mise en œuvre de ce projet.

Sur cette même lancée, le Gouvernement central et les provinces, chacun en ce qui le concerne, devront adopter des mesures incitatives et donner des facilités aux petites et moyennes entreprises, base de l’envol de notre économie. A ce sujet, nous insistons sur l’accompagnement des jeunes entrepreneurs spécialement ceux qui excellent dans les innovations des numériques et dans l’agriculture.

Comme vous le savez, une bonne économie est tributaire de beaucoup de facteurs spécialement les infrastructures publiques de communication à savoir les routes, les chemins de fer, les voies fluviales, portuaires et aéroportuaires ainsi que les routes de desserte agricole.

Dans ce chapitre des infrastructures, je voudrais vous assurer que mon programme de gouvernement sur base duquel j’ai été élu a tenu compte de toutes les provinces. Pour le reste de mon mandat, nous allons lancer des projets d’asphaltage de nos routes ainsi que la construction et la réhabilitation des voies aéroportuaires.

Nous allons également continuer progressivement dans la construction ou la réhabilitation des bâtiments scolaires et universitaires.

Pour réaliser tous ces projets de reformes, de construction et de réhabilitation des infrastructures, je compte sur vous en tant que Représentants de l’Autorité Suprême en provinces. C’est le temps de nous remettre au travail et de décourager, comme évoqué dans mes premiers mots, la conflictualité entre les institutions provinciales qui continuent à déstabiliser la bonne marche de nos provinces.

Le pari d’une gouvernance assise sur un environnement démocratique favorable ne peut être profitable au peuple que si vous-mêmes qui portez les projets des provinces, vous vous engagez davantage à garantir leur réussite. Un tel défi ne peut être relevé par une seule personne, pas même par un seul groupe.

Ce doit être l’œuvre de tous les Congolais dans toutes leurs diversités. La nouvelle configuration politique que nous offre l’Assemblée Nationale, n’est pas un fait de hasard, pas plus qu’elle n’est un arrangement ou une quelconque stratégie de conquête ou de conservation de pouvoir, mais elle est l’expression profonde d’un peuple qui demande d’être gouverné autrement. Un peuple uni par le sort, le même, qui choisit l’unité pour relever des défis communs après plusieurs sacrifices communs. Il est donc de votre devoir de rassembler toutes ces ressources humaines disponibles dans toutes leurs diversités, et de travailler en synergie. L’union recherchée depuis longtemps et obtenue par la détermination de ce peuple doit être mise à profit. Ça ne doit pas être une fin en soi mais une rampe de lancement.

 

Messieurs les membres du Bureau de la Conférence des Gouverneurs de provinces, Messieurs les Gouverneurs de Provinces, membres de la Conférence des Gouverneurs,

Mesdames et Messieurs,

En considération de ce qui précède, je tiens à vous rappeler que le peuple congolais est fatigué des discours politiques. Il tient à la réalisation de son bien-être par une politique volontariste qui tient compte de ses aspirations au progrès social.

Pour y arriver, nous nous devons, en sus des demandes spécifiques déjà énoncées, de raffermir notre démocratie, de consolider l’Etat de Droit et la bonne gouvernance, de procéder à la relance de la construction des infrastructures publiques de notre pays. Nous devons abandonner les pratiques honteuses de corruption et de détournement des deniers publics qui retiennent le décollage de notre pays.

Des réformes, tous azimuts, sont donc nécessaires et urgentes pour adapter certaines législations au contexte d’une bonne gouvernance. Ces réformes visent notamment l’évaluation du cadre juridique actuel régissant les rapports entre le Gouvernement central et les provinces, ces dernières entre elles et les entités territoriales décentralisées. Toute mise en place d’une nouvelle législation est justifiée par la réglementation d’une situation qui paraissait inadaptée à l’évolution politique, sociale, économique et culturelle d’un pays.

Mon seul souci est de bâtir une gestion responsable de la chose publique et ce, à tout le niveau du fonctionnement de l’Etat, comme véritable défi à relever par nous tous.

Cependant, l’Etat de droit dans la gouvernance des provinces ne s’arrêtera pas qu’aux activités de pure gestion de la chose publique. Il sera lourdement aussi question du respect aussi bien des libertés publiques prévues et garanties par la législation nationale en vigueur, à savoir : la liberté des réunions, d’opinion, d’association ou de participation citoyenne à la gestion de la chose publique ; que des libertés politiques et démocratiques, à savoir :  le caractère non impératif des mandats électifs, le pluralisme politique, le suffrage universel, égal et secret.

Aucun individu ou groupe d’individus ne pourra prendre en otage l’Etat ou les provinces, pour s’en attribuer seul l’exercice du pouvoir d’Etat, et par-delà se permettre de se partager à eux seules toutes les opportunités et autres ressources ainsi générées.

Nous mettrons le peuple au centre de nos actions, pour répondre ainsi à ses besoins réels d’accès aux soins de santé, et primaires, et spécialisées ; d’accès à l’alimentation, à l’éducation, bref à une vie d’abord normale et ensuite aisée.

Dès lors, et pour terminer ma communication, j’attends de chacun de vous et d’expérience, outre les états de lieu de vos provinces respectives, de me souligner les réels défis qui s’imposent à vous, à votre province en particulier, et qui, s’ils sont relevés, vont rendre la gouvernance de votre province plus plausible et, se faisant, offrir des opportunités qui s’offrent, conformément aux lois et règlements de la République.

Sur ce, je déclare ouverte la 7ème Conférence des Gouverneurs de Province.

Je vous remercie.

 

 

7ème session de la Conférence des gouverneurs de Provinces à Kinshasa : « Mise en garde du chef de l’Etat aux gouverneurs des provinces »

Le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi, a officiellement ouvert les travaux de la 7ème session de la conférence des Gouverneurs, lundi 28 décembre 2020 au Palais de la  Nation à Kinshasa. C'était en présence de tous les gouverneurs de province et Présidents des Assemblées Provinciales. Ont aussi pris part à cette cérémonie d'ouverture, le Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba, quelques membres du Gouvernement ainsi que les membres du cabinet du Chef de l'Etat.

Pendant deux jours, soit du 28 au 29 décembre 2020, les participants à cette rencontre vont cogiter autour du thème : "gouvernance des provinces dans l'environnement démocratique actuel : défis et opportunités".


Premier à prendre la parole en sa qualité de l'autorité de la ville hôte, le Gouverneur Gentiny Ngobila Mbaka a d'abord souhaité la bienvenue à ses collègues gouverneurs de province venus tous participer à cette session, la première depuis l'accession de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo à la magistrature suprême. Puis, le patron de la Ville de Kinshasa a remercié le Président de la République pour son sens paternel et sa grande vision pour le développement de la Nation. Et surtout, pour avoir jeté son dévolu sur la ville de Kinshasa pour accueillir cette 7ème session.

"Cette session  intervient dans un contexte particulier lié à la pandémie à coronavirus qui constitue une menace au développement", a relevé Gentiny Ngobila Mbaka, avant d'inviter les participants à l'observance des gestes barrières surtout que Kinshasa est la province la plus touchée. Gentiny Ngobila Mbaka a souligné que la  conférence des Gouverneurs est une instance de concertation importante qui permet d'émettre des avis et suggestions en vue de la bonne marche des entités décentralisées.

Ainsi, en sa qualité de Président du collectif des Gouverneurs de province, le patron de la Ville de Kinshasa en a profité pour présenter quelques suggestions.


Outre la tenue trimestrielle et rotative de la conférence des Gouverneurs, il a épinglé 9 points pouvant retenir l'attention du Président de la République. Notamment : le rétablissement de l'ordre institutionnel légal dans les provinces où les Gouverneurs ont été irrégulièrement et illégalement demis de leurs fonctions ;

- Compléter l'article 42 de la Loi 08/012 du 31 juillet 2008 portant principes fondamentaux relatifs à la libre administration des Provinces en y insérant un quatrième et dernier alinéa relatif au moratoire formulé en ces termes : "il ne peut être présenté de motion de défiance contre un Membre du gouvernement Provincial ou de censure contre le Gouvernement Provincial avant dix- huit mois depuis leur investiture".

- Rendre effectif la retenue à la source sur les recettes à caractère national les frais de fonctionnement des Institutions Provinciales ;

- Rendre effectif le fonctionnement de la caisse Nationale de Péréquation tout en revisitant son mode de fonctionnement qui fait de cet établissement public juge et gestionnaire des projets et des programmes d'investissements publics en Province.

- Veiller à la mise en application effective des dispositions des articles 19, 138, 146, 147, 198 de la Constitution et 39, 41, et 42 de la Loi portant principes fondamentaux relatifs à la libre administration des Provinces sur l'exercice obligatoire et préalable des moyens d'information et de contrôle parlementaire avant toute initiative de motion ;

- Procéder au paiement régulier des frais de fonctionnement des Assemblées Provinciales et rendre égalitaire les émoluments des Députés Provinciaux de la République.

- La mise en œuvre efficiente des allocations aux Provinces sur les lignes budgétaires pour les investissements principalement dans le secteur des infrastructures ainsi que la diversification de l'économie nationale ;

- Rendre effective la décentralisation conformément à la Constitution en réduisant les services et les prérogatives au niveau du pouvoir central.

Et pour terminer, Gentiny Ngobila a invité ses collègues Gouverneurs à mutualiser les efforts afin de bâtir une gouvernance des Provinces adaptée à l'environnement actuel du pays d'une part, et d'implémenter une vision et des orientations nécessaires pour relever les défis de la refondation du pays sous le leadership du Président de la République, Félix*-Antoine Tshisekedi Tshilombo, d'autre part.

Le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, a, avant de déclarer l'ouverture de la session, donné des orientations précises ainsi que sa vision sur le développement de la Nation axée sur trois pistes de réflexion.

La première concerne la revisitation des objectifs  fondamentaux des règles  et mécanismes de fonctionnement du pouvoir exécutif national et des provinces dans un environnent atypique tout en préservant  les acquis de l'alternance de 2018.

La deuxième est axée sur les pratiques actuelles de la gouvernance des provinces au regard des principes fondamentaux qui fondent l'État et ceux relatifs à la libre administration des provinces.

Enfin, le troisième point est lié aux défis actuels auxquels sont confrontées les provinces et qui empêchent leur fonctionnement optimal tout en freinant leur développement efficient. Il s'agit entre autre du transfert des compétences, la mobilisation des ressources provinciales, des mesures contre la Covid-19, la lutte contre la corruption et le détournement et les autres antivaleurs.

Par ailleurs, le Président de la République a annoncé  une série de réformes institutionnelles en faveur des provinces tout en tenant compte des suggestions faites par les gouverneurs à travers le Président du collectif, Gentiny Ngobila Mbaka.

Félix-Antoine Tshisekedi a également reconnu le caractère complexe des règles et mécanismes de fonctionnement entre le pouvoir central et la province, et entre les provinces elles-mêmes. D'où, a-t-il dit, l'importance de la tenue régulière de la conférence des Gouverneurs considérée comme cadre de concertation entre ces deux niveaux de pouvoir étatique. 

Retenons que ces travaux qui se poursuivent en commissions à huis clos sous la supervision du Chef de l'Etat, permettra à chaque gouverneur de province de présenter l'état des lieux de sa juridiction afin de trouver des solutions idoines à l'issue de ces assises.


samedi 26 décembre 2020

53ème anniversaire du Parti de L-D Kabila : « Nous sommes vierges puisque n’avons jamais été dans les institutions depuis 2006 »

Le PRP n’a jamais été dans les institutions depuis 2006 et a été pendant très longtemps dans les difficultés. En 2018, le PRP sans regroupement politique a atteint le seuil électoral en obtenant un siège à l’Assemblée nationale (Janet Kabila), un député provincial au Maniema. Il avait aligné 700 candidats aux législatives nationales et provinciales aux dernières élections.

 

Le PRP n’a jamais été dans les institutions depuis 2006 et a été pendant très longtemps dans les difficultés. En 2018, le PRP sans regroupement politique a atteint le seuil électoral en obtenant un siège à l’Assemblée nationale (Janet Kabila), un député provincial au Maniema. Il avait aligné 700 candidats aux législatives nationales et provinciales aux dernières élections.

« Le parti de LD Kabila n’était pas derrière les postes mais il voulait tout simplement incarné les valeurs de son fondateur. Nous n’avions pas l’obligation de demander des postes mais nous pensons que les autorités de cette époque ont jugé bon de nous mettre au frigo ou peut-être que le temps que le PRP soit dans les institutions bien que nous ne pouvons pas donner les raisons. Nous pensons que dans les prochains jours que le PRP sera dans les institutions ».

Jusqu’à présent le PRP incarne les compétences et des valeurs qui devraient impulser ce pays vers son émergence.

Le PRP est fier puisqu’il est vierge pour la simple raison qu’il n’a jamais participé à la gouvernance du pays jusqu’à présent. Il est fier d’avoir incarné les valeurs prônées par Laurent-Désiré Kabila qui devraient être appliquées. Voilà pourquoi nous tournons en ronds.

« Nous pensons que le PRP d’ici peu sera un parti phare parce que les valeurs que nous incarnons, le président Félix-Antoine Tshisekedi a qu’à même essayé de tisser certaines valeurs très importantes dans son discours et dans son plan d’action, le peuple s’en réjouit et ce peuple est content de son autorité morale Laurent-Désiré Kabila pour la passation pacifique du pouvoir », a-t-il lâché.

Le PRP ne néglige pas toutes ces valeurs acquises par le président actuel et le président sortant parce que le PRP se retrouve dans ces valeurs.

En attendant la réunion du bureau politique du parti, le PRP pourrait prendre position en rapport avec l’actualité politique. » Nous avons la conviction que vue les valeurs qui sont prônées par le président actuel et celles du président sortant, le PRP trouve qu’il peut être au centre de l’impulsion de l’avenir de la Rdc. Il appelle toutes les forces politiques qui croient encore aux idées de LDK, à la lutte contre l’impunité… le PRP est prêt à accompagner toute personne qui incarne ces valeurs ou il peut appeler les autres pour qu’elle soit au centre de cette impulsion de ces valeurs qui ont été à moitié appliquées parce qu’il y avait un certain déviationnisme. Le PRP soutient depuis 2006 l’autorité morale du FCC Joseph Kabila malgré qu’il n’a jamais participé dans les institutions du pays ».

Et Jean Omeyonga de conclure que c’est pour vous dire que le PRP ne défend pas les individus mais il défend les valeurs de la République. Ce parti estime que toutes les forces politiques actuelles dans ce paysage politique doivent se souvenir de tous les martyrs. D’ici peu, le PRP sera le leader, le parti centriste de toutes les valeurs prônées par ses martyrs et amener le peuple congolais à l’émergence, un Congo juste.

 

Echangeur de Limete atteint l’âge d’or mais demeure un chantier éternel

« Si Dieu a créé Ruwenzori qui est le point le plus élevé de notre pays comme montagne, mais le point le plus élevé réalisé par l’homme c’est la Tour Lumumba appelé « Echangeur de Limete », a déclaré Blaise Esinyalanga, commissaire général du comité d’organisation des festivités de 50 ans de la Tour de l’Echangeur.

Echangeur de Limete

L’histoire de cette Tour a commencé au 30 juin 1966 lors du discours sur l’Etat de la Nation du Maréchal Mobutu Sese Seko. Il avait débaptisé le Boulevard Léopold II qui deviendra Boulevard Lumumba. A cette occasion, il avait proclamé Patrice-Emery Lumumba héros national. Dans sa folie de grandeur, le Maréchal Mobutu avait promis au peuple congolais un site historique, plus gigantesque et plus prestigieux.

Le 24 novembre 1967, soit deux ans après son accession à la tête du pays, le président Mobutu invita à Kinshasa ses pairs africains notamment Julius Nyerere de la Tanzanie, Alphonse Massamba-Débat de la République du Congo, Juvénal Habyarimana du Rwanda et Kenneth Kaunda de la Zambie pour la pose de la première pierre.

La première pierre avait été posée en 1967 par le doyen d’âge des présidents présents, Julius Nyerere. Mais les travaux avaient commencé en 1969 et étaient conduits par l’architecte Franco-tunisien Olivier-Clément Cacoub. Les quatre colonnes furent élevées en 1970 par une société yougoslave.

« C’est un site d’intérêt national et panafricain pour la simple raison que Lumumba était panafricain », a relevé le commissaire général du comité d’organisation. Lorsque le président Mobutu a lancé la politique de « recours à l’authenticité » qui est d’inspiration de Senghor, le président sénégalais en visite à Kinshasa lui avait posé la question de savoir où se trouvaient les symboles de cette authenticité et de la grandeur de la nation congolaise. L’idée d’ériger ce monument est parti de ce questionnement de l’ex-président du Sénégal, Léopold Sedar Senghor.


Le concepteur de ce site avait prévu un complexe muséal, un complexe hospitalier, un complexe hôtelier, des restaurants, des aires des sports et loisirs, des parkings… Le début de travaux était fulgurant et se sont vus arrêter six ans après, en 1974.

Prenant la balle au bond, l’administration du Musée d’arts contemporains et multimédias a entrepris ce projet événementiel des festivités de 50 ans de cette œuvre grandiose dans l’organisation des manifestations de réjouissances et de pédagogie, dans l’esprit de revivifier cet idéal et pour inciter les décideurs à se souvenir et s’occuper de cette vitrine de la Nation congolaise.

« Si on avait terminé cet ouvrage, on allait trouver des boutiques de souvenirs et de bureaux. L’Etat congolais peut chercher des investisseurs congolais ou étrangers pour terminer les travaux », a soutenu le commissaire général du comité d’organisation.

Les festivités qui devraient commencer ont été décalées en attendant l’allègement des mesures de lutte contre le coronavirus. Elles s’étaleront sur 40 jours avec des stands pour expositions de divers produits et services.

La Tour de l’Echangeur de Limete est en béton armé de 210 mètres de hauteur. Elle est située dans la commune de Limete et dont l’image est jusqu’ici méconnue des Congolais. Le souhait du comité d’organisation est que les travaux de cette tour soient achevés. Il faut une somme de 35 millions de dollars américains pour parachever cette œuvre.

Le commissaire général du comité d’organisation a déclaré que le bout de 7 mètres qui était placé au sommet de cette Tour était tombé en 1995 et n’a jamais volé. « Toutes les Nations vivent des symboles, y compris les villes. Nous avons besoin des moyens régaliens pour que tous les Congolais s’approprient de ce site comme le grand symbole de Kinshasa et de la République Démocratique du Congo ».


dimanche 6 décembre 2020

Claude Kabulu wa Kabulo : « L’Afrique a tenu à honorer Kasonga Tshilunde dès son vivant pour autant d’années consacrées au service des médias. Son pays a attendu sa mort pour le décorer »

Ce 5 novembre 2020, la Nation rend hommage au journaliste Kasonga Tshilunde Joseph Bouvard, président en exerce de l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC) et président de l’Association des journalistes sportifs de la République Démocratique du Congo (RDC).



Le président Kasonga Tshilunde a quitté le mardi 17 novembre 2020 le pays qu’il a tant aimé et le peuple qu’il a servi. Le président Kasonga Tshilunde aura été l’une des figures centrales de l’histoire de la presse congolaise. Il a présidé à une profonde mutation de notre presse nationale passant, avec d’autres confrères, d’une large période d’après la dictature à de des temps de défi et de rude concurrence médiatique. Il a travaillé dur pour faire entrer chez les jeunes l’esprit de la liberté et le sens de responsabilité.

Il a regardé notre pays en face avec les yeux d’une génération nouvelle qui a voulu le progrès sans sacrifier sa liberté et c’est cette jeunesse montante et pleine de fouge qui lui a rendu la monnaie à Muanda (Kongo Central) en lui offrant en octobre 2020 son dernier deuxième mandat successif en qualité de président de l’UNPC en présence de notre marraine, la 1ère Dame Denise Nyakeru Tshisekedi, en présence aussi du ministre d’Etat en charge des Médias, David Jolino Diwapovesa Makelele Mamuzingi.

Le 1er mandat, Kasonga Tshilunde l’avait obtenu en 2014 à l’issue du congrès organisé à Caritas Congo à Kinshasa. L’implication du Premier ministre honoraire Augustin Matata Ponyo Mapon fut d’un apport hautement positif.

Chers compatriotes, c’est avec beaucoup de tristesse et de compassion que nous présentons l’itinéraire de notre illustre président. Le 14 avril 2016 à Bamako (Mali) au cours d’une émouvante cérémonie Kasonga Tshilunde a reçu une plaque honorifique en reconnaissance des mérites d’un homme : le président de l’UNPC et de l’AJS-RDC était entouré de deux confrères, le Marocain Belaid Bouimid et du Sénégalais Mamadou Koume.

L’Afrique a tenu à l’honorer dès son vivant pour autant d’années consacrées au service des médias. Son pays a attendu sa mort pour le décorer. Ce fut l’apothéose d’une carrière pour un homme et un honneur pour une Nation, la RDC.




En fait qui est Kasonga Tshilunde ?

Boucard a été un arbitre de football à Luluabourg vers les années 19970. Un bon arbitre, rigoureux, intransigeant et respectueux de reglèments. Kasonga Tshilunde n’avait pas besoin d’un carton dans sa proche. Son seul regard suffisait pour dissuader les joueurs que nous fûmes et surtout les défenseurs brutaux et indisciplinés. Boucard fut un très bon arbitre réclamé et sollicité pour les matches difficiles et des matches à suspens. Je ne me souviens pas l’avoir vu brandir un carton rouge. Cet attachement au football va le rattraper plus tard et il a sans doute influencer sa vie professionnelle lui, qui vivait sous le toit de son frère ainé Kayembe Raphaël, jadis président de l’AFKANA.

A 21 ans, Kasonga Tshilunde débute sa carrière de journaliste sportif en qualité de correspondant permanant l’hebdomadaire Michezo (Masano) et journal Salongo Football pour la province du Kasaï Occidental. En 1972, il est élu secrétaire provincial adjoint de l’AJSZ/Kasaï Oriental. En 1974, il quitte ses racines pour braver Kinshasa. Aussitôt débarqué dans la capitale, il décide de reprendre les études et obtient le diplôme de gestion des entreprises.



Très attaché aux médias, il rejoint son ami Kabasele Tshimanga au journal du Soir Elima où ils formeront une équipe musclée avec Mwalimu Malonga Bouka, Mozart Kitemona Nsilu, Kalonji Kabasele, Kimpozo Mayala et autres Bakeba Ba Kitoko.

Pour arrondir ses fins du mois, Kasonga Tshilunde est enrôlé comme professeur de mathématique. Il est affecté au Cycle d’orientation du Camp militaire Kokolo où il donnera cours pendant cinq ans. Travailleur assidu, non seulement il excelle par sa plume mais tisse un réseau d’amitié solide.

Le 13 juillet 1985, il est élu secrétaire général national de l’AJSZ et collabore étroitement avec son président Max Nbganzo la Mangala. Ce duo donne une impulsion nouvelle et les résultats arrivent spontanément.

La Super coupe Ambassade est créée que l’AJSC cédera plus tard à la Fécofa et le tour cycliste international du Bas-Zaïre est mis sur pied. En 1987, Kasonga Tshilunde part en mission de service et prend le risque de débarquer à Barcelone (Espagne) sans visa. Avec son ami Katshi, ils s’arrangent et passent la frontière.

Au congrès de l’AIPS, il défend avec brio le dossier de la candidature de l’AJSC. La RDC bat la Suède et obtient l’organisation du congrès de l’AIPS à Kinshasa. Mai 1988, l’AJSC organise pour la toute première fois en Afrique le congrès de l’AIPS. Le succès est total. Les nombreux délégués de la presse venus du monde tiennent leur congrès à l’Hôtel Intercontinental.

En 1989, il lance son journal L’Eveil qui parait jusqu’à ce jour. En 2003, Kasonga Tshilunde fait partie du comité préparatoire du congrès de la refondation de la presse congolaise. En mars 2004, le congrès de l’UNPC se tient à Kinshasa, Kasonga Tshilunde est élu secrétaire général et plus tard en 2008 il sera réélu au même poste. En 2005, en sa qualité de président de l’AJSC, il participe à Marrakech au congrès de l’UJSA et fait éviter de justesse l’exclusion de la RDC accusée de léthargie pendant dix ans.

En 2009 au congrès de l’AIPS à Milan (Italie) sur proposition des congressistes, Kasonga Tshilunde est nommé conseiller spécial de l’AIPS-Monde à la grande satisfaction du président Gianni Merlo qui l’appelait affectueusement « mon ami Tshilunde ».

Boucard a réellement sillonné le monde. On l’a vu trainer sa bosse aux Jeux olympiques de Séoul, de Beijing et de Innsbruck. Il était présent aux 1ers Jeux de la Francophonie à Casablanca (Maroc) en 1988. Il a couvert différentes CAN en Tunisie, en Afrique du Sud, au Burkina Faso et au Mali en 2002. Boucard a aussi marqué de sa présence les Jeux africains de Nairobi, d’Harare, de Jo’bourg et d’Alger.

Il a presté au Comité olympique congolais en qualité de trésorier général puis à la Fécofa et à la FEZAA. Kasonga Tshilunde a travaillé sans relâche pour faire briller notre presse. En dépit de nombreuses querelles internes, il a réussi à poser les bases pour les générations futures afin de bâtir une UNPC forte et efficace.

« Rappelle-toi président Boucard à Muanda, il y a quelques jours, tu n’avais cessé de lancer un appel à l’unité et à la cohésion ». Président, tu étais un homme de dialogue, un rassembleur, un travailleur pour l’émergence d’une presse réellement libre au service du Peuple congolais. 

Tu étais un président, un grand-frère toujours disponible et à l’écoute des autres et tu savais cultiver l’amitié à merveille. Kasonga Tshilunde, tu t’en vas juste au moment où tu t’apprêtais à descendre à Kananga pour installer le nouveau comité. T’as pleinement vécu ta vie. Tu as su aimer et profiter de chaque instant de ta famille, de tes amis, de tes consœurs et de tes confrères.

Gaby Kuba Bekanga, Premier vice-président de l'UNPC

« Vivez m’en croyez, n’attendez à demain, cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie » écrivait Pierre de Ronsard. Aujourd’hui tes yeux sont fermés et nous voici, cher Boucard, face à vous, face à cette évidence. Cette évidence, c’est notre œuvre. Car ce que vous avez construit sera conservé et perpétué par une jeunesse que t’as eu le temps de former. Tous ces jeunes reporters , caméramen, preneurs de son, maquettistes, internautes, photographes engagés pour une cause juste et qui ont tenu à effectuer le déplacement de Muanda pour, comme qui dirait, recevoir le testament du vieux Kasonga.

C’est aussi votre œuvre, elle vous lie à la RDC, à ce que la RDC a le plus beau et de plus stable : Sa démocratie. Grand-frère et cher ami, ton amitié fidèle et inconditionnelle va me manquer et à notre corporation. C’est le moment de te dire, comme président Emmanuel Macron à l’enterrement de l’écrivain Jean d’Ormesson en décembre 2017 : « Regarde tous tes amis sont là. Oui nous sommes là, divers par l’âge, par la condition, par le métier, par les opinions politiques et pourtant profondément unis par ce qui est l’essence de la RDC : l’amour du pays et l’amitié pour ses hommes et femmes des médias.

Cette cérémonie, président Kasonga Tshilunde nous permet de manifester notre reconnaissance et donc nous rassure un peu. Du moins puis-je au nom de tous les médias, vous rester fidèle en déposant sur votre cercueil ce que vous aviez voulu y voir un stylo, un simple stylo qu’il soit aujourd’hui celui de notre immense gratitude et celui du souvenir.

Adieu cher président.