En ce début de l’an 2018, j’aimerais
adresser mes vœux de bonheur, de succès et de prospérité à votre corporation, à
chacun d’entre vous et à vos familles respectives. Mes vœux auraient sans doute
été beaucoup plus enthousiastes si l’année 2017 s’était terminée en beauté,
sans que des extrémistes radicalisés n’aient décidé d’instrumentaliser le
laborieux processus électoral en cours pour pourrir la vie à la nation au
profit de leurs ambitions petites – bourgeoises titillées par des réseaux
d’influence étrangers nostalgiques d’un passé révolu.
En effet, un fantomatique ‘’Comité Laïc de Coordination’’ sans
domicile fixe comme en témoigne sa lettre du 27 décembre 2017 au gouverneur de
la ville de Kinshasa s’est invité sur la scène politique pour faire la
récupération d’une mobilisation lancée par des extrémistes de l’opposition qui
promettaient à qui voulait les entendre l’apocalypse au 31 décembre 2017 au moment où les Congolais se
préparaient aux festivités de la Saint Sylvestre qui ont toujours été un moment
de convivialité familiale et sociale.
Face à la maturité du peuple congolais et à
la vigilance de nos forces de sécurité, la manœuvre s’est terminée en eau de boudin
non sans quelques incidents ici et là sur lesquels la Police Nationale s’est
assez clairement expliquée hier dans le style sobre qui est le sien.
Au regard du bilan de ces événements que
nous avons tous vécus, le Gouvernement tient à féliciter les forces de police
et de sécurité qui, sur l’ensemble du territoire national, ont respecté le mot
d’ordre de rigueur, de fermeté et de conformité au droit international
humanitaire dans la gestion desdits événements.
Le Gouvernement note également avec
satisfaction la responsabilité du peuple congolais qui a perdu cette crédulité
sur laquelle les agitateurs comptaient pour déstabiliser notre pays au mieux
d’intérêts qui sont loin d’être nôtres.
Car que nous dit à ce sujet le rapport de la
Police ? Que sur la cinquantaine de diocèses de la RDC, seuls 2, Kinshasa
et Kamina ont répondu aux appels à la provocation de désordres lancés par des
membres du clergé extrémistes dissimulés derrière le fameux Comité Laïc de
Coordination. Dans les détails, dans l’Archidiocèse de Kinshasa, une dizaine de
paroisses sur 132, et dans le diocèse de Kamina une paroisse sur plusieurs
dizaines.
En ce qui concerne le bilan humain, toujours
selon la Police Nationale Congolaise, 5 cas de décès par mort violente sont
rapportés en date du 31 décembre à Kinshasa et Kananga respectivement ; des
cas qui n’ont aucun lien de causalité avec les marches anarchiques projetées
par le Comité Laïc de Coordination et auxquelles les autorités locales
s’étaient opposées pour des raisons valables.
Certes il y a eu 88 fauteurs de troubles appréhendés
(77 à Kinshasa et 11 à Kamina). Cependant, ils ont tous été élargis après
interrogatoires dans divers postes de police.
Les rêves du grand soir ou de l’hécatombe
caressés par les initiateurs de ces désordres programmés se sont donc écroulés
comme un château de cartes.
Je voudrais au nom du Gouvernement réitérer
l’appel à témoin lancé par la Police à quiconque détiendrait d’autres
informations relativement au bilan de ces événements de les mettre à la
disposition des enquêteurs.
C’est en tout cas ce que nous attendions des
autorités des diocèses de Kinshasa et de Kamina. Mais curieusement, c’est une
déclaration politique d’une rare violence qui a été faite par le Cardinal-Archevêque
de Kinshasa.
On trouve un peu de tout dans cette déclaration de
l’autorité diocésaine de Kinshasa sauf des faits infirmant le rapport présenté
par la Police Nationale. Le paradoxe qui traverse de part en part son communiqué
suscite plus d'inquiétudes qu'il ne clarifie la position d’une frange du clergé
qui semble avoir délibérément choisi de se ranger derrière quelques politiciens
obstinés dans leur rêve de prendre le pouvoir politique par d'autres voies que
celles des urnes, réfutant ainsi les règles communes du jeu politique. La
terrible confession sans doute involontaire du Cardinal qui dénonce lui-même
"l'instrumentalisation de la liberté religieuse pour masquer des intérêts
occultes" est symptomatique de cette espèce d’auto-projection caractéristique
de ce communiqué au vitriol doublé d'insultes et autres mots inutilement
excessifs dans le discours d’une personnalité de son rang et de son niveau.
En effet, en même temps que l'Archevêque de Kinshasa
réclame avec raison "un Congo des
valeurs et non des antivaleurs", tout en "demandant aux uns et aux autres de faire preuve de sagesse et de
retenue", celui que l'on a connu autrement plus pondéré se fait
subitement l'apôtre des insultes et autres noms d'oiseaux dont il gratifie
certains de ses compatriotes, en l'espèce des dirigeants démocratiquement élus
de ce pays qu'il traite de "menteurs, d'incapables, de fossoyeurs des
libertés" et j'en passe, sans oublier nos forces de l'ordre grâce au
sacrifice desquelles il peut accomplir paisiblement son ministère, qualifiées
de « prétendus vaillants hommes en
uniforme ». Une insulte que nos forces de défense et de sécurité ne
méritent pas, loin s’en faut.
Alors qu'en pasteur le Cardinal invoque une paix durable
pour la RDC, par une attitude de mépris et de rejet, il incite en même temps les
Congolais à la haine et à la confrontation en les opposants les uns aux autres
par un discours belliqueux aux accents de combattant puisqu'il endosse
volontiers le statut de croisé avec le vocabulaire des révolutionnaires des
printemps arabes : " que les
médiocres (sic!) dégagent", expression de l'intention larvée de livrer
ainsi quelques dirigeants à la vindicte populaire. Ce n'est certainement pas la
meilleure manière de pacifier les esprits.
Toute cette violence verbale gratuite susceptible
d'alimenter ‘’le climat de peur,
d'énervement et d'incertitudes’’ que déplore à bon escient le Cardinal
lui-même est la résultante d'une incitation à la désobéissance civile à
l'interdiction expresse motivée de ces marches non coordonnées par les
autorités municipales qui les ont jugée inopportunes puisque, entre autres, la
raison justificative desdites manifestations à savoir, l'exigence de
l'application de l'accord de la Saint Sylvestre était sans objet dans la mesure
où l'application dudit accord est en pleine phase de maturité, sauf pour les
pêcheurs en eaux troubles.
Dès lors, comment justifier que l'accord du 31 décembre
2016 qui a clairement balisé le chemin pour des élections apaisées et dont le
calendrier est aujourd'hui connu de tous, en plus de l'actualisation du fichier
électoral et de la mise en place d'un Gouvernement d'union, sans oublier la
désignation d'un Comité de suivi dudit accord, serve encore de prétexte pour
troubler l'ordre public?
C'est l'occasion de rappeler par ailleurs que l'Etat de
droit auquel se réfère le prélat catholique dans son communiqué favorise certes
les droits et les libertés, mais n'exonère point les uns et les autres de leurs
responsabilités.
Le Cardinal aurait été plus inspiré de reconnaître,
contrairement à son affirmation, que le malaise socio-politique qui traverse
notre pays n'a pas pour origine une prétendue inapplication de l'accord de la
Saint Sylvestre, mais plutôt, encore une fois, cette obstination politique
systématique de certains derrière lesquels il semble avoir choisi de s’aligner
pour des raisons mieux connues de lui-même et dont nous savons qu’ils sont téléguidés
par des groupes d'intérêts sans amour du peuple congolais et en quête
permanente d'alibis pour discréditer et renverser les institutions étatiques
congolaises dans le but de "ramasser" le pouvoir par tous les moyens,
de préférence non démocratiques.
C’est injuste de la part du Cardinal de méconnaitre le
professionnalisme de nos forces de l’ordre qui n’ont causé aucune perte en vies
humaines parmi la poignée de fidèles qui ont essayé de manifester violemment
avec des insignes religieux à Kinshasa ou ceux d’un parti politique radicalisé
à Kamina. Quant aux terroristes et pillards qui ont à leur manière voulu
instrumentaliser le flou que tentait de créer le Comité Laïc de Coordination,
c’est grâce à la bravoure de nos vaillants hommes en uniforme qu’ils n’ont pas
pu semer plus de désolation en ce jour fatidique du 31 décembre 2017. Leur sort
mérité n’est pas à plaindre comme l’est celui du policier Mafufu Athanase, abattu
au cours de l’attaque du Commissariat Communal de Masina par une cellule de terroristes
Kamwina Nsapu et sur le sort duquel son Eminence garde un silence
assourdissant.
Il est regrettable que le Cardinal soit
descendu dans les caniveaux en traitant ses adversaires politiques de ‘’dirigeants médiocres’’. De lui, on aurait
attendu des épithètes plus policés.
Au sujet de cette accusation grossière de ‘’médiocrité’’, le Gouvernement réaffirme
qu’il n’a pas à rougir du bilan de ces deux dernières législatures qui est
globalement satisfaisant, sauf si l’archidiocèse de Kinshasa peut citer un seul
domaine dans lequel le pays a régressé ces quinze dernières années.
En ce qui concerne le ‘’dégagisme’’
auquel il paraît si attaché, le
Gouvernement rappelle que les pays arabes dans lesquels il a été expérimenté ne
se portent pas mieux. Il n’y a qu’à voir l’état actuel de la Lybie qui y a
perdu jusqu’à son existence et celui de l’Egypte qui, en y renonçant, est en
pleine renaissance.
L’échec de la coalition de toutes les forces
de l’opposition radicale au grand complet au cours de la mobilisation pour les
marches projetées le 31 décembre 2017 permet au Gouvernement de prendre au
sérieux la force tranquille de la majorité silencieuse des Congolais qui ont
refusé de souscrire au schéma insurrectionnel.
Le Gouvernement ose espérer que l’Eglise Catholique avec
laquelle il vient de signer un Accord-Cadre sur des matières d’intérêt commun
aura la force de rompre avec sa philosophie d’antan qui avait fait d’elle un auxiliaire
zélé à la colonisation belge dans notre pays, en contribuant à l’élimination
physique de tous ceux qui ont servi de repère identitaire à notre peuple, comme
Kimpa Vita, Simon Kimbangu ou Patrice-Emery Lumumba.
On ne le dira jamais assez, aujourd’hui, le peuple
congolais a plus besoin des pompiers que de pyromanes. Si nous voulons la paix,
si nous voulons la consolidation des acquis démocratiques et de l'Etat de
droit, la meilleure manière d’y arriver est de pacifier les esprits en refusant
d'attiser les violences ou d'ajouter de l'huile sur le feu. Tous les discours
doivent converger vers un même objectif: convier les uns et les autres à se
préparer pour les échéances électorales prévues au courant de cette année 2018
pour laquelle je vous réitère mes vœux les meilleurs.
Bonne année à chacun et à tous, plein succès dans vos
projets individuels et collectifs.
Je vous remercie.
Lambert MENDE OMALANGA
Ministre
de la Communication et Médias
Porte-parole
du Gouvernement.
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