APO

vendredi 26 février 2016

Envoyé Spécial pour la région des Grands Lacs d’Afrique Thomas Perriello (SEGL) : « J'ai formellement demandé la possibilité de visiter les militants détenus en prison et ai été déçu de ne pas avoir pu obtenir cette autorisation »



SEGL Perriello: Je parlerai en anglais et nous aurons une interprétation. Je dirai quelques mots pour commencer et la plupart du temps, je répondrai à vos questions du mieux que je pourrai. Ça a été un plaisir de passer une semaine ici à Kinshasa, et en particulier d’assister à la conférence sur l’investissement dans le secteur privé. C’était une grande opportunité de montrer les opportunités pour la région des Grands Lacs d’être définie, non pas par le pire de son passé, mais le meilleur de son futur. Nous pensons que c’était un grand signe que le SG des Nations Unies ait participé à cet évènement, et avec d'autres arrêts dans la région des Grands Lacs, il a pu souligner pas seulement l'importance du développement de l'investissement dans le secteur privé, mais aussi les fondamentaux de la bonne gouvernance et de la reddition des comptes qui sont cruciaux pour permettre ce genre de développement économique régional. 
Et nous allons continuer de concentrer nos efforts sur les trois piliers

mardi 23 février 2016

RD Congo: De jeunes activistes arrêtés lors d’une « ville morte »



Les autorités devraient mettre fin à la répression visant des opposants politiques présumés

(Kinshasa, le 23 février 2016) – Les autorités de la République démocratique du Congo ont arrêté de façon arbitraire huit jeunes activistes, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Ces activistes et au moins 30 partisans de l'opposition politique ont été détenus le 16 février 2016 – ou aux alentours de cette date – lors d’une grève générale, ou journée « ville morte », tenue afin de protester contre les retards pris dans l’organisation des élections présidentielles. D’autres activistes ayant soutenu la« ville morte » ont reçu par SMS des menaces provenant de numéros de téléphone inconnus.
« Manifester pacifiquement n’est pas un crime, et les autorités congolaises devraient immédiatement libérer toutes les personnes injustement arrêtées ou détenues sous des accusations fallacieuses », a déclaré Ida Sawyer, chercheuse senior sur la RD Congo à Human Rights Watch. « Ces dernières arrestations s’inscrivent dans le cadre d'une répression de plus en plus forte contre ceux qui s’opposent aux tentatives du gouvernement de retarder les élections et de prolonger le mandat du président en exercice. »
Le 16 février, vers 4h30 du matin, dans la ville de Goma dans l’est de la RD Congo, la police a pénétré dans les bureaux d'une organisation où de jeunes activistes avaient préparé toute la nuit des bannières en vue de la journée « ville morte ». Une des bannières portait cette inscription : « En 2016, nous avons gagné la coupe [du Championnat d’Afrique des nations de football]; nous pouvons aussi gagner la démocratie ». 
La police a arrêté Rebecca Kavugho, Serge Sivya, Justin Kambale, John Anipenda, Ghislain Muhiwa, et Melka Kamundu, tous membres du mouvement citoyen Lutte pour le Changement (LUCHA). Les six ont été conduits au poste de police « P2 » de Goma, où ils ont été interrogés en l’absence d'un avocat. La police a également confisqué deux ordinateurs portables, six téléphones cellulaires et les bannières. Quand Human Rights Watch a rendu visite aux activistes détenus ce soir-là, l'un d'eux avait une profonde entaille au bras gauche qui lui avait été infligée lors de son arrestation.
Le 17 février, vers midi, une vingtaine d'étudiants de Goma se sont rassemblés devant le poste de police P2, protestant pacifiquement contre les arrestations. Ils brandissaient des pancartes disant : « Nous exigeons la libération de nos collègues arrêtés hier et détenus ici ». Une vingtaine de policiers ont rapidement dispersé les manifestants, arrêtant et passant à tabac plusieurs d’entre eux. Si la plupart ont été relâchés après quelques heures, un étudiant a passé la nuit en détention. Ce dernier a déclaré plus tard à Human Rights Watch qu’un policier au P2 l’avait battu avec la crosse de son fusil, le blessant à l’oreille droite. La police l’a ensuite transféré dans un cachot à la mairie. Il a été libéré le lendemain, sans inculpation, après que sa famille ait payé US$30. 
Peu de temps après la manifestation devant le poste de police, la police a déféré les six activistes de la LUCHA au parquet. Sur place, ils ont été accusés d’association de malfaiteurs et de tentative d'incitation à la révolte, des chefs d’accusation qui semblent être politiquement motivés, selon Human Rights Watch.
Leur procès a débuté le 18 février au Tribunal de Grande Instance de Goma, où ils ont été accusés d’avoir été « pris en flagrant délit ». Les avocats des activistes ont affirmé que le Tribunal avait perdu sa compétence, car il ne peut entendre une déposition que dans un délai de 48 heures après la date du délit reproché. Lors d’une audition le lendemain, mis à part un policier, aucun autre des policiers appelés à témoigner au sujet des arrestations ne s’est présenté au tribunal. Les juges ont alors décidé de traiter cette affaire en procédure ordinaire, au lieu de la traiter pour « flagrant délit » – où un verdict aurait été requis immédiatement.
Dans la capitale, Kinshasa, deux autres activistes de la LUCHA, Bienvenu Matumo et Marc Héritier Kapitene, ont été portés disparus d’un hôtel de la commune de Bandal tôt dans la matinée du 16 février. Vers 5h40, l'un des activistes a envoyé à un ami un message par téléphone disant : « arrêté ». La veille au soir, les deux jeunes hommes avaient assisté à une réunion avec d'autres activistes du mouvement en vue de préparer la journée « ville morte ». Juste après, Victor Tesongo, un membre d’un parti politique d’opposition qui avait rencontré les activistes du mouvement LUCHA à la fin de leur réunion, a été arrêté en rentrant chez lui.
Les trois sont restés portés disparus jusqu’au 19 février, lorsqu’ils ont été transférés d’un centre de détention de l’Agence Nationale de Renseignements (ANR) au parquet. Jusque-là, ils étaient restés injoignables par téléphone, et leurs familles et collègues n’avaient pas pu les trouver. Ils avaient d’abord été détenus au cachot de l’inspection provinciale de la police de Kinshasa, et ensuite transférés à l’ANR le 18 février. Human Rights Watch avait contacté des agents de sécurité pour se renseigner sur les activistes disparus, mais les fonctionnaires n'avaient pas confirmé leur arrestation ni fourni d’informations sur l’endroit où se trouvaient ces activistes, suscitant des inquiétudes de disparitions forcées. Lors d’une audience au parquet dans la commune de Gombe à Kinshasa le 20 février, Matumo, Kapitene, et Tesongo ont été placés sous mandat d’arrestation provisoire pour « incitation à la désobéissance civique, propagation de fausses nouvelles, et atteinte à la sureté intérieure de l’État ».
Des activistes de la LUCHA ont déclaré à Human Rights Watch croire que la police surveillait étroitement leurs activités depuis au moins novembre 2015, lorsque des responsables sécuritaires avaient brutalement réprimé une manifestation pacifique du mouvement à Goma. Au cours de cette manifestation, deux activistes du mouvement LUCHA et sept autres personnes avaient été arrêtés. Ils sont toujours en détention et leur procès en cours, sur la base de chefs d’accusation fabriqués de toutes pièces.
« Les autorités congolaises semblent déterminées à réprimer la liberté d'expression et le droit de manifester pacifiquement », a déclaré Ida Sawyer. « Les gouvernements concernés devraient faire pression sur la RD Congo pour qu’il relâche immédiatement les manifestants pacifiques qu’il a placés en détention et qu’il mette fin à la répression politique ».

JED prend acte de la condamnation à mort du meurtrier d’un journaliste à Monkoto, au Nord de la RDC



Journaliste en danger (JED) prend acte de la décision prise par le Tribunal de grande instance de Boende condamnant à la peine capitale le meurtrier  du journaliste Soleil Balanga, tué le 15 avril 2015 à Monkoto, cité située à plus de 100 Km de Boende, chef-lieu de la province de la Tshuapa (Nord-ouest de la RDC).
Selon les informations parvenues à JED et confirmées par l’un des avocats de la famille du journaliste assassiné, le Tribunal de grande instance de Boende a rendu son verdict, lundi 22 février 2016, dans l’affaire du meurtre du journaliste Soleil Balanga. Moussa Tendenle, le fils du médecin chef de la zone de santé de Monkoto, a été condamné à une peine capitale pour avoir tranché la gorge de Soleil Balanga à l’aide d’un couteau. Un médecin et un infirmier de la zone de santé de Monkoto, poursuivis pour participation criminelle, ont été acquittés.
Contacté par JED, Me Papy Botshona, l’un des avocats de la famille de Soleil Balanga, a déclaré : « Nous ne sommes pas totalement satisfaits avec ce verdict. Les deux autres prévenus poursuivis pour participation criminelle devraient également être condamnés. Ce matin (mardi 23 février 2016, ndlr), je suis allé interjeter appel contre ce verdict ».
 « Nous prenons acte de cette sanction suprême en espérant que cela pourra dissuader ceux qui pensent que, dans ce pays, on peut menacer, attaquer ou tuer un journaliste sans être inquiété. Mais en tant qu’organisation de défense des droits de l’homme, nous sommes naturellement contre l’exécution de la peine de mort », a dit Tshivis Tshivuadi, Secrétaire général de JED.
Soleil Balanga, journaliste à la Radio Communautaire de Monkoto, a été  attaqué violemment à l’aide d’un couteau, jeudi 16 avril 2015, par le fils du médecin chef de zone de santé de Monkoto, qui lui avait tranché la gorge pour avoir diffusé  une information annonçant le départ de son père de la direction de cet hôpital.
OLPA salue la condamnation du meurtrier du journaliste Soleil Balanga à Boende

Kinshasa, le 22 février 2016. L’Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA), organisation indépendante de défense et de promotion de la liberté de presse, salue la condamnation à la peine capitale d’Eoma Pendeli Musa, auteur du meurtre de Soleil Balanga
Eale, journaliste à la radio Monkoto Soso Aleli tué le 15 avril 2015.
Le Tribunal de Grande Instance de Boende a rendu son verdict, le 22 février 2016, au cours d’une audience publique présidée par le juge-président  François Olombe Katinga assisté du juge Ignace Kaduki et du juge assumé Olivier Kabuika Nawej.
Cette juridiction a condamné Eoma Pendeli Musa à la peine capitale, au paiement des dommages-intérêts de l’ordre de USD 20.000 (Vingt mille dollars américains) à la famille du journaliste et a ordonné son arrestation immédiate pour meurtre de Soleil Balanga Eale.
M. Jean-Pierre Eoma Pendeli Domaro et Charles Tete Ndjeka respectivement père du condamné et infirmier superviseur de l’hôpital général de référence de Monkoto et ancien médecin de l’hôpital général de référence de Monkoto poursuivis dans la même cause ont été
acquittés, le Tribunal ayant jugé qu’il n’y a pas eu participation criminelle dans le chef de deux acquittés.
Au regard de ce qui précède, OLPA salue la condamnation d’Eoma Pendeli Musa. Il s’agit d’un signal fort lancé en direction de toute personne qui attentera à la vie d’un journaliste et qui serait tentée de croire qu’elle jouirait de l’impunité.
Néanmoins, OLPA tient à exprimer ses vives inquiétudes sur le risque d’évasion du condamné qui entretient depuis lors des relations amicales avec ses geôliers.
En conséquence, OLPA exhorte le Parquet près le Tribunal de grande instance de Boende à transférer, dans un délai relativement court, le condamné vers une prison de haute sécurité pour réduire le risque d’évasion.
A titre de rappel, Soleil Balanga Eale (45 ans) a été mortellement attaqué, le 15 avril 2015, par Eoma Pendeli Musa, alors qu’il se livrait à son exercice quotidien d’informer la population à l’aide d’un mégaphone sur les questions d’actualité dans le territoire de
Monkoto.

mercredi 17 février 2016

Questions-réponses de la Conférence de presse « ONE UN » Mercredi 17 Février 2016



La Conférence de presse conjointe des Nations Unies était animée par Charles Antoine Bambara, Directeur de la Division de l’Information publique et porte-parole a.i de la MONUSCO ; Florence Marchal, Chargée de communication et Coordonnatrice du Groupe de Communication des Nations Unies (UNCG), intervenant à partir de Kinshasa ; et le Lieutenant-colonel Amouzoun Codjo Martin, porte-parole militaire intervenant à partir de Goma.   
La conférence a connu la participation de Jose Maria Aranaz, Directeur du Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme, à partir de Kinshasa. 
Question 1 Issac Ngwenza/ Congo Opportunities Media : Je pose ma question au porte-parole militaire. En écoutant son rapport [de la situation militaire], il y a une information qui m’a particulièrement réjoui,  c’est dire que les opérations conjointes FARDC-MONUSCO ont été conduites la semaine écoulée, dans la province de l’Ituri. Cela montre qu’il y a une avancée significative dans les rapports avec les FARDC. Ma question est celle de savoir : à part l’Ituri, y a-t-il encore des opérations conjointes dans quelle localité ? Est-ce que c’est de manière générale ou seulement en Ituri, où on peut avoir des opérations militaires conjointes FARDC- MONUSCO ?  
Directeur de la Division de l’Information publique et porte-parole par intérim de la MONUSCO [Charles Antoine Bambara]: Je vais laisser la parole tout à l’heure au porte-parole militaire pour compléter, mais je tiens à dire que la terminologie exacte que nous utilisons à la fois au niveau des FARDC qu’au niveau de la MONUSCO, c’est bien : « des opérations conduites par les FARDC avec l’appui de la MONUSCO ». Il ne s’agit pas d’opérations conjointes. Voilà, ce qui est dit. 
Il ne s’agit pas seulement des opérations en Ituri, il s’agit des opérations sur l’ensemble du front où nous enregistrons des violations des droits de l’Homme, des tensions intercommunautaires, des attaques des groupes armés sur l’ensemble du front dans l’Est de la RDC. Nous resterons donc présents aux côtés des FARDC pour les appuyer, les aider, les soutenir dans leur combat contre ces groupes armés. Mon Colonel, je pense que j’ai bien traduit votre pensée ? 
Porte-parole militaire [Lieutenant-colonel Amouzoun Codjo Martin] : Oui, merci Directeur, c’est vrai ce que je voulais dire et comme toujours, nous militaires, que ce soit la Force de la MONUSCO ou les FARDC, nous sommes toujours ensemble. Nous sommes des militaires, nous nous comprenons. 
Nous poursuivons nos opérations, nos activités militaires. Ce que j’appelle opérations, ce sont des activités militaires. Ce n’est pas dans le cadre de l’accord sur la reprise de la coopération. 
Comme toujours, nous on a toujours mené nos activités militaires ensemble pour protéger les populations civiles que ce soit dans l’Ituri, au Nord-Kivu, au Sud-Kivu, comme dans d’autres provinces. Je voudrais dire par-là des activités militaires, pas nécessairement des opérations conjointes comme vous le pensez. Merci. 
Question 2 Vivian Nzabarinda/ RTBF & Radio Mutaani FM (Goma) : Un élu de la ville de Butembo vous aurait accusé d’avoir distribué des machettes et [autres] armes blanches aux FDLR pour qu’elles puissent commettre des exécutions sommaires à la communauté Nande de la zone en belligérance de Miriki, qu’en dites-vous ? La question est adressée au Directeur de l’Information publique de la MONUSCO. 
Directeur de la Division de l’Information publique et porte-parole par intérim de la MONUSCO [Charles Antoine Bambara]: Je crois que vous faites allusion à un Sénateur effectivement qui, sur les ondes de radio Kivu One à Goma, était intervenu pour justement faire les allégations auxquelles vous faites allusion. 
Nous voulons dire ceci de façon très claire et nette : au niveau donc de la MONUSCO, le commandant indien dont il faisait référence, après vérification auprès du Général de la Brigade du Nord-Kivu, qui est indien et qui connaît ses hommes, nous dit que ce commandant n’existe pas dans ses rangs. C’est clair. 
Premièrement, le commandant dont il fait référence et qui aurait fait la transaction, n’existe pas. 
Deuxièmement, le Général Jean Baillaud que vous connaissez très bien, qui est toujours à Goma et qui est Commandant adjoint de la Force de la  MONUSCO, est catégorique : la chaîne de commandement de la MONUSCO n’a jamais autorisé récemment ou dans le passé d’ailleurs les achats de machettes. Jamais. Donc c’est clair et net que ces allégations doivent être prouvées. 
Ensuite, aucun Casque bleu n’est autorisé à faire quoi que ce soit en termes de trafic ou autre chose. Cela est interdit par les textes onusiens. 
Nous avons un mandat très clair, c’est de neutraliser l’ensemble des forces négatives dans cette région de l’Est de la RDC, y compris les FDLR et l’ADF. Comment pouvez dire ou comprendre que nous ayons quelque contact, je ne sais pas à quel niveau, avec ces gens que nous devons neutraliser. Nous allons les neutraliser, c’est ce que le Conseil de sécurité nous demande. 
Le Commandant de la Force de la MONUSCO est très clair là-dessus : aucun groupe armé ne sera épargné. Nous allons combattre aux côtés des FARDC pour anéantir, neutraliser ces groupes armés et tant qu’on n’a pas de preuves pour étayer tout cela, je crois qu’il faut se méfier un peu de ce genre d’allégations. Merci. 
Question 3 Sylvie Fortunet Mbula/ Antenne A TV (Goma) : Je reviens sur le communiqué de l’Union africaine, les Nations Unies, l’Union européenne et la francophonie que le porte-parole de la MONUSCO venait de nous lire tout à l’heure et je remarque que ces partenaires du Gouvernement insistent sur la tenue du dialogue et des élections apaisées. 
Au fait la MONUSCO qui soutient le dialogue en RDC ; la MONUSCO qui a soutenu les consultations entamées par Edem Kodjo à Kinshasa. Nous le savons tous, une frange de l’opposition ne veut pas de monsieur Edem Kodjo à Kinshasa. Ils ont dit, ils ont déclaré que ses consultations ne servent absolument à rien. 
Qu’est-ce que la MONUSCO peut lancer comme message aujourd’hui après la publication de ce message des partenaires du Gouvernement à ceux qui ne veulent pas d’un dialogue politique en RDC ? 
Directeur de la Division de l’Information publique et porte-parole par intérim de la MONUSCO [Charles Antoine Bambara]: Nous pensons que la MONUSCO n’a pas de voix plus forte que celle de Ban Ki-moon, lui-même, Secrétaire général des Nations Unies, qui a très clairement appelé effectivement à ce que le dialogue puisse s’engager au niveau des acteurs politiques dans ce pays, pour paver un peu le chemin vers les élections. 
Et vous savez que Maman Sidikou, son Représentant spécial en RDC, a rendu plusieurs fois visite à la CENI, pour interpeller les responsables, notamment le président de la CENI, pour que l’on fasse diligence dans l’avancée réelle vers ce processus électoral.  
Et nous avons entendu ces derniers temps effectivement, non seulement le président de la CENI mais d’autres instances de la CENI, dire que cela se mettait  un peu en musique, avec notamment la planification de l’organisation un peu de l’enregistrement des électeurs. Ensuite, il y a aussi cette décision d’organiser les élections des gouverneurs.  
Tout cela va dans le bons sens, mais nous voulons une fois de plus et c’est ce que le communiqué auquel vous faites référence dit, il y a des délais constitutionnels qu’il faut prendre en compte, bien entendu. Et, il faut que ce travail en amont puisse aller vite, pour que les termes de la Constitution soient respectés. Voilà un peu ce que nous pouvons dire. 
  Question 4 Mira Masengu/ 2 As TV : J’ai suivi le Directeur du BCNUDH qui vient de dire tout à l’heure qu’il y a 411 cas de violations des droits de l’Homme commis en RDC au mois de janvier [2016]. Alors que fait vraiment le BCNUDH pour que les droits de l’Homme soient respectés en RDC, après avoir publié ? 
Directeur du Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme [Jose Maria Aranaz]: Ce qu’il y a dans le rapport, c’est un diagnostic de la situation. C’est ce qu’on a présenté ici. On [réunit] la documentation, on prend toutes les informations nécessaires et on les partage avec les autorités et ceux qui ont la responsabilité de protéger les droits de l’Homme en RD Congo. 
Ce n’est pas la responsabilité des Nations Unies, ce n’est la responsabilité de la communauté internationale. On apporte l’appui et on fait la vigilance conformément à ce que prescrit le mandat et sous l’accord du Gouvernement pour le faire. On partage avec les autorités et on apporte l’appui pour faire les investigations pour éradiquer les causes des violations des droits de l’Homme, soit par les agents étatiques, soit par les groupes armés. 
Question 5 Laetitia Masela/ RTNC 2 : Je pose ma question à quelqu’un de l’OMS, s’il y en a ici. L’environnement sanitaire reste en alerte avec l’apparition du virus « Zika » au Brésil. Ici en RDC, comment se prépare l’OMS pour parer à l’arrivée de ce virus ? 
Coordonnatrice du Groupe de Communication des Nations Unies [Florence Marchal] : Je sais que l’OMS est en veille constante. J’ai vu passer des communiqués qui ont été diffusés pour information sur les symptômes. Mais pour l’instant, ici, il n’y a encore aucun cas avéré et l’épidémie ne concerne pas encore la RDC. Mais évidemment, l’OMS qui tous les mois fait des rapports de situation, sur la situation sanitaire en RDC, suit ça de très près.  
N’Kiere May/ Agence Congolaise de Presse : Je voudrais poser une petite question. Pourquoi lors de sa visite dans l’Est, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en RDC n’a pris que l’ambassadeur du Vatican en RDC [le Nonce apostolique] au lieu d’avoir par exemple une délégation des religieux, etc. pourquoi seulement l’Eglise catholique ? 
Deuxièmement, au Directeur du BCNUDH, qu’est-ce que vous entendez réellement par « violations des droits de l’Homme », parce qu’il faut que vous expliquiez ça aux gens, j’ai l’impression que la définition n’est pas bien comprise. 
Directeur de la Division de l’Information publique et porte-parole par intérim de la MONUSCO [Charles Antoine Bambara]: Le voyage du Représentant spécial dans l’Est avec le Nonce apostolique, Monseigneur Montemayor, n’est qu’une première étape. Il faut dire qu’ici à Kinshasa, il rencontre toutes les communautés. Il a rencontré la communauté protestante récemment, il a rencontré aussi je crois, la communauté musulmane, et il va faire des voyages avec les uns et les autres au regard de leurs disponibilités.  C’est un travail de longue haleine qui commence, c’est vrai, cette semaine avec ce programme avec le nonce apostolique, mais au fil de semaines, je suis sûr que, - il n’est pas à son premier voyage dans l’Est -, il repartira avec les autres communautés si besoin est, pour une fois de plus, comme on l’a dit, montrer un peu la compassion, la solidarité, mais aussi la consolation envers ces populations meurtries par les violences de groupes armés dans l’Est du pays, notamment ils vont visiter Kitshanga, donc toute cette zone de la province du Nord-Kivu où on a enregistré ces dernières semaines encore plusieurs violations des droits de l’Homme.  
Ce n’est que le début d’un long processus de voyage que lui-même va programmer, et on vous tiendra au courant.  
Directeur du Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme [Jose Maria Aranaz] : Sur le concept de ‘’violations des droits de l’Homme’’. Je pense que le problème ne réside pas sur la compréhension de ce concept, mais plutôt qu’il y a plusieurs interprétations de ce concept. 
Je peux vous assurer que notre méthodologie de travail, c’est la méthodologie standard de toutes les Missions et de toutes les représentations du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme à travers le monde. Ça c’est la première chose. Le standard de vérification et d’investigation est le même. 
De l’autre côté, l’interprétation obéit également à une méthodologie standard, claire et universelle. Quelle est notre interprétation du concept ‘’violations des droits l’Homme’’. Elle fait référence aux droits et libertés consacrés par la Constitution congolaise et par les traités des droits de l’Homme qui ont été ratifiés par la RD Congo. 
Et, ‘’ce sont des actes commis par les individus, les institutions, les agents étatiques, les particuliers ou les groupes armés, qui sont contraires à ces droits et ces libertés qui sont consacrés par la Constitution, et ce, en conformité avec les traités internationaux sur les droits de l’Homme’’. 
Question 6 Théodore Ngandu/ Télé 7 : En rapport avec le communiqué conjoint de quatre organisations. Pourquoi celles-ci ont attendu seulement la date du 16 février [2016] pour publier leur communiqué conjoint ? 
Directeur de la Division de l’Information publique et porte-parole par intérim de la MONUSCO [Charles Antoine Bambara] : Il faut dire simplement que pour travailler déjà entre deux organisations ce n’est pas facile, pour travailler entre quatre c’est encore plus difficile, et pour harmoniser le message. 
C’est, je crois, un concours de circonstances qui fait que ça tombe vraiment ce 16 février [2016]. Car vous savez que l’Union africaine a son siège à Addis-Abeba, l’Union européenne à Bruxelles, ensuite la Francophonie à Paris, les Nations Unies à New York. Il faut vraiment faire circuler le document. Ce n’est pas un document qu’on a préparé seulement hier. C’est un document qui a été préparé depuis de longs jours, de longues semaines, et qui était finalement prêt ce jour-là, et que on l’a publié [le même jour, soit le 16 février]. Et puis voilà. 
Et donc, c’est un signal fort je crois, à l’endroit des acteurs politiques de ce pays, pour leur dire : la communauté internationale est prête à soutenir ce processus, mais il faut qu’il y ait une cohésion politique à l’interne, il faut que vous-mêmes au niveau de la nation congolaise, vous puissiez vous entendre sur le minimum, afin d’avoir ce soutien de la communauté internationale, qui fait front, qui fait face, donc qui se dit, nous sommes prêts, nous vous attendons, faites nous signe dès que tout cela est mis en ordre, pour que nous mettions en musique donc l’appui promis par la communauté internationale pour aider à ce processus politique, donc en RD Congo. 
Question 7 Gina Mulumba/ Citizen ((Goma) : Ma question, je vais l’adresser à madame Marchal. Vous avez tantôt dans votre exposé parlé du PAM qui faisait des distributions de nourriture aux vulnérables au Nord-Kivu. Je voudrais si possible revenir sur le cas particulier de déplacés de Miriki, qui selon nos informations, du moins jusqu’à la semaine dernière, ils se plaignaient d’un accès difficile, aussi bien aux soins de santé, qu’à la nourriture justement. 
Coordonnatrice du Groupe de Communication des Nations Unies [Florence Marchal] : Ok, je vous remercie. Je veux passer la parole au Chargé de la communication du PAM, Claude Kalinga, qui est présent dans cette salle. 
Chargé de la communication du PAM [Claude Kalinga] : L’assistance que le PAM fournit à partir d’aujourd’hui à ces vulnérables dans cette partie de Lubero, n’est pas la toute première. En fait, c’est la seconde, parce que la première date d’il y a quelques semaines et le PAM est intervenu pour apporter une assistance alimentaire d’urgence en termes de biscuits énergétiques. Donc, pour environ 50 mille personnes. Celle-ci, c’est la deuxième assistance qui commence pour quelques jours. Donc, le PAM est là au quotidien pour assister ces personnes vulnérables. Voilà. 
Question 8 Jean-Pierre Kayembe/ RTGA (Goma) : Une question au porte-parole de la MONUSCO. Le communiqué de la communauté internationale n’a dit rien de fondamentalement nouveau, c’est des choses que nous connaissons par cœur. Soutien conditionné au dialogue, respect de prescrits légaux, mais dans la classe politique, la crispation est ambiante, à l’opposition, une certaine opposition ne veut pas de ce dialogue, la consœur le disait tout à l’heure, à la CENI, une note technique qui a fuité ne fait pas croire qu’il y aura élection d’ici fin décembre ; vous ne trouvez pas que les indices sont réunis pour un choc frontal ? 
Directeur de la Division de l’Information publique et porte-parole par intérim de la MONUSCO [Charles Antoine Bambara] : Nous ce que nous pouvons dire au niveau de la communauté internationale, ce que cette communauté internationale parle d’une voix lorsqu’il s’agit de la RD Congo, surtout par rapport au processus politique qui est en cours. 
 
Le message est clair, il faut avancer de façon irréversible vers les prochaines échéances électorales prévues par la Constitution elle-même. Il y a des difficultés certes, il faut les aplanir. Les quatre organisations demandent effectivement, ou encouragent en tout cas, soutiennent l’idée de ce dialogue au niveau de la classe politique, pour déblayer un peu le chemin allant vers ces élections. 
Je crois que tout cela encourage les uns et les autres à revoir un peu leurs positions, à se dire, c’est une chance que nous devons saisir pour essayer de faire entendre notre voix dans ce débat politique, afin de marcher vers ces élections qui vont se tenir tôt ou tard.  
Mais nous pensons, nous, au niveau de la communauté internationale, que les délais constitutionnels une fois de plus, devraient pouvoir être respectés si tout cela se met en musique rapidement. 
Question 9 Jean-Pierre Elali/ Radio Okapi : C’est une question d’actualité. Je voudrais savoir, parce qu’hier c’était la journée ville morte décrétée par l’opposition politique en RD Congo, est-ce qu’à jour, juste un jour après cette opération ville morte, peut-on avoir une idée sur le bilan, et notamment en ce qui concerne les violations des droits de l’Homme, s’il y en a ? 
Directeur de la Division de l’Information publique et porte-parole par intérim de la MONUSCO [Charles Antoine Bambara]: Peut-être que le Directeur du BCNUDH va nous donner quelques éléments. Vous avez sillonné, je crois, la ville de Kinshasa tout au moins. Avez-vous quelques éléments d’appréciation, sur comment ça s’est passé globalement ? 
Directeur du Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme [Jose Maria Aranaz]: Merci beaucoup pour la question. Au sujet de la journée ville morte qui s’est passée hier, je ne ferai pas une évaluation politique, parce que cela ne relève pas de ma compétence, mais je peux vous dire que cette journée était précédée par un climat de répression et d’intimidation de défenseurs des droits de l’Homme, de membres de l’opposition qui étaient engagés dans la mobilisation populaire et qu’on a dénoncé, notamment qu’il y avait des arrestations de membres de la société civile, et il y avait aussi des arrestations de leaders politiques nationaux, il y avait également des menaces de sanctions graves et extraordinaires pour ceux qui soutiennent l’appel à la journée ville morte. 
Hier même, on a documenté plusieurs arrestations à Kinshasa, à Goma, à Uvira et à Matadi aussi. Malheureusement notre travail de vérification était empêché, parce que pour la première fois nous avions eu accès à certains cachots de la PNC, on va discuter cela avec les autorités. Jusqu’en ce moment, on a enregistré au moins douze personnes qui sont toujours en détention à Goma, à Kinshasa et à Uvira. Ce sont des membres de partis politiques de l’opposition et ceux de la société civile. Mais nous continuerons à faire le suivi de la situation, et chercher à savoir s’il y a eu des représailles contre ceux qui ont participé dans la mobilisation. Il y a eu aussi au moins deux cas de violences par les manifestants enregistrés, l’un à Goma, et l’autre à Kinshasa. 
 Et maintenant nous sommes en train d’examiner les autres rapports au sujet des arrestations que nous avons  reçus ce matin, qui peuvent concerner Goma et Bukavu. 
Directeur de la Division de l’Information publique et porte-parole par intérim de la MONUSCO [Charles Antoine Bambara]: Voilà, merci au Directeur du BCNUDH pour ces éléments de réponse. Il faut dire qu’effectivement au niveau de la MONUSCO nous appelons  au respect des droits individuels et aux libertés de manifester, qui sont reconnus par les lois internationales. 
Cela va sans dire que partout dans le monde, l’opposition de temps en temps, peut faire entendre sa voix, mais nous appelons les uns et les autres pour que cela se fasse dans le calme et dans le respect aussi des lois en vigueur au niveau du pays. 
Voilà qui met fin à cette conférence de presse. Merci de l’avoir suivie, et à la semaine prochaine.