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lundi 6 novembre 2017

Les scientifiques confirment la présence des tourbières en République Démocratique du Congo

La grande menace qui pèse sur les tourbières est l'industrie du bois. Sur un total de 57 concessions forestières en RDC, au moins 29, couvrant environ 5 million d'hectares, sont illégales
Kinshasa, République Démocratique du Congo, 31 octobre 2017 - Les scientifiques ont confirmé la présence des tourbières en République Démocratique du Congo, après une expédition au village de Lokolama (55 km de Mbandaka - capitale de la province de l'Equateur en République Démocratique du Congo). Cette expédition a été menée du 27 au 29 octobre 2017

La première carte des tourbières du Bassin du Congo a été publié en janvier 2017, dans le journal Nature, à partir des données recueillies en République du Congo. La recherche des tourbes en République Démocratique du Congo a commencé en octobre, avec l'expédition de Lokolama. Cette dernière a confirmé la présence de tourbe et de celle ayant une profondeur de 3,5 mètres.

L'équipe des chercheurs en forêt tropicale venant de l'Angleterre et de la République Démocratique du Congo composée du professeur Simon Lewis et du docteur Greta Dargie, tous deux de l'Université de Leeds au Royaume-Uni, ont estimé que les tourbières présentes au centre du Bassin du Congo s'étendent sur 145.500 km2, et stockent quelque 30 milliards de tonnes de carbone. Cette étendue de carbone est l'équivalent de 3 ans des émissions de combustibles fossiles dans le monde. Ce qui fait des tourbières du Centre du Bassin du Congo le complexe des tourbières tropicales le plus étendu dans le monde.

"Nous étions soulagés d'arriver à Lokolama et d'explorer la forêt marécageuse avec notre partenaire le Dr Corneille Ewango de l'Université de Kisangani, accompagnés des communautés locales pour découvrir que notre cartographie de cette partie de la RDC était correcte. La surprise était surtout que cette tourbe de 3,5 mètres de profondeur se situe proche de la lisière de la tourbière de Lokolama. Ces premiers résultats montrent à quel point il est important d'investir dans la science en RDC pour permettre l'exploration de plusieurs autres sites, afin de découvrir une plus grande profondeur en tourbe et un plus grand stock de carbone. Cette initiative permettra une meilleure cartographie des tourbières dans le futur", a déclaré Dr Greta Dargie.

La tourbe est un sol organique humide faite partiellement des matières végétales décomposées. Les tourbières en bon état agissent comme des puits de carbone. Quand les arbres croissent, elles rejettent du carbone dans l'atmosphère, mais lorsqu'elles meurent, elles se décomposent normalement en renfermant le carbone en dehors de l'atmosphère. La décomposition est seulement partielle après un an dans une forêt tropicale marécageuse, conduisant en une accumulation de carbone en forme de tourbe.

Greenpeace Afrique travaillent avec les communautés en RDC pour développer des alternatives à l'exploitation du bois destructive et plaider pour que les forêts du Bassin du Congo soient protégées en maintenant le moratoire sur les allocations aux nouvelles concessions forestières en place et adopté il y a 15 ans. La récente découverte des tourbières augmente l'urgence de mettre en place des modèles de développement qui vont radicalement améliorer les moyens de subsistance et le bien-être des populations locales sans compromettre l'intégrité de l'écosystème.

"En tant que peuples autochtones, les tourbières font partie de notre héritage culturel et leur découverte représente un immense espoir pour les générations futures. " Nous espérons que notre gouvernement va nous accompagner dans notre rôle de gardiens de ces anciennes forêts et, nous fournir l'aide dont nous avons besoin pour protéger les tourbières au bénéfice de nos enfants et du monde, a déclaré Valentin Egobo, le porte-parole de la communauté de Lokolama.

La grande menace qui pèse sur les tourbières est l'industrie du bois. Sur un total de 57 concessions forestières en RDC, au moins 29, couvrant environ 5 million d'hectares, sont illégales. Ces concessions illégales chevauchent approximativement 650.000 hectares de forêts marécageuses de tourbe qui renferment du bois dur.

L'Esperanza, le bateau de Greenpeace est actuellement en RDC dans le cadre d'une tournée de 4 semaines sur les côtes d'Afrique Centrale, "Donne une chance aux forêts du bassin du Congo". Les découvertes de l'expédition des tourbières sont essentielles dans les discussions entre Greenpeace Afrique, le gouvernement congolais, représenté par le Ministre de l'Environnement et du Développement Durable. Amy Ambatobe, les communautés locales et les peuples autochtones, la société civile et les donateurs auront lieu à bord du navire au port de Matadi, dans la province du Kongo Central.

L'Esperanza fera cap vers la République du Congo le 6 novembre afin de continuer à mobiliser les communautés, les groupes de la société civile, les officiels du gouvernement pour attirer l'attention tant désirée envers l'importance des forêts du bassin du Congo pour maintenir la stabilité du climat mondial. L'objectif est aussi de protéger la biodiversité, les cultures et les moyens de subsistance des populations locales et les communautés autochtones vivant à l'intérieur et autour des forêts. Entre-temps, la recherche des scientifiques reprendront au début de janvier 2018.


Biographie des scientifiques :
Professeur Simon Lewis
Simon Lewis est professeur de Global Change Science à l'université de Leeds et à l'University College London. Il occupe ce poste à temps partiel dans les deux universités de manière égale. Il fut un boursier de la Royal Society Research (2004-2013), et en 2011, il a reçu le prix Philip Leverhulme qui a reconnu l'impact de sa recherche. En 2014, il était classé comme l'un des scientifiques les plus cités dans le domaine de l'environnement/écologie. Le Professeur Lewis a découvert et coordonne l'unique réseau africain de stations de surveillance de forets tropicales in-situ où les arbres individuels sont tagués et surveillés depuis des années : AfriTRON (Africa Tropical Rainforest Observation Network).
La recherche du Professeur Lewis croisent plusieurs domaines qui s'accompagnent d'importantes réglementations, parmi elles les forêts tropicales et leur déforestation et dégradation, changement climatique, conservation de la biodiversité, les retombées pour les peuples autochtones, la pauvreté rurale, et le système mondial de commerce des produits provenant des terres tropicales. Son travail sur les forêts tropicales et le changement climatique a été couvert dans les médias à travers le monde, dont la BBC et la CNN. Il est régulièrement sollicité pour des commentaires sur les forêts tropicales et le changement climatiques en lien avec la science.

Dr Greta Dargie
La recherche de doctorat du Dr Dargie dans les stockages de carbone dans les tourbières de la République du Congo a une portée internationale. Son projet de "Stockage de carbone dans les tourbières dans le Bassin du Congo" basée sur les découvertes faites pendant son travail de terrain en 2014 et sa thèse comporte l'une des études les plus larges et détaillées de l'hydrologie des tourbières tropicales à jour. Cette étude est également la première estimation du carbone stocké dans les tourbières du Congo. Ce projet a été supervisé par le Dr. Simon Lewis en collaboration avec l'Université de Marien Ngouabi. Le domaine de recherche que son doctorat couvre est relativement nouveau et le Dr Dargie espère que c'est seulement le début d'une recherche plus soutenue durant les années à venir.

Dr Corneille Ewango
Dr Ewango est un botaniste congolais et Directeur de la Réserve de Faune à Okapis dans la forêt tropicale de l'Ituri, un patrimoine mondiale de l'Unesco et le territoire des peuples Mbuti et Bantu. Il a gagné le prix environnemental Goldman Prize en 2005 pour ses efforts dans la protection de faune à Okapi pendant la guerre civile du Congo. Dr Ewango a découvert 270 espèces de lianes et 600 espèces d'arbres dans la zone de recherche. L'herbier qu'il a construit à la Reserve de Faune à Okapis est devenu un lieu de formation et de recherche en botanique tropicale et conservation. Il fait partie d'un groupe désigné par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature qui développe un plan de gestion de l'écosystème pour le Congo. En 2011, Dr Ewango a gagné le prix Future of Nature, qui reconnait les efforts exceptionnels sur le plan international dans la protection des espèces.

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