Mon propos de ce jour tournera essentiellement autour de l'état de la
Nation après l’adoption par le Parlement de la Loi Électorale qui défraie la
chronique ces jours-ci. Je vous présenterai aussi un large tour d'horizon de la
situation politique en République Démocratique du Congo depuis notre dernière
rencontre qui remonte, si mes souvenirs sont exacts à la publication début
novembre dernier par la CENI du calendrier électoral.
I. LE PROCESSUS ELECTORAL
Il y a plus d'un
mois, la CENI a procédé, à la satisfaction générale des Congolais et de
ses partenaires extérieurs, à la publication d’un calendrier électoral assorti
néanmoins, pour sa mise en œuvre, de préalables et de contraintes, notamment
d'ordre législatif, budgétaire et sécuritaire.
Face à ces contraintes
qui ne sont rien d’autre que des défis majeurs induits par ce calendrier,
le Gouvernement de la République, respectueux de ses engagements, a fait et
continue de faire sa part.
2.1. La Loi Electorale
L'adoption par les deux
Chambres de la Loi Électorale déposée dans les délais à l'Assemblée Nationale
est la première preuve, si besoin en était encore, de la bonne foi du
Gouvernement qui manifeste ainsi sa volonté de remplir scrupuleusement ses
engagements à cet effet.
Cependant, une partie
de l’opposition a préféré boycotter les séances d'examen de cette Loi à la
Chambre basse du parlement. Il lui appartient de s’en expliquer car, dans le
système politique démocratique parlementaire dans lequel notre peuple a choisi
de vivre, pareille attitude donne le sentiment que certains parmi nous
voudraient inventer d’autres règles en vertu desquelles la majorité devrait
renoncer au privilège qui lui revient de proposer des innovations nécessaires à
la rationalisation des interactions politiques et à la respiration normale des
institutions.
Le Gouvernement se
réjouit de ce que le Parlement ait pris la résolution de mettre un terme au
foisonnement ingérable des partis politiques qui ont gêné, d’une part,
l’organisation des scrutins par la CENI et, d’autre part, la sérénité des
débats dans les différents hémicycles ainsi que la gouvernabilité des instances
exécutives nationales et provinciales au cours de ces dernières années.
L'introduction d’un seuil minimum de représentativité qui vise la réduction,
sur des bases objectives, du nombre de partis politiques (plus de 700 à ce jour)
et l’élimination des candidatures fantaisistes qui rendent très laborieux
l’accomplissement par un grand nombre d’électeurs de leur devoir civique et le
travail de dépouillement des résultats par la CENI est tout à fait conforme à
l’optimisation du processus électoral recommandée avec insistance par l’accord
de la Saint Sylvestre que d'aucuns aiment bien invoquer de manière sélective.
On peut regretter à cet
égard que toutes les réformes institutionnelles significatives initiées au
cours de ces deux dernières décennies se soient heurtées à l’attitude négative
d'une certaine opposition radicale. Même la constitution de 2006 dont cette
opposition se veut aujourd’hui le défenseur passionné avait été combattue par
elle avec acharnement, au point de boycotter et faire boycotter le référendum
grâce auquel les Congolais l’avaient adoptée. Cette posture négationniste
rituelle qui semble forgée dans la conviction que la seule façon pour
l’opposition de jouer son rôle démocratique est de pratiquer l'obstruction hargneuse
et systématique et de placer les bâtons dans les roues de la majorité afin de
l'empêcher d'apporter même des solutions idoines aux problèmes qui assaillent
le pays n’est guère favorable aux Intérêts Nationaux, loin s’en faut.
2.2. Les contraintes financières
En ce qui concerne les
contraintes financières et logistiques, on aura noté que la loi des finances
pour l'exercice 2018 adoptée par l’Assemblée Nationale et le Sénat au cours de
la dernière session parlementaire reprend une ligne budgétaire équivalente à
cinq cents millions de dollars américains correspondant aux besoins présentés
au Gouvernement par la CENI pour ses activités durant l’année 2018 ;
activités devant aboutir à la tenue effective de l’élection présidentielle et
des élections législatives nationales et provinciales au cours d’une séquence
unique comme convenu dans l’accord de la Saint Sylvestre et selon le calendrier
subséquent publié par la Commission électorale. Le Gouvernement confirme sa
détermination à mettre à la disposition de la centrale électorale les fonds
prévus à cette fin selon le chronogramme convenu.
Il n’est pas inutile de
rappeler à ce stade que pour l’exercice 2017 qui touche à sa fin, c’est grâce
aux allocations de l'Exécutif National complétées par l'appui logistique de la
MONUSCO que le processus électoral a pu être mis sur orbite par la réalisation
des opérations d'enrôlement des électeurs et la poursuite normale de certaines
autres opérations préparatoires grâce à l’amélioration de la situation du
Trésor du fait de la tendance haussière des cours de nos matières premières.
Comme en 2011, la
corbeille des apports promis par la plupart des partenaires extérieurs de la
CENI qui avaient offert de l’appuyer substantiellement dans l’organisation du
processus électoral est restée désespérément vide jusqu’à ce jour. Une fois de
plus, les promesses mirobolantes faites par les plus bruyants de ces
partenaires à la centrale électorale prennent chaque jour la forme des contes
de fées pour enfants sans aucune réalisation effective. Annoncées à grand
renfort de publicité, ces promesses se diluent au fur et à mesure que se
rapprochent les échéances électorales dans un nuage de conditionnalités et
d’ultimatums surannés. L'Union européenne s'est ainsi fendue récemment d'un communiqué
dans lequel elle conditionnait son soutien financier à la centrale électorale
congolaise à « la fin du harcèlement
contre l'opposition et la société civile », sans la moindre
élaboration et à la grande satisfaction des oiseaux de mauvaise augure qui
cultivent et proposent le scepticisme sur la RDC. Quant à la Belgique, elle a
annoncé une contribution de l’équivalent d’un peu plus de 5 millions de dollars
américains mais si, et seulement si, l’accord du 31 décembre 2016, dont tout le
monde sait que l’exécution a atteint sa vitesse de croisière, était « intégralement appliqué ». Comprenne
qui pourra. C’est en tout état de cause un sujet intéressant à creuser pour les
analystes et les médias congolais et africains. On a l’impression qu’alors que
le pays avance, il y en a que cela n’arrange pas.
2.3. Le défi sécuritaire
Le pays avance même
dans la réponse aux défis de l'insécurité qui déstabilise certaines zones et
qui a bloqué pendant de longs mois l’enregistrement des électeurs par la CENI
dans les provinces du Kasaï et du Kasaï Central de même que dans deux
territoires de la province de la Lomami où l'activisme sanglant de groupes
terroristes empêchait toute activité de la centrale électorale. Grâce au retour
progressif à une vie normale dans ces entités, les opérations d’enrôlement des
électeurs ont pu y démarrer et sont en voie d’achèvement.
Entretemps, la justice
est en train de passer sans coup férir grâce à des procédures en bonne et due
forme contre les présumés membres de ces groupes terroristes qui ont
instrumentalisé le label "Kamuina Nsapu" pour semer la mort,
la destruction et la désolation dans
l'espace kasaïen. Ils ont tenté récemment de transplanter la terreur à
Kinshasa, siège des institutions nationales dans le but de déstabiliser gravement
la RDC. Mais nos services de sécurité ont fait preuve de leur professionnalisme
et de leur efficacité et ont appréhendé la plupart de ces fauteurs de troubles
qui comparaissent devant la justice. Sans se livrer à des commentaires sur ces
procès qui sont en cours, et dans le strict respect du principe de la
séparation des pouvoirs, le Gouvernement congolais exprime le vœu de voir
éclater la vérité sur ces crimes abominables commis contre notre pays et contre
de nombreuses victimes congolaises et étrangères et ce, dans le respect des
règles de l’art, notamment des droits de la défense qui sont garantis par notre
constitution.
Le Gouvernement se
félicite également de la perception plus réaliste des problèmes sécuritaires
que la RDC a connu par la plupart de nos partenaires régionaux et
internationaux qui définissent désormais tous ces groupes de criminels comme
des groupes terroristes à traiter comme tels.
En parlant de la
sécurité, je voudrais dire un mot sur le lâche massacre de 14 vaillants casques
bleus tanzaniens de la MONUSCO déployés dans le territoire de Beni au Nord-Kivu
en appui à leurs frères d’armes des Forces Armées de la République Démocratique
du Congo (FARDC) près du pont sur la rivière Semliki où ils ont été victimes de la barbarie d’un groupe de
présumés terroristes djihadistes ougandais de l'ADF qui ont attaqué leur
bivouac dans la nuit du 07 au 08 décembre 2017.
Le Gouvernement
présente une fois de plus ses condoléances aux autorités de la République sœur
de Tanzanie, aux proches et aux membres des familles de ces vaillants soldats.
la Cour militaire
opérationnelle de Beni est d’ores et déjà à pied d’œuvre en collaboration avec
la Mission des Nations Unies en RDC pour identifier les auteurs de cette énième
atrocité contre notre pays afin de les appréhender, les poursuivre et les
sanctionner avec la plus grande sévérité.
Le Gouvernement de la
RDC remercie le Président de la Tanzanie,S.E. John Magufuli, et la haute
hiérarchie militaire de ce pays frère membre de la SADC qui, en dépit de cet
ignoble carnage visant manifestement à dissuader les pays contributeurs de
troupes à la brigade de la MONUSCO dont l’efficacité de l’impact sur la mission
d’appui aux FARDC pour le rétablissement et le maintien de la paix dans notre
pays n’est plus à démontrer, ont décidé de poursuivre la participation des
forces tanzaniennes à ladite brigade. Il s’incline devant le sacrifice suprême
consenti par nos frères tanzaniens qui est une illustration que la solidarité
africaine n'est pas un slogan creux.
Vous aurez constaté
avec nous la timidité de la condamnation de ce massacre par certains acteurs
qui se sont spécialisés ces dernières années et dans d'autres circonstances,
dans la récupération politicienne ou géostratégique des tragédies de même
nature à l’occasion desquelles la RDC reçoit des véritables volées de bois vert
assorties de demandes – que dis-je, des injonctions - pour des enquêtes
internationales indépendantes. En effet, le sort des soldats de la paix
tanzaniens et celui de leurs homologues congolais et des paisibles populations
du Nord-Kivu victimes de ces tueurs est loin de provoquer la même levée de
boucliers chez certains membres de la communauté internationale et certaines
ONG même nationales qui leur servent de caisses de résonnance dans notre pays
et dont la promptitude à ruer sur les brancards lorsque les victimes des
terroristes sont des Occidentaux est devenue un lieu commun. Il importe
que les Africains en général et les Congolais en particulier en prennent
pleinement conscience. Et qu’ils défendent en tout lieu et en toutes
circonstances l’idée que rien ne justifie cette sorte de commisération
sélective qui tend à banaliser en quelque sorte les injustices, les souffrances
ou les persécutions infligées à des Africains. Cela est moralement inacceptable
surtout de la part de nos compatriotes, quels que soient les intérêts
particuliers qu’ils croient défendre en agissant de la sorte.
III. L’ENQUETE DE RFI ET REUTERS SUR LE PROCES DES TERRORISTES KAMUINA
NSAPU DE KANANGA
C’est dans ce contexte
que s’inscrit la campagne médiatique qui, à partir d’une enquête menée par deux
journalistes de RFI et Reuters, Sonia Rolley et Aaron Ross, tente, par des
amalgames maladroitement agencées, de rendre le Gouvernement congolais
responsable, ou complice, de l’assassinat de deux experts de l’ONU dans le
Kasaï Central au mois de mars 2017.
Pour faire court, cette
véritable chronique judiciaire littéralement saucissonnée semble poursuivre l’objectif
de remettre en cause la version du Parquet militaire congolais partagée par la
Commission d’enquête mise en place par le Secrétaire général de l’ONU accusant
les insurgés Kamuina Nsapu d’avoir assassiné ces deux enquêteurs onusiens pour
essayer d’induire la culpabilité du Gouvernement congolais dans ce crime
odieux.
C’est le lieu de
rappeler que ni le Gouvernement, ni le Secrétaire général des Nations-Unies et
encore moins des journalistes ne sont qualifiés pour accuser qui que ce soit de
quoi que ce soit. La responsabilité de poursuivre des faits criminels et de
procéder à l’accusation revient exclusivement au Ministère public dont nous,
Gouvernement, nous nous limitons de temps en temps à relayer les conclusions
qui, en l’espèce, ressortent d’une instruction juridictionnelle qui est du
reste publique devant les Cours Militaires Supérieures de Kananga et de
Mbuji-Mayi. Il est surprenant que des professionnels de médias aussi
respectables fassent fi du principe élémentaire de la séparation des pouvoirs
qui laisse au seul ministère public (le parquet en l’occurrence) la plénitude
de l’action publique et aux juges le pouvoir de désigner les coupables de
crimes et d’infractions.
Les deux auteurs de la
fameuse enquête de RFI et Reuters se permettent de se substituer aux magistrats
et de caricaturer leur démarche en parlant de « scénario dessiné au fil des audiences » comme si, au-delà du
compte-rendu des audiences qui sont en train de se dérouler, il leur revenait à
eux d’instruire cette affaire parallèlement avec la justice. Aucun Etat de
droit au monde ne peut accepter pareille usurpation de qualité même sous le
prétexte du journalisme d’investigation.
En réalité, les
« révélations »de RFI et de Reuters ne contiennent aucun élément
nouveau pour quiconque suit la chronique de ce procès qui oppose devant les
Cours Militaires Supérieures de Kananga et Mbuji-Mayi les Auditeurs Militaires
Supérieurs près ces juridictions aux personnes impliquées dans les violences
dans l’espace kasaïen et notamment dans l’assassinat des deux experts de
l’ONU.S’agissant de ce dernier dossier, d’après les renseignements recueillis
au cours des audiences publiques (pas besoin d’être un fin limier pour y
accéder), la Suédoise Zaïda Catalan et l’Américain Michael Sharp sont arrivés à
Kananga le 8 mars 2017en provenance de Goma à bord d’un avion de la MONUSCO
avec le projet d’effectuer un déplacement de Kananga vers la mission catholique
de Bunkonde à 78 kilomètres au sud du chef-lieu du Kasaï Central. Le 10 mars,
c’est-à-dire deux jours après avoir débarqué à Kananga et sans sacrifier à la
tradition qui veut que les visiteurs nationaux ou étrangers nantis d’un mandat
officiel présentent leurs « civilités » à l’autorité
politico-administrative du lieu, (le Gouverneur de province), ils participent à
une réunion de la famille régnante de la chefferie Kamuina Nsapu qui s’est
tenue au domicile de M. Tshibuabua Mbuyi José, un fonctionnaire, Inspecteur
Adjoint à la Direction Générale de Migration de son état dans un poste reculé
de l’intérieur du Kasaï Central. C’est manifestement cette qualité de
fonctionnaire de la DGM qui semble avoir fait bondir les auteurs des prétendues
révélations impliquant le Gouvernement comme si tous les fonctionnaires
congolais étaient des petits saints ne pouvant poser un acte que sur
instruction du Gouvernement. Or tel n’est pas le cas en l’espèce. En effet, ce
n’est pas en sa qualité de fonctionnaire de la DGM que M. Tshibuabua Mbuyi José
a organisé la réunion, auquel cas elle se serait tenue au siège de la DGM et
non à son domicile. Il n’aurait du reste pas pu le faire à Kananga car c’était
un agent subalterne qui n’avait aucune responsabilité ni au niveau de la
province ni même à celui de la ville de Kananga car il n’était que chef
d’équipe au poste frontalier de Muenye Mbulu vers l’Angola dans le territoire
de Luiza. Originaire du village Dinyuka, secteur Dibatayi dans le territoire de
Dibaya, Tshibuabua Mbuyi José est, de plus un membre connu de la famille
régnante du chef coutumier Kamuina Nsapu. C’est donc à ce titre qu’il a abrité
dans sa résidence de Kananga (N° 41 avenue du Rail, Quartier des Plateaux) la
réunion entre ladite famille régnante et les deux experts onusiens. Tous ceux
qui suivent l’instruction juridictionnelle devant la Cour Militaire Supérieure
de Kananga ont par ailleurs pu apprendre que c’est à cette résidence de
Tshibuabua Mbuyi José que logeaient tous les membres de la délégation de la
famille régnante Kamuina Nsapu venue à Kananga dans le cadre de pourparlers
avec le gouvernement provincial du Kasaï Central après les incidents qui
avaient entraîné la mort du chef Kamuina Nsapu lors d’affrontements entre sa
milice et les forces de sécurité.
Le 10 mars donc,
Tshibuabua Mbuyi José a porté à la connaissance de ses visiteurs qu’il venait
d’être informé par le Colonel Jean de Dieu Mambueni, officier des
renseignements de la garnison locale des FARDC (21ème Région
Militaire), de la présence à Kananga de Mme Catalan et M. Sharp dont
l’intention était d’enquêter sur la mort du chef Kamuina Nsapu et que les deux
enquêteurs cherchaient à rencontrer la délégation de la famille régnante
Kamuina Nsapu présente à Kananga. Les membres de la délégation ont accepté et
la rencontre a eu lieu le lendemain 11 mars 2017 à l’Hôtel Wood-Land de
Kananga. Y ont pris part, outre les 2 visiteurs Tshibuabua Mbuyi José
lui-même, Betu Tshintela Abdoul et 7 autres membres de la délégation venue de
Kamuina Nsapu.C’est au cours de cette réunion qu’il sera convenu que Betu
Tshintela et Tshibuabua Mbuyi José
allaient se charger de l’organisation du déplacement des deux experts de
Kananga vers la mission catholique de Bunkonde, après que les deux experts
aient fait part de leur volonté de visiter plutôt le village Kamuina Nsapu où
ils souhaitaient enquêter à la source sur les circonstances de la mort du chef
Kamuina-Nsapu Pandi.
Le 12 mars, les 2
experts ont quitté Kananga à l’insu des autorités provinciales. Ils avaient,
par souci de discrétion, loué 3 motos-taxis et n’étaient accompagnés que par
Betu Tshintela Abdoul et trois motards (taximen). Le dernier appel téléphonique
de Betu Tshintela Abdoul à Tshibuabua Mbuyi José qui était resté à Kananga a eu
lieu à 12H06’ à partir du pont sur la rivière Moyo, à quelques 12 Km de la
mission catholique de Bunkonde.
Ils
seraient tombés sur une barrière érigée par un groupe terroriste après le pont
sur la rivière Moyo à l’entrée du village Moyo Musuila. Emmenés devant les
chefs miliciens Tshidima Bulabula Mpiana (chef du village Moyo Musuila), son
frère Kabongo Gérard et Muteba Tshiakuisha François alias Kapipi (chef du
village voisin de Mulumba Muteba) qu’accompagnaient ses deux fils majeurs,
Mulumba Mamba Tshiakuisha Clément et Biduaya Mulumba Tshiakuisha Augustin, tous
miliciens Kamuina Nsapu, ils subissent un bref interrogatoire à l’issu duquel
Tshidima Bulabula Mpiana et Mulumba Muteba Tshiakusha François auraient décidé
de leur mise à mort. Ils sont tout de suite acheminés dans la brousse
avoisinante et assassinés avant d’être mutilés selon plusieurs témoignages
concordants.
Ce
sont les faits que rien ni personne jusqu’à présent n’est encore parvenu à
infirmer devant la Cour Militaire Supérieure de Kananga.RFI et Reuters
n’apportent rien de nouveau et se contentent de broder sur l’implication du
colonel officier de renseignement cité par le fonctionnaire de la DGM Tshibuabua Mbuyi José. Cet officier
a comparu en qualité de renseignant tandisque Tshibuabua Mbuyi José a été
arrêté le 14 novembre dernier dans le village de Kalamba Mbuji en territoire de
Luiza, près de la frontière angolaise par l’ANR après avoir refusé de déférer à
deux mandats de comparution successifs émis par l’Auditeur Militaire Supérieur
de Kananga respectivement le 1er mai et le 6 mai. Il a été transféré
à Kinshasa le 17 novembre 2017. Ce M. Tshibuabua Mbuyi José avait été utilisé
occasionnellement comme informateur bénévole par l’ANR (comme le font tous les
services de renseignements normalement constitués) au plus fort de l’offensive
terroriste. La seule chose qu’on peut dire c’est que le Congo bashing se vend
bien, car au fond, on nous a rabattu les oreilles avec des nouveaux éléments
que les deux journalistes auraient mis à jour, alors qu’en réalité il n’y a
aucun nouvel élément que leur enquête ait révélé. Il y a de leur part comme une
tentative de jouer sur la curiosité légitime du public à connaître les
conclusions que la justice militaire donnera à ce dossier mais il faut bien
qu’ils se fassent une raison car le temps de la justice n’est pas le temps des
médias ou des politiques. Tous les éléments dont ils ont fait état ont été
publiquement évoqués au procès de Kananga qui n’a pas encore jusqu’à ce jour
abouti à une sentence. Nous avons tous entendu Mme Sonia Rolley reconnaître
hier sur une chaîne publique française qu’il s’agissait en fait « à la fois de nouveaux éléments et pas
tellement nouveaux ». Ça s’appelle dire une chose et son contraire.
S’il
est donc vrai qu’un agent de l’Etat au moins est impliqué dans ce drame, rien
ne permet d’en déduire la complicité ou l’implication du Gouvernement de la RDC
dans ce crime. Même parmi le groupe de la branche Kamuina Nsapu de Kinshasa qui
passe en jugement devant le tribunal militaire de la garnison de Kinshasa, il y
a quelques officiers renégats de la Police nationale, ce qui ne veut nullement
dire que le Gouvernement soit mêlé à l’attaque de la prison de Makala ou à
l’assassinat de l’administrateur du Marché central.
Tout
se passe comme si ces journalistes essayaient de forcer les juges à aller vite
en besogne et, pire, à influencer leur intime conviction. Ce qui est
inacceptable pour le système judiciaire dans un Etat de droit digne de ce nom.
Cette curieuse
chronique judiciaire est, on ne sait pour quelle raison, saucissonnée car elle
exclut certains détails importants. Elle n’évoque par exemple pas l’intérêt de
la justice à avoir quelques éclaircissements sur les quatre contacts
téléphoniques retracés entre Sonia Rolley et le présumé principal bourreau des
deux enquêteurs qui répond au nom de Kabasele Manga, des appels qui sont bien
répertoriés dans le relevé que la police scientifique a mis à la disposition
des magistrats. Sonia Rolley aiderait la justice en dévoilant par n’importe
quel moyen le contenu de ces échanges qu’elle a eu avec ce suspect et dont elle
ne parle nulle part dans sa fameuse enquête.
III. LEGENDES D’INFAMIE ET
ATTITUDE PARADOXALE DE QUELQUES MEDIAS
Dans cette même
optique, je voudrais évoquer le cas de certaines structures des professionnels
des médias qui, plutôt que de coopérer activement avec les autorités
congolaises pour promouvoir et défendre la liberté d’expression et le droit des
journalistes à accomplir sans entraves leurs tâches, semblent se complaire dans
la recherche effrénée de dénonciations sensationnelles même non vérifiés dans
le but d’arriver à capter les fonds de donateurs de bonne foi ou de groupes
d’influence politiquement ou économiquement motivés. Ils donnent parfois
l’impression d’être mal à l’aise lorsque les gouvernants congolais ne se
comportent pas en bourreaux, ou en « prédateurs de la presse» selon
une expression consacrée, dans la mesure où ils estiment que leur prospérité
est tributaire des persécutions subies par les journalistes ; et nous le
disons en connaissance de cause. Il s’ensuit, et là est tout le paradoxe de la
situation, que la réduction des cas d’abus ou l'amélioration des conditions de
travail des professionnels des médias en RDC est une bien mauvaise nouvelle
pour eux. C’est ce qui les pousse à inventer des récits infamants à l’instar de
cette organisation kinoise qui nous a carrément étiqueté « bourreau de la
presse » pour la simple raison qu’en application de la loi congolaise
faisant obligation à toute entreprise audiovisuelle étrangère désireuse
d’émettre en RDC de le faire en synergie avec une entreprise audiovisuelle
nationale pour des raisons évidentes de protection des acteurs nationaux du
secteur, mon Ministère avait sanctionné une entreprise audiovisuelle européenne
réfractaire à cette exigence légale. Ironie du sort, son accusation est
intervenue quelques semaines après que le média européen en question, réalisant
son erreur, ait pris l’initiative de conclure un accord de partenariat avec une
entreprise congolaise, ce qui avait entraîné la levée subséquente de la
sanction administrative lui infligée par le Ministère. Dans le même rapport ce
lanceur d’alertes avait donné pour emprisonné à cause de ses activités
professionnelles un journaliste de Mbuji-Mayi qui a, 48 heures après la
publication dudit rapport, protesté en personne contre cette fausse information
par un cinglant démenti, se désolidarisant ainsi de ces méthodes
indignes ; ce qui n’a pas empêché l’organisation Reporters Sans Frontières
de m’adresser une correspondance particulièrement comminatoire, qui soit dit en
passant, ne m’est parvenue qu’une semaine après avoir été balancée sur les
réseaux sociaux, exigeant du Gouvernement de mettre fin à ces actes purement
imaginaires ou prétendument attentatoires à la liberté d’expression…
Un peu plus de rigueur,
d’objectivité et de professionnalisme ne ferait pas de mal aux journalistes qui
ont besoin que leurs dénonciations de cas avérés d’abus ou d’entraves dans
l’exercice de leur noble métier dans notre pays ne soient pas décrédibilisés à
l’avenir.
Ce sont de telles
légendes d’infamies, véritable fonds de commerce pour certains, qui justifient
les prétentions impérialistes de quelques uns de nos partenaires dans la
communauté internationale qui y prennent appui pour initier des sanctions
illégitimes contre des personnalités en vue de la RDC afin de mieux les
subjuguer au mieux de leurs propres intérêts économiques ou géostratégiques.
Des sanctions unilatérales et illégales au regard du droit international qui
participent en réalité d'une entreprise de chantage sans fards.
Le Gouvernement qui a
attaqué ces sanctions devant les instances compétentes engage tous ceux
qu’elles visent à rester droits dans leurs bottes et à raffermir leur
détermination à défendre et à sauvegarder à tout prix les Intérêts Nationaux.
Le salut de la République Démocratique du Congo et le bonheur des Congolais ne
viendront que des Congolais eux-mêmes et pas de ceux qui ne voient du Congo que
ses ressources naturelles stratégiques dont ils tiennent coûte que coûte à
prendre le contrôle en imposant à la tête du pays des dirigeants dociles, y
compris par des voies non démocratiques.