Gatera/Kisigari, le 5 juin 2019 – Le ministre provincial en charge des Affaires
foncières du Nord-Kivu, Jean de Dieu Giza, a remis 72 titres fonciers aux
ménages dont les habitations et plantations s’étaient retrouvées dans
l’enceinte du Camp Militaire de Rumangabo. Un processus facilité par le
Programme des Nations unies pour les établissements humains (ONU-Habitat).
Le mnistre provincial des Affaires foncières, Jean de Dieu Giza, posant avec les bénéficiaires |
Grâce à une médiation de l’ONU-Habitat, les
militaires stationnés au Centre de brassage et de recyclage-Rumangabo et les
populations vivant dans les environs dudit centre viennent de fumer le calumet
de la paix après plus d’une décennie de conflit foncier. Les militaires
reprochaient aux populations d’utiliser leur espace pour y exercer des
activités agricoles et leur imposaient des taxes et redevances d’usage.
Pour parer à cette situation de tension, l’ONU-Habitat n’a ménagé aucun effort
pour amener les parties concernées à la table de négociation pour que soit
trouvé enfin un règlement à l’amiable et définitif à ce conflit.
« C’est maintenant chose faite », a
déclaré le Ministre Jean de Dieu Giza après avoir remis les titres individuels
aux bénéficiaires et également un titre pour le Camp Militaire de
Rumangabo. « L’implication des hommes en uniforme dans ce processus
nous donne une garantie d’une jouissance paisible et durable. Ils sont
obligés de cohabiter ensemble, ils sont obligés de faire la paix ensemble et
nous estimons qu’avec les espaces crées par l’ONU-Habitat, la voie de paix est
là », conclut-il.
Mayingamiye Savura, 45 ans et mère de 6 enfants, est
veuve depuis 1994. « Mon mari a perdu la vie alors que nous
habitions dans le camp de réfugiés de Kibumba en territoire Nyragongo dans la
province du Nord-Kivu », raconte-t-elle. « Après sa mort, la
vie de ma petite famille était devenue incertaine et désespérée. Mes enfants et
moi-même avions pris la décision de quitter le camp pour chercher refuge dans
la localité de Kabaya [en groupement de Kisigari dans le territoire de Rutshuru]
en bordure du Camp Militaire de Rumangabo », se souvient Mme Savura qui
poursuit : « malheureusement la parcelle que j’avais acheté se
retrouve, selon le croquis de l’Administration foncière datant de 1954, dans
l’enceinte du Camp militaire. Ainsi, notre malheur et misère se sont
poursuivis sans cesse. Les hommes en uniforme troublaient notre
paix. Ils nous imposaient des taxes exagérées voire-même imaginaires, sans
compter des nombreuses menaces qui durèrent plusieurs années. Et soudain,
nous avons reçu la bonne nouvelle : la mise à la disposition des parcelles
pour nous sur le site de Gatera/Kisigari », a relaté Mme Savura qui
regrette n’avoir jamais vu le corps sans vie de son mari.
Mme Mvuanga Semirama recevant le titre de propriété des mains du Ministre Jean de Dieu Giza |
Un
couple d’enseignants parmi les heureux bénéficiaires
Mariée à Christian Rukaragashori depuis 4 ans, Mme
Clémentine Maombi est enseignante, comme d’ailleurs son mari, à l’Ecole primaire
Kianderema en groupement de Kisigari. Surprise par une issue heureuse de
la démarche menée par l’ONU-Habitat, souriante et spontanée, elle
déclare : « C’est une journée exceptionnelle et inoubliable pour
notre famille, car nous avons, enfin, notre propre parcelle ».
Les
repères délimitant le Camp de Rumangabo et la localité de Kabaya identifiés
Les repères délimitant le Camp de Rumangabo et la
localité de Kabaya ont pu être identifiés grâce à un croquis de situation
trouvé dans les archives de la division des Affaires foncières à
Rutshuru. « Ni les hommes en uniforme et encore moins les résidents
de la localité riveraine de Kabaya ne savaient réellement où se situaient la
limite et la zone tampon », a ajouté Kasereka Kiro. « Mais au
finish, nous avons pu trouver la superficie et la configuration réelles de la
concession du camp militaire. Les deux parties en conflit étaient
satisfaites. Elles ont coopéré avec l’Administration foncière pour mettre
à terme ce conflit foncier qui datait de plusieurs décennies et qui ne cessait
d’empoisonner l’atmosphère et d’inciter le climat de méfiance »,
conclu-t-il.
Le Secrétaire administratif du groupement de Kisigari
qui fait l’intérim du Chef de groupement, Floribert Hakizimwami, était aussi au
site de Gatera/Kisigari pour se rendre compte de l’état d’avancement du processus
de distribution des parcelles aux nouveaux occupants. « En tant
qu’autorité de proximité, l’installation de 72 ménages-bénéficiaires sur le
nouveau site va sceller une paix durable entre les hommes en uniforme et la
population civile qui vit de l’agriculture et de l’élevage », a-t-il
soutenu.
Un
plaidoyer qui s’est soldé par la mise à la disposition de 5 hectares en faveur
des 72 ménages
L’ONU-Habitat en collaboration avec l’Administration
du territoire de Rutshuru s’est impliquée, depuis 2018, dans la médiation et la
résolution du conflit foncier qui opposait les hommes en uniforme du Camp de
Rumangabo contre les populations de la localité de Kabaya où « vivent plus
de 8 mille habitants », selon le Secrétaire administratif du groupement de
Kisigari, Floribert Hakizimwami.
Le plaidoyer initié par l’ONU-Habitat s’est soldé par
la mise à la disposition par le Mwami Francis Ndizeye, de 5 hectares en faveur
des 72 ménages dont leurs habitations et plantations se retrouvaient dans
l’enceinte de la concession du camp militaire.
« Le processus de sécurisation des droits
fonciers du nouveau site de Gatera/Kisigari où seront désormais logés pour de
bon les 72 ménages-bénéficiaires était riche en défis, mais vient de se
conclure avec succès. Les droits fonciers des bénéficiaires sur les
nouvelles terres sont garantis par des titres fonciers signés et octroyés par
les autorités de la province du Nord-Kivu. Le ministre de tutelle a même
fait le déplacement de Goma jusqu’à Kisigari », se félicite Kasereka Kiro,
géomètre du Cadastre près l’Administration foncière de Rutshuru en poste depuis
9 ans.
Le
processus a bénéficié, depuis 2018, d’un appui considérable de l’ONU-Habitat
Depuis le début de ce processus, l’ONU-Habitat n’a
ménagé aucun effort pour apporter son appui précieux à l’Administration
foncière du territoire de Rutshuru. Cette agence des Nations unies
couvrait tous les frais de déplacement des agents de l’Administration du Centre
de Rutshuru vers la localité de Kabaya et le Camp militaire de Rumangabo, a
disponibilisé les fonds qui ont servi à l’achat de plus de 200 bornes
délimitant le Camp Militaire et les environs de la localité de Kabaya, et
également à l’établissement de 72 titres fonciers pour les
ménages-bénéficiaires.
L’ONU-Habitat a aussi mis à la disposition des agents
de l’Administration foncière des outils de travail, tels que les GPS pour la
collecte des données parcellaires, les stations totales, les jalons qui les ont
aidés à accomplir un travail de qualité dans un délai raisonnable. « Tous
ces outils resteront une propriété de l’Administration foncière », rassure
le géomètre Kasereka.
Le Projet
de Planification Communautaire Foncière Participative (PCFP) pour assurer un
avenir meilleur pour les communautés congolaises
Cette initiative menée par l’ONU-Habitat s’inscrit
dans le cadre de son Projet de Planification Communautaire Foncière
Participative (PCFP) financé par l’Agence britannique de développement
(DFID). Visant à assurer un avenir meilleur pour les communautés congolaises,
ledit projet est mis en œuvre dans les provinces du Nord et Sud-Kivu, et celle
de l’Ituri.
Daniel MASSAMBA MEBOYA
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