Deux assassinats
dont un par pendaison, affirme l’organisation Freedom for journalist (FFJ) a
documenté, pour l’année 2013, FFJ 119 cas d’atteinte à la liberté de la presse,
toutes les typologies confondues contre 185 cas l’année dernière, soit une
baisse de 36,3 % par rapport à l’année 2012. Cette publication précède la
présentation de ce rapport annoncé pour bientôt, a indiqué un membre de la
Direction de cette principale organisation de défense et de promotion de la
liberté de la presse.
FFJ a rendu
public son rapport à l’occasion de la journée internationale de la Déclaration
universelle des droits de l’homme célébrée le 10 décembre de chaque année.
Cette baisse des
cas d’atteinte au droit d’informer et d’être informé ne veut nullement cependant
signifier que les prédateurs ont bien été plus cléments envers les
professionnels des médias. Ils ont plutôt réussi à faire taire les
journalistes, contraints de recourir à la censure et ou à l’autocensure. Pour
cette année, l’Equateur est en tête avec 30 cas, la ville de Kinshasa
et la province du Nord-Kivu sont ex-æquo avec 29 cas, la province du
Katanga avec 7 cas, le Maniema avec 6 cas ex-æquo avec la Province
Orientale, le Kasaï Occidental avec 6 cas, le Sud-Kivu avec 2
cas même nombre de cas avec le Bas-Congo. Il en est de même avec le Kasaï
Oriental et le Bandundu qui ont enregistré chacun 1 cas. FFJ
tient à préciser qu’il s’agit des chiffres transmis à sa Direction par ses
correspondants en provinces.
FFJ a constaté,
pour l’année 2013, que les prédateurs de la liberté de la presse ont opté pour
une originalité. C’est celle d’enlever et, à l’extrême, d’assassiner. La
plupart des journalistes de l’Est, principalement, ceux du Nord-Kivu et de la
Province orientale sont sur un véritable chemin de la croix. Ils sont enlevés
et, au pire, assassinés, comme c’est le cas de Guylain Chanjaro.
Ouvrons une parenthèse que nous allons très rapidement fermer pour dire que si
Kinshasa n’a pas enregistré un quelconque cas d’assassinat, la pratique
d’enlèvement s’est cependant déportée dans la capitale. FFJ rappelle
l’enlèvement, en pleine journée, mardi 15 octobre dernier, sur ordre du
président de l’assemblée provinciale de Kinshasa, de Magg Mikombe,
journaliste au Palmarès et collaborateur au journal Echos du Sud.
L’organisation étudie la possibilité d’aller en justice contre ce responsable
public pour enlèvement et séquestration.
Il se dégage en
outre, aux yeux de FFJ, que la partie Est de la RDC a ressemblé au Kidal malien
où l’on enlève et l’on tue. Très exactement comme le font les rebelles Touareg
du Mouvement national pour la libération de l’Azawad, MNLA. Ces actes
d’enlèvement ont été, pour la plupart de fois, le fait des rebelles du M23,
d’autres groupes armés et quelques fois, le fait de certains détenteurs de la
puissance publique. C’est grave.
Dans les
provinces, les gouverneurs se sont illustrés par des actes de séquestration des
journalistes pour rien. Ils sont passés maîtres dans les intimidations
contraignant, par ce fait, les journalistes non seulement à recourir à la
censure et à l’autocensure mais aussi, pour sauver la peau, à quitter carrément
la juridiction par peur d’arrestation ou de représailles, le gouverneur du
Nord-Kivu en tête.
Dans la
hiérarchisation des violations, FFJ note la structuration suivante :
- 2
journalistes assassinés dont un par pendaison
- 6
journalistes portés disparus puis retrouvés
- 5
journalistes en prison dont 2 ont été libérés, 3 actuellement en prison.
- 11
journalistes interpellés
- 11
journalistes agressés
- 10
journalistes torturés ou maltraités
- 13
journalistes incarcérés puis libérés
- 44
Journalistes et médias menacés, harcelés ou fermés
- 13
cas ayant fait l’objet des pressions économiques, administratives et
judiciaires
- 3
cas d’entraves à la libre circulation de l’information.
Quant à la
répartition des violations par province, il y a lieu de noter la structuration
suivante :
- 30
cas à l’Equateur
- 29
cas à Kinshasa
- 29
cas au Nord-Kivu
- 7
cas au Katanga
- 6
cas au Maniema et
- 6
cas en Province orientale
- 6
cas au Kasaï occidental
- 2
cas au Sud-Kivu
- 2
cas au Bas-Congo
- 1
cas au Kasaï oriental
- 1
cas au Bandundu
Au chapitre des
violations par ordre de chiffres, FFJ note que les menaces et les harcèlements
viennent en première position, suivies de pressions économiques,
administratives et judiciaires, puis des cas d’incarcération, puis des tortures
et maltraitances, puis des cas de disparition et retrouvailles, puis des cas
d’emprisonnement, interpellations et agressions qui sont en ex-æquo.
Enfin, l’entrave à la libre circulation de l’information et des cas de
journaliste assassiné ont bien été faibles tout au long de l’année 2013.
De tout ce qui
précède, FFJ que note si en 2012, aucun d’assassinat n’a pu être rapporté,
l’organisation regrette que les prédateurs de la liberté de la presse ont eu
recours cependant à la pratique d’assassinat cette année. Avant d’entamer le
second point relatif au cadre légal, FFJ est au regret de constater par un simple
regard jugé suspect, un journaliste soit brutalisé et immédiatement arrêté et
enfermé en prison au passage du convoi présidentiel à Rutshuru, dans la
province du Nord-Kivu. FFJ en était totalement bouleversé et avait, dans les
heures qui ont suivi, demandé sa libération.
Au chapitre du
cadre légal, FFJ note une volonté délibérée des dirigeants à ne pas favoriser
un exercice libre du métier d’informer. A l’exemple de la loi portant accès à
l’information publique non existante, la loi sur la liberté de la presse
gardant toujours ses dispositions liberticides en dépit du lobbying des
organisations professionnelles des médias.
Au plan de la
justice, le journaliste n’a pas de suffisante marge de manœuvres pour se
défendre, parce que sans moyens pour prendre en charge un avocat et autres
frais de justice. FFJ a, depuis début octobre 2013, lancé, à travers un
échantillon de rédactions de Kinshasa, une campagne d’assistance judiciaire
gratuite au profit du journaliste et d’autres professionnels des médias évoluant
sur le territoire de la RDC.
Au chapitre des
recommandations, FFJ demande au Président de la République de :
-
Concourir à l’évacuation du journaliste Patrick Palata, condamné à 20 ans de
prison ferme par la justice militaire, pour des soins de santé appropriés. Le
journaliste n’est pas loin, selon son avocat, de la maladie de Parkinson.
-
Concourir, en qualité de magistrat suprême, au transfert des journalistes
Fortunat Kasonga et John Mpoyi, devant leur juge naturel, à défaut d’obtenir
leur relaxation.
Au Parlement de :
-
Accélérer le processus d’adoption de la loi portant accès à l’information
publique,
-
D’inscrire un débat sur la loi générale sur l’exercice de la liberté de la
presse telle revue et corrigée en vue d’en extirper des dispositions
liberticides,
-
Prendre une loi portant dépénalisation des délits de presse.
Au gouvernement de :
-
faire cesser l’incursion des gouverneurs de province dans la sphère des
médias ; en faisant arrêter, bastonner, et emprisonner les journalistes et
en faisant harceler les médias.
-
Demander aux gouverneurs des provinces d’assurer la protection aux journalistes
et aux médias sous leur juridiction en conformité avec la toute récente
résolution des nations unies portant protection de journalistes.
-
Diligenter une enquête en vue retrouver les prédateurs de la liberté de la
liberté passés maîtres dans l’enlèvement et l’assassinat des journalistes;
-
Faire cesser la rafle opérée sur les colporteurs de journaux, un segment de la
société couvert pourtant par la loi sur l’exercice de la liberté de la presse,
-
Procéder, au nom de la cohésion nationale, à la réouverture de Canal Futur
Télévision et de Radio Lisanga Télévision, deux médias proches de l’opposition.
Aux journalistes
et à l’ensemble de la profession de :
-
Rester attachés aux valeurs cardinales contenues dans le Code d’éthique et de
déontologie dont l’Omec, évangélise, depuis, les prescrits.
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