Didier
Bitaki, un ancien leader d’un groupe armé émet un avis contraire pour la simple
raison que les éléments Fdlr existent sur le sol congolais depuis plus de 22
ans maintenant. Ils connaissent et ont parcouru toute la Rdc. Ce n’est pas la
première opération qui est décidée pour les traquer. « Ces éléments ont résisté
contre l’Afdl, le Rcd, le Cndp, l’opération Amani Leo, Umoja wetu et actuellement
contre l’opération Pomme orange qui a mis fin à la rébellion du M23 dans le
Nord-Kivu ».
Le
fait de déclarer les opérations contre ces mêmes gens supposent encore une fois
une mise en scène, pense-t-il. « Moi je ne voudrais pas conseiller à
l’Etat-Major général ou aux Fardc d’entamer une nouvelle opération qui puisse,
une fois encore endeuiller les filles et fils de l’Est de la Rdc. Les éléments Fdlr
ne se trouvent pas dans les centres urbains ou dans les centres-villes où
vivent les autorités militaires. Non. Ces gens vivent avec la population à
l’intérieur des provinces. Là où les Fardc ne contrôlent pas. Là où les populations
n’ont aucune défense. J’aimerais rappeler bien que les conséquences, cette
fois-ci, pourraient être placées à la responsabilité de ceux qui ont décidé de
cette opération ».
Didier
Bitaki aimerait à ce que, cette fois-ci, cette opération soit planifiée avec
ceux qui vivent au quotidien les affres des éléments Fdlr et même d’Adf-Nalu
sur le terrain. Le fait d’avoir accepté les opérations à Kinshasa sans associer
les acteurs principaux qui vivent sur le terrain avec les Adf-Nalu, notamment
la population locale, les grands notables de différents milieux, et qu’on
décide tout d’un coup d’engager une guerre contre les rebelles qui ont déjà
tenu en otage la population, c’est une façon de sacrifier ce peuple, regrette
Didier Bitaki.
Il
partage le point de vue du président de la République, Joseph Kabila, qui a dit
que ces gens devraient se rendre volontairement à défaut d’y être contraints.
D’accord, mais la contrainte suppose un certain nombre de stratégies, de
tactiques à les bouter dehors sans qu’ils aient décimé le peuple congolais.
« Nous avons encore une fois l’expérience des prêtres catholiques qui sont
encore entre les mains des Adf-Nalu dans le territoire de Lubero. Nous avons
l’expérience des populations du territoire de Walikale qui sont tenues par les
Fdlr en otage, nous avons même l’expérience de certains groupes armés locaux et
nationaux qui collaborent avec les Fdlr. Comment on arrivera à mettre hors
d’état de nuire ces gens ».
Pour
cette raison que cet ex-leader du groupe armé Kifuafua n’est pas d’accord de
cette opération en vue. Il conseille même au commandement des Fardc de ne pas
oser remettre en danger la vie des populations civiles qui ont payé de tout
leur prix de ces aventures ou des ces expériences militaires qui ont été prélevées
sur cette même population. « On en a assez ».
En
posant des conditions pour déposer les armes, il ne revient pas au gouvernement
congolais de les pousser au dialogue avec leur gouvernement. Le gouvernement
congolais devrait s’abstenir d’engager des opérations militaires contre les
Fdlr parce que ce sont des groupes armés étrangers qui n’ont rien à voir,
aucune revendication envers les institutions légales de la Rdc. Qu’ils posent
des revendications contre le gouvernement rwandais. Celui-ci n’a qu’à assumer
et accepter de négocier parce que ce n’était pas un tabou de voir le
gouvernement congolais négocier avec le M23 à Kampala et pourquoi pas les Fdlr
avec le gouvernement de Paul Kagame.
Dernièrement
le gouvernement et la Monusco ont décidé de lancer l’opération de drones pour
surveiller la frontière de la Rdc dans sa partie orientale. « Pourquoi
est-ce qu’on doit empêcher les Fdlr avec leurs armes de rentrer au Rwanda pour
frapper le gouvernement rwandais pour qu’il accepte de négocier cette fois-ci
avec sa rébellion ? Nous l’avions fait et tenté cette expérience et les
Fdlr n’ont qu’à négocier chez eux au Rwanda et non sur le sol congolais. Le
gouvernement et le territoire congolais n’appartiennent pas aux Fdlr. Les
revendications qu’ils posent ne concernent pas le gouvernement congolais ou la
population congolaise.
Ils
n’ont qu’à se battre chez eux. Pour Didier Bitaki, le gouvernement congolais et
la Monusco doivent leur laisser le passage parce qu’ils sont entrés en Rdc en
1994 avec leurs armes. Ce n’est pas aux Congolais de les désarmer, fulmine-t-il.
Ils doivent rentrer au Rwanda avec leurs armes comme s’ils sont venus. « C’est
à nous plutôt de nous organiser comment nous devrions protéger nos frontières à
partir du moment où nous avons défait le M23. C’est ça le conseil que je donne
et aux institutions congolaises et au gouvernement congolais et à la population
de laisser ces gens rentrer avec leurs armes ».
N’en
déplaisent à ceux qui pourront croire que les Fardc soutiennent les Fdlr. Ou
encore à ceux qui comprendront que le gouvernement congolais soutiendrait les
rebelles. Par contre, c’est le Rwanda qui a soutenu toutes les rébellions dans
l’Est de la Rdc et pourquoi n’a-t-il pas défait les Fdlr, s’interroge-t-il. « Il
en est de même pour nous si nous engageons la guerre, à travers les frontières
que nous devons sécuriser, si les Fdlr rentraient chez eux sans nous importe
peu. C’est notre pays qui gagne et c’est ça la victoire que nous sommes en
train de célébrer. Si ça ne se passe pas ainsi qu’on veuille désarmer ces gens
parce qu’on veut constituer la police et l’armée ou du gouvernement rwandais
sur le territoire congolais, là je suis désolé puisque notre pays n’est pas une
police de l’armée rwandaise ou du gouvernement rwandais ».
Il
faut que les Fdlr qui s’opposent au gouvernement rwandais et qu’ils rentrent
chez eux avec leurs armes pour que les Congolais puissent vivre paisiblement.
Si le Rwanda veut attaquer la Rdc qu’il le déclare officiellement. Mais la Rdc
ne peut pas faire le service de ce que l’armée rwandaise devrait faire. Il
faudra que cela se termine. « Nous allons gagner la guerre. Le Rwanda a
une police et une armée ».
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