Dans une lettre adressée, le jeudi 22
Septembre 2016, au Vice-premier ministre en charge de l’Intérieur et Sécurité
nationale, Evariste Boshab, Journaliste en danger (JED) lui a demandé
instamment d’ouvrir une enquête urgente pour identifier et sanctionner les
responsables des exactions commises contre des journalistes lors des violences
qui ont secoué la ville de Kinshasa, les 19 et 20 Septembre 2016.
Dans cette correspondance
dont copies ont été réservées notamment au Président de la République, au Premier
ministre, au Procureur général de la République ainsi qu’à l’Auditeur général
des Forces Armées de la RD Congo (FARDC), JED rappelle que
dans son bilan des affrontements qui ont opposé des manifestants de
l’opposition aux forces de l’ordre, le Vice-ministre a parlé des
personnes tuées ; des bâtiments publics et des écoles brûlés ; des
sièges des partis politiques incendiés et des maisons pillées, mais à aucun
moment il n’a évoqué des cas de nombreux journalistes et professionnels des
médias qui ont été victimes des violences de la part des forces de sécurité
alors qu’ils ne faisaient que leur travail. Au total et selon nos informations,
près d’une dizaine de journalistes ou professionnels des médias ont été
malmenés, attaqués ou interpellés à Kinshasa, dès le premier jour des
manifestations, par des éléments de diverses forces de sécurité.
JED a dénoncé
vigoureusement cette vague de violence gratuite infligée aux journalistes
congolais et étrangers dans l’exercice de leur profession en violation flagrante
de la loi garantissant l’exercice de la liberté de la presse en RDC.
A titre illustratif, et
au cas où il s’agirait d’une omission involontaire, JED a tenu à porter à la
connaissance du Vice-Premier Ministre en charge de l’Intérieur et de la Sécurité
nationale les faits suivants :
1°
Sonia Rolley, envoyée spéciale permanente de Radio
France Internationale (RFI) en
RDC, Edouardo Soteras,
journaliste-photographe de l’Agence
France Presse (AFP), Dady Songhozo et John Kinkendu,
journalistes à TV 5, ont été interpellés, dans la
matinée du lundi 19 Septembre 2016 sur le boulevard triomphal loin des endroits
où se déroulaient les manifestations, par la Police Militaire (PM). Ils ont été
malmenés et conduits au camp Kokolo où ils ont été gardés pendant plusieurs
heures et dépouillés de tous leurs biens dont du matériel de travail, de
l’argent et des téléphones.
2°
Dosta Lutula, journaliste à Canal Congo Télévision (CCTV),
chaîne de télévision émettant à Kinshasa, a été arrêté, le 19 Septembre 2016,
par des agents de l’ordre non autrement identifiés pendant qu’il était en train
de couvrir la manifestation de l’Opposition. Jeté dans une jeep de la police,
le journaliste a été conduit au camp militaire Tshatshi où il a été
copieusement tabassé avant d’être transféré vers 1 heure du matin au camp
Kokolo où il sera également molesté et déshabillé. Dosta Lutula a été libéré le
lendemain vers 18 heures. Sa caméra et ses cassettes d’enregistrement ont été
confisquées.
3° Kevin Inana, journaliste au quotidien « La Prospérité » a été arrêté au niveau du rond-point
des huileries par un groupe de policiers anti-émeutes qui dispersaient les
manifestants à coup des balles et gaz lacrymogènes. Kevin Inana a été
pourchassé par ces hommes en uniforme qui, après l’avoir rattrapé lui ont
demandé de décliner son identité. Brandissant sa carte de presse, le
journaliste a été bastonné à coups de matraque à la tête avant d’être projeté
sur le sol. Il s’en était tiré avec un bras cassé.
4°
Eliezer Thambwe, journaliste-présentateur du magazine «Tokomi wapi», diffusé sur
plusieurs chaînes de télévisions de Kinshasa ainsi que son cameraman, Dieumerci Makesela, ont été
arrêtés, séparément, le samedi 19 Septembre 2016, par un groupe de policiers au
rond-point Victoire, pour le journaliste, et sur l’avenue des Poids-lourds,
pour le cameraman, où ils couvraient cette manifestation. Eliezer Thambwe a été
relâché quelques temps après tandis que Dieumerci Makesela a été conduit au
cachot des services spéciaux de la police où il a été gardé pendant 72 heures.
La camera que détenait Dieumerci Makesela a été confisquée avant sa libération.
Afin que ces actes des
violences contre les professionnels des médias ne puissent se reproduire au
moment où tout le monde redoute des turbulences politiques majeures en RDC, JED
rappelle que c’est du reste, dans cette optique, que les organisations
professionnelles des médias ont organisé, en juillet dernier, une Table ronde
sur la sécurisation des journalistes en période de crise. A l’issue de cette
Table ronde, les professionnels des médias ont proposé la mise en place d’un
cadre de concertation entre les médias et les pouvoirs publics en charge de la
sécurité, en vue de la prévention des risques encourus par les journalistes en cette
période de tension.
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