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lundi 30 septembre 2019

223 incidents de protection et des droits de l’homme dans le territoire de Djugu au mois de septembre 2019


L’insécurité persiste dans plusieurs contrées du Territoire de Djugu en Ituri, notamment dans le rectangle Linga–Jiba – Laudjo –Ladedjo. Les femmes et les enfants sont les principales victimes des violences perpétrées par des bandes armées. Depuis le début de ce mois, les acteurs de la protection ont relevé une intensification d’incursions et attaques visant notamment les sites spontanés des déplacés (Duko, Rho) et de nombreux villages.

Du 1er au 20 septembre, les experts de la Protection ont répertorié 223 incidents de protection et de droit de l’homme, notamment des meurtres parmi les civils dont, en majorité, des personnes déplacées et retournées, ainsi que des enlèvements. Cette spirale des violences a également forcé des ménages à fuir leurs milieux d’origine pour trouver refuge vers les zones jugées relativement calmes. Durant cette même période, plus de 360 ménages se sont déplacés en direction des sites spontanés situés entre Lopa et Iga Barrière ainsi qu’à Bunia. Plus l’insécurité perdure, plus les vulnérabilités des populations s’accroissent et la situation humanitaire s’aggrave, entrainant d’importants besoins humanitaires.
Le 23 septembre, OCHA a effectué deux visites « Go & See » parallèles sur les deux sites de la ville de Bunia et dans les sites situés sur l’axe Iga – Lopa et l’axe Soleniama – Katoto (Territoire de Djugu), pour observer l’afflux des personnes nouvellement arrivées sur ces sites. De l’avis des organisations sur terrain et selon des informations reçues, après vérification, le récent mouvement de population n’a pas été aussi massif tel que précédemment alerté.
Le 23 septembre, les autorités provinciales de la Tshopo ont rapporté la mort de neuf personnes, 19 autres portées disparues et quatre blessées à la suite de la pluie qui s’est abattue le 19 septembre dans la ville de Kisangani. Plus de 3.650 ménages sont sinistrés (environ 18.250 personnes) suite à cette catastrophe naturelle. Selon l’ONG Agence de Développement et Solidarité Paysanne (ADSPA), ces personnes sinistrées se trouvent présentement sans abris ; certaines sont dans des familles d’accueil. En ce début de saison des pluies et quelques semaines après la rentrée scolaire, des actions urgentes sont nécessaires pour que les familles sinistrées puissent retrouver leur quotidien.
Réponse humanitaire
Grâce au financement du CERF, le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) a appuyé Division Provinciale de la santé de l’Ituri dans une campagne de réparation gratuite de fistule obstétricale à l’Hôpital Général de Référence (HGR) de Bunia, du 21 août au 24 septembre 2019. Cette activité a permis de redonner la joie, la dignité et le sourire à 106 femmes dont 13 cas de chirurgies majeures. L’âge des personnes soignées est compris entre trois semaines et 54 ans. A la sortie de l’hôpital, elles ont bénéficié chacune d’un kit de dignité et un paquet de réinsertion pour une activité génératrice des revenus avant de recouvrir totalement leur santé.
Par ailleurs, la Division provinciale de la santé de l’Ituri signale que près de 7.000 femmes souffrant de fistule, enregistrées depuis 2017, attendent encore d’être opérées. Les autorités sanitaires avaient lancé l’année dernière un plaidoyer auprès du gouvernement et d’autres partenaires pour couvrir un déficit évalué à environ US 3,5 millions de dollars ; le coût unitaire de l’opération de fistule revenant à US 500 dollars. Multisectoriel L’ONG Samaritan’s Purse a lancé, le 19 septembre 2019, un nouveau programme d’intervention d’urgence, dans le cadre de son projet Réponse d’Urgence et Rétablissement Economique dans l’Est de la RDC.
Financée par USAID, à hauteur de USD 22,9 millions, cette assistance en articles ménagers essentiels, vivres et intrants agricoles cible environ 315.000 personnes (déplacés, retournés et familles d’accueil). Cette intervention, qui s’étale de septembre 2019 à mars 2021, couvrira les provinces de l’Ituri, de la Tshopo, du Bas-Uélé, du Haut-Uélé et du Nord-Kivu. Elle sera exécutée sous forme des distributions directes, foires, cash transfert et formations techniques. 
L’ONG Samaritan’s Purse venait de clôturer, le 18 septembre, un projet similaire. Mis en œuvre du 19 septembre 2018 au 18 septembre 2019, ce projet a bénéficié à 132.029 personnes (déplacés, retournés, familles d’accueil et d’autres autochtones vulnérables) réparties entre les provinces du Nord-Kivu, de l’Ituri et de la Tshopo.
Ce rapport a été produit par OCHA Bunia en collaboration avec les partenaires humanitaires. Il est publié par OCHA et couvre la période du 17 au 24 septembre 2019.

jeudi 26 septembre 2019

Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo : « Le Monde a soif de cobalt, de coltan, de lithium ; nous voulons des emplois industriels, de la formation, et du développement


Monsieur le Président de l’Assemblée générale des Nations Unies,
En m’adressant à cette auguste assemblée, je voudrais, avant de poursuivre mon propos, Vous  féliciter, Monsieur l’Ambassadeur TIJJANI MUHAMMAD BANDE, pour Votre brillante élection en qualité de président de la 74ème session ordinaire de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies. Mes félicitations s’étendent aux membres de Votre Bureau, et je tiens à formuler, pour l’ensemble de votre équipe, mes vœux de succès dans l’accomplissement de cette exaltante mission.
Je voudrais aussi rendre un hommage appuyé à Monsieur Antonio GUTERRES, Secrétaire Général des Nations Unies, pour ses efforts inlassables en vue de raffermir notre Organisation et renforcer son rôle dans la recherche de solutions aux problèmes qui menacent la paix, la sécurité et la prospérité dans le monde.
Monsieur le Président ;
Le thème de la présente Session, à savoir : Dynamiser les efforts multilatéraux pour l’éradication de la pauvreté, l’éducation de qualité, l’action contre le changement climatique et l’inclusion, arrive à point nommé en ce moment particulièrement difficile pour le multilatéralisme, alors que l’humanité toute entière est engagée dans un élan sans précédent, dans le cadre de l’Agenda du développement à l’horizon 2030. Cet agenda prévoit la réalisation des Objectifs du développement durable, la mise en œuvre du Programme d’Action d’Addis-Abeba sur le financement du développement et l’atteinte des objectifs fixés dans l’Accord de Paris sur le Climat.
Les inégalités et le sentiment d’exclusion, sont à l’origine des principales menaces sur la paix, la stabilité et le développement harmonieux. Ils alimentent les flux migratoires incontrôlés de peuples entiers à la recherche d’un meilleur avenir. Aussi bien dans les pays du Nord que dans ceux du Sud, ils accentuent les réflexes xénophobes, la montée en force des populismes, ainsi que la radicalisation des laissés pour comptes. Les événements tragiques en Afrique du Sud en sont la pire illustration.
Ces mouvements de frustrations populaires qui dans certaines régions vont jusqu’à nourrir le terrorisme, prennent en otage le débat politique et nous empêchent d’apporter des réponses concertées aux problèmes qui nous affectent tous.
Monsieur le Président,
J’affirme du haut de cette Assemblée qu’aucun pays dans le monde, ne peut à lui tout seul faire face à ces défis. L’unité, la solidarité, la tolérance et la coopération internationale, sont des valeurs essentielles, reflétées par nos pères fondateurs dans la Charte de notre Organisation universelle.
Plus que jamais, le développement économique et social et l’épanouissement des peuples de la planète sont des droits fondamentaux et inaliénables. En tant que dirigeants, nous sommes porteurs de l’obligation d’œuvrer sans ménagement à garantir ces droits. Depuis des décennies, notre Organisation commune s’efforce de s’adapter aux nouvelles réalités de ce monde en constante mutation.
Afin d’être plus apte à relever durablement les défis du développement dans un monde globalisé, nous préconisons une réforme globale du Système des Nations Unies, notamment du Conseil de Sécurité et des agences du système des Nations Unies. Le processus de réforme du Conseil de Sécurité doit être mené à son terme et prendre en compte la position commune africaine énoncée dans le Consensus d’EZULWINI et dans la Déclaration de SYRTE.
Il n’est pas juste en effet que l’Afrique demeure la seule région du monde sans représentation permanente au sein du Conseil de Sécurité, alors que l’essentiel des enjeux démographiques, sociaux et environnementaux de la planète sont intrinsèquement liés à notre continent.  Nous voulons une configuration du Conseil de Sécurité juste et équitable, plus représentative des peuples du monde dans leur diversité et comptable de ses actes.
Allocution du Chef de l’Etat – 74ème Assemblée Générale des Nations Unies NewYork / USA 26 Septembre 2019
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,
Malgré les engagements au plus haut niveau que nous avons pris pour créer le monde que nous voulons à l’horizon 2030, près d’un milliard de personnes vivent encore dans la faim, la malnutrition et l’extrême pauvreté, tandis que 118 millions de personnes en situation d’extrême pauvreté seront exposées à la sécheresse, aux inondations et à la chaleur en Afrique d’ici à 2030.
Nous ne pouvons accepter la simple hypothèse d’un éventuel échec des engagements mondiaux à l’horizon 2030, surtout après le résultat très mitigé, en Afrique tout particulièrement, de la campagne des Objectifs du millénaire pour le développement.
L’éradication de la pauvreté et de la faim relève aujourd’hui de l’urgence ! La République Démocratique du Congo peut faire partie de la solution, avec ses 80 millions d’hectares de terres arables et ses eaux abondantes, capables de nourrir plus de 2 milliards d’individus.

Le défi de l’accès à une éducation de qualité pour tous, second sujet du thème de la présente Session, nous interpelle tout particulièrement car l’expérience du développement des décennies post indépendances a renforcé notre conviction qu’il n’est de richesse que d’hommes. 

C’est pourquoi, depuis 2011 déjà, nous avions fait nôtre l’idée-force de l’Agenda 2030 de NE LAISSER PERSONNE POUR COMPTE ( LEAVE NO ONE BEHIND), à travers notre engagement bien connu de mes compatriotes intitulé : LE PEUPLE D’ABORD !
Aussi, les grandes priorités sociales de mon mandat sont définies comme suit:
Premièrement, rendre effective la gratuité de l’éducation primaire dans l’enseignement public tel que l’exige la constitution de mon pays. Cet engagement est effectif depuis le début de ce mois sur toute l’étendue du territoire. Il portera, en une année, la part des dépenses d’éducation de 8 % à près de 20 % du budget de l’Etat, soit un niveau proche des standards  recommandés par l’UNESCO.
Deuxièmement, promouvoir une meilleure adéquation entre l’enseignement et l’emploi, à travers une stratégie de formation technique et professionnelle ambitieuse, conçue et mise en œuvre en partenariat avec le secteur privé.
Troisièmement, faire progresser le chantier de la couverture santé universelle. Nous espérons ainsi qu’à la fin de l’année prochaine, plus de 8 millions de Congolais supplémentaires auront accès à un système efficace de couverture maladie.
D’autre part, la République Démocratique du Congo vient de circonscrire son Plan national du numérique dont la mise en œuvre impactera l’ensemble des secteurs de la vie nationale. En outre, la numérisation de l’économie permettra au pays d’enregistrer des progrès rapides dans la lutte contre la corruption et divers crimes économiques.

Monsieur le Président,
Nos démocraties étant devenues particulièrement exigeantes et impatientes, il nous faut trouver des moyens de mise en œuvre de nos ambitions qui sortent des sentiers battus.
Aussi ai-je initié un vaste programme d’urgence de développement communautaire, qui servira de levier pour accélérer la résorption des inégalités socioéconomiques et spatiales au sein des villes et territoires. Il s’agira d’un programme spécial, multisectoriel et intégré, que je piloterai personnellement, en vue de rattraper tant soi peu le retard du pays dans sa marche vers la réalisation des Objectifs mondiaux de développement.
Ce programme bénéficiera de l’appui stratégique et financier de l’ensemble des partenaires et de l’accompagnement du Programme des Nations Unies pour le développement. Il vise à accroitre l’accès des populations aux services sociaux de base, notamment à travers la promotion des micro- centrales hydroélectriques rurales, dont plus de 700 sites sont déjà identifiés. Le programme vise également le développement du capital humain, ainsi que le renforcement de la connectivité des territoires à travers les pistes rurales.
Monsieur le Président,
Le développement socioéconomique de l’humanité à l’horizon 2030 sera durable ou ne sera pas. A cet égard, notre sort à tous, riches ou pauvres, est plus que jamais lié. Par ses ressources naturelles et sa vitalité démographique, l’Afrique est devenue le pivot de cette durabilité.
Dans cette Afrique, la nature a fait de mon pays le dépositaire de 47 % des forêts du continent, lui conférant une responsabilité majeure face aux enjeux de survie de notre planète.
J’ai déjà eu à le rappeler à plusieurs reprises ; il est impérieux et urgent de mettre à la disposition de notre continent de nouvelles sources d’énergies et de nouveaux modes de productions compatibles avec la préservation de l’environnement et l’affirmation de notre droit inaliénable au développement.
Nous sommes résolument engagés dans la protection de nos forêts. Cependant, la préservation de notre patrimoine naturel ne peut se faire au détriment de notre développement.
Il est incompréhensible que les forêts du bassin du Congo, qui sont les mieux conservées au monde, ne captent que 1 % des financements disponibles.  Il est impératif que toute l’architecture financière internationale, en ce compris le Fonds Monétaire international dans son rôle catalytique en matière de financement du développement, intègre davantage la donne environnementale dans son analyse des critères et défis macroéconomiques, liés à ses interventions dans les différents pays.
En ce qui nous concerne, conscients du rôle majeur de la RDC à cet égard, notre Gouvernement a relancé le dialogue avec ses principaux partenaires sur les questions environnementales, notamment ceux réunis dans le cadre de l’Initiative pour les Forêts d’Afrique Centrale. Répondant à l’appel du Secrétaire général des Nations Unies, notre Gouvernement s’est engagé, par ma personne, à accroître le niveau de ses engagements au titre de sa Contribution Déterminée Nationale et à maintenir une collaboration étroite entre pays de la sous-région, afin de parler d’une seule voix pour toutes les grandes questions en rapport avec la protection des forêts.
Mon Gouvernement a fait de la production d’énergie propre et renouvelable, la première de ses priorités économiques pour le quinquennat.
Nous pouvons, moyennant des investissements agressifs et une politique attractive de protection de ces investissements, passer de moins de 10% d’électrification actuellement à 60% dans les 10 prochaines années, faisant reculer très significativement la consommation du bois de chauffe. Aussi, dans le cadre de la réalisation de notre mix énergétique, pour renforcer la lutte contre la déforestation, mon gouvernement encourage le développement de l’utilisation du gaz domestique dans les zones urbaines, péri urbaines et rurales.
A terme, nous voulons être l’endroit de la planète où le kilowatt heure électrique sera le moins cher, grâce à l’exploitation de notre capacité de plus de 100 000 mégawatts en hydroélectricité.
Nous sommes disposés à encadrer davantage l’exploitation forestière et à étendre les réserves et parcs de protection naturels afin d’augmenter notre biomasse et protéger notre biodiversité. En revanche, cela ne peut s’entendre qu’avec, en contrepartie, la mise en œuvre effective d’une stratégie d’industrialisation écoresponsable, concentrée autour des centres de production et de consommation, et génératrice d’emplois pour notre jeunesse.
Notre population, dont l’âge moyen est de 17 ans et demi, est à peine plus âgée que la jeune Greta et partage en partie ses préoccupations et ses intérêts. Mais comment nos jeunes vont-ils s’engager pour la même lutte quand ils n’ont ni eau ni lumière?

J’ai également décidé de sortir progressivement mon pays d’un système agricole archaïque, à faible productivité et destructeur de notre patrimoine forestier.
A cet effet, nous allons promouvoir une agroforesterie qui maximise notre avantage comparatif pour certaines cultures, en privilégiant les zones de savane.

J’entends faire de la question environnementale une préoccupation omniprésente et transversale, qui touche l’ensemble de nos politiques, stratégies, programmes et projets de développement.
Monsieur le Président,
Au moment où je m’adresse au monde du haut de cette tribune pour la première fois, je me dois de rappeler la relation particulière que notre Organisation entretient avec mon pays.
Tout d’abord, cette relation suscite en moi un sentiment de reconnaissance. En effet, la République Démocratique du Congo a souvent été au centre des préoccupations des Nations Unies, suite aux nombreuses crises qu’elle a traversé depuis son accession à l’indépendance.
Depuis le décès tragique du Secrétaire général Dag Hammarskjöld, en passant par les nombreux casques bleus tombés au combat, jusqu'à plus récemment l’odieux assassinat des experts onusiens Zaïda Catalan et Michael Sharp, l’Organisation des Nations Unies, plus que tout autre organisation internationale, a vécu dans sa chair les réalités que vivent des millions de mes compatriotes.
L’ONU et ses nombreuses agences ont également déployé d’importants moyens financiers pour soutenir la République Démocratique du Congo. Je tiens donc à vous réitérer la gratitude du peuple congolais qui n’oubliera jamais le soutien de notre Organisation.
Cela étant dit, je ne peux m’empêcher de regretter que l’histoire de mon pays soit si douloureusement liée à l’ONU, qui, 24 années durant, sur nos 59 années d’indépendances, y a déployé une mission de paix.
Pourquoi, malgré cette longue présence, la plupart des espoirs de paix et de développement ont été déçus ? Au-delà des choix et responsabilités internes, on ne peut pas observer le Congo ou l’Afrique en isolation du reste du monde et des intérêts des autres.
Que serait la trajectoire du Congo sans l’assassinat de Patrice Lumumba? Que serait devenu mon pays si on l’avait laissé poursuivre son apprentissage démocratique pacifique de l’après-guerre froide, sans passer par le détour d’une guerre venue d’ailleurs ?
Et sans vouloir remonter aussi loin dans le temps, nous vivons chaque jour ces chocs d’intérêts qui expliquent le plus souvent la fragilité récurrente de la République Démocratique du Congo.
Aujourd’hui, le plus grand défi de la République Démocratique du Congo est celui de la paix, la sécurité et la stabilité. Depuis notre investiture, convaincus de l’absolue nécessité de la paix, nous nous sommes engagés sans réserve en faveur de la réalisation de cet objectif, en prenant en compte toute sa dimension régionale et internationale.
C’est dans cette perspective que j’ai proposé, en juillet dernier au 39eme sommet de la SADC tenu à Dar-es-Salaam, la création d’une coalition régionale à l’image de la coalition mondiale contre le terrorisme, pour éradiquer le fléau de l’insécurité créé par les groupes armés d’origine interne et externe. A l’Est de mon pays, nos Forces de Sécurité se battent au quotidien, avec le concours de la MONUSCO, déterminés à éradiquer les forces négatives qui sèment la mort et la désolation au sein de nos populations. Certains de ces mouvements rebelles, notamment les ADF-MTN, opèrent par des actes terroristes conformes à leur appartenance à DAESH, ce qui constitue une nouvelle menace tant pour mon pays que pour la sous-région.
Comme si les conflits et l’instabilité ne suffisaient pas, ces contrées de l’Est de la RDC sont affectées depuis une année par une épidémie de la maladie à virus Ebola.
Compte tenu de la gravité de la situation, j’ai mis en place en mai dernier, une Cellule technique qui travaille sous ma supervision, composée d’Experts de renommée internationale et dirigée par notre compatriote, le Professeur Jean-Jacques Muyembe, qui est celui qui a identifié le virus d’Ebola et dont les travaux de recherche ont conduit à la découverte du MB114, une molécule thérapeutique pour le traitement de cette maladie.
La nouvelle stratégie de riposte commence à produire ses effets, notamment dans la ville de Goma qui est aujourd’hui à l’abri du virus.  Même si beaucoup a été fait, l’épidémie n’est pas encore éradiquée. La stratégie sera renforcée par l’introduction de cinq nouveaux médicaments approuvés, en plus du vaccin contre la maladie à virus Ebola, qui permettront de se débarrasser complètement de ce fléau.
Je voudrais saisir cette opportunité pour saluer l’élan de solidarité qui s’est manifesté de la part de nos partenaires bi et multilatéraux, notamment l’Organisation Mondiale de la Santé, l’Union Africaine, l’UNICEF, le Programme Alimentaire Mondial, la MONUSCO et bien d’autres.
S’agissant particulièrement de cette Mission onusienne, en cette période charnière de son futur en RDC. Marquée par l’exercice d’une revue stratégique, je voudrais tout d’abord réitérer les remerciements du peuple Congolais aux pays contributeurs pour les sacrifices humains et matériels consentis jusqu’à ce jour en faveur de mon pays.
Je note une convergence de vues avec le Secrétaire général quant à l’urgente nécessité de réadapter la configuration de la MONUSCO à l’évolution de la situation sur le terrain, en concentrant davantage les efforts sur les capacités d’intervention opérationnelle des forces onusiennes aux côtés des Forces armées de la RDC.  En d’autres termes, la RDC a encore besoin de la MONUSCO, mais d’une MONUSCO non pléthorique, bien équipée, forte et dotée d’un mandat adapté, à l’image de la Brigade d’intervention Rapide qui avait jadis, aider à mettre en déroute le Mouvement rebelle de M23.
Monsieur le Président,
A l’instar d’autres pays en développement, la République Démocratique du Congo aspire à l’émergence.
Nous sommes convaincus que notre pays, qui par sa position géo stratégique se situe au carrefour des regroupements économiques d’Afrique Centrale, d’Afrique Australe et d’Afrique de l’Est, doit jouer la carte de l’intégration africaine comme moteur du développement et vecteur de paix entre les nations.  C’est pourquoi, nous avons soutenu le projet de Zone de libre échange continentale, tout en étant conscients qu’il se mettra en œuvre par étapes successives. Ce processus passe inévitablement par l’harmonisation et le désarmement des barrières douanières.
C’est dans cette vision que la RDC entend accélérer la mise en œuvre d’un programme de développement d’infrastructures à la hauteur de son immense superficie de 2,345 millions de kilomètres carrés, afin de relier le pays d’Ouest en Est et du Nord au Sud, de faciliter le transit des biens et des personnes et de libérer le potentiel agricole de nos provinces.

Monsieur le Président,
Aujourd’hui la RDC détient environ 70% des réserves mondiales des métaux stratégiques indispensables pour réaliser la transition énergétique et numérique qui s’impose à l’humanité.
Plutôt que d’utiliser ses réserves naturelles de minerais comme source de rente monopolistique, mon pays se propose de s’ouvrir au monde en permettant l’exploitation réglementée de son sous-sol contre un accompagnement à l’industrialisation et à la production de batteries et de composants à plus haute valeur ajoutée. Le Monde a soif de cobalt, de coltan, de lithium ; nous voulons des emplois industriels, de la formation, et du développement.
Enfin, la RDC dispose de 53 % des réserves en eaux douces de l’Afrique, et une gestion durable de ce potentiel permettra un jour d’étancher la soif d’un quart des habitants de la planète.
Monsieur le Président,
Nous vivons aujourd’hui une crise profonde de l’ordre international libéral. La loi du plus fort ne fera que renforcer les frustrations et les violences. A titre d’illustration, les récentes attaques contre des installations pétrolières en Arabie Saoudite font craindre le risque d’un embrasement autour du détroit d’Hormuz, qui paralyserait l’économie mondiale.
Nous avons le devoir de dénoncer toute forme de réaction violente aux problèmes politiques qui peuvent se régler dans le dialogue et la concertation.
Sommes-nous disposés à définir un nouvel ordre mondial au sein duquel l’Afrique et la RDC joueront le rôle que leur confèrent les mutations enregistrées ?
Je crois qu’une nouvelle voie est possible, sans doute la plus difficile, sans doute la plus complexe, la plus exigeante, qui nous impose de sortir des sentiers battus.
Monsieur le Président,
Mon pays la République Démocratique du Congo, qui venait d’organiser pour la troisième fois des élections démocratiques et apaisées, a eu le bonheur de vivre, pour la première fois de son histoire, une alternance pacifique et démocratique, alors que bon nombre d’observateurs brossaient un tableau plutôt sombre et pessimiste de l’issue du processus électoral. Cette victoire historique est avant tout celle du peuple congolais, dont les intenses sacrifices consentis au cours de ces dernières années, ont été récompensés par l’aboutissement heureux d’un processus électoral à hauts risques.  C’est aussi l’occasion de remercier la communauté internationale, notamment les pays de la SADC, le Kenya, l’Egypte et les USA, qui, sans atermoiement, ont encouragé ce pas de géant accompli par mon pays dans le processus de construction d’un état de droit.
Depuis mon investiture, je m’emploie à consolider cette avancée démocratique en  garantissant l’ensemble des droits et libertés. Personne n’est harcelé pour ses opinions ; la RDC ne compte plus de prisonniers de conscience ; nul ne ressent le besoin d’émigrer pour sauver sa vie ou préserver sa sécurité du fait de ses convictions politiques ou de ses associations particulières.
S’agissant de la prise en compte du genre, même si nous ne sommes pas encore parvenus à la parité intégrale, je suis heureux de constater les progrès accomplis en RDC en la matière dans tous les secteurs. En faisant passer le taux de participation des femmes de 6 % à 18 %, le Gouvernement actuel a atteint le niveau le plus élevé de participation féminine de l’histoire de mon pays. J’ai fait de l’approche genre l’un de mes engagements politiques prioritaires.
Monsieur le Président,
Au niveau de la Région, j’ai développé une intense activité diplomatique en vue de réaffirmer l’engagement continu de mon pays pour des relations de bon voisinage et en faveur d’une coexistence pacifique, dans le respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté des autres nations. Dans ce sens, nous devons, nous leaders Africains, doter notre continent d’une voix consensuelle et harmonieuse, fondée sur une politique véritablement africaine.
Qu’il me soit permis d’exprimer ma profonde préoccupation sur ce qui se passe en mer méditerranée, ou plusieurs personnes, candidates à l’émigration, meurent chaque jour dans des conditions inhumaines. Les vagues de réfugiés et les images bouleversantes que nous vivons ces dernières années sur les côtes européennes doivent interpeler nos consciences de dirigeants.
Depuis le début de l’année 2015, plus de 500 milles migrants ont tenté de rejoindre l’Europe par la Méditerranée et plus de 5 mille d’entre eux ont péri durant la traversée. La gravité de ce désastre exige de nous des solutions urgentes et efficaces. Le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, que nous avons adopté à Marrakech en 2018, est notre réponse à la crise migratoire.  Nous avons le devoir d’élaborer, dans les meilleurs délais, des initiatives nationales ambitieuses en vue de sa mise en œuvre.  Mais notre meilleure arme, c’est d’agir en faveur du développement, de l’équité et de la stabilité partout dans le monde.
Je saisis par ailleurs cette opportunité pour revendiquer du haut de cette tribune, la levée intégrale des sanctions qui touchent encore la République du Zimbabwe, et ce depuis 2002. Ces sanctions ne se justifient plus dès lors que le pays a ouvert un nouveau chapitre de son histoire et s’est montré ouvert à coopérer avec le monde. Le maintien de ces sanctions est injuste. Il entrave l’attractivité du pays aux investissements étrangers et il affecte non seulement le Zimbabwe, mais aussi l’ensemble de la région.
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,
La priorité absolue de mon action est d’offrir une perspective de dignité à nos populations, de promouvoir la création d’emploi notamment pour les jeunes et  de lutter contre la précarité et l’exclusion.
Et cette assemblée qui veut réduire les inégalités et construire un monde plus inclusif, peut-être le porte voix de ces laisser-pour-compte. Le défi est énorme, mais ce qui fait de nous des humains, c’est notre capacité à trouver des solutions, même les plus improbables, lorsque cela s’impose.
Je vous remercie

vendredi 6 septembre 2019

Après avoir répondu aux préoccupations soulevées par des députés, le gouvernement Ilunga Ilunkamba investi


Honorable Présidente de l’Assemblée Nationale ;
Honorables Membres du Bureau ;
Honorables Députés Nationaux, Élus légitimes du peuple congolais ;
Conformément au délai qui m’a été imparti lors de la présentation du programme du Gouvernement le mardi 3 septembre 2019, me voici de nouveau devant votre auguste Assemblée, accompagné de toute mon équipe gouvernementale, pour répondre aux préoccupations soulevées par les Honorables Députés lors du débat y relatif.
De prime abord, qu’il me soit permis de remercier très sincèrement tous les Honorables Députés, au-delà de leurs clivages politiques, qui ont pris part à cet exercice républicain, tel que l’exige l’Article 90 de la Constitution de la République.
Je voudrais ensuite féliciter celles et ceux des Honorables Députés qui ont eu, à travers leurs différentes interventions, à soulever des préoccupations pertinentes, et à formuler des recommandations qui ont retenu toute notre attention.
A l’issue de ce débat, j’ai noté avec satisfaction la convergence des visions entre celle de votre Gouvernement et celle que portent les élus directs du peuple que vous êtes, notamment en ce qui concerne la nécessité de redresser le pays à partir de la base et de faire passer les intérêts du peuple avant tout autre intérêt, crédo cher à Son Excellence Monsieur le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Je suis d’autant plus heureux que cette convergence correspond à la détermination qui est la mienne, de nous voir, Gouvernement et Représentation nationale, cheminer ensemble, main dans la main, dans l’œuvre de la construction de notre nation, à l’écoute et au service exclusif du peuple congolais.
L’État est un et indivisible. Il est compartimenté en institutions certes, mais le peuple qui a accordé un mandat de 5 ans et au Président de la République et aux Honorables Députés, jugera les dirigeants que nous sommes tous ensemble, sans distinction. D’où la nécessité d’agir à l’unisson pour la réussite de ce Programme.
Un Honorable Député l’a soulevé ici, le Programme qui vous a été décliné n’est pas parfait, mais il a néanmoins l’ambition de faire renaître dans le cœur de chaque congolais une nouvelle conscience et une nouvelle espérance.
Nouvelle conscience, dans la capacité que nous avons à oser entreprendre, oser réformer, oser inventer, oser initier des nouvelles politiques là où nous avons failli hier.
Nouvelle espérance car, nos compatriotes ne croient plus, depuis plusieurs années, à nos discours. Ils attendent de nous plus d’actions concrètes avec impact direct dans leur vécu quotidien.
Il nous incombe donc, en tant que Gouvernement, non seulement de porter à bras le corps toutes les attentes de notre peuple, mais aussi et surtout de travailler avec ardeur afin de pouvoir les rencontrer.
Honorables Députés, Élus légitimes de notre peuple, 
Il est inconcevable, pour un Gouvernement qui se veut responsable, au regard du tableau peu reluisant de la situation sécuritaire, économique et sociale de notre pays, de proposer un programme timide qui n’est pas à la hauteur de l’ensemble des défis et des enjeux nationaux, ainsi que du rôle que la RDC est appelée à jouer dans le concert des nations.
Quand on est la République Démocratique du Congo, avec tout ce que cela implique, on ne doit aucunement avoir honte d’être ambitieux. L’ambition est le moteur de l’action, et l’absence d’ambition condamne notre société à l’inertie et à la misère.
L’ambition pour le Congo que porte Votre Gouvernement est celle des deux leaders de la coalition CACH-FCC, c’est-à-dire l’ambition de Son Excellence Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, Président de la République, Chef de l’État et de Son Excellence Joseph Kabila Kabange, Autorité Morale du FCC, à travers la majorité parlementaire à l’Assemblée Nationale.
Certains Députés de l’opposition, dans leur rôle démocratique, ont fustigé le fait que notre Programme était trop ambitieux. D’autres l’ont qualifié de chapelet de bonnes intentions.
Tout en respectant leurs opinions, qui du reste constituent pour mon Gouvernement un défi à relever, je tiens à faire remarquer que notre programme est réaliste et porte les aspirations profondes de nos populations pour les cinq années à venir. Il est le fruit d’un diagnostic sans complaisance, qui a été fait par les deux grandes familles de la coalition politique, à savoir : le CACH et le FCC.
A ce sujet, je tiens particulièrement à remercier les Honorables Députés de la majorité parlementaire qui nous ont gratifié, à moi ainsi qu’à mon Gouvernement, de leur soutien politique indéfectible et inconditionnel. Je leur en sais gré.
Honorables Députés,
Permettez-moi à présent d’aborder le fond des préoccupations qui ont été soulevées. 
Pour des raisons de rationalité, notamment dans la gestion du temps, je vais m’employer à y apporter les éléments de réponses en les regroupant selon les quatre secteurs repris dans le Programme de votre Gouvernement, à savoir :
− Secteur politique, défense et sécurité ; − Secteur économie et finances ; − Secteur reconstruction ; − Secteur social et culturel.
Qu’il me soit permis, avant tout, d’aborder les questions d’ordre général.
Certains Honorables Députés ont stigmatisé le fait que le Programme qui vous a été présenté ne comportait ni chiffres, ni chronogramme, ni indication des sources de financement des actions projetées, et qu’il ne reprenait pas d’indicateurs quantifiables, mesurables et vérifiables. D’autres ont même ajouté qu’il ne prévoyait aucun dispositif de pilotage.
Permettez-moi de vous rassurer que ce Programme est, une vision de redressement de notre pays, coulée sous forme de déclaration de politique générale.
Une fois approuvées par votre auguste chambre, ces orientations générales détaillées de redressement de notre pays, qui concernent tous les secteurs, seront traduites par votre Gouvernement, en un plan d’actions pluriannuel comprenant un cadre des dépenses à moyen terme, assorti de budgets annuels qui seront, au cours de chaque année, élaborés et soumis à votre sanction.
Ces budgets vont présenter les actions à mener dans l’ensemble de vos circonscriptions, leurs coûts, le chronogramme de réalisation, les sources de financement y afférentes, ainsi que les indicateurs quantifiables et vérifiables.
Comme souligné par quelques Honorables Députés, le projet de budget 2020, qui va vous être soumis incessamment, en sera une première illustration, notamment dans sa version révisée à partir de juin 2020.
Comme je viens de le souligner, les grandes lignes d’action reprises dans le programme vont nécessiter impérativement, pour leur mise en œuvre, l’élaboration, par les différents ministères et services publics, des feuilles de route. 
Celles-ci seront assorties de matrices de responsabilités et de chronogrammes de réalisation. 
Ceci relève du reste des modalités pratiques d’exécution du Programme de votre Gouvernement.
J’ai déjà instruit tous les Membres du Gouvernement, depuis le mercredi 04 septembre 2019, qu’après l’investiture, ils devront traduire en actions concrètes, avec le concours de leurs différentes administrations, les grandes orientations de leurs secteurs respectifs. 
Ces feuilles de route vont faire l’objet d’un suivi rigoureux et des évaluations périodiques.
Une autre préoccupation soulevée est celle relative à l’absence de point d’ancrage entre le Programme du Gouvernement et celui des 100 jours du Président de la République. 
A ce sujet, il sied de noter que le programme des 100 jours est un programme d’urgence qui a été mis en œuvre avant l’avènement de votre Gouvernement. 
Certaines actions, à très court terme, ont été réalisées. C’est le cas de la réhabilitation de certaines routes, du déploiement des bacs, de la construction des ponts et de certaines écoles. 
S’agissant des actions en cours et celles qui restent à réaliser, elles seront prises en compte et intégrées dans l’exécution du programme du Gouvernement.
Concernant le SECTEUR POLITIQUE, DEFENSE ET SECURITE, les Honorables Munubo, Lokondo, Nyarugabo, Moussa, Lihau, Furaha, Bupila, Pembe, Bombelosanda, Muhindo et Mukundi ont soulevé des préoccupations pertinentes à ce sujet ; je tiens une fois de plus à les remercier sincèrement.
Dans le cadre sécuritaire, ils ont notamment mis l’accent sur :
− L’éradication des groupes armés ainsi que d’autres défis sécuritaires à relever à travers tout le territoire national, et en particulier dans la partie Est, sans oublier le banditisme urbain à Kinshasa et dans d’autres villes du pays ;
− La transparence dans la gestion des fonds destinés à l’armée et à la police ; − L’amélioration des conditions des militaires et des policiers ; − L’organisation de la gouvernance sécuritaire participative ; − La limite d’une approche exclusivement militaire à la situation sécuritaire dans l’Est du pays ; − La requalification éventuelle du mandat de la MONUSCO.
Face à toutes ces préoccupations, votre Gouvernement réitère sa détermination à œuvrer effectivement pour l’éradication aussi bien de tous les groupes armés opérant dans notre pays, que des poches de banditisme urbain.
En ce qui concerne la paix, votre Gouvernement agira, de manière implacable, contre ceux qui ont fait du massacre des Congolais leur fonds de commerce. 
Aussi, votre Gouvernement va-t-il œuvrer, ainsi que j’ai eu à l’indiquer, pour la création des brigades d’élites bien équipées d’une part, et d’autre part pour la réinsertion sociale et économique des jeunes démobilisés.
Par ailleurs, une attention particulière sera accordée, conformément à la volonté du Président de la République, à l’amélioration des conditions sociales des hommes en uniforme.
Honorables Députés,
S’agissant des autres considérations soulevées sur ce point, je sollicite votre indulgence car, comme chacun le sait, ce cadre n’est pas approprié pour dévoiler toutes les stratégies en matière sécuritaire.
S’agissant du renforcement de l’autorité de l’État, la promotion de l’État de droit et la démocratie, des préoccupations pertinentes ont été également soulevées par les Députés ci-haut cités, ainsi que par l’Honorable Jaynet Kabila. Elles concernent notamment :
− La problématique de l’application effective de la retenue à la source de 40 % des recettes, telle que prévue par la Constitution, et le fonctionnement de la Caisse de péréquation, comme mécanisme d’accompagnement de la décentralisation ;
− La prise en compte des entités coutumières dans le Programme du Gouvernement, en tant que facteur non négligeable dans le processus de redressement national ;
− L’appui au fonctionnement de la Commission des droits de l’homme ;
− La réalisation d’un recensement général de la population, de manière à disposer des données démographiques fiables et nécessaires à une bonne planification du développement,
− La possibilité d’entamer des réformes institutionnelles en vue notamment de la suppression des institutions budgétivores et de l’élection des gouverneurs au suffrage universel.
Honorables Députés,
La consolidation de l’Etat de droit, souhaitée par tous en commençant par le Magistrat suprême, passe principalement par le strict respect des dispositions constitutionnelles, légales et réglementaires régissant notre pays. La retenue à la source de 40 % des recettes générées par chaque Province, de même que la mise en œuvre effective de la Caisse de péréquation, sont des exigences de notre Constitution, et donc un devoir pour votre Gouvernement. 
En ce qui concerne particulièrement la Caisse de péréquation, après la nomination de ses animateurs en décembre 2018, il ne reste qu’à la doter de 10 % de la totalité des recettes à caractère national.  
S’agissant de la retenue à la source de 40 %, un examen des contraintes et préalables empêchant sa mise en œuvre effective sera amorcé dans les meilleurs délais.
Quant au recensement général de notre population, il devient plus qu’une urgence, et votre Gouvernement partage totalement l’idée de dépolitiser cette question. 
A ce sujet, il sera procédé à un état des lieux des travaux préliminaires déjà réalisés, avant de planifier les prochaines étapes devant concourir au parachèvement de ce processus. 
Il s’agit principalement de la réalisation des deux dernières phases dudit recensement, à savoir : le dénombrement exhaustif de la population et la phase post-recensement, laquelle est conditionnée par l’exécution de la cartographie.
Quant à la Commission des droits de l’homme, elle est appelée à fonctionner effectivement et en toute indépendance. Votre Gouvernement lui accordera l’accompagnement nécessaire.
Les autres préoccupations soulevées concernent notamment : 
− l’implication des entités coutumières ;  − la réalisation des réformes institutionnelles ; − le rétablissement de l’autorité de l’Etat sur tout le territoire national ;  − ainsi que l’amélioration des conditions carcérales.
Je les considère toutes comme des enrichissements qui, du reste, vont en droite ligne avec la vision de votre Gouvernement.
Pour ce qui est de notre diplomatie, mon Gouvernement fait sienne la préoccupation soulevée par l’Honorable Nyarugabo, en ce qui concerne la sécurisation des congolais vivant à l’étranger. 
A ce sujet et face à la situation de xénophobie qui prévaut actuellement en Afrique du sud, la Ministre d’Etat et Ministre des Affaires Etrangères sera chargée de prendre langue avec les Autorités sud-africaines et s’il échait, de faire le déplacement de Pretoria pour s’assurer de la sécurité de tous nos concitoyens.
Toutefois, quelque soit ce qui est arrivé ces jours, nous ne devons pas oublier que l’Afrique du sud est un pays frère et ami, qui a aussi ses problèmes internes.
Honorables Députés,
Mon Gouvernement s’approprie également la recommandation de l’Honorable Pembe, de faire un front commun avec le Brésil et l’Indonésie, dans le combat pour une juste compensation de la contribution de nos pays à la préservation de l’équilibre de l’écosystème mondial.
En ce qui concerne le SECTEUR ECONOMIE ET FINANCES, les Honorables Munubo, Lokondo, Bosise, Mutehule, Nyarugabo, Okende, Furaha, Bombelosanda, Mbengele et Mukundi ont formulé les principales observations suivantes : 
− la redynamisation des structures de lutte contre la corruption et le blanchiment des capitaux, en lieu et place d’une nouvelle juridiction ; 
− la problématique de la spoliation du patrimoine de l’Etat et l’obligation de le récupérer, de sanctionner les auteurs de cette spoliation et de mettre définitivement fin à ces pratiques ; 
 − la question de l’efficacité de la TVA dans la maximisation de recettes publiques,  et le problème particulier que pose le remboursement de la TVA à l’exportation ;
− l’amélioration du climat des affaires, notamment la question liée à la prolifération des taxes, et l’application des mesures du « Doing Business »; 
− la mise en place des mesures de lutte contre la dollarisation de l’économie et l’explosion du secteur informel ; 
− l’application rigoureuse du Code minier révisé ; 
− la restauration du contrôle des prix de certains produits importés ; 
− la mise en place d’une stratégie d’exportation, notamment par la création d’une agence ad hoc et des zones de libre-échange ; 
− les inquiétudes sur la faisabilité de la diversification de l’économie en rapport avec la primauté du secteur agricole.
 Je voudrais réaffirmer à l’auguste assemblée que l’ensemble des préoccupations formulées par les Honorables Députés trouvera des solutions idoines dans l’action de votre Gouvernement. 
Qu’il s’agisse de la corruption ou de la spoliation, de la dollarisation ou encore de la diversification de l’économie, ma détermination ainsi que celle de votre Gouvernement seront sans faille. 
En ce qui concerne particulièrement la question récurrente de la dollarisation de l’économie congolaise, la solution réside dans la stabilisation, sur la durée, de la valeur interne et externe de la monnaie nationale. En d’autres termes, la lutte contre l’inflation et la volatilité des prix requièrent une gestion rigoureuse des finances publiques. 
A cet effet, le Gouvernement est déterminé à ne pas recourir aux avances du système bancaire pour financer son déficit, et à observer ainsi la réglementation en la matière.
Par ailleurs, beaucoup d’intervenants sont revenus sur les sources de financement de notre programme. 
Je voudrais ici réaffirmer que ce programme consacre un vrai changement de paradigme : plutôt que d’être élaboré sur la base de notre capacité actuelle de mobilisation des recettes, nous avons d’abord voulu identifier nos besoins réels, et ensuite rechercher les moyens conséquents. 
Il s’agit donc pour nous, d’engager de nouvelles réformes pour accroître notre capacité de financement, notamment par la numérisation des opérations fiscales et financières. 
A cet effet, nous comptons, dans les meilleurs délais, examiner les modalités de porter la pression fiscale à la hauteur de la moyenne de la sous-région, qui est de 20 % de manière globale dont 15 % hors mines. Ce qui va constituer un accroissement sensible par rapport à la situation actuelle qui s’établit à 9 % de pression globale, et 8 % hors mines.
Il s’agit ensuite de diversifier nos sources de financement notamment par le recours au Partenariat Public-Privé, mode novateur de financement d’infrastructures, en sus de la coopération bilatérale et multilatérale. 
Votre Gouvernement fera de l’amélioration du climat des affaires son cheval de bataille pour attirer de nouveaux investissements et ainsi amorcer la diversification des sources de croissance. 
Celle-ci va reposer essentiellement sur le développement de l’agriculture, la promotion du tourisme et de la production culturelle et artistique. 
Les PME et les PMI joueront un rôle moteur dans l’accélération de ces sources de croissance et de création des emplois jeunes et décents.  
Notre objectif est de porter la croissance économique à 10 % en moyenne au cours des cinq prochaines années. Ceci va constituer un accroissement de plus de 3 points, car le taux de croissance du PIB au cours de ces dernières années s’est situé en moyenne à 6,6 %.
Dans cette quête de diversification de notre économie, un accent particulier sera mis sur les secteurs d’appui à la production, notamment le transport, l’énergie et l’eau, ainsi que le commerce extérieur. 
Comme vous le savez, ces secteurs sont dominés par les entreprises publiques, qui détiennent les infrastructures de base du développement économique et social de notre pays.
C’est pourquoi, l’une des clés de la relance de notre économie est, à juste titre, la réforme effective et sans complaisance des entreprises publiques. 
Votre Gouvernement entend accélérer le rythme et mener cette réforme à bonne fin. 
Dans cette perspective, la participation du secteur privé, sous des formes diverses et selon le cas, sera une stratégie à exploiter pour notamment mobiliser les financements nécessaires à la relance des activités cruciales à l’économie et à nos populations. 
Bien évidemment, il sera tenu compte, dans cette participation du secteur privé, des nationaux congolais, tel que le stipule la loi sur le désengagement de l’Etat des entreprises du portefeuille, ainsi que la loi sur la soustraitance.
S’agissant maintenant du secteur de la Reconstruction, les Honorables Munubo, Mutehule, Nyarugabo, Makiashi, Bupila, Pembe, et Kabila ont formulé les principales observations sur : 
− la faiblesse des taux de desserte en eau et en électricité ; 
− la problématique du désenclavement, et de l’interconnexion des provinces entre ou à l’intérieur de celles-ci ; 
− la détermination du nombre de kilomètres des routes et des voies ferrées à réhabiliter et à construire ; 
− le nombre des ports et aéroports à reconstruire par Province ; 
− l’élaboration d’une cartographie des infrastructures à construire ou à réhabiliter;
− l’évaluation et la finalisation de la construction de certains barrages hydroélectriques ; 
− l’audit technique de la fibre optique.
Je salue les soucis exprimés par les Honorables Députés sur la réhabilitation et la modernisation des infrastructures.  
Je voudrais ici confirmer l’engagement de votre Gouvernement à promouvoir effectivement le développement à partir de la base, et à consacrer toutes les énergies nécessaires pour le désenclavement intégral et l’interconnexion totale de la RDC.
En ce qui concerne particulièrement l’audit de la fibre optique, déployée par la Société Congolaise des Postes et Télécommunications, ce travail a été réalisé sur l’axe Moanda-Kinshasa et un plan de réhabilitation a été élaboré.
Par ailleurs, dans le cadre du projet CAB5, financé par la Banque mondiale, une redondance sur cet axe sera bientôt construite, ainsi que le déploiement de la fibre sur l’axe
 Lubumbashi-Goma, avec des bretelles vers Kabalo – Kindu Et Minova – Kisangani, pour un linéaire total de plus de 4.700 Km.
Avec la politique « D’OPEN-ACCESS » adoptée par le Gouvernement, les investissements privés vont augmenter progressivement cette longueur. 
Les Honorables Kabange Numbi, Makiashi, Okende, Furaha, Bupila, Pembe et Nseya ont formulé les principales observations sur :
- la gratuité de l’enseignement de base ;
- la nécessité d’améliorer les conditions des enseignants ;
- le développement de l’enseignement universitaire et de la recherche scientifique ;
- la mise en application des plans de contingence médicale ;
- l’implication de la population dans la lutte contre l’épidémie à virus Ebola ;
- la mise en œuvre du plan de 2014 pour la couverture universelle de la santé ;
- la disponibilisation de l’eau et de l’électricité de qualité à un prix accessible ;
- l’étude des modalités d’application de la loi sur l’eau et la création de l’autorité de régulation ;
- la création d’un fonds national d’assainissement  et la redynamisation des brigades d’assainissement ;
- l’omission de la problématique de l’habitat et des logements sociaux ;
- la mise en place des dispositions particulières d’assistance aux personnes vivant avec handicap et la création d’une banque humanitaire ;
- et enfin, l’amélioration de l’accès à l’emploi et le bannissement de la disparité des traitements entre les nationaux et les expatriés.
S’agissant particulièrement de la gratuité de l’enseignement de base, le Président de la République a levé l’option à ce sujet. 
Dans le cadre de sa mise en œuvre, Votre Gouvernement va en dégager l’impact dans le budget 2020. En outre, en cas de besoin, Votre Gouvernement va solliciter l’apport complémentaire des partenaires traditionnels qui voudront bien nous accompagner dans cette démarche de haute portée sociale.
Pour tous les autres points soulevés, votre Gouvernement, qui veut mettre au centre de son action, le Congolais pris dans toute sa dimension, mobilisera toutes les énergies pour rencontrer les préoccupations de Votre Auguste Assemblée.
Il en sera de même, en ce qui concerne particulièrement le problème d’accessibilité à l’eau et à l’électricité.
Il convient ici de rappeler, que les secteurs de l’eau et de l’électricité sont aujourd’hui ouverts au secteur privé respectivement par la Loi relative à l’eau et celle relative au secteur de l’électricité. Ces lois prévoient chacune la mise en place des autorités de régulation. Votre Gouvernement prendra toutes les dispositions pour rendre opérationnelles ces deux structures.
Dans les deux cas, l’objectif poursuivi est d’augmenter les taux de desserte respectifs par la participation du secteur privé dans la réalisation des investissements et l’amélioration de la qualité des services offerts à la population.
Par ailleurs, en ce qui concerne la préoccupation relative à l’habitat, soulevée par l’Honorable Nseya, mon Gouvernement va mettre en place une politique de construction des logements sociaux avec la participation de l’État et du secteur privé. 
Honorable Présidente de l’Assemblée nationale ; Honorables Membres du Bureau ; Honorables Députés nationaux, élus légitimes du peuple,
Tout au long de cet exercice, j’ai pu prendre toute la mesure de l’étendue de la tâche qui nous attend ensemble.
J’ai renforcé ma conviction selon laquelle l’œuvre de la construction nationale n’est possible que dans une dynamique de conjugaison d’efforts. Face aux nombreux défis qui nous guettent, il n’y a pas d’alternative à l’union sacrée de la Nation.   La République Démocratique du Congo est une grande nation, un grand pays qui exige de nous de la grandeur. Grandeur dans la vision, mais aussi dans l’esprit et dans l’agir.
Si nous voulons changer ce pays, nous devons être capables avant tout de nous changer nous-mêmes. Changer nos comportements et tourner le dos aux antivaleurs qui ont longtemps retardé la marche de la nation vers sa prospérité.
C’est aujourd’hui que se décide ce que sera le monde dans 30, voire 50 ans. C’est aujourd’hui que se prépare donc aussi le Congo de demain.
Nous devons prendre la mesure, mais alors toute la mesure, de la gravité de la situation que traverse notre pays aujourd’hui, et agir avec responsabilité et sursaut patriotique, afin de lui faire poursuivre la marche vers son redressement et sa modernisation.
L’heure n’est plus aux invectives et autres querelles politiciennes ! L’heure est au travail et à l’action !

Oeuvrons ensemble, chacun dans son rôle, pour le relèvement de notre mère patrie. Son Excellence Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, Président de la République et Chef de l’État, ainsi que son prédécesseur Joseph Kabila Kabange, Président de la République honoraire et Autorité morale du Front Commun pour le Congo, nous ont montré un bel exemple de ce que doit être notre République : démocratique, unie et fraternelle.
Honorables Députés,
Voilà l’essentiel des éléments de réponse que j’avais à fournir aux préoccupations pertinentes émises par certains d’entre vous, lors de la présentation du Programme de votre Gouvernement.
Je sollicite votre indulgence si telle ou telle autre question a été omise par inadvertance. Mais, je crois avoir ramassé la quasi-totalité des préoccupations.
En tout état de cause, l’essentiel consiste à prendre en compte et à traduire en actes vos différentes préoccupations, avec comme seul objectif l’amélioration du vécu quotidien du peuple Congolais. 
Mon Gouvernement et moi, restons et resterons toujours en permanence ouverts à vos conseils et suggestions éventuels.
Honorable Présidente de l’Assemblée nationale ; Honorables membres du Bureau ; Honorables Députés nationaux,

La meilleure des manières de rendre service à nos compatriotes aujourd’hui, ce n’est plus d’agiter les problèmes, mais d’imaginer des solutions face aux grands défis qui se posent dans notre pays. C’est ce que votre Gouvernement a essayé de faire à travers le programme que j’ai eu l’insigne honneur de vous présenter, et pour lequel je réitère la demande d’obtenir votre approbation, nette et sans faille, afin de permettre à votre Gouvernement de se mettre enfin au travail.

Je vous remercie.