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samedi 18 janvier 2025

Délocalisation des villages : Une ONG du Nord-Kivu déplore la violation de la loi par Kibali Gold dans le Haut-Uele

L’Alerte Congolaise pour l’Environnement et les Droits Humains (ACEDH) en tant que structure de défense et de protection des droits humains et environnementaux suit de très près les événements qui se succèdent, entraînant des conséquences graves sur la survie des communautés locales et qui peuvent se résumer en plusieurs points. Son secrétaire exécutif, Olivier Ndoole, l'a fait savoir dans un communiqué du 8 janvier 2025 à Goma dans la province du Nord-Kivu.

La violation du droit au logement décent des plusieurs ménages dans la province du Haut-Uélé par la Société Kibali Gold, sans aucune compensation pour ceux qui ont rejeté l’indemnisation imposée par la Société Kibali Gold Mine via le Gouverneur du Haut-Uelé et l’Administrateur du Territoire de Watsa. L’utilisation disproportionnée de la force pour déloger en toute illégalité les habitants du village Mege où Kibali Gold Mine compte élargir ses exploitations d’or sans tenir compte des droits des personnes qui détiennent des habitations et des moyens de subsistance sur cet espace.

Il est remarquer l'appauvrissement de la population en la contraignant d’abandonner ses moyens de subsistance (sources d’eau, champs, écoles, services sanitaires) et autres conditions de vie auxquelles cette population était déjà habituée sans lui indiquer un nouveau milieu de réinstallation qui, d’après le principe « Don’t Harm » repris dans les normes environnementales et sociales de la Banque mondiale, doit plutôt contribuer à l’amélioration de ses conditions de vie et non pas les faire régresser.
Les harcèlements judiciaires et extrajudiciaires, tortures, coups et blessures sont infligés à plusieurs habitants du village Mege ayant tenté de résister ou refuser d’abandonner leurs logements. Ils ont été tout simplement soumis à une violation systématique de leur droit à l’intégrité physique.

Quant aux investissements chinois, il se constate des violations systématiques et intempestives des lois de la République Démocratique du Congo en matière d’immigration, de lutte contre le blanchiment des capitaux et anticorruption. Plusieurs exploitants chinois se permettent de vivre dans les carrières minières non seulement sans avoir des autorisations valables mais aussi pour certains sans permis de séjour en RDC (le cas des 16 chinois arrêtés au Sud-Kivu) et qui se sont volatilisés dans la nature (avec des indices sérieux de corruption et de trafic d’influence). À cette situation s'ajoutent les trois autres Chinois ayant été arrêtés toujours au Sud-Kivu avec une somme importante des devises en dollars américains transportés en mains en violation des dispositions de la loi sur la lutte contre le blanchiment des capitaux en RDC.

Il est à noter que cette attitude consistant en une violation préméditée des lois de la RDC tout en comptant sur la corruption pour échapper à la sanction s’est tout simplement généralisée dans les chefs des investisseurs étrangers en RDC et particulièrement les Chinois avec des conséquences majeures.

Le maintien des communautés locales dans une pauvreté extrême malgré les énormes quantités des ressources naturelles que regorgent leurs territoires et qui sont extraites sans contrôle ni contrepartie, malheureusement c’est au vu et au su des autorités et parfois avec leur complicité. Il suffit de voir l’état de délabrement avancé des routes dans le territoire de Mwenga et d’autres zones minières de la RDC.

La population assiste à la détérioration de l’image de la RDC qui, à ce jour, est mal cotée en matière de lutte contre la corruption suite aux témoignages que ces investisseurs donnent auprès des institutions et organismes impliqués dans la lutte contre la corruption.

Le découragement des investisseurs sérieux, craignant désormais de venir investir dans un pays où la corruption tient le dernier mot. On ne peut pas ignorer également le fait que cette corruption entraîne un manque à gagner incommensurable au budget de l’Etat avec des conséquences terribles sur l’exécution du programme du Gouvernement, l’affaiblissement de l’autorité de l’Etat et la baisse des moyens pouvant être affectés à l’effort de guerre que connaît le pays actuellement.

Au regard de ces graves conséquences qu'entraînent tous ces dysfonctionnements, l’ACEDH recommande au Gouvernement de la RDC de prendre très au sérieux les violations des droits humains dont sont victimes les populations de Mege, Territoire de Watsa, Province du Haut-Uélé, en interpellant leurs présumés auteurs et en imposant à la Société Kibali Gold Mine à cesser immédiatement avec les tortures et chasse à l’homme et procéder à une relocalisation consentie des populations se trouvant sur son périmètre.

L'ACEDH recommande à l’Ambassadeur de Chine en RDC de rappeler à l’ordre ses concitoyens qui veulent investir en RDC en leur renseignant sur les conséquences que les citoyens chinois encourent en RDC notamment celle d’être indexés et qualifiés de pillards des ressources naturelles de la RDC et destructeurs de l’Environnement.

Enfin au Gouvernement congolais, à travers le ministre d’Etat, ministre de la Justice et Garde des Sceaux, cette ONG lui recommande d’ordonner des enquêtes et des poursuites judiciaires contre toute personne ayant été impliquée dans les violations massives des droits humains à Mege et les agents de la Direction Générale des Migrations (DGM) Sud-Kivu ainsi que toute autre autorité tant nationale que provinciale ayant participé à un niveau quelconque à l’exfiltration des Chinois arrêtés sans visa leur permettant d’entrer en RDC et y exercer l’exploitation des ressources naturelles, et par la même occasion instruire aux gouverneurs de toutes les provinces minières à procéder à un contrôle rigoureux dans toutes les carrières minières pour y dénicher d'autres cas d'irrégularités.

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