APO

Loading content...

jeudi 3 avril 2025

L’accord-cadre d’Addis-Abeba : Matata et Kitebi à la manœuvre pour récupérer 20 millions versés par la RDC

L’Accord-Cadre pour la Paix, la Sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région a été signé le dimanche 24 février 2013 à Addis-Abeba, d’où sa dénomination d’Accord d’Addis-Abeba. Cette initiative de paix a voulu mettre fin aux conflits récurrents et aux violences extrêmes répétées, en cherchant des solutions globales et spécifiques aux causes profondes des conflits ou guerre à répétition dans la région des Grands Lacs et en particulier à l’Est de la RDC. C’est le coordonnateur du Mécanisme national de suivi de l’accord-cadre d’Addis-Abeba, le professeur Ntumba Luaba Lumu qui assumait les fonctions de secrétaire exécutif de la CIRGL, qui l’a déclaré le 21 janvier 2025 au cours d’une conférence de presse à Kinshasa.

Cet accord avait été proposé par les Nations unies. Les parties discutaient pour faire face à la première vague des attaques du M23 que l’idée de cet accord a germé. Cette proposition est venue de l’extérieur. A ce moment-là, au sein de la Conférence internationale de la région des Grands Lacs (CIRGL) pendant l’année 2012 sept sommets successifs ont été tenus. Il était question de mettre sur pied une force internationale de la région dite « neutre » parce que les déclarations de la CIRGL spécifiaient bien que c’était à l’exclusion des pays impliqués dans la guerre, le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda.

Les estimations de cette force étaient de 3.000 hommes. La Tanzanie avait proposé la mise à disposition de 1.000 hommes des troupes et de la logistique. Mais il se posait des problèmes financiers et logistiques. Les Etats membres étaient conscients qu’ils ne devraient pas attendre à ce que d’autres pays envoient des troupes dans la région pour qu’ils meurent pour la cause des Grands Lacs.

La RDC étant concernée par l’insécurité, elle avait mis 20 millions de dollars américains pour cette force internationale neutre. Cet argent avait été versé dans le compte de la CIRGL à la banque du Burundi. Ayant constaté la détermination des pays de la région, les pays membres du Conseil de sécurité des Nations unies et le secrétaire général de l’Onu ont déclaré qu’il ne serait pas possible de développer deux forces internationales dans la même zone opérationnelle à côté de la Monusco. Il risquerait de se poser une question de coordination.

Les parties s’étaient convenu de mettre sur pied une brigade spéciale à intégrer au sein de la Monusco. Les pays membres de la région des Grands Lacs n’avaient pas adhéré directement à l’accord-cadre. Ils faisaient savoir que la plupart des éléments de l’accord-cadre figuraient déjà dans la déclaration de Dar es Salam en Tanzanie, dans le Pacte de Nairobi et de la CIGRL. Les pays du Conseil de sécurité pensaient redonner un nouveau souffle aux obligations contenues aux actes de la région et ensuite ils allaient mettre à la disposition des pays de la région les moyens financiers et logistiques conséquents.

Mais ces pays du Conseil de sécurité craignaient que cette force échappe à leur contrôle. Les structures de l’Onu tenaient à la contrôler. La CIRGL s’est battue pour obtenir cette brigade spéciale d’intervention qui avait fait ses preuves. Les Nations unies avaient posé comme condition que les pays de la région signent d’abord l’accord-cadre. Cette brigade spéciale d’intervention devrait évoluer dans le cadre d’un accord régional. D’où, la conclusion de l’accord-cadre d’Addis-Abeba.

En plus de 20 millions de dollars qui se trouvaient dans la caisse de la CIRGL, la Sadc a pu obtenir 500.000 dollars américains pour envoyer des militaires dans la partie orientale de la RDC à faire le mapping sur le terrain des groupes armés. Ce mapping avait servi à la brigade spéciale d’intervention.

Entre-temps, le Premier ministre de l’époque Augustin Matata Ponyo a commencé à harceler le secrétaire exécutif de la CIRGL et aussi Patrice Kitebi qui était ministre délégué auprès du Premier ministre pour retourner cet argent en RDC. Profitant de l’absence du secrétaire exécutif de la CIRGL à Bujumbura au Burundi, la RDC a envoyé une délégation des agents du ministère des Finances, de la Primature et de la Banque centrale du Congo avec une procuration spéciale pour récupérer cet argent. Matata et Kitebi ont donné au secrétaire général de la CIRGL un compte de la Banque centrale du Congo à Bruxelles en Belgique. 

La brigade spéciale d’intervention avait un véritable mandat offensif et la CIRGL avait obtenu des Nations unies que cette force resterait opérationnelle. Elle disposait de droit de pouvoir attaquer. Au départ, les Nations unies voulaient que cette force ne s’occupe que de la surveillance des frontières et non pas du contrôle des frontières. La nuance est que la surveillance des frontières consistait à suivre les mouvements autour des frontières et le contrôle des frontières pousserait à agir et à prendre des actions. Aujourd’hui, il y a finalement banalisation de cette brigade. Elle n’a plus rien de spécial. Si l’accord-cadre a pu obtenir des résultats, c’est grâce à cette brigade. Sans cette action, l’accord-cadre reste une sorte de coquille juridique et institutionnelle vide.

Ce qui est surprenant est que l’échec de l’accord-cadre se reflète à travers les engagements régionaux. Les pays voisins de la RDC ne l’ont pas respecté. Cet accord-cadre était spécifiquement mis en place pour encadrer la RDC. Au bout du compte, l’accord-cadre n’a pas pu faire face pendant pratiquement 10 ans à freiner l’insécurité dans la région.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire