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lundi 6 octobre 2025

La peine de mort et sa logique de rétribution ne sont pas compatibles avec évangile, déclare la CENCO

Après la condamnation à mort par contumace prononcée contre l’ancien président de la RDC, Joseph Kabila Kabange, pour diverses incriminations  notamment la participation à un mouvement insurrectionnel, crime contre la paix et la sécurité de l'humanité, viol, torture et occupation à force ouverte de la ville de Goma, la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) s’est prononcé le 6 octobre 2025 sur l’application de la peine de mort en RD Congo.  La déclaration a été signée par son président, Mgr Fulgence Muteba, Archevêque de Lubumbashi et lue par Mgr Donatien Nshole, secrétaire général de cette organisation.

Les Archevêques et Évêques membres de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO), en vertu de leur mission prophétique, ont rappelé qu’en date du 22 mars 2024, à la suite de la note circulaire n°002/MME/CAB/ME/MIN/J&GS/2024, du mercredi 13 mars 2024,  du mercredi 13 mars 2024, du ministère de la Justice, relative à la levée du Moratoire sur l’exécution de la peine de de mort, en avions appelé à un engagement en vue de la défense de la vie et de l’abolition de la peine de mort dans notre pays, la République Démocratique du Congo (RD Congo)

 De ce fait, le Moratoire devait naturellement aboutir à l’abolition et non à la reprise d’une mesure inhumaine qui, outre qu’elle constitue un échec pour une communauté digne de ce nom, blesse la dignité de la personne humaine créée à l’image de Dieu (Cf. Gn1, 26-27). Par ailleurs, la Constitution de la RDC consacre la sacralité de la vie humaine et la compte parmi les droits fondamentaux auxquels il ne peut être porté atteinte en aucun cas. En effet, s’appuyant sur la loi divine : « Tu ne tueras point » (Ex 20,13). 

Eu égard à ce qui précède, conscients que la peine de mort et sa logique de rétribution ne sont pas compatibles avec évangile, soucieux de chercher à tout prix les voies et moyens de ramener la paix, la cohésion nationale et de garantir l’intégrité du Territoire national, la CENCO est horrifiée par le verdict de la Haute Cour Militaire de Kinshasa, à l’issue du procès pénal expéditif engagé contre le président Honoraire Joseph Kabila, le condamnant à la peine de mort.

Fidèles à la mission de l’Eglise catholique « qui, en raison de sa charge et de sa compétence, ne se confond d’aucune manière avec la communauté politique et n’est liée à aucun système politique, est à la fois le signe et la sauvegarde du caractère transcendant de la personne humaine » (Gaudium et Spes, n.76&2), considérant l’inquiétude suscitée par l’arrêt de la Haute Cour Militaire et l’impérieuse nécessite de renforcer la cohésion nationale, Les Archevêques et Évêques membres de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo réitèrent leur appel aux acteurs, épris d’amour et de paix pour la RD Congo et impliqués dans la résolution de ses multiples crises, à chercher des solutions politiques.

Pour leur part, dans le contexte de guerre et d’insécurité que connaît le pays, Les Archevêques et Évêques membres de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo demeurent convaincus qu’un dialogue inclusif reste la voie la mieux indiquée tant pour affronter les causes profondes de ces crises que pour retrouver l’unité, la paix, le bien-vivre ensemble et l’intégrité territoriale du pays. Ce dialogue inclusif devient plus qu’urgent au regard de l’enlisement de la crise et de ses conséquences sur la population congolaise ! Face aux conflits qui infligent des profondes souffrances aux populations innocentes, il est impératif de se donner comme priorité la promotion des solutions durables pour ramener la paix  et la sécurité dans les zones sinistrées par le fait de guerre et de groupes armés étrangers et locaux. 

Les Archevêques et Évêques membres de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo saluent, à juste titre, les efforts déployés par des belligérants, les institutions et les partenaires internationaux pour endiguer la crise sécuritaire qui sévit dans le pays. « Cependant, nous sommes persuadés que ces efforts seront infructueux tant que les acteurs politiques congolais ne s’engageront pas résolument et concrètement dans un dialogue inclusif, et ne respecteront pas, au préalable, les accords déjà signés, ne fût-ce que pour accroître la confiance des uns et des autres. Avec le Pape François, d’heureuse mémoire, nous  considérons suicidaire et irresponsable « l’illusion qu’une paix juste peut être obtenue par la force des armes ».

« Aussi nous réitérons notre exhortation aux Gouvernants de notre pays, à l’opposition armée et non armée, aux membres de la société civile et à tout le Peuple congolais, à s’engager fermement, dans la lutte contre les différents acteurs qui alimentent les conflits et qui font le lit de la culture de la mort et du grand risque de balkanisation de notre pays. Que la vierge Marie, notre dame du Congo, nous obtienne la miséricorde divine et la paix ».

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