(Kinshasa, le 18 septembre 2016) — Les décisions du
gouvernement de la République démocratique du Congo concernant sa prochaine
élection présidentielle seront cruciales pour l’avenir du pays, a déclaré Human
Rights Watch dans un rapport publié
le 22 septembre 2016.
Le rapport résume les recherches de Human Rights Watch de ces deux
dernières années, aux cours desquelles le gouvernement a mené une répression à
l’encontre d’activistes ainsi que de dirigeants et membres de partis
d’opposition qui se sont opposés à la prolongation de la présidence de Joseph
Kabila au-delà de la limite constitutionnelle de deux mandats, qui prend fin le
19 décembre 2016. Il inclut aussi des recommandations pour dissuader d’autres
violations des droits humains et empêcher une crise plus large dans les
semaines et les mois à venir.
Un “dialogue national” dirigé par le gouvernement est censé présenter
son accord final dans les prochains jours. La plupart des principaux partis
d’opposition n’ont pas participé à ce processus, le considérant comme un
stratagème pour retarder les élections et permettre au Président Kabila de se
maintenir au pouvoir. Des activistes et des groupes d’opposition ont appelé à
des manifestations à l’échelle du pays commençant le 19 septembre, trois mois
avant la fin du mandat de Kabila et au moment où, selon les exigences de la
constitution, la commission électorale doit annoncer les élections
présidentielles.
La répression gouvernementale a connu une forte hausse dans les jours
menant aux manifestations projetées. Dans la capitale, Kinshasa, au moins une
dizaine des jeunes activistes pro-démocratie ont été arrêtés après une réunion
tenue le 15 septembre sur la non-violence, la paix, et le respect de la
constitution. Ils sont détenus par l’agence nationale de renseignements, sans
inculpation et sans accès à leurs familles ou à des avocats.
Le 16 septembre, des policiers dans la ville de Lubumbashi, au sud-est
du pays, ont tiré du gaz lacrymogène et plus tard à balles réelles pour
disperser des membres de partis d’opposition qui se réunissaient pour préparer
les manifestations du 19 septembre. Certains participants de la réunion ont
répondu en lançant des pierres, en brûlant des pneus, en bloquant des rues, et
en pillant plusieurs commerces et bureaux. Des dizaines de personnes ont été
arrêtées tôt le lendemain matin.
Le 17 septembre, des policiers et des agents des services de
renseignements ont arrêté un activiste des droits de l'homme, Patrick Pindu, à
son domicile à Kinshasa, peu de temps après avoir participé à une réunion de la
société civile sur les élections. Il a été libéré le lendemain sans inculpation,
sous condition qu’il se présente à l’agence de renseignements tous les 15
jours.
Pour contribuer à prévenir la violence, les représentants du
gouvernement et les membres des forces de sécurité devraient respecter les
droits des personnes aux libertés d’expression et de réunion, et autoriser le
déroulement de manifestations pacifiques et de meetings politiques.
« Les décisions que le Président Kabila et son gouvernement vont
prendre dans les prochaines semaines peuvent faire toute la différence pour
l’avenir de la RD Congo, » a déclaré Daniel Bekele, directeur de la
division Afrique à Human Rights Watch. « Il s’agit d’une opportunité
cruciale pour le pays pour consolider la démocratie, l’État de droit, et les
droits humains, pour son propre future et celui de la région entière. »
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