La Voix des Sans
Voix pour les droits de l’Homme (VSV) salue les efforts fournis par les
autorités congolaises pour que le droit de la population à l’eau potable soit
respecté. La VSV salue également les efforts fournis par la Régie de
Distribution d’Eau (Regideso) pour que certains quartiers longtemps oubliés des
communes de la ville de Kinshasa aient de l’eau (cas de Mbudi, etc.).
Cependant, la VSV dénonce
les coupures intempestives et avis de coupure de la desserte en eau potable
dont des milliers d’abonnés de plusieurs quartiers de la ville de Kinshasa font
l’objet en ce moment ainsi que de nombreuses menaces de déterrement des tuyaux
des abonnés dans le cadre de l’opération de recouvrement forcé des créances
lancée, depuis le mois de mars 2023 par cette Régie dans la ville de Kinshasa,
capitale de la République Démocratique du Congo (RD Congo).
La VSV s’insurge
contre les méthodes utilisées par les agents souvent zélés de la Regideso commis
à cette opération qui sans respect envers les abonnés menacent ces derniers de
coupure d’eau et de déterrement des tuyaux de raccordement aux installations de
la Regideso. Curieusement, ces menaces qui n’épargnent personne touchent même
les citoyennes et citoyens qui font preuve de bonne foi en payant régulièrement
non seulement leurs factures du mois mais également en s’efforçant, malgré la
précarité de leurs conditions de vie, de s’acquitter régulièrement de leurs
dettes.
Ces agents zélés exigent souvent de l’argent pour leurs propres poches dans certaines parcelles avec insistance pour ne pas interrompre la fourniture d’eau ou ne pas déterrer les tuyaux. Certains auraient l’habitude de dire aux abonnés « Si toyaki to kozonga pamba te. Nous sommes déjà là, nous ne pouvons rentrer mains bredouilles ». Un autre cas de tracasserie en lien avec le recouvrement forcé est, à titre illustratif celui d’une famille à Kasa-Vubu, qui avait une dette de 173.000 FC et qui en date du 23 mars 2023 a payé de bonne foi 75.859 FC.
En date du 29 mars, soit six jours seulement après des agents de la Regideso
sont revenus à la charge avec un avis de coupure sous fortes menaces. Ces
genres de comportements face à la précarité des conditions de vie ne peuvent
être tolérés car il est important de constater parfois la bonne foi de l’abonné
comme bon citoyen soucieux de payer sa dette alors qu’il y a des autorités et des
institutions qui ne font pas autant et qui ne sont jamais sous les mêmes
menaces et pressions.
Il sied également de
dire que selon les informations recueillies par la VSV auprès de nombreux
abonnés, c’est effectivement la précarité des conditions de vie, les coupures
intempestives et le manque d’eau au robinet obligeant souvent la
population dans certains quartiers de la capitale de veiller pour attendre
parfois en vain de l’eau entre 2 heures et 4 heures du matin qui sont entre autres
les raisons de la léthargie observée pour le paiement des factures toujours
envoyées aux abonnés sans tenir compte des préjudices graves causés à la
clientèle…
En outre, l’opinion
publique estime que la mesure de recouvrement forcé est non seulement
discriminatoire mais aussi et surtout non équitable dans la mesure où plusieurs
entreprises publiques et autorités congolaises détenant une grande partie des
créances de la Regideso ne sont même pas concernées par cette opération.
Pour la VSV, autant
la population a l’obligation de payer ses factures de consommation d’eau,
autant la Regideso doit mettre en place des mesures idoines pour garantir un
service de qualité à ses abonnés et veiller à ce que le recouvrement forcé de
ses créances ne soit pas une pratique avilissante, déshonorante, discriminatoire
et non respectueuse des intérêts socio-économiques de la population.
La population
congolaise ne peut pas supporter tout le poids des dettes en millions de
dollars américains de consommation d’eau pendant que le plus grand créancier de
cette entreprise publique est l’Etat congolais lui-même comme ne cessent de le
dire les délégués syndicaux.
D’aucuns se
demandent pourquoi les agents de la Regideso ne se rabattent que sur une population
démunie et ont peur de recouvrer leurs créances auprès de l’Etat congolais. Cet
état de choses ne constitue pas moins une discrimination entre citoyens vivant
dans un même pays alors que tous les citoyens sont égaux en droits, en dignité
et en obligations.
Sur un autre volet, la VSV dénonce le manque de considération de la part des agents zélés de la Regideso qui sillonnent les rues des quartiers et communes de Kinshasa avec des mégaphones pour s’adresser sans égard à la population en brandissant sans la moindre courtoisie des instruments de coupure d’eau ou de déterrement des tuyaux.
L’accès à l’eau potable est un droit fondamental de
l’Homme
Quelles que soient
les raisons, les autorités congolaises et les responsables de la Regideso sont
appelés à prendre des mesures nécessaires pour en garantir la jouissance et ce,
en fournissant régulièrement l’eau potable à toute la population de la ville de
Kinshasa et ailleurs. La Regideso doit instruire ses agents à se comporter
dignement sur terrain sans se livrer aux tracasseries contre les abonnés, leurs
clients souvent menacés même pour des sommes insignifiantes des dettes. En
agissant ainsi, la population pourrait s’acquitter en toute dignité de ses factures.
Les autorités de la Regideso
doivent s’inspirer de la sanction qui vient de frapper le Directeur Général de
la Société Nationale d’Electricité pour des motifs quasi similaires.
En définitive, la
VSV demande à la Regideso de :
- Mettre fin aux
tracasseries et aux coupures intempestives d’eau ;
- Sursoir
l’opération de recouvrement forcé contre la population en organisant, cette
fois-ci, un autre recouvrement forcé contre les entreprises publiques, institutions
et autorités qui ne paient pas leurs factures ;
- Instruire les agents déployés sur terrain pour le respect strict de la dignité humaine en recourant à l’élégance dans leurs propos sinon les sanctionner en cas de manquement et de manque de considération vis-à-vis des abonnés.
Fait à Kinshasa, le 20 avril 2023
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