Norbert Luyeye, ancien proche du leader de l’Udps, le
principal parti de l’opposition en Rd Cong, s’est exprimé le 27 décembre 2018
au cours d’une conférence de presse à Kinshasa. In extenso sa déclaration
devant la presse.
‘’C’est pour la première fois dans l’histoire de notre
pays qu’une année s’achève dans l’émotion et dans la douleur. Ainsi, une vive
tension règne dans l’ensemble de notre pays. Cette situation est due par un
petit groupe des gens au sein des institutions en place qui partagent le bilan
négatif de 18 ans de règne de M. Joseph Kabila aujourd’hui au pouvoir
sans mandat ni légitimité depuis 2016. Ces gens pour ne plus les citer, veulent
à tout prix, conserver le pouvoir par la voie des élections bâclées dans
l’espoir de continuer à créer d’un côté la confusion dans la scène politique et
de l’autre côté continuer à nuire à l’intérêt général des peuples congolais.
Mes chers compatriotes,
Si nous sommes arrivés aujourd’hui à cette situation
chaotique dans notre pays c’est à cause des gens que nous venons de pointer ci-
haut, car ils n’ont pas la volonté politique ni la culture du respect de texte
juridique qui régit notre pays. C’est par manque d’organisation des élections
depuis 2016 que notre pays est plongé dans le vide juridique. En effet, ces
dirigeants n’ont pas la volonté de résoudre le problème du vide juridique,
raison pour laquelle ils ont pris la Céni avec M. Nangaa en tête en
otage, le plaçant au dessus de la mêlée pour jouer tous les coups et créer la
confusion dans la scène politique. M. Nangaa est considéré aujourd’hui
comme le garant des institutions, c’est lui qui prend toutes les décisions
importantes au sommet de la nation.
Mes chers compatriotes,
Le premier coup de Nangaa est parti en 2015, sans se
référer à l’article 139 de la constitution et sur ordre du pouvoir en place, il
a violé la constitution sans qualité ni droit, il a eu le privilège de saisir
la cour constitutionnelle en introduisant une requête pour l’interprétation des
articles 70, 103, 105 et 197 repêchés par cette même cour sans faire allusion à
l’article 73 de la constitution qui va de pair avec les articles cités ci-haut disposant que « Le scrutin pour l’élection du Président de la République
est convoqué par la Céni 90 jours avant l’expiration du mandat du Président en
exercice ».
Ainsi, l’interprétation de ces articles par la cour
constitutionnelle a violé intégralement l’article 220 de la constitution auquel
on ne peut toucher.
L’interprétation de ces articles par la Cour
constitutionnelle a permis à M. Joseph Kabaila sans qualité ni droit dans
la constitution de convoquer les concertations nationales de l’Union Africaine
suivies du dialogue de la Cenco du Centre Interdiocésain où un accord a été
trouvé.
Cet accord prévoyait l’organisation des élections au 31
décembre 2017.
Cet accord où le pouvoir et la soi-disant opposition ont
bénéficié d’un mandat supplémentaire d’une année.
Cette date marque aussi la fin du mandat de toutes les
institutions en place. Le conseil de sécurité des Nations Unies a pris deux
résolutions à ce sujet, les résolutions 2348 et 2409. La date du 23 décembre
2018 pour l’organisation des élections n’est ni constitutionnelle ni dans
l’accord de saint – sylvestre. Elle vient plutôt des Etats-Unis d’Amérique par
le truchement de Mme Nikki Haley, ancienne ambassadrice des Etats-Unis à
l’ONU et envoyée spéciale du Président Donald Trump en mission en RD Congo et
elle a été adoptée par l’ensemble de la communauté internationale.
C’est une injonction imposée au pouvoir en place qui a
mis l’obstacle à organiser les élections dans le délai constitutionnel. Elle
marque aussi la fin du régime en place qui vit sous ultimatum de la communauté
internationale.
Du côté pouvoir en place, il a dit Oui aux élections mais
qui doivent être organisées à sa manière. C’est-à-dire :
- Non à l’ingérence étrangère ;
- Pas d’implication de la communauté internationale ;
- Pas question du respect de la date du 23 décembre 2018.
Cependant à l’approche de cette date, le pouvoir en place
et M. Nangaa montent un scénario de l’incendie de l’un des entrepôts de
la Céni. Cet incendie a permis à M. Nangaa comme maître du jeu de se
placer au dessus de la mêlée, sans se référer à aucun texte juridique de notre
pays pour prendre une décision unilatérale de prolonger la date de la tenue des
élections le 30 décembre 2018, le vide juridique est consommé de nouveau, c’est
un coup d’Etat constitutionnel.
Cette date est justifiée par l’incendie de l’un des
entrepôts de la Céni. En réalité, M. Nangaa a lancé un défi à la
communauté internationale qui lui faisait pression de ne pas dépasser cette
date pour organiser des élections.
Comme le pouvoir en place et l’opposition
institutionnelle sont dans une solidarité institutionnelle, ces opposants qui
se sont engagés sur cette voie des élections sans condition prennent acte et
acceptent le report des élections au 30 décembre 2018 et valident le coup
d’Etat de M. Corneille Nangaa.
Attendu que les élections n’ont pas eu lieu le 23
décembre 2018, c’était une occasion pour ceux qui se disent de l’opposition de
saisir cette opportunité de déclarer le vide juridique et constater la fin du
mandat du pouvoir en place. Cette occasion devait de nouveau leur permettre de
chasser M. Nangaa qui constitue aujourd’hui l’obstacle principal au
processus électoral et un danger permanent pour notre pays.
Cette occasion devait aussi leur permettre d’évaluer le
processus électoral et surmonter les obstacles rencontrés pendant la campagne
électorale.
Mes chers compatriotes,
Ce qui est regrettable, pendant que les soi-disant
opposants qui se sont engagés dans la voie des élections sont distraits en
parlant de leur popularité lors de la campagne électorale et n’attendent que
l’organisation des élections du 30 décembre 2018 pour aller voter. Par contre,
du côté du FCC le vote est entrain de se dérouler, il est même déjà au niveau
du dépouillement des bulletins de vote. Sans aucune surprise, le résultat donne
M. Emmanuel Shadary vainqueur de l’élection présidentielle.
Le FCC vient d’obtenir la majorité dans les deux chambres
du parlement, il ne reste que le résultat provisoire le 6 janvier et le 15
janvier 2019 sera consacré à la remise et reprise entre les Présidents entrant
et sortant. C’est la continuité du système et de la misère du peuple congolais.
Vous constaterez avec moi que ces élections ne sont pas
organisées selon les règles démocratiques du respect de la volonté de la
majorité du peuple congolais. Mais tout est déjà réglé d’avance par une fine
minorité des gens au pouvoir qui tient à s’imposer par la loi de la force pour
s’accaparer du processus électoral. Comme ces élections seront organisées sans
support juridique et hors délai constitutionnel dont ses dirigeants sont sans mandat,
l’Union des Républicains ne reconnaitra jamais les dirigeants et les
institutions issus de cette parodie d’élections.
Ce comportement va provoquer une vive réaction de la
population sans attendre les résultats de vote et va pousser le peuple congolais
et le monde entier à agir farouchement, va conduire notre pays aux troubles et
à la violation des droits de l’homme dont les responsables seront le FCC et
l’opposition institutionnelle qui ont choisis de participer sans condition aux
élections bâclées.
C’est après ces violences que les élections seront
annulées, ces événements vont une fois de plus donner raison à l’Union des
Républicains. Le peuple congolais et l’ensemble de la classe politique sans
exception vont rejoindre la voie du dialogue politique issu de l’accord-cadre
d’Addis-Abeba signé le 24 février 2013, un engagement pris par M. Joseph
Kabila lié conformément à l’article 215 de notre constitution dont l’Union des
Républicains a fait son cheval de bataille. Cette situation va mettre fin à la
prolifération de plusieurs leaders au sein de l’opposition politique, seule
l’Union des Républicains va assurer le leadership de toute l’opposition en
République Démocratique du Congo.
Ceux qui veulent faire la politique dans l’opposition
doivent s’aligner derrière l’Union des Républicains. Et c’est pendant ce temps
que la crise politique de la République Démocratique du Congo sera résolue.
Ce qui est surprenant lorsqu’on parle de la tenue des
élections inclusives, M. Corneille Nangaa n’entend pas de ses oreilles.
Si hier il a violé la loi électorale pour exclure la
diaspora de son droit de vote, aujourd’hui c’est le tour de quelques provinces
et territoires du pays qui sont exclus de participer aux élections. Il ne reste
qu’à M. Nangaa de nous confirmer si demain les communes et quartiers ne
seront pas exclus.
Cette attitude montre que M. Nangaa vient de vider
le peu de confiance dont il bénéficiait encore auprès de ses pairs. Ce ne sont
plus les élections qu’il va organiser mais plutôt une pièce de théâtre qu’il va
jouer. Et le décor de la contestation est déjà planté.
Mes chers compatriotes,
Pourquoi ce spectacle de concentration de plusieurs
troupes militaires dans les différentes villes du pays et particulièrement la
ville de Kinshasa ? C’est un génocide qui se prépare. L’Union des Républicains
ne reconnaitra jamais ce régime moins encore les dirigeants qui sortiront de ce
théâtre électoral.
Ce qui est regrettable, M. Joseph Kabila et ses
institutions sont sans mandat ni légitimité dans leur pouvoir. La communauté
internationale les considère toujours comme les interlocuteurs valables de la
République Démocratique du Congo. Elle envoie ses ambassadeurs avec des lettres
de créances auprès de M. Joseph Kabila pour les accréditer en RDC.
Notre souci est que cette crise soit résolue d’une
manière pacifique, c’est-à-dire par le dialogue et non militaire. Nous ne
pouvons pas accepter que notre pays soit plongé dans la situation de la Libye
ou du Sud Soudan après sa balkanisation, aujourd’hui le pays est dans le chaos.
Mes chers compatriotes,
Quel que soit tout ce qui va se passer, je vous annonce
que bientôt le changement va intervenir dans notre pays’’.
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