Le Territoire du Masisi, dans la
province du Nord-Kivu, abrite 20 % de la population déplacée totale de la
province. Au moins 110.000 personnes déplacées ont été contraintes à se
déplacer de force au moins une fois durant les trois derniers mois. Les acteurs
humanitaires estiment à 62 millions de dollars américains le montant nécessaire
pour fournir une aide humanitaire durant l’année.
Mouvement
continu de personnes
Les affrontements entre des groupes armés,
les opérations militaires ainsi que les conflits fonciers continuent de
fragiliser la situation humanitaire dans le territoire de Masisi. Depuis le 14
février, des nouvelles flambées de violences ont provoqué de nouveaux
déplacements de populations. Au 31 mars 2022, le Masisi comptait plus de 358
600 personnes déplacées, soit 19 % de la population déplacée totale (1,88
million) que compte la province du Nord-Kivu. Le Masisi compte à lui seul 19
des 28 sites des déplacées officiellement reconnus dans la province. Plus de
65.000 personnes y sont logées, certains depuis 2007. Environ 273.000 autres
personnes déplacées vivent en familles d’accueil. Toutes ces personnes ne
peuvent pas retourner chez elles à cause de l’insécurité persistante.
La protection des civils toujours
sous menace
Des incidents de protection sont
régulièrement signalés dans le Masisi. En 2021, plus de 4.100 incidents de
protection — barrières et taxes illégales, arrestations arbitraires, viols,
meurtres, entre autres— y ont été documentés. De nombreux cas de violences
basées sur le genre (VBG) sont aussi signalés. En 2021, 376 cas ont été
rapportés, un chiffre qui ne représenterait que la partie visible de l’iceberg
et traduit les difficultés socio-culturelles liées à ces violences —certaines
survivantes gardent le silence de peur d’être stigmatisée dans la communauté.
Depuis février 2021, les sites de personnes déplacées, dernier rempart de
sécurité pour des milliers de personnes, font les frais des violences : 310
incidents y ont été documentés, 98 % ont été répertoriés dans des sites situés
les axes RubayaMasisi et Masisi-Nyabiondo en Zone de santé de Masisi, selon les
sources spécialisées en protection.
24
% de la population ne mangent pas à leur faim à Masisi
L’insécurité alimentaire est une
réalité quotidienne pour des milliers de personnes dans ce territoire jadis
considéré comme le grenier de la province grâce à ses nombreuses terres
arables. Plus de 533.000 personnes, soit 24 pour cent de la population de
Masisi, y souffrent de l’insécurité alimentaire aigue, selon les dernières
statistiques du Cadre Intégré de Classification de la Sécurité Alimentaire.
Deux des principaux corollaires de la malnutrition sont la rougeole et le
choléra, deux maladies qui se sont durablement installées dans le territoire.
Sans
accès pas d’aide humanitaire
Le Masisi demeure un terrain précaire pour les acteurs humanitaires en raison des interminables incidents de sécurité qui affectent les opérations. Six incidents y ont déjà été enregistrés depuis début 2022, dont trois dans la Zone de santé de Mweso. En 2021, au moins 21 incidents y avaient été répertoriés, soit 25 pour cent des 86 incidents rapportés dans toute la province. Les acteurs humanitaires éprouvent également d’énormes difficultés pour mener à bien leurs activités dans certaines zones à cause de la détérioration des voies routières, parfois impraticables notamment en saisons de pluies. Le mauvais état des routes affecte les activités commerciales, occasionnant ainsi des flambées des prix de denrées alimentaires.
Malgré les défis d’accès, 30 organisations humanitaires continuent d’exécuter
des projets humanitaires dans le territoire. Mais les besoins demeurent élevés
par rapport aux ressources disponibles. Environ 110.000 personnes déplacées depuis
entre janvier et mars 2022 peinent à être assistées du fait de ressources
financières limitées. Cette année, plus de 530.000 personnes auront besoin
d’assistance humanitaire et de protection dans le Masisi. Les partenaires
humanitaires auront ainsi besoin d’environ 62 millions de dollars US pour leur
venir en aide. En 2021, grâce au soutien des bailleurs, les humanitaires ont pu
apporter de l’aide à plus de 237.000 personnes sur 333.372 ciblées.
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