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mardi 9 septembre 2025

Sud-Kivu: La manifestation anti-Gasita dans la ville d’Uvira a fait des morts et des blessés

Le Bureau de Coordination de la société civile du Sud-Kivu suit de près la situation qui prévaut à Uvira depuis le 1er septembre 2025 et note avec indignation le silence du Gouvernement de la République qui laisse pourrir la situation malgré les manifestations qui se déroulent à Uvira suite à l’arrivée du Général Olivier Gasita commandant second de la 33ème région militaire du Sud-Kivu alors que son titulaire le Général Yaav Avul et le commandant secteur André Ehonza ont été interpellés à Kinshasa accusés d’avoir cédé la ville de Bukavu à la coalition AFC/M23. Pendant cette période de troubles, les autorités provinciales installées à Uvira sont absentes car en mission  à Kinshasa : le Président du Bureau de l’Assemblée provinciale, le Gouverneur et Vice-Gouverneur et cela panique de plus en plus la population.

Avant de faire cette déclaration, elle a donné le bilan de la manifestation du 8 septembre 2025 dans la ville d'Uvira. Trois personnes décédées dont un enfant et deux femmes et neuf blessés. La présidente du Bureau de coordination provinciale de la société civile du Sud-Kivu, Me Néné Bintu Iragi, exhorte le gouvernement congolais à faire de cette question une priorité et ne pas laisser pourrir la situation.

La population attendait des orientations claires à l’issue du conseil de ministre qui a lieu le 5 septembre 2025 et présidé par le chef de l’Etat mais force est de constater avec amertume que cela n’a pas été le cas. La société civile regrette les manipulations de l’opinion qui entourent ce dossier et pense que si rien n’est fait, le pire est à craindre. La guerre numérique a également pris de l’ampleur et les incitations à la haine tribale par des tireurs des ficelles qui se retrouvent aussi dans le camp de l’ennemi qui risque de profiter de ce désordre pour prendre la ville d’Uvira que du côté du gouvernement suite à la multiplicité des commandements au sein de l’armée.

Les dernières réformes de l’armée qui ont eu lieu en 2017 ont semé plus de confusion qu’avant les zones de défenses, les commandants secteurs, les commandants régions militaires, ont dilué l’unicité dans le commandement et créent beaucoup de confusions. Le  Conseil Supérieur de la défense ne se tient pas malgré la gravité de la situation qui prévaut à Uvira et dans les provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu et Sud-Kivu. La population affligée par la guerre à l’impression d’être abandonnée par le Gouvernement au moment que le poids de l’agression du pays pèse sur elle et cela n’est pas acceptable.

La société civile constate également que rien ne filtre du dialogue de Doha où les délégations du Gouvernement de la République Démocratique du Congo, de la coalition AFC/M23 et du Rwanda viennent de faire plus de de deux semaines sans issu et cela pousse la Société Civile du Sud-Kivu à s’interroger sur l’efficacité de la médiation menée par le Qatar. Le processus de Washington semble également en panne ainsi que celui de Luanda-Nairobi.

Le Bureau de coordination de la société du Sud-Kivu exige le retour des autorités provinciales à Uvira et recommande au Président de la République de déployer urgemment une mission à Uvira, conduite par le Vice Premier Ministre de la Défense et celui de l’intérieur en vue d’écouter les forces sociales en place ainsi que les services de sécurité pour une solution pacifique qui permettra à ce que l’ennemie ne tire profit de la situation actuelle et que la cohabitation pacifique entre toutes les communautés soit préservée.

La société Civile du Sud-Kivu, demande à la population d’Uvira de demeurer vigilante et ne pas céder à l’instrumentalisation ethnique comme piège privilégié par les ennemis de la République pour alimenter la guerre d’agression, de ne pas relayer par les fakenews mais par contre dénoncer tous les tireurs de ficelles, en mal  de positionnement qui se trouvent à Kinshasa et dans la diaspora et qui veulent tirer profit du chaos actuel pour se faire une notoriété ou se créer une visibilité politique.

La société civile ne cessera jamais d’exiger sa participation aux différentes initiatives de paix en cours, car tant qu’elle sera toujours exclue, la voix du peuple ne sera pas considérée dans les différents accords qui seront signés. Cela vaut également pour le Parlement qui représente le peuple et qui est mis hors cause dans toutes les initiatives actuelles pour la recherche de la paix.

La société civile conclut ce message en interpellant les députés nationaux et provinciaux des de la partie Est qu’il est temps de briser le silence et faire entendre la voix du peuple lors de la prochaine rentrée parlementaire. Cela vaut également pour les organisations de la société civile à Kinshasa de relayer auprès des institutions de la République établies à Kinshasa, les chancelleries, la voix de leurs collègues et celle de la population qui sont dans les zones occupées. L’Unité du pays est mise en mal et les institutions de la République ne doivent pas donner l’impression de sacrifier les provinces de la partie Est face aux velléités expansionnistes du Rwanda et le risque de plus en plus croissant de la balkanisation.

Le Gouvernement doit communiquer sur ce qui se passe à Doha pour dissiper tout malentendu car la population a droit à l’information et a besoin de paix à travers la transparence et l’inclusion dans les processus de paix en cours. La société Civile invite le conseil de Sécurité de Nations Unies à faire de la situation de la RDC une priorité en vue de faire respecter la résolution 2773 : les déclarations de condamnation, l’incertitude de processus de paix, la souffrance de la population devraient amener toutes les parties à tenir compte de l’impérieuse nécessité d’observer le cessez le feu et de privilégier la paix et le respect de la vie humaine.

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