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jeudi 18 août 2016

POINT DE PRESSE DU MINISTRE DE LA COMMUNICATION ET MEDIAS DU 18 AOUT 2016

Mesdames et Messieurs de la presse,

Le peuple congolais choqué et meurtri par les massacres perpétrés dans la périphérie de la ville de Beni par un groupe de terroristes chassés de leurs repaires de Mwalika et Naduyi le samedi 13 août 2016 vient de lever le deuil national de trois jours décrété par le Gouvernement de la République sur instruction de Monsieur le Président de la République, Chef de l'Etat. Le Gouvernement tient à réitérer ses condoléances attristées aux familles et aux proches des victimes et à l’ensemble de la population du territoire de Beni, un territoire qui souffre le martyre depuis de trop longues années du fait de ces bandes criminelles venues de l’étranger.

Le Gouvernement rend hommage à la solidarité exprimée par les différentes couches de la population congolaise dans toutes nos provinces et se félicite de la compassion et de la dignité de la majorité des hommes et des femmes de ce pays dans cette épreuve, une de plus, une de trop pour le grand Nord Est de la RDC qui n’a que trop souffert de la cruauté des hordes barbares sans foi ni lois depuis le milieu des années ‘90.
Il tient à réaffirmer, aujourd’hui plus que jamais, sa ferme détermination à faire monter en puissance nos forces de défense et de sécurité pour éradiquer de manière définitive les groupes terroristes auteurs de tels actes d’une barbarie qu'aucune cause ne peut justifier.

C’est dans cette optique que le Premier Ministre a effectué une visite mardi à Beni à l’issue d’une importante réunion du Conseil supérieur de la Défense convoqué à Goma par Monsieur le Président de la République. Le but de cette visite était certes de marquer la solidarité de l’ensemble du pays à l’égard des victimes de l’activisme des terroristes dans la région, mais il s’agissait surtout d’inspecter le dispositif mis en place au regard du nouveau modus operandi des criminels qui, d’actions de type conventionnel que nos vaillantes Forces de défense et de sécurité ont sérieusement mis à mal, sont passés à des formes dites asymétriques d’agression qui nécessitent une réponse d’un autre type susceptible de sécuriser coûte que coûte cette partie du territoire national.

L’exploitation des documents saisis dans les trois places fortes de ce groupe criminel, Meidna, Malwika et Naduyi, capturés et détruites par nos FARDC ainsi que les interrogatoires des éléments capturés n’est pas encore terminée. Elle a permis d’ores et déjà à nos services de retracer de la manière suivante   son évolution historique.

D’une opposition armée traditionnelle au régime ougandais du Président Museveni expatriée en République du Zaïre qu’ils étaient en 1995, c’est-à-dire deux ans avant l’anéantissement de la deuxième République du défunt président Mobutu (1997), l’ADF-NALU s’est substantiellement transformée et est devenue à ce jour une véritable internationale terroriste à caractère islamiste radical. Ce constat se dégage de la composition multinationale de ses unités combattantes ont été trouvés non seulement des sujets ougandais des premiers jours, mais aussi  des Somaliens, des Tanzaniens, des Kenyans, des Rwandais, des Ethiopiens et aussi des Congolais de RDC. C’est manifestement en pleine mission de recrutement en Tanzanie que Jamil Mukulu, le leader du mouvement a été arrêté en Tanzanie avant d’être extradé vers l’Ouganda, son pays d’origine où il va bientôt passer en jugement.
Le processus de radicalisation des éléments des recrus a, selon les renseignements recueillis, bénéficié de l’appui des Shebab somaliens. C’est à l’instigation de ces derniers que les bandes des miliciens ADF mises en déroute par les offensives des FARDC se sont converties à l’asymétrie :
-       asymétrie au plan des moyens d’attaque par le recours à des moyens banals comme des machettes, des haches ou des gourdins disponibles en tous lieux et ne pouvant pas à priori susciter la suspicion des forces de défense et de sécurité dans cette zone agricole ;
-       asymétrie aux plans tactique et stratégique et du choix des cibles par la renonciation à affronter les FARDC pour s’attaquer à des paisibles populations dans des hameaux isolés sélectionnés en fonction de leur éloignement par rapport aux casernes des forces de défense et de sécurité ou en déplacement à destination ou au retour des fermes et des champs dans l’espoir de briser la solidarité entre les technostructures de l’Etat et les dites populations qui pourrait accélérer leur neutralisation définitive.
   
À l’instar de tous les autres pays de la planète victimes du terrorisme international de groupes islamistes radicalisés, et ils sont fort nombreux, la République Démocratique du Congo, notre pays, est demandeur d’une solidarité internationale digne de ce nom. Une solidarité effective, non condescendante et susceptible d’accroitre ses propres capacités opérationnelles, ce qui n’est malheureusement pas le cas jusqu’à présent.

Il n’est pas juste que le gouvernement congolais et ses forces de défense et de sécurité soient à cet égard obligées pratiquement de se contorsionner littéralement pour disposer des moyens militaires de faire face à cette menace et ce, en dépit de l’appui de la Monusco qui est encore loin d’être à la hauteur d’un défi de cet ampleur. La levée de l’embargo sur les armes serait un signal fort qui marquerait la reconnaissance de la communauté internationale quant à la nécessité d’accorder à la RDC le même statut que les autres pays qui sont dans le collimateur de ce fléau.

Le Gouvernement apprécie à sa juste valeur la compassion exprimée par le Pape François qui a saisi l’opportunité de la solennité de l’Assomption pour dénoncer depuis le Vatican le silence de la communauté internationale face aux actes terroristes à répétition qui ne cessent de d’endeuiller le territoire de Beni. Cette consolation symbolique du Souverain Pontife nous va droit au cœur même si elle n’est pas, comme on peut s’en douter, de nature à fournir aux forces de défense et de sécurité de RDC les moyens idoines pour mener à bonne fin leurs tâches de sécurisation de l’ensemble du territoire national.

C’est le lieu pour le Gouvernement de la République de questionner certaines attitudes et habitudes adoptées par quelques uns de nos compatriotes face à ce véritable défi existentiel et qui frisent l'indécence. En effet, en plus de polémiques stériles, ces concitoyens semblent se délecter de cette tragédie qui assaille notre peuple au Kivu et tentent même d’en tirer une sorte de dividende politicienne. Pour eux, cette insécurité chronique du grand Nord n’est qu’une banale opportunité comme une autre pour régler des comptes partisans, intenter des procès sans fondement, stigmatiser et culpabiliser les institutions établies ainsi que les forces de défense et de sécurité de notre pays, faisant de la sorte le jeu d’un ennemi, le terrorisme, contre lequel le bon sens et l’humanité appellent à une union sacrée. 

Face aux multiples meurtres de sang-froid d’innocents compatriotes à Beni, plutôt que d’appeler au sursaut patriotique et à la constitution d’un front républicain dans le cadre de la solidarité nationale comme cela se passe sous d'autres cieux en pareil cas, quelques membres d’une certaine société civile et leurs mentors politiciens inciviques n’y ont vu que l'occasion de se jeter à bras raccourcis sur les institutions nationales à travers des allégations cyniques dictées par leurs intérêts mesquins.
On a vu un élu se permettre de rameuter la population de Butembo pour la conduire vers Beni vers la scène des crimes commis dernièrement prétendument pour y exprimer leur colère comme. Les autorités locales ne pouvaient en aucune manière laisser ainsi envahir une scène de crime dans laquelle ne sont généralement admis que les enquêteurs et on se peut se demander si ce qui motivait les initiateurs de ces actes irrationnels n’était pas de brouiller les pistes et de rendre difficiles les enquêtes et la traque en cours. Les efforts des autorités de préserver ainsi le site de commission des crimes que nous déplorons ont été sérieusement malmenés par ces inciviques et on a déploré une nouvelle victime touchée mortellement par une balle perdue après que les soit-disant manifestant eurent tué un policier à coups de pierres. Ces manifestants ont en outre lynché un malade mental de Beni qu’ils avaient pris pour un combattant ADF et blessés sept personnes. Comme quoi, il est préférable de laisser les technostructures de l’Etat faire leur travail au lieu de chercher à instaurer l’anarchie de la justice dite « populaire ».

En tout état de cause, et malgré ces tentatives de sabotage dont on connaîtra bientôt le fin mot, les forces de défense et de sécurité continuent la traque des terroristes et au moment où nous parlons, 80 éléments ADF ont déjà été capturés et sont gardés dans la prison centrale de Kangwanyi à Beni. Parmi eux, beaucoup de sujets ougandais mais aussi des Tanzaniens et quelques Rwandais et Congolais. À Butembo un imam a été pris en flagrant délit de recrutement de jeunes pour le groupe terroriste et a été arrêté. 

Un certain nombre d’articles lus sur les médias, de postings affichés sur les réseaux sociaux et de déclarations entendues dans les ondes audiovisuelles sont symptomatiques de cet état d'esprit. Après les ignobles massacres de Beni, on a vu déferler des appels à la démission des plus hautes autorités du pays assimilées on ne sait trop sur quelle base aux terroristes auteurs de ces massacres lorsqu’elles ne sont pas carrément présentées contre toute logique rationnelle comme des planificateurs-promoteurs ou commanditaires desdits massacres. On se souvient que lors des affrontements entre les forces de l'ordre et la milice du hors-la-loi du chef Mpandi Kamwina Nsapu le vendredi 12 août 2016 à Tshimbulu au Kasaï-Central qui ont coûté la vie à 19 compatriotes dont 11 policiers, les mêmes sources avaient rué sur les brancards pour faire de la récupération, brocarder la Police nationale et prendre pratiquement fait et cause pour les criminels au profit desquels ils ont invoqué les droits de l'homme comme si les autres victimes notamment les policiers tués par ces miliciens dans l'accomplissement de leur mission n'étaient pas des humains et n'avaient pas de droits. Les propos tenus par un activiste des droits de l'homme dans ces circonstances témoignent de cette espèce de schizophrénie qui voudrait que les criminels soient encensés et que les forces de l'ordre qui font usage de la légitime défense soient vilipendées. Avec un ton martial, cet activiste avait dénoncé et fustigé ‘’l'usage de la force par la riposte disproportionnée par le gouvernement rdcongolais" dans son analyse de ces événements qui s’étaient soldés par la mort de 8 miliciens et 11 policiers, de sorte qu’on est en droit de se demander de quel coté se situait la « disproportion ». Aucun mot de compassion à l'endroit de 11 policiers qu'il s'est plutôt empressé de qualifier  de "bourreaux’’. Ce qui ressemble étrangement à un remake des propos déjà entendus au sujet de l'opération Likofi.

Dans une certaine presse qui ne s’embarrasse plus des principes déontologiques, on s’est plu à étaler des images très choquantes contraires au respect dû aux morts et dont on sait maintenant qu’elles n’ont rien à voir avec les événements en question, et à y superposer des "unes" délibérément malveillantes qui ne vont ni dans le sens du renforcement de la cohésion nationale, ni dans celui de la culture de la paix dans notre pays.

D’autres compatriotes s’amusent à alimenter la psychose à travers une logorrhée sémantique belliqueuse. Pendant que le peuple congolais pleure et enterre ses morts à Beni et à Kananga, un quarteron de politiciens en mal de visibilité n’a pas trouvé mieux que de diffuser aux quatre vents des déclarations incendiaires mêlant provocations, défis et menaces. Lundi 15 août, un tabloïd Kinois n'a pas hésité à relayer à sa « une » la déclaration du responsable d'une plate-forme de l'opposition affirmant le plus sérieusement du monde qu'en cas de non convocation du corps électoral le 19 septembre prochain, lui et ses amis exigeraient la démission et l'arrestation du staff de la CENI. 
On peut se demander si cette terminologie martiale ne participe pas d'une intention délibérée de mise à mort de la République surtout lorsque la même déclaration fourre-tout va jusqu'à contester une décision souveraine de non prorogation d'un visa en faveur d'un individu ressortissant étranger par les services congolais de l’immigration ou pire à remettre en cause les prérogatives de la Cour Constitutionnelle, flagellée pour avoir prononcé un arrêt en interprétation de la Loi fondamentale ou du Chef de l'Etat à qui il est tout simplement dénié le droit de prendre la décision de rétablir des relations diplomatiques normales avec un Etat voisin conformément à ses prérogatives constitutionnelles au motif que son mandat arrive bientôt à son terme. De telles pratiques sont inadmissibles lorsqu'on proclame dans le même temps sa foi en l'avènement d'un État de droit démocratique.

Cette façon de dire une chose et son contraire revient en fait à se moquer du peuple de ce pays.


DIALOGUE : RAISON D’ETAT

Aujourd’hui, beaucoup plus qu’hier, le dialogue national inclusif suggéré par le Président de la République comme un lieu de rupture avec tout ce qui compromet la fiablilité et le caractère pacifique de nos cycles électoraux et qui entache ceux-ci de violences inqualifiables a fini par arracher l’assentiment de tous les Congolais de bonne foi.
Force est de constater qu’il existe une conspiration contre ce seul schéma rationnel de sortie de crise. Des adeptes du chaos s’activent depuis quelques mois pour empêcher par tous les moyens possibles les Congolais de régler leurs différends grâce à la thérapeutique pacifique du dialogue.

Ce projet diabolique vise à laisser pourrir la situation jusqu’à ce que les clans adverses, n’ayant pas su arrondir à temps les angles, puissent s’affronter dans un bain de sang que des forces politiques dépourvues de scrupules rêvent de ramasser le pouvoir suprême dans les décombres du chaos ainsi occasionné. Si l’on considère les gigantesques manifestations de l’opposition et de la majorité à la fin du mois de juillet passé, on peut aisément se faire une idée du carnage qui pourrait survenir si les partisans des deux camps venaient à en découdre.

En réalité, les Congolais qui pensent comme le gouvernement qu’une mort de plus pour les ambitions politiques démesurées des uns et des autres est une mort de trop sont plus que majoritaires. Endeuillé depuis près de deux décennies, notre peuple à travers la quasi-totalité de ses composantes a fait le choix d’épargner à la nation de nouveaux épisodes macabres en souscrivant au dialogue politique national inclusif.

Il est regrettable de constater que certains acteurs parmi les plus célèbres s’autorisent à marcher à reculons en crachant sur ledit dialogue qu’ils étaient les premiers à présenter comme l’unique solution aux problèmes des élections qui se profilent à l’horizon.

Beaucoup avaient du mal à comprendre le rétropédalage d’une icône de l’opposition, qui nous avait jusqu’ici habitués à respecter mordicus ses engagements, par rapport à tout le bien du dialogue qu’il répétait à qui voulait l’entendre. Depuis la semaine dernière, la presse d’investigation nous a gratifiés des révélations scabreuses sur un pacte contre nature entre ce leader pourtant partisan de la non-violence et les promoteurs du schéma du chaos dont la majorité des Congolais se détournent.

Quoi qu’il en soit, nous continuons à croire que tous les Congolais qui aiment réellement leur pays vont se rallier à cette solution idéale finir et prioriser l’intérêt supérieur de la nation qui rime avec le dialogue politique national inclusif, surtout après les bons offices de la communauté internationale, de la société civile, de la CENCO.  

Je vais terminer cette communication par une citation que je voudrais, au nom du Gouvernement dédier aux fétichistes des dates ; une citation tirée des enseignements de la sagesse africaine telle que rappelée par le grand leader sud africain Nelson Mandela d’heureuse mémoire : « Si vous ne pouvez pas courir, marcher, si vous ne pouvez pas marcher, rampez mais avancez » vers la paix, la concorde sans lesquels il n’y a point de développement possible.

Lambert MENDE OMALANGA

Ministre de la Communication et Médias

Porte-parole du Gouvernement

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