APO

Loading content...

lundi 21 avril 2025

Le BCNUDH observe la recrudescence de la criminalité urbaine ainsi que les actes de menaces et de représailles contre les victimes, témoins et le personnel de justice après des évasions dans l’Est de la RDC

Dans le cadre de son mandat, le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) en République Démocratique du Congo assure un suivi étroit de la situation des droits de l’homme et analyse les tendances y relatives dans le pays. Ces tendances sont régulièrement partagées avec les autorités afin qu’elles prennent les actions nécessaires, y compris traduire en justice les auteurs présumés des violations des droits de l’homme documentées.

Au cours du mois de février 2025, le BCNUDH a documenté 397 violations et atteintes aux droits de l’homme sur l’ensemble du territoire de la République Démocratique du Congo, ce qui représente une augmentation de 25 % par rapport au mois de janvier 2025. Ces violations et atteintes ont fait 1.205 victimes (752 hommes, 263 femmes, 107 enfants et 83 individus de genre et âge inconnus), une augmentation de 47 % par rapport au mois précèdent.

Comme les périodes antérieures, les provinces les plus affectées sont le Nord-Kivu avec 185 violations et atteintes (le même chiffre qu’en janvier 2025), le Sud-Kivu avec 111 violations et atteintes, une augmentation de 158 % par rapport à janvier et l’Ituri avec 56 violations et atteintes, une légère augmentation par rapport à janvier. Parmi les provinces non affectées par le conflit, la province du Haut-Katanga a enregistré le plus grand nombre de violations avec 18 cas (soit 5 %) suivi par Kinshasa avec 10 cas (soit 3 %) et Maï-Ndombe (5 cas soit 1 %).

Dans les provinces non en conflit, le BCNUDH a documenté 45 violations et atteintes aux droits de l’homme, soit une augmentation de 28 % par rapport au mois de janvier. Cette augmentation reflète l’augmentation des arrestations et détentions arbitraires dans les provinces du Haut-Katanga et de Kinshasa, dans le contexte de l’expansion du M23. Les provinces du Haut-Katanga (18), et Kinshasa (10) enregistrent le plus de violations et atteintes, suivies du Maï-Ndombe (cinq), de la Tshopo (quatre), du Haut-Lomami et du Kongo central (deux chacune), du Kasaï, du Kasaï Oriental, du Kwango et de Lualaba (une chacune).

Dans les provinces en conflit, le BCNUDH a documenté 352 violations et atteintes aux droits de l’homme, ce qui représente une augmentation de 24 % par rapport au mois précédent. Cette hausse s’explique principalement par l’exacerbation de la crise a l’est du pays, avec l’avancement du M23/RDF dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, les mouvements de « repli stratégique » des FARDC au cours desquels des violations des droits de l’homme ont été commis, ainsi que les attaques des groupes armés ADF et CODECO au Nord Kivu et en Ituri. Ces violations et atteintes ont fait un total de 1.088 victimes (662 hommes, 243 femmes, 56 filles, 28 garçons et 15 enfants de genre inconnu et 84 individus de genre et âge inconnus), ce qui représente une augmentation de 54 % du nombre de victimes en comparaison avec le mois de janvier. Parmi ces victimes, le BCNUDH a documenté 403 victimes d’exécutions sommaires ou extrajudiciaires (269 hommes, 80 femmes, 32 enfants et 22 individus de genre et âge inconnu).

La situation des violences sexuelles liées au conflit (VSLC) continue d’être source d’inquiétude. L’offensive du M23 au Nord-Kivu et au Sud-Kivu a eu un effet aggravant sur la situation, avec l’augmentation de 152 % des cas de VSLC en février par rapport à janvier. Le BCNUDH a enregistré au moins 48 cas de violences sexuelles liées aux conflits avec 110 victimes (79 femmes, 30 filles et un homme) en février 2025. La province de l’Ituri a enregistré le plus grand nombre de victimes de VSLC en février 2025, soit 44 victimes (33 femmes et 11 filles), suivie par le Nord-Kivu (30 femmes, 11 filles et un homme) et par la province du Sud-Kivu avec 16 femmes et huit filles. Parmi les acteurs étatiques, les FARDC sont responsables du plus grand nombre de VSLC contre 38 victimes (27 femmes, 10 filles et un homme). Parmi les acteurs non-étatiques, la CODECO est responsable de VSLC contre 32 femmes et six filles en Ituri. Les membres du M23/RDF sont responsables de VSLC contre 11 femmes et huit filles au Nord-Kivu et au Sud-Kivu.

Au cours du mois de février 2025, le nombre de violations graves affectant des enfants dans le cadre du conflit armé en RDC documentées et vérifiées a connu une augmentation de 137 % par rapport au mois de janvier 2025. Le meurtre et mutilation ont été les violations les plus fréquentes (43 %), suivi de l’enlèvement (42 %), le recrutement et utilisation (7 %), la violence sexuelle (7 %), et les attaques contre les écoles et les hôpitaux (1 %).

Au cours du mois de février 2025, le BCNUDH a documenté six violations et atteintes aux droits de l’homme en lien avec l’espace civique avec 13 victimes, tous des hommes. Ceci constitue une augmentation par rapport au mois précédent (quatre cas) mais une diminution par rapport aux victimes (17 victimes). Trois de ces violations et atteintes ont été documentées dans la province du Sud-Kivu, deux dans la ville province de Kinshasa, et une dans la province du Haut-Lomami. Cette augmentation est en rapport avec l’insécurité consécutive à l’avancée du M23 et l’environnement créé par les replis successifs des FARDC et des Wazalendo. C’est dans ce contexte que la moitié de ces violations ont été commises par des combattants de groupes armés, précisément les Wazalendo; deux par des agents de la PNC et une violation par des agents de l’ANR.

En matière de lutte contre l’impunité, les poursuites à l’encontre des auteurs de graves violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme ont donné lieu à la condamnation de 55 personnes à la peine de mort, dont 51 militaires des FARDC, deux agents de la PNC et deux éléments Wazalendo. Par ailleurs, les récents développements dans l’Est du pays ont conduit à des évasions dans les prisons de Goma, Kalehe, Uvira, Bukavu et Kalemie. Ces évasions ont eu pour conséquences la recrudescence de la criminalité urbaine ainsi que les actes de menaces et de représailles contre les victimes, témoins et le personnel de justice ayant pris part à des procès emblématiques.

mercredi 9 avril 2025

Consultations : Les anciens compagnons de Laurent-Désiré Kabila répondent à l'appel du chef de l’État

La cellule de communication des consultations politiques initiées par le chef de l'État, Félix-Antoine Tshisekedi et conduite par son Conseiller en matière de sécurité, le professeur Désiré Cashemir Kolongele Eberande, a annoncé le 8 avril 2025 que les consultations politiques débutées le lundi 24 mars 2025 à Kinshasa se clôturent de la manière formelle le mardi 8 avril 2025.

Les proches de l'ancien président de la République Laurent-Désiré Kabila qui se prénomment "Mzéistes" (Raphaël Ghenda, le général Faustin Munene et Fernand Buyibu) ont été reçus le 7 avril 2025. Le "Mzée" se définit en Swahili comme "Vieux sage" pétri d'expérience et de maturité ! C'est cette appellation que les partisans de Mzée Laurent-Désiré Kabila et les Congolais en général identifiait le soldat du peuple vers la fin de sa vie.

"Après une longue expérience de lutte anti-impérialiste qui s'était révélée particulièrement concluante, Mzée nous a quittés en un homme d'expérience et un patriote intransigeant. C'est de cette maturité que nous tirons notre appellation, notre philosophie politique d'autoprise en charge et de rupture avec les anti-valeurs", a déclaré Raphaël Ghenda.

S'agissant du contexte socio-politique actuel de la République Démocratique du Congo, ils sont réjouis de l'intégration du serment patriotique cher à Mzée Laurent-Désiré Kabila de "ne jamais trahir le Congo". Le service national, les réserves stratégiques et les cantines populaires dans la vision politique du chef de l'État constituent pour les Mzéistes une interpellation.

"Sans tarder, nous avons répondu à ses appels à l'union et à la cohésion nationale depuis plus de 5 ans sans oublier les dernières élections où nous avons voté et fait voter pour les candidats numéro 20".

Considérant par ailleurs le contexte de guerre et le péril de balkanisation et de Genocost dont la RDC et son peuple sont victimes, ils estiment que les Mzéistes qui se sont illustrés depuis plus de 60 ans par leur lutte patriotique contre l'impérialisme se devaient de répondre positivement à l'appel de mobilisation générale lancée par le chef de l'État Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo afin de faire face à ce danger qui menace tous les Congolais.

Le gouvernement de large union nationale envisagé par le président de la République procède un sens élevé de responsabilité d'État qui "nous réjouit".

Fernand Buyibu a déclaré que "nous avons accompagné Mzée Laurent-Désiré Kabila et nous avons compris ce que c'est l'autoprise en charge. Nous avons compris ce que c'est ne jamais trahir le Congo". Lorsque le président actuel a fait appel aux patriotes pour l'aider d'abord au recrutement, le général Faustin Munene n'a pas attendu pour se mettre à l’œuvre.

"Il nous a demandés tous de nous impliquer et lui-même se jeter dans le recrutement. Il s'est jeté à reprendre tous les éléments qui étaient chassés par l'ancien régime de Joseph Kabila. Il les a rassemblés et d'ici là il pense qu'avec tous ces entretiens que ces éléments seront remis en service. "Nous les Mzéeistes, nous sommes là et prêts à accompagner le chef de l'État parce que nous le faisons déjà. Nous sommes prêts toujours à servir" 

 "En tant que compagnon de Mzée, nous considérons le camarade président comme Mzée de part son idéologie, un nationaliste. C'est en ce moment précis que tout le monde doit se lever. Il y a la guerre. Il faut un gouvernement de guerre . Nos aptitudes doivent servir d'abord la guerre pour barrer et faire stopper l'ennemi pendant qu'on forme des jeunes gens", a soutenu Faustin  Munene et en ajoutant que "nous mobilisons tous ceux qui peuvent combattre parce que le régime passé a soustrait beaucoup politiquement selon les ethnies".

jeudi 3 avril 2025

Les prélats catholiques et protestants donnent une caution à la rébellion pour dédouaner le Rwanda dans son entreprise criminelle (Tribune)

Le Congo Action pour la Diplomatie Agissante (CADA) dirigé par Éric Kamba suit la situation cauchemardesque que vivent les populations congolaises des provinces du Nord et Sud-Kivu après la prise de la ville de Goma, sur fond d’un carnage de milliers de personnes, suivie de celle de la ville de Bukavu par les Forces Armées Rwandaises (RDF) et leurs supplétifs du M23. Cette conquête du territoire national continue malgré plusieurs cessez-le-feu annoncés et les multiples condamnations de la communauté internationale sur la présence des soldats rwandais sur le sol congolais et son exigence vaine de les voir s’en retirer.

Bien que la cause de la RDC, qui subit depuis 30 ans les affres d’une guerre lui imposée injustement avec son cortège d’une dizaine de millions de morts sans compter également de millions de déplacés et autres victimes collatérales, soit juste, il reste que le Président Félix-Antoine Tshisekedi doit enfiler un costume adapté à la situation et prendre en compte les réalités à géométrie variable de l’univers diplomatique quant au respect de la Charte des Nations Unies et du Droit international. 

C’est ici aussi l’occasion de dénoncer le jeu sibyllin auquel se livrent les grandes capitales s’identifiant à la communauté internationale et enclines à capter les minerais stratégiques de la RDC par ces temps de transition énergétique et numérique qui, tout en se dédouanant auprès de leurs opinions intérieures par des déclarations parfois tonitruantes envers le Rwanda au vu des manifestations de rue organisées ça et là par la diaspora congolaise, encouragée dans une certaine mesure par celle africaine, utilisent plusieurs dirigeants africains pour faire prévaloir autrement leurs thèses.

La preuve c’est qu’au dernier Sommet de l’Union Africaine, contrairement à la Charte de cette organisation et au Droit international, aucun pays, à part le Burundi, n’a daigné condamner l’occupation de la RDC par le Rwanda. Le CADA demande au président Félix-Antoine Tshisekedi de ne pas se résoudre au mutisme parce que c’est la guerre contre le pays, mais plutôt de se rapprocher davantage de son peuple et de le galvaniser autour d’un discours d’espoir et de résilience, et de lui demander de se méfier des chants des sirènes entonnés par ceux qui convoitent les ressources congolaises et qui sont préoccupés à balkaniser le pays.

A cet effet, cette ONG lui fait des recommandations ci-après :   

1. Réaménagement technique du Gouvernement sur fond d’une équipe de combat ;

2. Réorganisation du Cabinet du Président de la République par un casting rigoureux ;

3. Diminution drastique du train de vie des institutions en allant au-delà des mesures que le Gouvernement est en train de projeter en supprimant des institutions qui n’en valent pas la peine tels la Coordination de Changement de mentalité (CCM), dont le concept peut être rattaché à un ministère, et le CNSA. Il y a plus ;

4. Tourner une fois de plus la vis s’agissant de l’armée, des services de l’ordre et de sécurité qui ont montré des faiblesses en :

a. mettant en branle l’état-major général des FARDC récemment mis en place pour galvaniser les troupes, le chef d’état-major général récemment nommé ne se révèle pas ;

b. colmatant les brèches par une révisitation de la chaîne de commandement sur le terrain ;

b. réorganisant les fronts au Nord-Kivu, au Sud-Kivu et en améliorant le dispositif dans l’Ituri,

c. créant des verrous pour endiguer la progression des agresseurs dans l’ex-Katanga, le reste de la Grande Orientale et le Maniema ;

d. lançant un appel à des vaillants soldats congolais aujourd’hui dans la réserve de la République et dont le mérite se passe de tout commentaire.

5. Rationalisation du front diplomatique en recentrant l’action pour éviter toute dispersion ; ciblant des partenaires précis à même de soutenir la cause de la RDC ; sollicitant une assistance militaire crédible.

6. Mise en place sans atermoiement du Parquet financier et concrétisation des principales recommandations des états généraux de la Justice pour huiler la machine judiciaire.

6. Remise en cause de la communication officielle, voire au sein de la Présidence de la République afin de maintenir le moral du peuple et de l’informer à temps utile pour qu’il sache à quoi s’en tenir ; la guerre étant aussi médiatique. La mise en place, entre autres, d’une Task-Force de communication à même de gérer le flot d’informations pendant cette période et de riposter, est le bienvenu. Il faut garder allumé le flambeau entre les provinces occupées et le reste de la République.  

Par ailleurs, le Président de la République est appelé à recadrer les prélats catholiques et protestants dans leur démarche qui n’est qu’une caution de la rébellion et une tentative de vouloir dédouaner le Rwanda dans son entreprise criminelle en RDC en voulant faire voir que la crise est avant tout congolo-congolaise avec in fine l’affaiblissement du régime Tshisekedi ; mettre fin le plus rapidement possible à la crise qui sévit dans son parti, UDPS ; faire sortir de leur réserve les bonzes de l’Union Sacrée de l’Opposition qui assistent tels des spectateurs à la situation dramatique que le pays connaît.

A la RDC pour un lobbying de la reconnaissance du génocide congolais en se basant du rapport Mapping des Nations unies

La reconnaissance du génocide congolais est une question taboue au niveau de la communauté internationale. C'est pour raison qu’un groupe d’experts se réunissent pendant dix jours à Kinshasa pour construire un plaidoyer à l'international la reconnaissance du génocide commis en RDC. Cette table ronde est organisée par la Commission interinstitutionnelle d'aide aux victimes et d'appui aux réformes (CIA-VAR) et le Fonds National pour les Réparations des Victimes (FONAREV).  Cet événement revêt une importance capitale pour sensibiliser le public et mobiliser les décideurs en faveur d’une reconnaissance officielle des actes de génocide commis en République Démocratique du Congo (RDC). 

Une telle reconnaissance aurait des répercussions profondes sur les plans social, politique et juridique, à l’échelle nationale et internationale. Pour garantir l’efficacité et l’impact de cette table ronde, il est impératif de s’appuyer sur des éléments probants, étayés par des données scientifiques fiables et des arguments solides. Ces contributions serviront à défendre la notion du génocide pour des gains économiques (Génocost) lors des discussions et à promouvoir son inscription officielle dans les instances nationales et internationales. 

Le coordonnateur exécutif adjoint CIA-VAR, Blaise Ndombe, a déclaré que cette problématique de la reconnaissance du génocide congolais est la raison qui réunit le comité scientifique. En 2022, le législateur congolais a cristallisé la question du génocide commis sur le territoire de la République Démocratique Congo en consacra une journée dédiée à la commémoration de ces victimes dont la journée Génocost qui est commémorée le 2 août de chaque année. « Cette année, nous serons à la troisième commémoration parce que nous avons commencé à la commémorer depuis 2022. En 2023, les cérémonies officielles se sont déroulées à Kisangani dans la province de la Tshopo. Cette année, ça sera la troisième commémoration ». 

L'idée pour les travaux du comité scientifique consiste à travailler pour construire un plaidoyer qui permette à l'international la reconnaissance du génocide commis sur le territoire de la RDC mais aussi au niveau interne, « nous sommes en train de travailler pour faire en sorte que le peuple congolais se réapproprie cette calamité ou cette tragédie qui a été commise dans ce pays ». 

Construction d'un narratif pour le plaidoyer du génocide congolais

Blaise Ndombe a relevé que depuis quelques temps «nous constatons une certaine politique dans la guerre d'agression qui nous est imposée consistant à exterminer les populations des zones données pour permettre aux autres qui sont en train d'arriver notamment les populations rwandaises de pouvoir prendre possession. Donc, une importation des populations sur le territoire congolais. Cela se fait aussi avec des visées de pouvoir prendre le contrôle des espaces miniers pour permettre une certaine exportation ou une exploitation illégale de nos ressources. Donc, il y a beaucoup de  communautés qui ont été visées ». 

Le législateur congolais a pensé à un concept qu'on appelle le Génocost qui est en train d’être utilisé pour les commémorations. Le Comité scientifique est en train de travailler pour finaliser la construction d'un narratif par rapport à cette question mais aussi et surtout préparer la table ronde qui portera l'appropriation culturelle de cette situation. L'idéal est de parvenir à ce que toute la population congolaise se rende compte de cette situation parce qu'elle a été victime. La population congolaise n'a pas besoin qu'elle se reconnaisse comme victime mais qu'elle prenne conscience de son état de victimes de cette calamité.  

Blaise Ndombe a indiqué qu’il ne faut pas attendre que la reconnaissance vienne d'abord des étrangers mais ce sont des Congolais qui souffrent. « Nous sommes victimes et c'est nous qui devons porter d'abord sur cette affaire devant la communauté internationale pour faire rétablir effectivement qu'il y a eu génocide au Congo. C'est une question qui est presque taboue dans le milieu international mais nous sommes engagés en tant que peuple et pouvoir aller jusqu'à la fin ».  

Utilisation du concept génocide à la place des massacres à grande échelle 

La professeur Sara Liwerant, directrice adjointe de l'école de criminologie en charge de la recherche et chercheur pense que les résultats de l'atelier qui démarre a pour objectif d'élaborer une stratégie nationale de reconnaissance et d'appropriation de ce concept. Pour elle, c'est un enjeu absolument fondamental à différents niveaux tant pour les victimes que la société congolaise en général et aussi au niveau international pour qu’il y ait une reconnaissance effective des actes de génocides  qui ont été commis en RDC.  Concernant le concept génocide, c'est toute la discussion et l'intersection entre la définition juridique et la définition des sciences sociales les définitions juridiques, a-t-elle fait savoir. Ce sont des crimes internationaux comme génocide, crime contre l'humanité... 

« Donc, on ne va parler que de ces deux infractions. Il y a aussi le crime d'agression et les crimes de guerre. Alors qu'en sciences sociales, on parle plutôt de meurtres collectifs, de crime de masse, de démocide, de politicide. Toute la question, c'est de savoir comment désigner, qui désigne, comment on désigne, sans exclure justement certaines victimes ? »   

Le professeur Luzolo Bambi Lessa a rappelé que le génocide congolais englobe un peu la représentation criminelle de toutes les atrocités que la RDC a connu mais face à ce génocide, on constate un silence international. « Nous construisons les éléments d'une table ronde nationale sur le génocide congolais de manière à armer la RDC et toute la population congolaise à en revendiquer la reconnaissance de génocide subi par des Congolais et d'en tirer toutes les conséquences nationales et surtout internationales pour résoudre ce déni du taux de victimisation très élevé de la République Démocratique du Congo ».  

De 1993 à 2003, le projet de rapport Mapping reprend tous les crimes qui sont symbolisés par la date du 2 août 1998. Manifestement, la deuxième guerre qui a impliqué et qui a affecté le territoire congolais, a commencé le dimanche 2 août 1998. « C'est pourquoi, Nous avons retenu symboliquement cette date mais cela ne signifie pas que pour les atrocités pour lesquelles nous réclamons la reconnaissance de génocide ne date que de 1998. C'est à partir de 1993. Tous les faits comprennent le projet de Mapping jusqu'à aujourd'hui parce qu'au moment nous parlons les crimes sont en train de se remettre dans la partie orientale de la RDC ».

L’accord-cadre d’Addis-Abeba : Matata et Kitebi à la manœuvre pour récupérer 20 millions versés par la RDC

L’Accord-Cadre pour la Paix, la Sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région a été signé le dimanche 24 février 2013 à Addis-Abeba, d’où sa dénomination d’Accord d’Addis-Abeba. Cette initiative de paix a voulu mettre fin aux conflits récurrents et aux violences extrêmes répétées, en cherchant des solutions globales et spécifiques aux causes profondes des conflits ou guerre à répétition dans la région des Grands Lacs et en particulier à l’Est de la RDC. C’est le coordonnateur du Mécanisme national de suivi de l’accord-cadre d’Addis-Abeba, le professeur Ntumba Luaba Lumu qui assumait les fonctions de secrétaire exécutif de la CIRGL, qui l’a déclaré le 21 janvier 2025 au cours d’une conférence de presse à Kinshasa.

Cet accord avait été proposé par les Nations unies. Les parties discutaient pour faire face à la première vague des attaques du M23 que l’idée de cet accord a germé. Cette proposition est venue de l’extérieur. A ce moment-là, au sein de la Conférence internationale de la région des Grands Lacs (CIRGL) pendant l’année 2012 sept sommets successifs ont été tenus. Il était question de mettre sur pied une force internationale de la région dite « neutre » parce que les déclarations de la CIRGL spécifiaient bien que c’était à l’exclusion des pays impliqués dans la guerre, le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda.

Les estimations de cette force étaient de 3.000 hommes. La Tanzanie avait proposé la mise à disposition de 1.000 hommes des troupes et de la logistique. Mais il se posait des problèmes financiers et logistiques. Les Etats membres étaient conscients qu’ils ne devraient pas attendre à ce que d’autres pays envoient des troupes dans la région pour qu’ils meurent pour la cause des Grands Lacs.

La RDC étant concernée par l’insécurité, elle avait mis 20 millions de dollars américains pour cette force internationale neutre. Cet argent avait été versé dans le compte de la CIRGL à la banque du Burundi. Ayant constaté la détermination des pays de la région, les pays membres du Conseil de sécurité des Nations unies et le secrétaire général de l’Onu ont déclaré qu’il ne serait pas possible de développer deux forces internationales dans la même zone opérationnelle à côté de la Monusco. Il risquerait de se poser une question de coordination.

Les parties s’étaient convenu de mettre sur pied une brigade spéciale à intégrer au sein de la Monusco. Les pays membres de la région des Grands Lacs n’avaient pas adhéré directement à l’accord-cadre. Ils faisaient savoir que la plupart des éléments de l’accord-cadre figuraient déjà dans la déclaration de Dar es Salam en Tanzanie, dans le Pacte de Nairobi et de la CIGRL. Les pays du Conseil de sécurité pensaient redonner un nouveau souffle aux obligations contenues aux actes de la région et ensuite ils allaient mettre à la disposition des pays de la région les moyens financiers et logistiques conséquents.

Mais ces pays du Conseil de sécurité craignaient que cette force échappe à leur contrôle. Les structures de l’Onu tenaient à la contrôler. La CIRGL s’est battue pour obtenir cette brigade spéciale d’intervention qui avait fait ses preuves. Les Nations unies avaient posé comme condition que les pays de la région signent d’abord l’accord-cadre. Cette brigade spéciale d’intervention devrait évoluer dans le cadre d’un accord régional. D’où, la conclusion de l’accord-cadre d’Addis-Abeba.

En plus de 20 millions de dollars qui se trouvaient dans la caisse de la CIRGL, la Sadc a pu obtenir 500.000 dollars américains pour envoyer des militaires dans la partie orientale de la RDC à faire le mapping sur le terrain des groupes armés. Ce mapping avait servi à la brigade spéciale d’intervention.

Entre-temps, le Premier ministre de l’époque Augustin Matata Ponyo a commencé à harceler le secrétaire exécutif de la CIRGL et aussi Patrice Kitebi qui était ministre délégué auprès du Premier ministre pour retourner cet argent en RDC. Profitant de l’absence du secrétaire exécutif de la CIRGL à Bujumbura au Burundi, la RDC a envoyé une délégation des agents du ministère des Finances, de la Primature et de la Banque centrale du Congo avec une procuration spéciale pour récupérer cet argent. Matata et Kitebi ont donné au secrétaire général de la CIRGL un compte de la Banque centrale du Congo à Bruxelles en Belgique. 

La brigade spéciale d’intervention avait un véritable mandat offensif et la CIRGL avait obtenu des Nations unies que cette force resterait opérationnelle. Elle disposait de droit de pouvoir attaquer. Au départ, les Nations unies voulaient que cette force ne s’occupe que de la surveillance des frontières et non pas du contrôle des frontières. La nuance est que la surveillance des frontières consistait à suivre les mouvements autour des frontières et le contrôle des frontières pousserait à agir et à prendre des actions. Aujourd’hui, il y a finalement banalisation de cette brigade. Elle n’a plus rien de spécial. Si l’accord-cadre a pu obtenir des résultats, c’est grâce à cette brigade. Sans cette action, l’accord-cadre reste une sorte de coquille juridique et institutionnelle vide.

Ce qui est surprenant est que l’échec de l’accord-cadre se reflète à travers les engagements régionaux. Les pays voisins de la RDC ne l’ont pas respecté. Cet accord-cadre était spécifiquement mis en place pour encadrer la RDC. Au bout du compte, l’accord-cadre n’a pas pu faire face pendant pratiquement 10 ans à freiner l’insécurité dans la région.

Situation des droits de l’homme en RDC : « Il est encore temps d’agir »

La Représentante du Secrétaire général des Nations unies en RDC, Bintou Keïta s’est adressée le 1er avril 2025 devant le Conseil des droits de l’homme à Genève en Suisse en présence de Madame la ministre des Droits humains, de Madame la Vice-ministre des Affaires étrangères de la République Démocratique du Congo, de Madame la Haute-Commissaire adjointe des Nations Unies aux droits de l’homme et de Madame la Présidente de l’équipe des Experts indépendants sur la République Démocratique du Congo. C’était dans le cadre du Dialogue interactif renforcé sur la situation des droits de l'homme en RDC lors de la 58ème session du Conseil des droits de l'homme.

« Je vous remercie de me donner à nouveau l’occasion de m'adresser au Conseil sur la situation des droits de l'homme en République démocratique du Congo. Je prends la parole aujourd’hui avec un sentiment d’urgence. Depuis ma dernière intervention ici, le 7 février 2025, la situation ne s’est pas stabilisée. Elle s’est aggravée. Le conflit s’enlise, la violence s’étend, et la souffrance des civils s’intensifie ».

Bintou Keïta a remercié les efforts du Haut-Commissaire aux droits de l’homme dont le travail est essentiel pour maintenir l’attention du monde sur la République Démocratique du Congo. Il renforce le plaidoyer en faveur d’une amélioration des droits humains dans le pays. Il rappelle aussi que cette crise n’est pas isolée. Et qu’il faut éviter qu’elle ne déborde vers l'ensemble de la région des Grands Lacs.

«Je salue l'engagement continu de l'Équipe d'experts internationaux, récemment venue en République Démocratique du Congo, dans la poursuite de son mandat pour faire avancer la justice et lutter contre l’impunité. Je souligne également le travail initial accompli par l'équipe de démarrage de la mission d'établissement des faits mandatée par le Conseil des droits de l'homme. Je plaide pour que toutes les parties apportent leur soutien et leur coopération à ce mécanisme important ».

Elle a noté avec intérêt l’intention des autorités congolaises de finaliser en urgence un cadre pour la justice transitionnelle, comme annoncé le 28 mars 2025. C’est un pas dans la bonne direction. Mais pendant que des efforts se poursuivent à Genève, à Kinshasa et ailleurs, les populations de l’est du pays souffrent d'un conflit prolongé. Les avancées du Mouvement du 23 mars, soutenu par les forces de défense rwandaises, l'activisme continu des ADF, de la CODECO et de diverses factions de Wazalendo perdurent. Résultat : les souffrances de centaines de milliers d'enfants, de femmes, de personnes âgées et déplacées à l'intérieur du pays s’aggravent.

Sur les 1.099 violations des droits de l'homme recensées par le Bureau Conjoint des Nations Unies pour les Droits de l’Homme depuis le début de l'année, 88 % ont eu lieu dans des provinces en conflit. 71 % de ces violations ont été commises par des groupes armés.

« Je suis profondément préoccupée par l'annonce récente de Thomas Lubanga - condamné par la Cour pénale internationale - de la création d'une coalition armée en Ituri à partir d'un pays voisin. Cette évolution inquiétante aggrave les tensions interethniques dans une zone déjà troublée et pose un risque de répétition de crimes internationaux ».

Et Madame Bintou Keïta de relever que « pendant que le conflit perdure, nous assistons à un revers inquiétant de décennies d'investissements et d'efforts pour faire respecter l'État de droit dans l'est de la RDC. C'est une évolution regrettable que nous ne pouvons pas permettre. Nous devons aux générations présentes et futures congolaises des sociétés justes, ouvertes et pacifiques. Des sociétés où la loi protège, où la vie a un prix, où la dignité n’est pas un luxe, mais un droit ».

Elle a parlé devant l’assistance avec un sentiment d’urgence. Un sentiment nourri par les réalités vécues chaque jour par les populations en République Démocratique du Congo. Là où les populations attendent que le droit reprenne sa place, et que la protection devienne une réalité. Il est encore temps d’agir.